AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Audre Lorde (25)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Charbon

Audre Lorde est une femme noire et elle le revendique comme elle revendique son identité de lesbienne. Elle est en lutte et la poésie est un étendard qui proclame au monde les différentes facettes de sa personnalité.



« Je

Est le noir intégral, proféré

Depuis les entrailles de la terre. »



Dans ce recueil, elle raconte, l’amour, la vie, la famille ainsi que ses combats et mêle à la fois obstination et résilience.

Elle parle de ses sœurs noires qui ont perdu tout espoir. Sa sœur qu’elle imagine « méfiante comme une pierre ». Car il y a de la souffrance chez ses sœurs de couleur qui doivent développer leur aptitude à la survie.



« Par une nuit de pleine lune » est un poème sensuel sur l’amante et de cette chair « qui a faim »

« Et je serai la lune

Prononcée sur ta chair qui m’appelle. »



Elle qui est mère évoque aussi avec une simplicité émouvante l’enfant à naitre qui s’épanouit en elle



« Je t’ai fait naitre un matin juste avant le printemps

Ma tête résonnait comme un piston ardent

Mes jambes étaient des tours entre lesquelles

Un nouveau monde passait. »



La mort aussi fait irruption à travers l’évocation de celle qui s’en est allée.

« Nous n’avons plus droit à l’amour

Maintenant que tu es morte. »



L’éditeur nous propose à la fois la version originale et, à droite, la version en français, traduite par le collectif Cételle.

La poétesse et militante nous offre des morceaux de vie tout en dénonçant la discrimination dont sont victimes les femmes noires dans la société américaine. Je ne connais pas suffisamment sa vie pour savoir à quoi fait référence chaque poème mais j’ai été emportée par leur force.

Je n’avais encore jamais lu de poèmes d’Audre Lorde dont je découvre ici la puissance et la liberté de parole.



Commenter  J’apprécie          670
Charbon

De la noirceur luminescente du charbon, Aurdre Lorde tire la pluralité de facettes d’un symbolisme flamboyant, simple et quotidien, hanté et militant, libre et amoureux. On pourrait presque dire seulement ceci : Charbon touche, fait résonner l’obstiné opacité des jours, réticence et résistance que laissent aussi entendre ces fragments de vie, dépouillés, saturés des présences qui hantent l’autrice. Un premier recueil d’une rare puissante tant il parvient à suggérer qu’une parole politique est avant tout une manière d’être au monde.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          20
Charbon

🩵Chronique🩵



« Je te parle comme parle une amie »



Je te parle Audre pour te dire merci pour le feu. Merci pour Charbon. Merci pour la poésie. La rencontre entre toi et moi est en soi, un événement. Je te parle comme parle une amie, puisque j’admire tout de toi, tes multiples facettes, ta complexité, les mots qui déferlent.



Certains mots me tiraillent le ventre. Certains mots viennent de la terre. Certains mots descendent du ciel. Certains mots parlent de souffrance.s. Certains mots parlent de lumière.s. Des mots me sont venus d’une guerrière hors-normes, et c’était toi. Des mots qui m’ont parlé de différence.s, de vents contraires, de mues.



Je te parle comme tu nous parles, avec aplomb, fermeté, engagement. Je voudrais que le monde soit capable d’entendre ta poésie, ce qui t’anime, ce qui te définit, ce qui te passionne, ce qui te fait vibrer. Je voudrais que le monde soit capable de comprendre que le silence ne protège pas. Je voudrais que l’on est plus d’amies comme toi: époustouflantes, vivifiantes, combattantes.



Certains mots me révèlent le feu. Certains mots descendent le long de nos gorges, comme du napalm. Certains mots sont des incendies à eux seuls. Certains mots m’apprennent, me rendent plus belle ta singularité, me parlent du mal de notre siècle. Tes mots m’ont parlé de l’intersectionnalité, de l’intime, de politique. Certains mots font Charbon, et là, les miens se taisent pour te laisser toute la place. Un temps suspendu pour comprendre, apprendre, aimer. Un temps pour dépasser le racisme, le sexisme, l’homophobie.

