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Critiques de Azouz Begag (238)
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L'arbre ou la maison

Rentrée littéraire 2021 #18



Le gone du Chaabâ a grandi. C'est un peu comme si on le retrouvait quelques décennies plus tard. Cette fois, l’écrivain Azouz Begag doit retourner dans la maison construite par ses parents dans le village d’El-Ouricia, près de Sétif, accompagné de son frère aîné. Il s’agit d’y enterrer leur mère. S’en suit un voyage initiatique dans ce pays qu’ils connaissent si mal, autour d’un dilemme : faut-il sauver l’arbre planté par le père ou la maison en train d’être détruite par l’arbre ?



Le dilemme va bien au-delà d’une simple question matérielle et se révèle symbolique d’un déchirement identitaire, opposant deux versants de l’identité des binationaux franco-algériens nés de l’immigration : un versant Sud et un versant Nord. D’autant plus que les deux frères redécouvrent la maison de leur enfance en même temps qu’un pays bouillonnant, en plein Hirak. L’occasion pour Azouz Begag de scruter en arrière-plan l’évolution récente de l’Algérie, de son rapport à la France et au colonialisme au désœuvrement d’une jeunesse qui ne pense qu’à s’exiler.



Si le montage des scènes est parfois un peu confus et le style quelque peu inégal, l’auteur trouve souvent le ton juste et cela compense bien les maladresses qui peuvent être présentes. L’humour est très présent et on rit beaucoup des désillusions du frère grincheux ou les noms farfelus des menus. Le récit est tissé de chair, de rires et de larmes avec une fraîcheur et une authenticité réjouissantes.



Mais c’est le magnifique personnage de Ryme, l’amoureuse « abandonnée », orpheline depuis que ses parents ont été massacrés par le FIS durant la décennie noire, qui emporte l’empathie. Bien sûr, on sent tout le poids ( un peu didactique ) de la symbolique. Ryme semble être une allégorie de l’Algérie, prête à s’émanciper, prête à jeter son voile, à trouver sa voie, seule, elle qui au départ d’attendait qu’à être sauvé par un homme. La mue vers la liberté est belle et ne peut que toucher.



Et puis, comme dans le Gone du Chaabâ, il y a cette ode à la place libératrice de l’école et de la lecture. Ryme a été sauvée du désespoir par les livres, par Le Premier homme d’Albert Camus. Une scène terriblement touchante la voit prendre hors des regards des livres français laissés à la disposition des passants, les uns après les autres, de peur de passer pour une égoïste ou une « voleuse ». L’auteur se demande «  quels murmures d’âmes mortes elle avait déjà captés en s’enfuyant ainsi depuis des années sur des embarcations de papier ».



Un roman émouvant et incontestablement empli de sincérité.
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Le gone du Chaâba

J’ai bien aimé Azouz Begag le Gone du Chaaba. D'abord cette manière de nous montrer comment on appréhende la langue et comment les choses peuvent varier dans leur interprétation, selon un sens donné, l’habitat, la tradition. La phonétique par rapport au son et comment on peut pallier pour ceux qui n’existent pas dans la langue d’appartenance, de transmission. Et puis, l’enfance et quel que soit le lieu, son attachement dans les premiers émois. La manière aussi dont par l’affect on trouve sa place sur un banc d’école pour peu qu’un œil bienveillant nous révèle en notre for intérieur. Un petit tout pour un petit rien mais c’est selon, l’éveil ou le réveil et tragiquement parfois, tout son contraire. J’ai lu tout cela en visualisant l’enfant en première page de couverture et j’ai goûté le fond de cette trajectoire du souvenir.
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La Musique du Maghreb : Zowa et l'Oasis

Voici un livre-CD particulièrement réussi à tous égards. Tout d'abord par le texte subtil et tout en finesse d'Azouz Begag qui traite de l'accueil des étrangers et de l'utilité pour la communauté de ces étrangers.



