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Critiques de Arthur Koestler (166)
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Le Zéro et l'infini

En notre époque un peu paradoxale de grands mouvements de foule et d'hyperconnexion, mais d'auto-centrisme exacerbé, un roman intemporel qui redit la richesse de l'individu, et l'importance d'une mutuelle considération.

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Le Zéro et l'infini

Un livre instructif et intéressant qui nous rappelle des faits qui se sont déroulés sous Staline, mais de façon intelligente et un peu dissimulée.

On se retrouve dans les prisons et interrogatoires non conventionnels pour faire tomber un membre important du parti communiste, conséquence du régime totalitaire avec la volonté d'éliminer tous les ennemis politiques.

C'est surtout un livre historique qu'il faut lire.
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Un testament espagnol

Malgré ma méconnaissance de l'histoire de la révolution espagnole, j'ai beaucoup apprécié ce livre non pas pour son contexte historique, mais pour la façon dont l'auteur nous fait part de ses réflexions en tant que condamné à mort qui ne connait pas la date de son exécution. Il m'est habituellement facile de passer d'un livre à l'autre mais pas cette fois. J'ai été totalement habité par la profondeur des pensées de l'auteur. Je ne sais pas si dans les mêmes circonstances j'aurais eu cette capacité de réflexion et cette lucidité.
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L'ombre du dinosaure

En 1944, Arthur Koestler publie "le yogi et le commissaire", un recueil de chroniques,d'articles, de conférences, considéré à l'époque et a juste titre comme l'entrée du militant Koestler dans le combat politique.

Douze ans plus tard et avec la publication de ce nouveau recueil, il s'agit bel et bien de "l'adieu aux armes" du militant politique qui laissera bientôt place au philosophe des sciences avec la parution de "Les somnambules"

Une nouvelle ère commence... Qui sera passionnante, elle aussi... Et tellement différente.
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Le Zéro et l'infini

L’action se passe dans un pays totalitaire qui n’est pas nommé mais dont on peut deviner qu’il s’agisse d’un Etat de l’ancien bloc soviétique. L’auteur s’est inspiré des procès de Moscou de 1936 à 1938 qui ont eu pour but de supprimer des opposants potentiels à Staline, et d’anciens compagnons de Lénine.

Le héros, Nicolas Roubachof, est arrêté et emprisonné pendant tout le roman et il se remémore sa vie alors qu’il est dans sa cellule. S’est l’occasion pour lui à la fois de refaire sa vie mais surtout de s’interroger comme jamais il n’a été amené à le faire avant. Car si Roubachof est aujourd’hui une victime comme une autre du régime, il fut avant l’une de ses chevilles ouvrières, un terrible membre actif. « Vendu » par sa secrétaire, sa fidélité au parti est mise en doute, il se défend très peu et est jugé. Celui qui participait avant aux atrocités du régime est désormais vu comme un opposant à ce même régime. C’est désormais à lui d’en connaître le côté répressif. C’est clairement l’arroseur arrosé.

Ecrit entre 1938 et 1940 en allemand, publié en anglais en 1940 au Royaume-Uni, ce roman n’est paru qu’en 1945 en France. Il demeure très actuel par la morale qu’il contient : tout régime peut tomber et broyer ses membres.
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Spartacus

Six mille rêves expirent le long de la voie Appienne. Six mille croix dressées pour la propagande d'un homme, Marcus Crassus, dont l'action militaire offre un secours salutaire, mais temporaire, à une République romaine engagée dans son dernier siècle. De Spartacus et de sa révolte d'esclaves, il ne reste ni hommes pour la conter, ni vestiges pour témoigner auprès des générations futures de ce qu'elle fut. Pourtant, l'Italie trembla du parcours de cette horde qui contenait en elle tout l'empire, et menaçait de le renverser. Arthur Koestler, en s'emparant de pareille figure historique, n'écrivit pas seulement un roman historique d'une minutie extraordinaire quant au rendu de l'époque ; davantage, ces trois cents pages sont le prétexte d'une interrogation profonde des systèmes politiques et sociaux. De l'éthique politique aurait pu être un sous-titre pour cette anabase dramatique dans laquelle les damnés de la terre semblent proche de jeter à bas le monde qui les opprime. Et si Koestler fait de cette aventure historique une lecture éminemment politique et contemporaine - le livre est publié en 1939 -, il ne prend pas la liberté d'en changer la fin, manière aussi d'opposer au monde des idées celui des réalités matérielles. L'homme est ennemi de l'homme, y compris de lui-même.