Mais je ne peux plus taire encore longtemps mon coup de cœur pour Charbon.



Je te parle comme parle une amie, puisque toi tu nous parles comme une survivante, une puissance, une poétesse. Tu as transcendé avec la poésie toutes les différences, et tu nous a montré comme c’était beau, l’alchimie de tes mots. Du Charbon, tu nous offres des diamants. Qui peut se targuer de savoir maîtriser la magie, ma chère Audre? J’ai bien entendu que notre alliance fera notre force. Je te parle comme à une amie, car tu l’es. Du moins, je l’espère car avec ce recueil, j’ai l’impression d’avoir un petit bout de toi, un morceau de feu, un joyau bleu qui m’est très précieux, et que je garde comme preuve, que la poésie brûle au-delà du temps et de l’espace…



« Certains mots

Me tourmentent. »
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          232
Contrechant

Si tu aimes la poésie, les luttes intersectionnels, les voix fortes, les femmes inspirantes, je te conseil, au rayon poésie, "Contrechant Anthologie de poésie" d'Audre Lorde.



Audre Lorde est une poétesse incontournable des luttes intersectionnelles !

Engagée, inspirante, sensuelle ou enflammée la poésie de Audre Lorde est nécessaire et touchante. Ce recueil est un cheminement dans sa vie de femme, noire, lesbienne, féministe, mère et poétesse.



Elle y parle de ses luttes, de sa poésie qui cherche a "transformer le silence en paroles et en actes".



Comme le disent si bien les éditions Les prouesses " Il est urgent de lire les poèmes d’Audre Lorde, de les apprendre par cœur, de les déclamer, de les transmettre."



Cette lecture m'a chamboulée et je n'ai qu'une envie, m'y replonger. Les illustrations de Maya Mihindou sont à la fois fortes et douce et s'insèrent dans cet Anthologie aussi sûrement que les mots.
Commenter  J’apprécie          10
Contrechant

Un travail qui a donné une anthologie personnelle, publiée juste avant sa mort, en 1992, à seulement 58 ans. Et qui vient de paraître pour la première fois en français sous le titre Contrechant, à l’initiative de la jeune maison d’édition féministe bas-alpine les Prouesses, déjà repérée pour sa publication de nouvelles d’Alexandra Kollontaï. L’ensemble est traduit par le collectif Cételle, réunion de chercheuses de l’université de Nice autour de la littérature d’Audre Lorde.
Lien : https://www.liberation.fr/cu..
Commenter  J’apprécie          00
Contrechant

Du noir sur du blanc, tout en simplicité. Quelques touches d’un doré profond. Des femmes, souvent nues, ouvertes au monde, observatrices plutôt qu’observées. Le tout, pour une expérience sensorielle décuplée qui habille les mots de la poétesse.
Lien : https://actualitte.com/artic..
Commenter  J’apprécie          10
Je transporte des explosifs on les appelle ..

L'essai de la poétesse et militante lesbienne Jan Clausen datant de 1982, compose la première partie du livre et dresse un état des lieux de la poésie féministe étasunienne : le développement de "l'activisme créatif", le choix spécifique de la poésie comme médium d'expression mais aussi les conditions de création, de publication et de diffusion de ces oeuvres. Cette réflexion quoi que très personnelle, l'autrice étant elle-même concernée par son sujet, porte un regard distancé et critique sur certains aspects de la poésie féministe.

S'en suit, une anthologie de poèmes publiés entre 1969 à aujourd'hui, proposée ici dans une édition bilingue, qui est vraiment agréable tant pour la musicalité que pour le sens des textes. Vous y trouverez des poétesses d'origines, d'âges et de sexualités différentes portant un regard et des voix multiples sur la condition de femmes. Tantôt en colère, résignées, enflammées, blessées, leurs mots résonnent profondément en nous. Personnellement je relirai souvent cinq poèmes qui m'ont particulièrement touché : Monster de Robin Morgan, Leftovers-What is left de Assata Shakur, A litany for a survival de Audre Lorde, Plain english de Nellie Wong, Hijab scene #7 de Mohja Kahf.