Ensuite, je lance un très grand coup de chapeau à la version audio, soutenue tant par la diction si particulière de Fellag que par la somptueuse musique composée par les deux membres de l'Orchestre National de Barbès, Fattahallah Ghoggal et Luis Saldanha, et orchestrée au moyen d'une myriade d'instruments traditionnels du Maghreb.



L'illustration de Nicolas Debon serait peut-être le point le moins enthousiasmant, quoique, j'aime assez ces images très hautes en couleurs qui collent parfaitement à la fournaise décrite dans l'histoire.



L'histoire, bien évidemment, est celle de Zowa, un oiseau très bizarre qui s'égare, loin, loin, loooiiinnn, dans le désert. Chemin faisant il rencontre quelques indigènes autochtones qui lui rappellent certaines règles de politesse et qui ne semblent pas du tout comprendre son langage ni ses attentes, qui n'ont rien à voir avec la réalité du nouveau milieu où il se trouve.



Zowa va bientôt tomber raide mort de soif, lorsqu'Aziz, un enfant de l'oasis, recueille l'oiseau épuisé par la fournaise. Aziz saura remettre Zowa sur pied et lui montrer les mille trésors de l'oasis. Mais le trésor le plus précieux, en ces terres oubliées des nuages, c'est l'eau, et Aziz se voit contraint d'avouer à Zowa que la survie n'est plus assurée s'il ne vient pas très rapidement une forte pluie salvatrice...



Bref, on peut vraiment remercier les éditions Gallimard de publier de tels albums avec CD et de ne pas mégoter sur les moyens, pour avoir les meilleurs experts de chaque domaine ; un vrai petit bijou du Maghreb, qui convient tant à la maternelle que bien, bien plus tard, pourquoi pas même faire le bonheur de quelque parent isolé dans le désert brûlant de son quotidien, qui sait ?



Mais tout cela n'est que mon avis, bien sûr, un tout petit avis, un grain de sable dans les dunes, autant dire, pas grand-chose.
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Le passeport

Ma première et heureuse lecture d'Azouz Begag!



Un livre de vie, dans une ville rongée par la mort.

C'est la guerre civile, atroce et hideuse.

On massacre, on coupe les têtes, on exécute... Su fond de corruption, de pénurie et de déliquescence.

Zoubir El Mouss n'en peut plus.

Zoubir El Mouss raconte sa vie de flic, de flic mort en sursis.

Quatre flics en patrouille dans une Toyota, dopés pour tenir le coup!

La nuit, les quatres compère sont envoyés en mission spéciale d'élimination!

De jour aussi... Bavure à la clef!

C'en est trop: Karamel a été exécuté et remplacé par Mo. Le commissaire Ousmane menace Zoubir. La situation devient intenable. Le studio de Zoubir rétrécit.

Malgré ou pour ses deux filles, Zoubir doit partir. Vite. Avec ou sans passeport! Peut-être avec Dahlia? Y parviendra-t-il, seulement?



L'écriture d'Azouz Begag est un plaisir à lire: C'est limpide et plein de l'humour discret qui sied aux récits désespérés et aux paragraphes de souffrance. C'est aussi empli de cette poésie particulière aux moments de calme entre les éclairs de violence.



Beau livre.



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Salam Ouessant

Depuis « Le gone du Chaâba », j'ai une tendresse toute particulière pour les livre d'Azouz Begag et je ne résiste pas quand j'en vois un...

Ici, en plus, ça se passe en Bretagne à Ouessant !

Un père divorcé a, pour la première fois, la garde de ses deux filles, pré-adolescentes, pendant les vacances.

D'origine algérienne, il pense d'abord les emmener en Algérie, mais redoute les fortes chaleurs de l'été, l'isolement dans le village de son enfance, l'absence de Wifi...

Donc il choisit Ouessant pour laquelle il a une tendresse depuis toujours.

