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Critiques de Armel Guerne (10)
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L'âme insurgée

Deux commentaires différents selon l'humeur :



Lire « L’amour et l’Occident » puis lire « L’âme insurgée », c’est le parcours de la contradiction.



Savoir qu’Armel a entretenu une correspondance avec Emil (Cioran), c’est l’échange de la complémentarité. Tandis que le premier s’étend dans la logorrhée dense et plombante, le second veilla à charger son lyrisme de légèreté ; tandis que le premier loue les merveilles de la poésie, le second apprend à ricaner de la mystification produite par la philosophie et le langage. Tous deux se rejoignent cependant en ceci qu’ils disent « non ! » aux évidences. Et cette exclamation définit le mieux le Romantisme selon Armel.



« Le Romantisme, bien évidemment, n’a rien de commun avec la gentillette école littéraire qui fit florès en France sous ce nom ; rien de commun non plus avec la rhétorique douceâtre et la fadeur sentimentale, les rubans et les fanfreluches que l’on s’est plu souvent à attacher à ce mot. »



Hölderlin, Novalis, Kleist, Nerval, Melville et Stevenson constituent les sujets privilégiés d’Armel dans ces essais qui ne cherchent pas à expliquer l’œuvre par l’auteur, mais l’accomplissement de l’œuvre comme mission vouée à l’individu – celui-ci ne devenant auteur que s’il se met à l’écoute du message qui lui parvient de l’au-delà par l’exercice de sa solitude et de sa divination.



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Armel Guerne est un homme de convictions. Par exemple il pense que le Romantisme est davantage qu’une école littéraire - ce serait aussi une manière de dire non. Armel est aussi un homme d’action, et il agit bien. Par exemple il traduit des poètes réputés pour leur intraduisibilité. Hölderlin, pour en citer un. C’est un acharné, un passionné, capable d’écrire plusieurs essais différents sur le même poète sans jamais se répéter. Il fait même d’autres choses que de purs travaux littéraires, ce qui étonne toujours, on ne sait trop pourquoi. Par exemple, il fut membre d’un réseau de service secret britannique. Toutefois, nous pouvons nous en foutre car il n’en est fait mention dans ce bouquin, et je ne sais même plus où j’ai appris ça.



Pour une âme fatiguée comme la mienne, s’étant autrefois crue insurgée, ce recueil d’essais est une épreuve, une terrible confrontation de l’âme morte face à l’âme vive, un dégoût par excès de fougue – de cette fougue qu’on ne comprend plus dans les états d’abattement extrême. L’âme morte face à l’âme insurgée souffre de voir ce qu’elle était, ce qu’elle aurait pu devenir, ce qu’elle pourrait être de nouveau, peut-être, si elle avait assez de volonté. Mais où trouver cette volonté ? L’âme morte a envie de chier à la face de l’âme insurgée mais ce serait injuste. Peut-on haïr ce que l’on aimerait être si on le pouvait ?



Armel Guerne est un homme d’une autre époque. Par exemple, qui pense encore que la littérature ou la poésie pourraient encore soulever une âme ? Mon âme morte se plaît à penser qu’Armel n’aurait pu rester insurgé bien longtemps en notre époque de ridicule généralisé.

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Les romantiques allemands

J’ai pris tout mon temps, presque deux mois, pour déguster petit à petit, en parallèle à mes autres lectures, cette merveilleuse anthologie aux vastes dimensions. J’ai utilisé l’édition de la collection libretto, qui compte tout de même près de mille pages.

Je n’avais quasiment encore rien lu des Romantiques allemands et j’ai été saisi par la largeur du champ littéraire de ce mouvement. Je pensais poésie, contes et romans. Mais il faut y inclure aussi théâtre, essais (scientifiques, religieux) et correspondances.

J’ai pu mesurer à quel point le Romantisme se voulait à la fois retour à un passé réinventé et mythifié et volonté de faire table rase de la raison. La plupart des auteurs, hommes ou femmes, présents dans ce volume ont eu des vies probablement riches en sensations mais, selon nos critères, courtes et marquées par la maladie, physique ou mentale, voire le suicide.

