Citations de Arni Thorarinsson (195)
Un bureau rangé est le signe d'un esprit dérangé
Celui qui n'a jamais péché n'est pas un être humain. Il y a dans la faute une mystérieuse jubilation.
– Pourquoi les femmes mariées sont-elles plus grosses que les célibataires ? il demande.
Margrét le prend tout de suite au mot.
– Quand les célibataires rentrent chez elles et qu'elles voient ce qu'il y a dans le frigo, elles filent directement au lit. Alors quand les femmes mariées rentrent chez elles et qu'elles voient ce qu'il y a dans le lit, elles filent direct au frigo !
Cette fois, le responsable c’était la cupidité, qui est en train de mettre ce pays sens dessus dessous. Tout ça pour imiter les autres. Les gens se pâment devant des richesses dénuées de toute valeur véritable et ne voient que ça partout autour d’eux : dans les journaux, à la télé, chez leurs voisins, et ils ont l’impression qu’ils doivent se prêter au même jeu. Et ce jeu-là n’épargne rien ni personne. (…) Quant aux enfants, ils s’appliquent à singer leurs parents. Et se prosternent à leur tour devant le dieu de l’argent .
- La croissance n'est qu'une appellation politiquement correcte pour désigner la cupidité, j'observe. Hannes est le seul à s'opposer à ce que nous sombrions complètement dans une indécence irresponsable. Quant à « vieux jeu », c'est une expression insultante désignant l'amour du travail bien fait et une intelligence intacte.
- Ça, je ne dis pas le contraire, continue-t-il, toujours en chuchotant. Mais les Médias Islandais Réunis le considèrent comme le fossile d'un époque révolue.
- Mais qui sont donc ces ordures ? Comment la société islandaise a-t-elle pu engendrer de tels prédateurs ?
-Comment ? rétorque Hannes. Eh bien, sans doute en baisant, mon cher monsieur.
Un coup discret à la porte l'arracha à ses réflexions. Son premier rendez-vous était arrivé, son premier 'patient', son premier 'client'. Les deux termes le gênaient autant l'un que l'autre. C'étaient simplement des 'êtres humains', des personnes qui allaient mal et qu'il tentait d'aider. Mais en vertu de quoi avait-il le droit de vendre aux autres des conseils sur la manière dont ils devaient gérer leur vie, les sentiments qu'ils devaient éprouver ou encore les pensées qu'ils pouvaient s'autoriser ? En vertu de quelques brèves années passées à lire des livres et à analyser des théories concoctées par des individus qui avaient eux-mêmes une vie personnelle désastreuse ?
Tout cela était absurde.
(p. 38)
Enfin sachant qu'il s'est trouvé quelqu'un pour assassiner cette gentille et jolie jeune fille, tout est possible. Il n'y a aucune limite à ce dont l'être humain est capable. Ça se vérifie tous les jours. Nous ne sommes que des animaux. Nous sommes des prédateurs, des prédateurs en tenue de camouflage
Tu te demandes peut-être pourquoi la litterature m'a tellement passionnée. Et si tu imagines que les romans ont été pour moi une échappatoire, une manière de fuir la réalité et sa plénitude, alors tu vises on ne peut plus juste. Les clichés recèlent toujours une part de vérité.
…je médite sur cet enchevêtrement infini de beautés et d’horreurs qu’est le monde. Et moi, que suis-je? Un petit pion solitaire qui vit à la périphérie et s’efforce d’y comprendre quelque chose?
- Derrière chaque grande fortune, il y a un grand crime, qui a dit ça?
- Je l'ignore, Hannes. On est lancés dans une nouvelle partie du Trivial Pursuit?
- Balzac, mon cher.
Rien n'est plus douloureux que de découvrir que l'homme qui vous possède coeur et âme n'est qu'un misérable.
On croit toujours découvrir de nouvelles choses mais on ne tombe en réalité que sur des reflets de nos désirs.
Une famille d'immigrés est assassinée en Espagne : l'information franchit à peine les frontières du pays. Il suffit qu'un pickpocket dérobe le sac à main d'une star de la télé et là ...
Le monde est incroyablement fou.
L'avantage des sentiments, c'est qu'il nous détournent du droit chemin.
Quelqu'un a dit que ceux qui considéraient que le bonheur ne s'achetait pas ne savaient simplement pas dans quel magasin faire leurs courses.
Il feuilletait les journaux et écoutait la radio en prenant son café. Toutes les informations étaient du même acabit. Incertitudes, erreurs, magouilles, travail bâclé, collusions multiples, corruption, répartition inégale des richesses, crime ou délits de toutes sortes. Abus de pouvoir, abus financiers, abus e personnes, abus d’enfants.