En 73 avant JC, plusieurs centaines de gladiateurs s'évadent de l'école du capouan Lentulus Batiatus. Menés par le Thrace Spartacus et le Gaulois Crixus, les gladiateurs ravagent d'abord les environs de la petite cité campanienne, amenant à eux esclaves, valets et autres travailleurs de la terre. Trouvant refuge dans le cratère du Vésuve, les révoltés mettent en déroute une petite troupe romaine conduite par Claudius Glaber ; puis, après avoir ravagé diverses cités du centre italien, ils assiègent Capoue, échouent, puis traversent la Campanie et s'établissent en Lucanie, dans l'extrême sud de la botte italienne, près de l'antique cité grecque de Thurium. Ils y construisent l'Etat du Soleil, utopie urbaine où s'érigent toutes les origines, toutes les cultures, toutes les bâtisses du monde romain : de la Gaule à la Thrace, du Samnium à l'Etrurie, de l'Ibérie à la Numidie, l'Etat du Soleil est une cité de broc et de brac dont les rues droites conduisent à la tente de celui qui imitent les consuls romains. Entouré de licteurs qui n'ont pas la hache, mais une chaîne brisée comme symbole, Spartacus négocie d'abord avec Thurium pour la subsistance de son Etat, puis avec les grandes puissances politiques qui s'opposent à la République romaine : le roi Mithridate VI du Pont, le rebelle Sertorius en Espagne, les pirates de Méditerranée. Malgré les victoires militaires contre les deux légions romaines lancées contre lui, malgré le nombre impressionnant de cent mille désœuvrés qui obéissent à Spartacus, l'Etat du Soleil est de plus en plus isolé. Aucune cité italienne ne s'allie à lui, aucune autre troupe servile ne rejoint les révoltés. Bientôt affamés par un accord secret entre Thurium et les pirates, les esclaves de Spartacus s'en vont ravager Métaponte, et le sac sonne le glas de la révolte. Ayant échoué à changer le monde, les esclaves songent à regagner, chacun, leurs patries. Mais les rives du Pô seront l'ultime frontière septentrionale des esclaves. Spartacus veut alors rejoindre le sud, et la Sicile mais, poursuivis par Marcus Crassus et littéralement assiégés par lui dans le Bruttium, les esclaves sont réduits à livrer une dernière bataille, funeste pour tous. Ensemble ils trouvent la mort, sur le champ de bataille ou sur les croix.



Davantage que la réflexion philosophique sur l'éthique politique, ce qui marque d'abord, à la lecture du roman, est la restitution minutieuse de l'époque républicaine de la Rome antique. Le souci du détail est porté à un niveau remarquable, du vêtement (et là encore, selon les classes sociales) à l'alimentation (les spectateurs qui mâchent des pois chiches lors du spectacle de gladiateurs), Arthur Koestler ne prend pas simplement le parcours et le personnage de Spartacus comme prétexte. Son récit forme ainsi un tout cohérent, et c'est aussi parce qu'il ancre si fort son récit au premier siècle avant notre ère que Koestler donne à celui-ci un caractère intemporel. Il dit : les hommes sont différents, voyez les à travers mes descriptions ; ils ne mangent, ni ne s'habillent comme nous, et leurs habitudes sont bien différentes des nôtres. Mais leur souci éthique, philosophique et moral est le même que le nôtre, vingt siècles plus tard. Par-delà le décor, Koestler reconstitue aussi un univers mental lié à des mécanismes sociaux bien établis dans la République romaine. Prenant de la hauteur, Koestler développe les rivalités politiques du temps. Rome, en ce début de premier siècle, connaît une crise politique et sociale qui dure déjà depuis presque un siècle. La concentration des richesses entre les mains de quelques-uns a favorisé le développement d'une classe sociale pauvre mais libre ; elle se traduit politiquement par la lutte entre factions dont émergent de charismatiques dirigeants, tels Marius ou Scylla, qui annoncent le temps de Pompée, de Crassus et de César. En Italie, la population servile est aussi deux fois plus nombreuse que la population libre. Sa composition traduit les succès de Rome dans l'ensemble du monde méditerranéen : Grecs, Thraces, Gaulois, Ibères ou encore Syriens et Parthes sont partout dans la société italienne : unique dans les foyers modestes, pléthoriques dans les latifundia, en rangs serrés lorsqu'ils servent la municipalité. Le monde romain est un monde dur, où hommes et femmes peuvent être des meubles, et où même les libres doivent rechercher la protection des puissants. Ainsi Quintus Appronius, greffier de province à Capoue, qui traîne sa vieille carcasse aux thermes pour y solliciter quelque faveur de Batuatus ou de Rufus, ou bien même leur protection. De la même façon, ce monde est celui des opportunités tant politiques qu'économiques. Lorsque les nouvelles de la révolte servile parviennent à Rufus et à Batuatus, ceux-ci commencent à spéculer sur les cours du blé. Car Rome, en vérité, est devenue un parasite pour son empire. La Ville au million d'habitant ne travaille pas, et compte sur ses possessions pour la nourrir.