Commenter  J’apprécie          20
Je transporte des explosifs on les appelle ..

La première partie - un essai de Jan Clausen - est intéressante et met en exergue l’importance de la poésie dans le mouvement féminisme des États-Unis.



Néanmoins, j’ai de loin préféré le recueil de poèmes de la deuxième moitié. Les mots pulvérisent et sont un cri de liberté.
Commenter  J’apprécie          30
Je transporte des explosifs on les appelle ..

La poésie prend souvent la femme comme objet : c’est la Muse, celle qu’on aime, celle au sujet de laquelle, sans cesse, se construit un discours masculin. Il est donc particulièrement intéressant que les féministes se soient emparées de ce médium pour faire entendre un discours sur les femmes elles-mêmes.

En elle-même, cette réappropriation rend cette anthologie passionnante en montrant de multiples facettes de l’expérience féministe. En effet, il y a parmi les autrices des femmes de diverses origines, des femmes racisées, des hétérosexuelles, des lesbiennes, des trans, etc. Mais ces poèmes sont aussi d’une grande beauté, tirant souvent leur force de leur simplicité, et leur façon de faire entendre clairement ce dont la société attend que ce soit tu, tout en préférant la vérité d’une expérience intime aux postures et aux grands discours, sans craindre la violence. Ainsi, « Monster » de Robin Morgan m’a semblé un chef d’œuvre : elle décrit, à partir d’un mot d’enfant, sa peur que son fils de deux ans apprenne à voir dans la féminité une altérité à détester et à dominer. Dans beaucoup de poèmes, on rêve d’un retour à un « avant » idéalisé : on pourrait y voir le souvenir d’une théorie longtemps en vogue selon laquelle les premières sociétés étaient matriarcales. J’y vois plutôt une nostalgie d’un état d’innocence, avant que s’insinue le discours patriarcal aliénant, qui fausse même le regard sur soi. Le travail poétique d’affirmation de soi et de la valeur de l’expérience féminine passe d’ailleurs plusieurs fois par la réappropriation de sa propre langue, avec l’insertions d’espagnol et de yiddish (l’on peut cependant regretter que ces passages n’aient pas été traduits).



C’est une édition explicitement féministe, avec des traductions notamment qui utilisent l’écriture inclusive. Cela me semble une démarche cohérente avec le propos du livre ; en revanche, j’ai vraiment tiqué quand, dans la biographie des autrices, les cavales de certaines, après des braquages de banque meurtriers, sont présentés presque comme une résistance politique (« elle entre dans la clandestinité »), et surtout quand il est question, deux fois, de la « mort d’un flic » et du « meurtre de flics ». Et ce n’est pas la même chose de tenir des propos très violents dans un poème et dans de telles notices. Ne peut-on faire entendre une voix féministe forte sans procéder à une telle déshumanisation ?



Enfin, j’ai moins aimé l’essai de Jan Clausen précédant l’anthologie proprement dite, pas toujours d’un grand intérêt. Tout d’abord, même s’il propose des pistes de réflexion intéressantes, il est assez répétitif, car semble réunir plusieurs articles. Il m’a semblé aussi trop verser dans les questions d’identité (pour caricaturer un peu : une féministe hétéro blanche a-t-elle autant de légitimité qu’une noire lesbienne ?), et les débats internes aux cercles de poétesses féministes américaines. L’autrice semble dans une situation inconfortable : d’une part, elle dénonce, avec beaucoup de précautions, le poids excessif du politiquement correct et des attentes politiques et non poétiques du public, mais d’autre part elle inscrit le plus possible son article dans ce système. Cela me semblait donc parfois assez futile – mais qui suis-je pour juger, moi le bourgeois blanc gay cisgenre ? Mieux vaut donc ses concentrer sur ce qui essentiel : les morceaux de bravoure poétiques de cette anthologie.

Commenter  J’apprécie          60
Je transporte des explosifs on les appelle ..