Seule la publicité reflétait une autre image. Le marché était toujours là. La consommation était la respiration d’un cadavre vivant.
(Métailié noir,p. 12)
Ne dit-on pas qu'il est plus aisé de voir la paille dans l'œil de son voisin que la poutre qui se trouve dans le nôtre ?
UN VENDREDI DE LA FIN OCTOBRE
Je me réveille tôt le matin qui suit l’incendie. J’ignore complètement que l’événement s’est produit pendant la nuit.
Du reste, ça n’a pas la moindre importance. La maison brûle.
On ne sait jamais rien des projets et des manigances des gens un peu partout, que ce soit à l’autre bout du pays ou de l’autre côté du globe. Méfaits et bonnes actions. On ne sait même pas ce que trament les occupants de l’appartement d’à côté. Parfois, on s’interroge sur ceux qui nous sont les plus proches. Il arrive même qu’on aille jusqu’à douter de soi.
Il existe partout des énigmes irrésolues dont, pour la plupart, on ignore l’existence. Alors on passe sa vie à chercher des réponses. Mais comment diable résoudre un mystère dont on ne connaît même pas la nature ?
On reprend un peu de café, des cornflakes, et on jette un œil par la fenêtre. Voilà, c’est l’une de ces journées-là.
Surviennent alors trois gamins de douze ans qui croient tout savoir.
Vers midi, je rédige à grand-peine le quota d’articles que je dois expédier pour l’édition du week-end. L’info la plus importante est, encore une fois, un scandale lié à l’aménagement de la capitale du Nord : une petite maison privée doit-elle céder la place à un grand bâtiment construit par une société ? Les forces nationales en faveur du développement répondent évidemment que oui. Les valeurs économiques priment sur toutes les autres.
Mais je sais que les pages du Journal du soir ont soif de nouvelles autrement plus juteuses que cet abondant et banal muesli quotidien.
Quelqu’un frappe sur le chambranle de la porte et Asbjörn apparaît à l’entrée de mon placard. – Au fait, annonce d’un ton enjoué le directeur de l’antenne d’Akureyri, j’ai reçu la visite d’une charmante petite bande de jeunes gens entreprenants qui voudraient que notre journal parle d’eux.
Je lui lance un regard interrogateur.
– En effet, poursuit-il. Ce sont des petits gars géniaux. Ne sommes-nous pas toujours à l’affût de sujets humains attrayants et positifs ?
– Eh bien, à entendre le rédacteur en chef de Reykjavik, j’ai plutôt l’impression qu’il préférerait qu’on lui serve des thématiques humaines déprimantes et négatives.
Asbjörn secoue la tête et la chair de ses joues tremblote.
– Trausti peut bien se torcher lui-même. Le moment est venu de mettre en lumière les côtés sympathiques et positifs que notre jeune génération porte en elle. Tous ces gamins ne sont pas de futurs voyous abrutis à coup d’ordinateurs, ou des junkies. Il y a ici un grand nombre de jeunes créatifs qui débordent d’imagination et quand ils trouvent la manière adéquate d’exprimer leur talent, notre devoir est d’en parler, tout autant que du reste.
Ils s’appellent Ingi, Gudjon et Alex Thor. Assis au coin-café à l’accueil, silencieux et posés, ils m’ont l’air un peu tendus.
Asbjörn glisse sa bedaine derrière le comptoir et annonce avec un sourire tout en me désignant :
– Je vous présente Einar, c’est le journaliste qui va vous interviewer.
– Bonjour les gars, dis-je en m’installant face à eux. Que voulez-vous me raconter ?
– Nous venons de fonder une entreprise, explique Ingi, celui qui semble être le chef.
Il porte un bonnet bleu qui lui tombe sur les yeux, il a des cheveux roux, des joues bien rouges et rien d’autre sur le dos que son tee-shirt en dépit de la température extérieure qui avoisine zéro.
– Ça fait partie de l’actualité, n’est-ce pas ? me demande-t-il d’un air sérieux.
– Bien sûr que ça en fait partie, pépie Asbjörn par-dessus son ordinateur.
Vêtu d’un blouson à capuche noire, Gudjon adresse un sourire à Alex Thor, lequel porte une doudoune verte et s’exclame : “Yes !” Ils se frappent mutuellement la main, comme ils ont vu faire à la télévision. Sur quoi, ils m’annoncent qu’ils ont l’intention de proposer à leurs concitoyens un service de laveurs de carreaux.
L'amour est tel un feux qui couvre.
L'amour est un aimant qui trouve.
D'une étincelle naît un brasier.
L'amour est un enchantement
Qui s'empare du corps et de l'âme.
D'une étincelle naît un brasier.