Que le monde romain connaisse alors une crise morale et éthique, même les Romains - certains d'entre eux, en tout cas, tel Caton le Jeune - l'admettent bien volontiers. La dépravation morale est même l'objet de discussions et d'un certain désespoir pour ceux qui la clament. Ainsi la crise sociale, politique et économique prend-elle des accents philosophiques, puisque l'effondrement des valeurs morales commanderait, selon Caton, celui, futur, de l'empire. Lui répondent d'autres accents, cyniques ceux-là, et extrêmement pragmatiques, de Crassus, dont la constitution de la fortune a reposé sur des procédés ô combien immoraux. Ces deux hommes, pourtant, le rigide et vertueux Caton et l'omnipotent et amoral Crassus, sont les deux faces de la même Rome. La République s'est faite empire par le biais de ces deux visages. La révolte servile conduite par Spartacus remet brutalement en question ce succès apparent. Plus que la liberté, Spartacus cherche à trouver une nouvelle voie. Car la liberté seule ne suffit pas. Tant d'hommes libres sont en fait les obligés d'autrui. La révolte provient du plus profond de ce système. Ceux qui l'initient sont des gladiateurs, c'est-à-dire des hommes promis à la mort pour égayer la population. A l'absurdité de leur sort répond la violence qu'ils répandent. A leur mort dans l'arène répondent les morts sur les pentes du Vésuve, sur les champs de bataille ou dans les cirques improvisés par les anciens esclaves pour que les légionnaires s'y entretuent. Pourtant, Spartacus récuse la violence dont ses troupes font preuve à l'occasion de la destruction des cités italiennes. Car il ne s'agit pas tant de se venger que de proposer un nouveau modèle, fondé sur un égalitarisme qui rappelle fortement le communisme idéal, et qui, excluant la propriété privée et les échanges monétaires, veut abattre les rapports de force entre les hommes.



Pourtant, la révolte servile de Spartacus connaît un terrible échec. Fulvius, l'historiographe de la horde, s'en étonne d'abord. Pourquoi les esclaves de Capoue défendent-ils leurs maîtres ? Plus tard, près de Thurium, Spartacus s'afflige de ce qu'aucune nouvelle horde, venant de Ombrie, d'Etrurie ou de Campanie, ne les rejoigne. Les circonstances, pourtant, étaient favorables : crise morale à Rome, ennemis intérieurs et extérieurs à la République, succès militaires des débuts. L'échec s'explique de façon extrinsèque et intrinsèque. Les causes extérieures tiennent d'abord au conservatisme social et politique. Le changement fait peur, y compris à ceux que le système exploite. Ensuite, c'est aussi la supériorité militaire de Rome qui finit par s'exprimer, après que Sertorius a été vaincu en Espagne. Toutefois, les causes de l'échec sont aussi intrinsèques. La violence de l'Armée des Esclaves, qui effraie les cités italiennes, provient, il est vrai, des contingents celtes qui se reconnaissent davantage en Crixus qu'en Spartacus. Si la violence initiale était nécessaire, elle finit par desservir le mouvement, comme le pressent Spartacus lorsqu'il apprend le sac de Métaponte. Il y a ici l'idée que les hommes libres n'agissent pas forcément selon leur intérêt ; là demeure un paradoxe, qui débouche sur un reproche que font les anciens esclaves à Spartacus. Libres, les hommes doivent pouvoir agir comme ils l'entendent, mais Spartacus désapprouve leur conduite, et leur demande une soumission la plus totale afin, pense-t-il, de leur offrir un monde meilleur. Ainsi la conquête de la liberté conduit-elle à la recherche d'un asservissement nouveau, ou d'une mort certaine. Au-delà de cela, on observe aussi une certaine rupture entre Spartacus et ses hommes. Son rôle nouveau lui fait chercher les alliances des puissants - les pirates, Sertorius, Mithridate VI - et la personnalisation, en lui, du mouvement, le coupe socialement et topographiquement de ceux qui l'ont suivi ou rejoint. Après le monde de la révolte, Spartacus entre dans le monde de la politique, qui est celui du consensus et, donc, du renoncement. Ainsi les négociations avec Thurium, durant lesquelles Fulvius assure aux édiles de la cité la perpétuation de la propriété privée, représentent-elles un renoncement qui limite, et donc condamne, la révolte servile. La fin justifie-t-elle les moyens ?, demande Koestler dans la postface. L'instauration d'un monde nouveau légitime-t-elle la crucifixion des Celtes après Métaponte ? La recherche de l'égalité entre les hommes autorise-t-elle l'omnipotence de Spartacus ? Du haut de sa fortune et de son cynisme, Crassus tance Spartacus : il ne s'agit pas de changer le monde - son inertie est trop forte - mais les idéaux. Faire du mal de ce monde - le travail et ce qu'il induit : le rapport de force entre les hommes - une idée à poursuivre.