J’ai particulièrement apprécié les poètes Hölderlin et Novalis. Pour les contes, ceux de Ludwig Tieck « Le voyage dans le bleu », de Achim von Arnim « Les héritiers du majorat », de Friedrich de la Motte-Fouqué « Ondine » et de Joseph von Eichendorf « Le château de Durande » me paraissent être de purs chefs d’œuvre.

Les présentations du poète Armel Guerne sont assez réduites. Il ne faut donc pas attendre de cette anthologie un guide de lecture ou des explications poussées de ce que l’on découvre. Mais peut être la surprise, mêlée parfois d’incompréhension, face à des textes aussi puissants est-elle le meilleur des moteurs.

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Les romantiques allemands

Anthologie de textes des écrivains romantiques allemands préfacés et traduits par le passionant Armel Guerne. On y trouve de nombreux textes quasiment inédits en langue française et d'autres n'ayant pas été édités depuis plusieurs décennies. La plupart des auteurs majeurs du XVIIIe et du XIXe siècle allemand sont présents : Arnim, Novalis, Eichendorff, Kleist, Jean-Paul, Wackenroder, Stifter. Les trauductions sont absolument impeccables et rendent parfaitement la tonalité particulière du romantisme allemand.
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L'âme insurgée

Armel Guerne, l'insurgé du Verbe



“L’âme insurgée” de Armel Guerne est une lecture salutaire à laquelle mon être tout entier se ressource. Au sein même du désert contemporain – en continuelle expansion –, il est bon d'aller se frotter au pelage d'œuvres essentielles qui grondent comme le tonnerre ; qui éclairent de leur foudre la minuscule nuit étroite et étriquée de notre siècle.

Armel Guerne, véritable habitant du langage, chauffé au feu blanc de la Poésie – cette Parole hautement nourricière, ce lait d’aube du Verbe –, est né à Morges, en Suisse, le 1er avril 1911 et mort le 9 octobre 1980 à Marmande dans le Lot-et-Garonne. Poète et immense traducteur – entre autres de Yasunari Kawabata, de Hölderlin, de Novalis, de Heinrich von Kleist, de Martin Buber (pour les “Récits hassidiques” rassemblés par ce dernier), etc. –, Armel Guerne écrivait comme on allume des feux de signal sur les montagnes. Berger de la parole, il s'est engouffré corps et âme dans la pelure des mots, dans l'épaisse beauté de leur sang noir, dans la bouche d’or qui ressuscite les grandeurs oubliées.



Grand germaniste, il a su redonner à la figure trop galvaudée du Romantisme, son puissant souffle d'insurrection primordiale – mettant en relief ce refus du médiocre et de la bassesse qui constitue en partie cet élan de l’âme, de l’âme insurgée.



Voici ce qu'il en disait : « Le grand refus posé devant vos forces déployées et brandies, vaines et implacablement. Toutes les horreurs, les viols, les arrogances, l'injustice, toutes les férocités, l'atroce surenchère de toutes les polices, la persécution, l'astuce, la torture, l'évidence et le secret de votre barbarie ouverts sur notre pertinence d'êtres vifs, annulés par notre refus qui les reçoit comme un hommage ; toutes vos duretés finalement brisées contre notre dureté plus dure. »



Résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale, il fut arrêté par la Gestapo en 1943. Lorsque les assassins de toute parole et de toute vérité le capturèrent, lui et sa femme, Armel Guerne refusa de répondre en allemand à ses tortionnaires. Les bureaucrates du crime lui montrèrent alors un exemplaire de Novalis traduit par ses soins.



Armel Guerne répondit vertement : « Non, bien sûr : c'est moi. Mais j'ai oublié cette langue du jour que les Allemands ont franchi la frontière sans passeport. »

Si cela n'est pas du courage – et du plus étincelant qui puisse être –, qu'on me dise donc ce que c'est.



Le verdict des bourreaux fut sans appel : déportation à Buchenwald. Durant le trajet, il parvint à s'évader du train avec d'autres compagnons de galère.