Superbe anthologie de poétesses états-uniennes aujourd'hui mal connues pour la plupart (en tout cas en France). Le dossier introductif est très riche et instructif. Je ne savais pas que la poésie féministe avait eu une telle importance aux États-Unis au siècle dernier, et ça m'a donné envie d'en découvrir plus. A certains égards ça m'a fait penser aux lectures-performances de textes engagés de certain-es poéte-sses qu'organise Button Poetry. J'étais contente de découvrir des textes vifs et touchants dans ce livre, et de me dire que cette pratique est encore bien vivante aujourd'hui !
Commenter  J’apprécie          51
Je transporte des explosifs on les appelle ..

Quel titre puissant qui prend aux tripes !



Ce titre montre toute la puissance des mots, comme arme pacifiste pour se battre pour ses idées et lutter contre les préjugés et inégalités.



Ce recueil est en première partie un essai de Jan Clausen sur la poésie féministe et engagée aux Etats-Unis, et en seconde partie des poèmes féministes d'artistes états-uniennes, en version bilingue anglais/français, écrits depuis 1969.



Avec des poèmes d'Audre Lorde, Adrienne Rich, Gloria Anzaldua, bell hooks, June Jordan, Cherrie Moraga, Dorothy Allison, Assata Shakur, Robin Morgan, Mohja Kahf, Paula Gunn Allen, Nellie Wong, Irena Klepfisz, Z'étoile Imma, Kitty Tsui, kari edwards, Angela Moreno, corbett, Wilmette Brown, Anna NietoGomez, Jayne West, Kay Lindsey, Susan Saxe, Jan Clausen.



Elles ont toutes des horizons différents (sexualité, origine, couleur de peau) et ont toutes des causes importantes à défendre, au sein même du féminisme.



J'ai eu des difficultés à suivre avec attention l'essai de Jan Clausen mais ai beaucoup apprécié l'anthologie de poèmes.

Cet éventail met en exergue l'importance et la diversité de la poésie féministe américaine, et cette sororité qui permet d'affronter les inégalités que subissent au quotidien et depuis toujours les femmes.



Le titre du recueil est l'extrait du poème de Mohja Kahf "Hijab Scene #7" / "Scène au hijab #7" qui montre que les préjugés ont la vie dure : parce qu'elle porte un hijab, on croit qu'elle vient d'un pays qui bafoue les droits des femmes, qu'elle n'est pas américaine, que c'est une terroriste.



"Non je ne suis pas chauve sous le voile

Non, je ne viens pas de ce pays

où les femmes n'ont pas le droit de conduire

[...]

Oui, je transporte des explosifs

On les appelle des mots

Et si vous ne vous débarrassez pas vite

De vos préjugés

Ils vont vous pulvériser"
Commenter  J’apprécie          50
Je transporte des explosifs on les appelle ..

À savoir que je n'y connais rien en poésie.

Livre très intéressant simplement pour découvrir cet aspect du féminisme. Après, et là c'est un point de vue vraiment très personnel, je n'ai été touchée que par quelques poèmes. Il faut dire que la forme poétique est très libre, et ce qui m'emporte en général est le jeu entre le fond et la forme, les consonances et le rythme. Ce qu'on ne retrouve donc pas ici (mais ça ne signifie pas que ça ne vous touchera pas, vous).
Commenter  J’apprécie          00
Je transporte des explosifs on les appelle ..

Au-delà du titre fabuleux et de sa superbe couverture signée Maya Mihindou, ce recueil bilingue de poèmes offre une immersion dans la finesse d’écriture de femmes telle que Robin Morgan, Dorothy Allison, Alice Walker, Paula Gunn Allen et bien sûr, Audre Lord. Cette anthologie fait résonner leur voix, leur combat, leur acharnement et toute la complexité de leur écriture. C’est Jan Clausen qui ouvre le livre sur un essai, brillant et fouillé, qui met en lumière l’importance de la poésie au sein des mouvements féministes aux Etats-Unis dans les années 1970 – 1980 . La poétesse nous raconte l’histoire des premières années du “mouvement de la poésie féministe”, ses actrices, ses lieux, ses moyens de diffusion, ses questionnements, son évolution et propose des pistes de réponse.