De cette révolution avortée demeure toutefois deux éléments intéressants. D'abord, la révolte servile bouleverse durablement la société romaine qui, bien qu'elle ne change pas radicalement - César et Auguste seront bien plus riches et puissants que ne le furent Pompée et Crassus, ou Marius et Scylla - prend conscience de ce terreau social instable. Le deuxième élément tient à la personnalité de Spartacus dont le caractère tient du héros messianique. Sur les pentes du Vésuve, un juif essénien lui parle du Fils de l'Homme, venu pour délivrer l'humanité. Quelques décennies avant la délivrance du message christique en Judée, l'épopée de Spartacus annonce un renversement des valeurs en promettant d'abord, et pour l'essentiel, la dignité à ceux qui le suivent. Que le monde demeure tel qu'il est, que les forces en présence fassent tout pour que le système dans lequel elles sont les élites perdure ne change rien à l'affaire. La dignité est un combat qui jamais ne se finit ni se perd. Lorsqu'un homme tombe, un autre reprend, tôt ou tard, le flambeau.
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La corde raide

Commencer son autobiographie à 47 ans c’est le tour de force de Koestler. Oui, il en avait déjà tant à dire ! Il débute le récit en retraçant l’origine de sa famille et de son nom. Ce nom Koestler n’est pas patrilinéaire, mais conçu par son grand-père, immigré de Russie en Hongrie en 1860 et dont le passé resta un mystère. Il fit fortune, puis faillite. Son fils cadet qui devint le père de l’auteur a suivi un peu le parcours identique. Homme d’affaires à la fois chanceux, il connaitra différents revers de fortune et son fils Arthur devra subvenir aux besoins de ses parents. Il sera l’enfant unique de ce couple. Sa mère était issue d’une famille bourgeoise juive de Prague. Il est un enfant brillant et précoce qui parle 5 langues à 6 ans, grâce aux nombreuses nourrices de nationalités différentes qui défilent dans la famille, mais passe cependant une enfance solitaire, sans amis, et gardera de cette enfance isolée, dit-il, les sentiments de peur et de solitude. Passionné par les sciences, il se destine à la carrière d’ingénieur après des études supérieures à Vienne qu’il interrompt la dernière année sans passer l’examen. C’est à l’université de Vienne qu’il fréquente les sionistes et rencontre Vladimir Jabotinsky sioniste et fondateur de la légion juive. Il partira donc pour la Palestine et travaillera dans un Kiboutz. Une aventure qui s’avérera un échec politique. Cependant, il aura là bas l’opportunité de faire ses débuts de journaliste. De retour en Europe, il ira de succès en succès : correspondant à Paris et à Berlin en tant que journaliste scientifique. En 1931, il adhère au parti communiste, convaincu que le PC reste la seule alternative possible à la montée du fascisme, mais qu’il quitte en 1938.

Telle sera la vie d'Arthur Koestler, à l'image du XXe siècle : mouvementée, déchirée, peuplée de désillusions et de revirements, mais toujours digne.


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Les somnambules : essai sur l'histoire des ..

Les Somnambule : Histoire sur conceptions de l'univers d'Arthur Koestler est une étude chronologique de 608 Pages relatant l'histoire de la pensée scientifique relatif à l'astronomie, la physique à moindre degré et leur rivale la religion qui avait monopolisé l'explication des phénomènes physiques par un mysticisme métaphysique tiré des écrits et de la scolastique.

Étrangement, on y découvre un Galileo arrogant, comploteur, moqueur et, qui à défaut d'explications fiables tournait tout le monde en ridicule, contrairement à Kepler le martyr de la science et la vérité qui lui révélait ses découvertes par des correspondances et l'avait défendu contrairement à lui.