Dès son retour en France, après bon nombre de tribulations, il se consacra entièrement à témoigner pour la Création – et tout particulièrement pour la parole poétique, source créatrice par excellence : ruisseau de survivance au sein des eaux mortes qui l'encerclent toujours sans pouvoir l'avaler totalement.



Il entretint également avec le philosophe roumain, Emil Cioran, une correspondance accrue. Au nihilisme de Cioran, Armel Guerne répondait, dans une lettre datée de 1978, par ces mots : « Il n'y a pas beaucoup de raisons de vivre, je l'admets, mais il y en a une infinité de ne pas mourir – ne serait-ce que toutes celles qui complotent à nous faire crever ! »



Les précieuses informations dont je me suis fait ici le relais, ont été puisées à la superbe préface de Stéphane Barsacq qui ouvre “L’âme insurgée”, cette œuvre essentielle dont la lumière ne peut s’évader de la rétine une fois qu’elle s’y est collée ; cette parole qui ne s’oublie pas et que rien n’abolira tant son feu est vivace et fruit de la liberté.



Grand vivant, Armel Guerne n’est pas vraiment mort. Cet homme qui a témoigné avec une force rare pour que vive et flamboie le Verbe en chacun de nous, ne pourra pas être effacé par la Nuit. Ardent défenseur du Mystère dans un monde pédant qui prétendait et prétend encore pouvoir tout expliquer, abaisser toute énigme à son aune misérable, Armel Guerne a sans doute établi son nouvel ermitage dans un lieu qu’il ne nous est pas donné de connaître.



Laissons donc à présent s’exprimer ce passeur sans égal :



« […] on ne devrait jamais l’oublier, la vie n’est pas un état mais un risque, et qui s’ouvre toujours plus. Grandiose. Une conquête qui n’en finit pas. Un voyage – au sens où Schubert l’a certainement vécu – mais un voyage incertain et dur, à la mesure de ceux, et de ceux-là seuls, qui sont capables de marcher.

Il vaut donc mieux, croyez-moi, ne pas trop se fier aux ruminants intellectuels qui vivent à la ferme, engrangeant le foin et la paille de leurs savoirs récoltés. Les hommes de cabinet, laissez-moi vous le dire, ne font pas de bons compagnons de route.

Vivent les hommes de plein vent ! » (in “L’âme insurgée”, p. 29)



© Thibault Marconnet

le 23/03/2014
Lien : http://le-semaphore.blogspot..
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Le Verbe nu : Méditation pour la fin des temps

Tout est beau, intelligent, vivifiant, dans ce petit livre qui recueille plusieurs textes d'Armel Guerne, si peu connu dans son propre pays que c'en est triste et douloureux. La préface, tout d'abord, de Sylvia Massias, à laquelle nous devons la découverte, et le travail énorme que représentent la publication des lettres de Vincent La Soudière (1), même si cette préface à quelque peu tendance à n'envisager l'écriture d'Armel Guerne que specie aeternitatis. Les textes eux-mêmes d'Armel Guerne bien sûr, poète et grand traducteur, mais surtout, inlassable contempteur d'une époque devenue folle, voix unique, singulière, lyrique retrouvant les grands accents de deux des écrivains les plus admirés (avec Cioran, cf. p. 209), Léon Bloy et Georges Bernanos (2), qui, nous dit Sylvia Massias, «fut pour lui un ami, mais aussi un maître et un guide spirituel».
Lien : http://www.juanasensio.com/a..
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Le Verbe nu : Méditation pour la fin des temps

Découvert dans une présentation de Novalis, Armel Guerne a également traduit Rilke et Hölderlin. En me penchant un peu plus sur sa vie, j'ai découvert qu'il avait été résistant pendant la seconde guerre, prisonnier, fugitif, saboteur... C'était également un érudit, amoureux des romantiques allemands, de poésie, ami de Bernanos, correspondant longtemps avec Cioran.

Comme j'avais particulièrement aimé "Novalis ou la vocation de l'éternité" je voulais prolonger sa lecture avec "Le Verbe Nu".