Un livre qui souligne l’importance de la poésie dans le monde des luttes et l’efficacité de son pouvoir de diffusion. L’écriture, pour les femmes, a souvent été une arme ; elle continue de l’être, et quand elle se fait poétique, elle devient explosive ! je vous parle d'Audre ici
Lien : https://blog.fnac.ch/livres/..
Commenter  J’apprécie          20
Je transporte des explosifs on les appelle ..

Recueil de poèmes écrits par des femmes mettant en avant leur condition



Ce livre est divisé en deux parties:

la première est un essai rédigé par Jan Clausen qui évoque l’histoire de l'émergence des mouvements féministes à compter des années 70/80 aux États-Unis🇱🇷

Cette partie met en avant leurs reflexions et leur moyens de diffusion afin de permettre une avancée dans les mentalités



La seconde partie est composé d’un recueil de plusieurs poétesses qui ont mis en commun leurs écrits, utilisan talors la poésie comme média d'expression



Il est dit que les mots sont souvent plus durs et marquants que les coups..Aussi l’ensemble des poétesses les manient avec brio afin de mener la guerre à l’inertie et à la violence qu’elles rencontrent dans leur vie aux Etats Unis



J’aime ce livre, la couverture est juste magnifique, le toucher des pages est très agréable, il est léger et ne s’abîme pas malgré mes multiples lectures

Les poésies sont bilingues: une page est en anglais et face à elle la traduction en français , ce qui nous laisse l’opportunité de découvrir le poème authentique



A mon sens, un livre à découvrir absolument
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          00
Je transporte des explosifs on les appelle ..

À qui puis-je parler?

Honorer les femmes c’est encore parler d’elles

Il n’y aura pas de garantie d’écoute

Mais la poésie et le féminisme doivent avancer

C’est un danger et une promesse qui défient le monde

Imaginez des explosifs des mots partout transportés par des femmes plurielles exceptionnelles

Oseront-Elles franchir toutes les barrières que le patriarcat a mis devant elles

Trop souvent elles sont freinées déconsidérées quand ce n’est pas violentées ou tuées

Alors un peu de dynamite dans ce bordel

N’est-ce pas la réponse défensive évidente

Alors à qui pourraient-elles parler, ces poétesses?

Honorer la vérité c’est encore l’écrire la diffuser lui donner un corps des jambes pour qu’elle puisse vaquer rencontrer célébrer celles qui ont su créer la poésie féministe

Le monde a besoin d’elles puisque cette lumière dessine les contours de l’obscurité dans laquelle elles sont repoussées

Il nous faut cette éruption de mots dégoupillés

Il nous faut cette énergie redoutable et puissante qui désintègre la merde qu’ils auront laissé

Ce qu’il reste dans les voix de ces femmes

C’est des violences des silences spécifiques

Quand une femme parle

Elle n’abandonne rien de la douleur de sa complétude de son histoire de son amour

Elle habite une langue un mot son poème

Elle est aussi vie que mort

Cercle et cathédrale

Vague et soupir

Elle-même et autre

A qui maintenant pourrais-je parler

De mon émotion

Quand je les ai lu, elles, dans leurs luttes

Dans leurs créativités dans leurs intimes

Qui voudra entendre les coup sur mon cœur

A me pulvériser le palpitant dans cette heure calme

Que je ne voudrais oublier

Elles étaient brunes noires survivantes

Bombes hystoires libres guérilleres

24 poétesses féministes États-uniennes

Performantes

Consciences

Utiles

Apeurées triomphantes en colères

Et j’ai reçu leurs dévastations au fond de moi

Je les ai accueillies pour mieux les comprendre

Est-ce que mon amour aussi est spécifique?

L’amour sera toujours ma boussole

Entre ici ou là-bas

Je ne peux perdre mon nord

Puisque je suis amoureuse de la poésie

Surtout quand elle vibre aussi fort

Aussi terrible qu’elle soit j’entends mes sœurs

Comment je peux retenir cette révolution

Épidermique

Qui se joue dans nos fiertés féminines?