Selon L'auteur le procès engagé contre Galillio par l'église vient surtout de ses agissements que de son penchant pour l'Hiliocentrisme de Copernic, qu'il avait combatu dans son fort intérieur pour ne pas en faire une vérité d'Évangile et qu'il avait parjuré devant le Clligio Romano ! Il s'est mis tout le monde à dos, mais le châtiment n'avait pas été flagrant. Pas de geôle ni séquestration, juste une résidence surveillée dans la villa des Médicis où il résidait lors de ses fréquents Allers - Retours à Rome.

« Vous n’y pouvez rien, monsieur Sarsi, il a été donné à moi seul de découvrir tous les nouveaux phénomènes du ciel, et rien aux autres. Telle est la vérité, que ni la malice ni l’envie ne peuvent.>> Page 374

En progressant dans la lecture, on a le sentiment que le monde c'est L'Europe, l'auteur passe sous silence les autres civilisations Perse, Chinoise, Indienne... l'Égypte sous domination grecque y est citée.

Les illustres savants et libres penseurs Arabes qui avaient déterré les trésors grecques, perfectionné et transféré à l'Europe sont vaguement évoqués ou évoqués pour ensuite contradits ! Aucune trace de Ibn Rushd dit Averroes qui avait fait connaître Aristote à Saint Thomas, idem pour Ibn Al Haytem dit Alhazen qui avait influencé plus d'un savant, entre autres Kepler.
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Le Zéro et l'infini

Redécouverte d’un livre lu il y a très longtemps. Quand les utopies politiques et leurs constructions intellectuelles défiaient le bon sens humaniste. Bien sûr, ces utopies là sont passées de mode, mais le conditionnement et l’enfermement dans des stéréotypes personnels ou collectifs n’est pas près de disparaitre.
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Le Zéro et l'infini

Un homme est en prison. Il est là car c’est un ennemi de l’Etat, un traite à la révolution.

Mais qui est cet homme ? Que fait-il là, lui un apparatchik ? Pourquoi tourne-t-il en rond dans sa geôle ? Il fait les cent pas, écarté de l’histoire. Acteur des bouleversements sanglants de son pays, il tourne et vire. Il se tient une dent qui le fait souffrir. Il écrit, il rêve, il se souvient. De sa fenêtre il voit les exécutions. Eux, les prisonniers, ils savent qui est exécuté. Ils communiquent, ils se tiennent informés. De toute façon ils y passeront l’un après l’autre. C’est une question de renoncement dialectique.

Est-il enfermé à tort ? Doit-il s’encombrer de remords ? A-t-il honte ? A-t-il peur ?

Observons cet homme logique et froid.

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La lie de la terre

En France, en 39, la lie de la terre, ce sont les anciens loyalistes espagnols, les communistes, les anarchistes et tout étranger jugé indésirable. Autre lieu, autre époque, la lie de la terre sont les noirs, les musulmans, les gays ou les mexicains. Mais c’est grâce à ce type de témoignage autobiographique – et celui-là, bien qu’écrit à chaud, est particulièrement lucide – que l’Histoire s’écrit et que les générations suivantes savent in fine qui sont les véritables déchets de l’humanité.
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Croisade sans croix

Enfin, j'ai pu mettre la main sur ce livre après avoir lu les deux autres il y a des années. Envie de reprendre la lecture de A K.

pour ma part, j'ai apprécié, son analyse tient encore la route,
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La tour d'Ezra

Livre très éclairant et pas ennuyeux sur la création d'un kibboutz: l'enthousiasme des colons venus d'Europe, les conditions d'existence très difficiles, les doutes, les joies, les peines; la tentation du terrorisme; l'effet de l'antisémitisme; l'hostilité des arabes, l'attitude ambigüee des britanniques...tout cela à travers le regard de Joseph, pionnier de la première heure
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Le Zéro et l'infini

J'ai lu ce livre en étant bien trop jeune et de ce fait je ne pense pas en avoir compris les subtilités ni la portée. J'ai à l'époque apprécié ma lecture mais je crois qu'il fait partie de ces livres dont une relecture serait bénéfique.
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Spartacus

Ce n'est pas une critique, c'est une réflexion toute personnelle. Quand vais-je me décider à lire Spartacus, alors que j'aime cette histoire, que je trouve au personnage de Spartacus une proximité et un modernisme qui n'engage que moi.
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La lie de la terre

La lie de la terre /Arthur Koestler

Il y a des livres que l’on relit cinquante ans après. Et on a l’impression de ne les avoir jamais quittés. C’est le cas de ce récit autobiographique du grand écrivain et aventurier que fut Arthur Kœstler. Il faut savoir que toute la vie et l’œuvre de Kœstler furent liées aux turbulences du XXé siècle.

