Citations de Arnaud Tiercelin (21)
J'avais son nom qui tournait en boucle dans ma tête. Viviane Vernon.
La remplaçante de Mathieu. Une remplaçante. Je me méfie toujours des remplaçants. Pourquoi n'ont-ils pas leur classe à eux?
- Des plaquages à ton âge ? Ah non, ça il en est hors de question ! On est là pour s'amuser, pas pour se faire mal.
D'un coup je me suis senti léger.
( p 38)
Maintenant, fais un vœu. Mais pas un petit vœu de rien du tout. Par pitié, ne demande pas une console ou un nouveau vélo. Demande ce que tu souhaites le plus au monde.
Quand ton cercueil a touché la terre froide et noire, on s'est tous serrés les uns contre les autres. Le vent était à des kilomètres de nous, les oiseaux fermaient leur grande gueule, et malgré tout, c'était assourdissant. C'était insoutenable.
ça y est, je me disais, je pars. Ma valise était prête depuis trois jours. Mon père avait dû oublier. Parce qu'il buvait beaucoup. Et qu'il dormait autant.
( p 7)
La nuit, parfois, je rêve.
Je rêve qu'on me dévore.
On a parcouru la moitié de la terre, mais apparemment, ça ne compte pas. Apparemment, on n'existe pas.
Il faut voir les ombres déambuler, dès l’aube, et je ne parle pas du service de nuit, les trois huit pour certains, comme les bras se soulèvent et doivent plier les plaques, faire sortir de la forme, tirer davantage de bobine, dégager des espaces, remplir des palettes, livrer des clients, être dans les temps, y passer son temps, sa vie, y passer tout court.
J'aurais voulu une fanfare. Un bordel monstre. Une tempête.
N'importe quoi.
La foudre, même, pour tout faire éclater.
Et qu'au milieu du chaos, revienne ma mémoire.
La nuit, je rêve
Que je suis
Un steak.
La petite musique du compteur s’affolait. Elle ne
s’arrêtait plus pareille aux battements de mon cœur.
Tanya pleurait en silence dans mon dos.
Elle répétait à l’infini que tout était de sa faute.
Mais comme nous l’avions décidé, pour Anton, pour
Émilie, nous ne bougerions pas.
Nous ramènerions ce putain de sac à dos.
« Dans mon coeur, il y a un trottoir
Où les chats dansent le tango.
Dans mon tango, il y a un chat
Qui trotte avec son coeur. »
Deux heures de colle !
Deux heures ! J’étais dégoûté. On venait juste de passer
le portail ! On venait juste d’entrer. Sincèrement, ça
m’étonne pas que Rimbaud ait fugué des paquets de
fois, parce que ce collège, quand on y pense, c’est
vraiment le Moyen Âge…
C'était peut être ce qu'elle cherchait. Que je me sente mal comme une nouille mal cuite.
C’est une habitude chez lui. Féminiser les garçons et masculiniser les filles. Ça l’amuse, c’est comme ça. Laissons-le jouer. Vu sa cravate à fleurs et sa veste verte, ce ne doit pas être tous les jours qu’il rigole.
Pourriez-vous continuer à me dire « vous », s'il vous plait ?
Tous ces « tu » m'agressent les oreilles.
Toi aussi papa, t’es un militaire et pourtant t’as jamais tiré sur des gens. Tu sais démonter les armes comme personne, c’est pour ça que tu as été engagé. Mais maintenant que tu ne marches plus, maintenant que tes mains et tes pieds te font si mal, comment tu vas aider l’armée ? Comment tu vas donner des enveloppes à d’autres militaires si tu ne gagnes plus d’argent ?
Quand je vivrai en Angleterre, je m’appellerai Barbara. C’est moi qui ai choisi mon prénom. Maman m’a montré une liste et j’ai vite fait mon choix. Kate, Suzanne, Shirley…
J’ai pas hésité. Moi, ce sera Barbara.
Dans les toilettes, j’ai sorti les trois morceaux de gingembre et j’en ai croqué un. Ça avait un drôle de goût, ça piquait la langue, mais j’ai continué de mâcher. Avec les deux autres, je me suis frotté le torse, les bras, le bas du dos. Ça sentait le citron ou un truc dans le genre.
Je me suis rincé les mains et je suis sorti incognito des toilettes.
Je suis entré le dernier dans le hall de la piscine et quand j’ai refermé la porte derrière moi, mes poumons se sont emplis de Javel. Il faisait cinquante degrés et il y avait deux vestiaires. Un pour les garçons et un pour les filles. J’ai bien regardé mais il n’y en avait pas pour les garçons fous amoureux des filles.