Celui-ci consiste en un assemblage de textes inédits, généralement des préfaces, et donne un aperçu de l'oeuvre et de la pensée de l'auteur.

Je croyais avoir affaire à un recueil poétique, je me suis mal renseigné.

Au demeurant il est intéressant de découvrir l'étendue du domaine littéraire de monsieur Guerne, du Tao Te King de Lao Tseu au Monsieur Ouine, de Bernanos en passant évidemment par les romantiques allemands, l'ouvrage couvre un champ littéraire assez vaste et foisonnant de références pour satisfaire la curiosité.

Plus personnellement, j'ai l'impression à travers ces différents essais, que domine une mystique eschatologique qui finit par peser sur la prose d'Armel Guerne. A force de dénoncer la fin des temps on finit par être distancé par ce prophétisme noir qui envahit progressivement les pages. Certes je ne connais pas L' Apocalypse de Jean, je n'ai pas connu les affres de la guerre, aussi je ne peux pas reprocher à l'auteur de se complaire dans la dénonciation du pire à venir. Mais par moments on est saturé de ce pessimisme, on a envie de respirer un peu.

Je salue la langue magnifique de Guerne mais je ne suis pas mécontent d'avoir symboliquement terminé cette "Méditation pour la fin des temps"

avant la nouvelle année !
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Les jours de l'Apocalypse





Nous avons dépassé le seuil de l’Apocalypse et, à mon avis, on se trompe lorsque l’on veut regarder ou lire l’Apocalypse comme une prophétie ; en réalité on devrait la lire et la comprendre comme une histoire vécue, déjà passée en partie, et au fond de laquelle nous sommes charnellement engagés. C’est ce qui se passe tous les jours. Elle est plus qu’à nos portes, elle est entrée dans notre vie, nous sommes en train de la vivre, absolument.



On néglige toutes les questions spirituelles pour s’occuper de choses tout à fait accessoires, extérieures, qui n’engagent pas le profond de l’existence, et, en fait, nous sommes engagés dans la fin du monde, tout le monde le sait, seulement tout le monde a peur d’y penser.



Armel Guerne.
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Le nuage d'inconnaissance

Ce petit livre est une perle à côté de laquelle il ne faut pas passer si l'on est en recherche. Ce chemin mystique résonne profondément chez celui qui est également en route... Il cheminera en compagnie de cet anonyme qui nous a laissé un enseignement incomparable.
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Mythologie de l'homme

"Qu'il est réconfortant de constater que des textes, des écrits, peuvent ainsi connaître une nouvelle édition à chaque génération ! Le Temps des signes parut en 1957 chez Plon, les éditions de la revue Granit le rééditèrent en 1977, et voici, pour les vingt ou trente ans à venir la belle petite édition qu'il faudra faire circuler. Mythologie de l'Homme et Danse des morts attendaient, certes, depuis plus d'un demi-siècle (ces deux textes ont paru à La Jeune Parque en 1945 et 1946), mais ils n'en apparaissent sans doute que plus frais, aujourd'hui – comme les bouquinistes précisent d'un livre qui a vécu, dont la couverture porte les stigmates de l'usage et du temps, qu'il présente toutefois un intérieur frais..."



Lire la suite sur le blog de

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Lettres de Guerne à Cioran

Une première constatation : l'énoncé est trompeur. Il ne s'agit en aucun cas de la correspondance croisée entre Cioran et Guerne. On ne trouve dans ce volume qu'une poignée de lettres de Guerne, selon un choix qui ne nous semble guère pertinent (car il fallait ou tout mettre, ou ne rien publier) - l'essentiel étant dévolu aux lettres de Cioran. Les lettres de Guerne à Cioran, ainsi intitulées, forment, de fait, un fort volume, à acheter en parallèle - un ouvrage publié aux Editions du Capucin. Bref, on ne peut que s'étonner devant l'affiche que proposent les Editions de l'Herne - affiche trompeuse et mensongère. Cette réserve ayant été formulée, on trouve un Cioran égal à lui-même : drôle, vivant, provocateur - et loin du politiquement correct qui sévit de nos jours.
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