Cette histoire donc est son histoire. Alors qu’il passe des vacances tranquilles dans le midi de la France, la deuxième guerre mondiale éclate. Hongrois de naissance donc neutre, mais résident en Angleterre et écrivant pour des journaux anglais et américains , il est arrêté comme nombres d’étrangers en ce mois d’octobre 1939. Il règne alors une ambiance terrible en France où tout étranger est suspecté d’appartenir à une cinquième colonne imaginaire. Pas si imaginaire que cela en vérité. Mais la cible n’est pas la bonne. Nombre de Français coopèrent avec le régime nazi après que Chamberlain et Daladier se soient agenouillés devant le Führer. A noter en particulier le politique de Georges Bonnet, alors ministre des affaires étrangères puis de la justice, qui pratique une politique xénophobe et antisémite, complice de Von Ribbentrop pour tenter de trouver une solution au « problème juif » en France. Pétainiste il put mettre en action sa politique pronazie. Après la guerre, il s’exila en Suisse avant de revenir et se faire élire député de Dordogne de 1956 à 1968. En toute tranquillité.

Je cite : »…les conditions de vie des Allemands nazis étaient plus confortables dans les camps que celle des Allemands antinazis. Les premiers étaient protégés par la Croix-Rouge internationale et la crainte de représailles sur les français prisonniers de guerre en Allemagne… »

« …Il est intéressant de remarquer que pratiquement la xénophobie française n’était qu’une variante nationale, un ersatz de l’antisémitisme allemand… »

Parqué sans raison spéciale dans un premier temps avec des milliers d’autres étrangers au stade de Roland-Garros, Kœstler subit les affres de la faim et du froid et puis c’est la déportation vers Le Vernet au fin fond de l’Ariège, dans un camp de concentration terrible, mais où heureusement on n’extermine pas.

Ce récit est très intéressant dans sa description de l’état d’esprit en France en ces premiers jours de guerre alors que le Führer vient d’envahir la Pologne. Il est un hommage aux persécutés, aux traqués et aux indésirables de toute l’Europe en raison de leur origine et de leur croyance. Nous sommes en 1939 et ce petit nombre d’hommes courageux croyait à la liberté face à la montée du fascisme européen.

Kœstler est un habitué des camps : en effet, lors de la guerre d’Espagne, il fut arrêté par la police franquiste pour avoir écrit des propos désobligeants dans un journal anglais sur le contingent italo-allemand venu prêté main forte au Caudillo pour écraser les républicains. Il sera condamné à mort et n’aura la vie sauve qu’après une longue détention et un échange de prisonniers à la fin de cette guerre civile.

Ce livre et écrit avec précision, intelligence, et parfois humour. Les analyses politiques et psychologiques sont profondes et justes. Nombres d’événements passé sous silence de cette période sombre, triste et honteuse de l’histoire de France sont exposés là : c’est une mine d’informations que pour la plupart j’ai découvertes. La désagrégation puis l’effondrement total de l’administration française en ces derniers mois de 1939 sont particulièrement bien explicités qui aboutissent à des situations ubuesques mais graves et tragiques pour les ressortissants étrangers.

Je cite : « Pour un prisonnier du Vernet, essayer de prouver son innocence équivalait à se taper la tête contre un mur…Il n’y avait aucun corps responsable à qui s’adresser…Les dossiers du Vernet ne furent jamais ouverts jusqu’au jour où la Gestapo arriva qui, elle, ouvrit les dossiers. » On connaît la suite : Pétain livra les prisonniers au Führer. Excepté quelques rares qui étaient parvenus à partir avant, grâce à des appuis internationaux, notamment des écrivains, des journalistes etc..

Je cite : « le crime fut consommé lorsque Philippe Pétain, maréchal de France, accepta le paragraphe du traité d’armistice, qui demandait l’extradition des réfugiés politiques, tandis que ses lèvres séniles bredouillaient une « paix dans l’honneur » !!!

C’est un livre fort, très fort qu’il faut absolument avoir lu. Que l’avenir nous préserve d’un retour de ce genre de situation !