J’attends tout de la poésie

Qu’elle sauve le monde qu’elle transmute les femmes

Mais encore plus qu’elle soit engagée politique

Libre sensorielle nécessaire pour nous toutes

Je crois en son mouvement

Je veux qu’elle soit chant scène chose destinée couleurs vérités histoires exemple litanie pouvoir restes chemins ailleurs flottante monstre

À qui puis-je parler

Des milliers d’explosions que leurs mots

Ont fait en moi

Est-ce que ce coup de cœur est spécifique?

Oui.

À qui puis-je en parler?
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          140
Je transporte des explosifs on les appelle ..

Au-delà de ce titre un peu trop explicite pour moi, ce recueil de poèmes américains et féministes est une belle découverte. Des autrices diverses, avec des styles complètement différents, abordent les thèmes qui les touchent, cherchent leur place dans le monde.

La longue introduction de Jan Clausen, elle-même poétesse, permet de cerner ce que serait une poésie féministe. Elle montre ine traduction féministe américaine résolument tournée vers la poésie, alors que la période des 70s en France était plutôt marquée par des romancières féministes. L'autrice explique pourquoi la poésie est un genre pertinent (une forme courte, en lien avec les contraintes matérielles), et comment elle rend compte de l'expérience des femmes, abolissant la frontière entre le personnel et le politique.

Jan Clausen épluche aussi les préjugés sur la poésie féministe, les décortique : elle serait utile (car politique), elle serait accessible (pour être lisibles par toustes), ce serait un processus collectif (au-delà de l'ego), la critique serait hors de propos, le monde de la littérature féministe serait clos sur lui-même...

Elle pose de très bonnes questions. Comment conserver une vision critique, exiger une qualité littéraire, quand un genre devient un outil de lutte au-delà de la littérature ?

Ce recueil peut être lu pour son introduction très riche, ou abordé en butinant directement les poèmes d'Audre Lorde, Adrienne Rich, Gloria Anzaldúa, bell hooks, Dorothy Allison... et tant d'autres autrices précieuses à découvrir.
Commenter  J’apprécie          30
La licorne noire

Une amie m'a fait découvrir cette poétesse et je l'en remercie vivement. Ce recueil est incroyable, à chaque page, le lecteur est transporté ailleurs, à l'intérieur de soi ou bien loin très très loin. C'est magnifique.

Chaque soir, je lis quelques poèmes et je voyage partout. Splendide, cette poétesse est extraordinaire, je n'en dis pas plus, il faut absolument la découvrir par vous même.

Les poèmes sont plein d'amour, de tendresse, de sensualité, d'érotisme, de luttes, de fureur, de liberté, de spiritualité.

Audre Lorde est une brillante poétesse féministe mais surtout une vraie guerrière !
Commenter  J’apprécie          40
La licorne noire

En abordant ce recueil, on est tout de suite saisi par l'atmosphère militant, radical, combattant qui s'en dégage. L'autrice militante acharnée des droits civiques de la minorité noire, mais aussi de la cause féministe, lesbienne, et des mères élevant seule leurs enfants, nous emmène au travers de ce parcours polymorphe, dans un dithyrambique portrait des combats existentiels à mener pour se libérer des carcans multiples de l'oppression. Comme des petites histoires du quotidien, souvent triste et mélancolique, la poétesse construit un labyrinthe aux multiples sorties possibles, offrant dans ses mots, une poésie sensible et déterminée à la fois. Oxymore poétique énigmatique, cachant dans ses vers à double, triple lecture, des messages percutants incitant les opprimés, les victimes de discrimination à se bouger" les fesses" si elles veulent obtenir des droits et trouver leur place dans la société américaine. Par cette injonction poétique, l'autrice délivre un leitmotiv hyper simple, le combat, c'est tout le temps et n'attendez rien de vos "supposés" oppresseurs. Néanmoins, si la grande poétesse a du talent, un esprit guerrier pour faire triompher ses causes, elle laisse planer une ambiguïté, un doute, voir une certitude sur la non-universalité de sa lutte. Car, en utilisant parfois, une rhétorique aux consonances wokistes, elle assombrit la portée de ces vers, en refusant d'inclure l'ensemble des êtres humains dans un combat universel pour la tolérance.
Commenter  J’apprécie          106
Sister outsider