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Le Zéro et l'infini

lu en 2018

Né en Hongrie de famille juive, il sera naturalisé anglais après la guerre. Communiste de 1931 jusqu’en 1938, date des procès de Moscou où Staline a fait exécuter la plupart des bolcheviks de la révolution russe de 1917. Il s’inspire du sujet pour écrire le zéro et l’infini. Le zéro : l'homme ; l'infini : l’appareil. Le zéro représente alors la place de l'individu au sein de la société communiste russe, l'être humain en tant qu'entité individuelle n'existe pas et doit se sacrifier au bénéfice de la communauté : l'infini. La communauté est tout et l'individu n'est rien. A partir de cettephilosophie, tout est alors excusable, peu importe que certains meurent de faim, peu importe que d'autres soient arrêtés et condamnés arbitrairement, tant que tout cela participe au bien collectif. Référence au livre Crimes et Châtiments de Dostoeivski. La fin justifie les moyens.

Le roman imagine l'itinéraire d'un dignitaire communiste, un de ceux qui ont fait la révolution au côté de Lénine et de Trosky, un de ceux qui pourrait se considérer comme intouchable. Mais Roubachof (lui-même exécuteur à une époque !) est jeté en prison soupçonné de haute trahison, sommé de s’accuser, jugé et fusillé. Difficile d’imaginer la vie à cette époque dans ce milieu où la suspicion et la délation sont la règle, et comment rester communiste chez les intellectuels, en France notamment ?

L'écriture de Koestler est d'une puissance qui nous scotche au texte. Sa grande culture, ses expériences de vie au travers de cette époque "mouvementée" et ses capacités à analyser tout ça et à transmettre honnêtement, font de lui un vrai passeur de l'histoire.




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Spartacus

Vraiment j'ai été très bien servi !!! Un roman grandiose retraçant la vie d'une révolution qui a marqué l'histoire et a failli mettre fin à Rome précocement...

Surtout oubliez les portraits grecs, la belle faussette du menton de Kirk Douglas, le décor romain et apprenez de la segesse de Fulvuis, de l'Éssenien, du maître de Publidor, de Nicos et du grand Zozimos. Il s'agit aussi du génie d'Arthur Koestler qui fait analyser la révolution par ces personnages antagonistes : Spartacus, Crixus, Crassus, Fluvuis, Zozimos...

Koestler reprend sa fameuse phrase : Nous vivons au siècle des révolutions avortées. Quelles en sont les causes ?

La loi de la déviation, les nouveaux despotes,

le communautarisme qui est très apparent dans ce roman ou le climat international qui n'admet La cité du soleil ?

J'avoue que ce roman m'a fait rappeler le printemps Arabe et m'a enseigné que Spartacus fut un grand Homme et qu'il avait d'avancé Karl Marx de deux siècles.

À lire !
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Le lotus et le robot

J'ignorais tout d’Arthur Koestler avant de lire cet essai. Hongrois, passionné de la France, naturalisé Britannique, juif ayant échappé de peu aux nazis, la vie de ce grand intellectuel du XXème siècle pourrait être un roman à elle seule. Découvert dans le cadre de mes lectures pour Vivre, Le lotus et le robot m’a transportée bien au-delà de ce que j’imaginais. Cet essai à la croisée du récit de voyage, de l’analyse ethnologique et de la quête spirituelle se propose de comparer deux pays, l’Inde et le Japon, et d’y trouver une réponse aux angoisses de l’Occident : c’est avec cet objectif en vue que Koestler part interroger mystiques, yogis et moines zen en tout genre pendant près de six mois.



Le bilan de son voyage est plutôt mitigé. Il vilipende sans concession, mais avec humour, les pratiques excessives du Yoga et du Zen. En Inde, il faut tordre ses muscles dans les positions les plus invraisemblables, mutiler sa langue pour boucher ses narines de l’intérieur, avant d’apprendre, délice ultime « à cligner de l’anus afin de parvenir à l’Union avec Brahma ». Au Japon, on médite pendant des heures sur des aphorismes aussi absurdes que « Qu’est-ce que le Zen ? Trois livres de lin », et l’on atteint l’illumination à force d’affirmer que « ce qui est, est. » En Inde le père est sacré : il a le droit, comme le fit Gandhi, d’interdire à ses enfants d’aller à l’école et de se marier. Au Japon, si la vie sexuelle s’avère plutôt décomplexée, chacun vit dans la peur permanente d’offenser son prochain.



Autant de manières de vivre et de croire qui sont aux antipodes des nôtres, et ne produisent pas plus de miracles chez leurs pratiquants que chez nous. Koestler revient de son voyage « assez fier d’être Européen », car en dépit de ses défauts, l’Europe a su évoluer là où l’Asie est restée statique. Le lotus et le robot a été écrit en 1960 : le Japon et l’Inde ont certainement changé depuis cette époque, mais il est intéressant de s’arrêter sur ce que furent ces pays, dont les traits dépeints par Koestler n’ont sans doute pas tous disparu en 60 ans. On pourrait reprocher à cet essai de rester trop en surface. Koestler n’a pas vécu longtemps dans les contrées orientales : pour reprendre les mots de René Duchac, sa critique, quoique légitime, s’applique peut-être davantage à des brochures touristiques qu’à l’âme véritable de l’Inde et du Japon… Disons qu’à défaut d’être exhaustif, Le lotus et le robot reste vrai. Dépaysement garanti !



Pauline Deysson - La Bibliothèque
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Le Zéro et l'infini

Remarquable !

J’ai acheté et lu ce livre de poche en … 1964 (05.040.X-6-7981 édition 2ème trimestre 1963)

1ère observation : la couverture a changé ; l’actuelle est sans doute plus consensuelle; je préfère celle de 1963, beaucoup plus explicite : un prisonnier observe à travers les barreaux de sa cellule des prisonniers tournant dans une cour enneigée, sous les yeux d’une sentinelle, baïonnette au canon.

2ème observation : cette couverture me rappelle le clip de Dépêche Mode intitulé « Where’s the Revolution » sur le même sujet ! (sortie en février 2017, à voir sur Youtube)

Ce livre a été écrit en 1939-1940 ; il traite de ce l’on appelle, en général, les grands procès de Moscou autrement dits les purges staliniennes.

Que sont les purges staliniennes ?

Les procès de Moscou donnent le signal du début de purges massives. La phase la plus violente se déroule de fin 1936 à 1938. Durant ces deux années, la répression fait plus de deux millions de victimes, dont 725 000 exécutions. L'ordre qui ordonne de réprimer les « éléments antisoviétiques et socialement dangereux », marque le début des purges à grande échelle. Beaucoup d'ennemis du peuple sont poursuivis sous l'inculpation de sabotage économique, d'affiliation avec le trotskisme ou de participation à la subversion étrangère.

En novembre 1938, les exécutions en masse prennent brusquement fin. La Grande Terreur s'arrête comme elle avait commencé : sur un ordre de Staline. Après une violente critique du fonctionnement du NKVD (non-respect du code de procédure pénale) le 17 novembre 1938 et une confession de Lejov le 23 novembre dans laquelle il reconnaît sa totale responsabilité et demande à être déchargé de sa mission. Lejov d'abord rétrogradé au rang de commissaire du peuple au transport fluvial le 21 août 1939, sera fusillé en 1940 et remplacé par son adjoint Beria.

Cependant, la pratique des arrestations arbitraires a continué jusqu'à la mort de Staline.

C’est donc dans ce contexte que Koestler écrit le Zéro et l’infini.

N. S. ROUBACHOF est arrêté une nuit par 2 policiers qui l’emmène dans une prison, que l’on présume moscovite. Le but est qu’il soit condamné par un tribunal et exécuté au titre d’exemple ; en effet Roubachof a occupé de hautes fonctions dans le Parti et il a notamment été un adjoint du N°1. A noter que l’auteur n’a utilisé que des noms fictifs, l’éditeur précisant, à ce sujet, que tous les personnages de ce livre sont imaginaires (bigre !)

Roubachof sera interrogé 3 fois (interrogatoire nommé audience dans le livre). La première fois, quelques heures, par Ivanof, « son vieil ami d’université et ancien chef de bataillon». Ce dernier n’arrivera pas à convaincre Roubachof. Ayant échoué Ivanof sera fusillé avant même le procès de Roubachof.

Le deuxième sera mené conjointement avec Gletkin (qui n’était pas d’accord avec le mode opératoire utilisé par Ivanof). Interrogatoires psychiques mais menés de telle manière qu’ils équivalent à des tortures physiques, qui feront céder Roubachof.

On lira là des pages d’anthologie : à partir de la page 142 notamment ;

- Te souviens-tu de Raskolnikof ? …le problème est de savoir si l’étudiant Raskolnikof avait le droit de tuer la vieille usurière. …

- P 151 : Le pouvoir arbitraire du gouvernement est illimité, et reste sans exemple dans l’histoire ; les libertés de la presse, d’opinion et de mouvement ont totalement disparu, comme si la Déclaration des droits de l’Homme n’avait jamais existé. Nous avons édifié le plus gigantesque appareil policier ….

Des pages entières méritent d’être citées : le mieux est encore de lire ce chef d’œuvre !

Sublime !

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