Série d'essais, d'entretiens, de discours prononcés au cours des années 1976-1983, Sister Outsider permet de toucher du doigt la pensée extrêmement novatrice d'Audre Lorde, celle d'une intersectionnalité avant l'heure.



Au fil des textes, en effet, se dessine tout un cheminement qui montre à quel point il est fondamental de prendre en compte toutes les inégalités - sociales, raciales, sexuelles... - pour énoncer, au contraire, une véritable théorie de l'égalité qui pourrait faire vraiment sens, et mener à une vraie égalité autre que celle de façade que nous côtoyons tous au quotidien, certain.e.s bien sûr plus que d'autres.



Pour ce faire, l'autrice s'appuie sur des exemples concrets, utilise des termes et des images qui choquent, qui interpellent, pour mieux faire prendre conscience à son auditoire - ou lectorat - de la réalité des faits qu'elle énonce précédemment. Ainsi, le propos est fort, circonstancié, il porte, et il est terriblement convaincant.



Pour une première rencontre avec l'autrice, c'est une réussite. M'est avis que cette première lecture va me permettre de cerner au mieux les prochaines, plus littéraires.
Commenter  J’apprécie          170
Sister outsider

Audre Lorde, poétesse, femme noire,mère, lesbienne et guerrière



Née en 1934 à New-York de parents originaires de la Grenade, Audre Lorde comprend très jeune que son sexe, mais aussi sa couleur de peau seront sources de violence et de discrimination. A cela s’ajoute son orientation sexuelle.

Amoureuse des mots, l’écrit et la poésie sont des éléments essentiels de sa vie. Enfant elle exprime ses émotions par des poèmes, avant de saisir en quoi les mots ont un sens et une portée salvatrice pour dire l’indicible.  » La poésie n’est pas un luxe » écrit-elle, mais accessible à toutes et tous, un outil vital pour retrouver du sens et exprimer son ressenti face au racisme, au sexisme, au classisisme. Militante féministe des droits civiques, ses écrits sont pionniers dans la vision intersectionnelle qu’elle donne aux discriminations qui touchent les populations les plus fragilisées, les femmes pauvres des minorités.

Luttant pendant plus de vingt ans contre le cancer, avant d’y succomber à l’âge de 58 ans, Audre Lorde laisse une oeuvre lumineuse, visionnaire et incontournable.



Sister Outsider, des écrits comme un phare dans la nuit



La grande particularité d’Autre Lorde dans ses réflexions et luttes sociétales est la part de personnel et d’émotionnel qu’elle s’autorise à laisser transparaître. Ce recueil est une compilation d’essais, de textes de conférences et entretiens retranscrits entre 1976 et 1983. Elle y décortique brillamment ce que c’est que d’être une femme noire lesbienne dans une société sexiste, raciste et homophobe, dans les dimensions les plus intimes aux plus politiques, et trace une pensée qui ne renie aucune des multiples facettes et contradictions que cela implique.

Elle aborde aussi l’incompréhension que cela a suscité parfois, notamment avec les mouvements féministes composés de femmes majoritairement blanches et dans lesquels elle ne s’est jamais sentie totalement inclue.

Malgré cette expérience, Audre Lorde en appelle à toutes les femmes pour être solidaires et se soutenir malgré les différences. Elle convoque la force du féminin, de la poésie pour créer un monde aux valeurs opposées au patriarcat et à la masculinité toxique.

Chaque texte est un bonbon que l’on déguste, une invitation vibrante à croire en soi, pour survivre, lutter. Un trésor d’inspiration sorore à offrir, à lire à partager.

Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Audre Lorde (179)Voir plus

Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11187 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}