Ouessant c'est beau, c'est sauvage, mais ...il pleut beaucoup, la maison de location est isolée, et la cohabitation n'est pas facile...



On retrouve ici le ton d'Azouz Begag, mélange d'humour, d'auto-dérision, de tendresse et de nostalgie.

Entre flash-back sur son enfance et sa famille et scènes de la vie quotidienne, le narrateur offre un portrait tendre et mélancolique qui se marie bien avec la lande bretonne et la pluie sur Ouessant.

Un joli roman, poétique, mélancolique sans pathos, sur la famille, les descendants d'immigrés et la difficulté d'être parent.

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Le gone du Chaâba

Un livre recommandé pour la jeunesse car on apprend beaucoup avec cette lecture de la vie des gones (gamins) qui ont vécu dans des bidonvilles à la limite de la grande ville près du Rhône. Nés pour beaucoup en France de parents immigrés, ils ont connu le racisme et les difficultés matérielles sans parler des difficultés de la langue, entre deux cultures, entre deux mondes, ils ont du se battre. Certains ont mieux réussi que d'autres. Et cela se passait il n'y a pas si longtemps encore.
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Salam Ouessant

Salam Ouessant, c’est … c’est …

C’est « Des racines et des elles ».

Oui c’est ça, le genre d’elles qui donnent… des ailes.

Des pulsations, quelques battements de cœur à cœur, quelques battements … d’elles pour s’élever et voyager à travers le temps.

Qui sont-elles?

Enfants, mère, premier amour, ex femme, dernier frisson…

Salam Ouessant ce sont toutes ces rencontres faites par Azouz Begag , mais pas seulement.



C’est aussi un questionnement sur le regard de l’autre et le regard sur l’autre, sur l’identité et la place des descendants d’immigrés (incroyable que certains puissent encore se poser la question aujourd’hui…), sur l’amour que tant de gens font rimer avec toujours (encore incroyable hein …) et du « crime » qu’est le fait de ne plus aimer, sur le divorce et les pères divorcés à qui on fait payer le désamour au prix fort (et il n’est pas question d’argent).

Salam Ouessant, c’est une histoire d’amitiés, une histoire d’amours où la légèreté flirte avec l’émotion. C’est une histoire simple de gens ordinaires dans ce qu’ils ont de plus noble : l’authenticité.



Et puis … il y a cet Océan toujours là, quelque part, et puis… Ouessant, ce bout d’un monde avec ses dégradés de gris et ses embruns venus des cieux.



Azouz Begag m’a profondément touché par son histoire qui n’a rien d’exceptionnelle, je ne saurai dire pourquoi mais, quelle importance puisque… touché.

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Dites-moi bonjour

Je continue à adorer cet homme, surtout pour son côté humain. C'est simple, c'est franc, c'est direct, c'est de l'amour. Découvert avec le Gone du Chabat il y a bien longtemps, je n'ai pas cessé depuis d'être émerveillé par sa verve. qui est sans emphase. C'est un auteur ouvert, accessible, un plaisir à lire. Essayez sans hésiter, vous ne le regretterez pas.
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Salam Ouessant

Un homme divorcé, d’origine algérienne, emmène ses deux filles en vacances sur l’île d’Ouessant.

Cette île du bout du monde, recèle des trésors pour qui sait être patient. Elle n’est pas trop au goût de Zola et de Sofia, qui rêvent du soleil de l’Algérie. Mais, pour leur père, cette île est chargée de sens.

Elle lui rappelle son ami d’enfance Yvon le breton, un autre immigré, en quelque sorte.



C’est un roman sur la nostalgie, la douleur de l’exil, la différence. Un père, un peu maladroit qui essaie de recoller les morceaux avec ses deux filles, «son île au trésor ». La magie de l’île opère.



J’ai aimé l’écriture poétique de l’auteur, avec ses phrases courtes et non dénuées d’humour. On ressent toutes les émotions de ce papa tendre, fragile et pudique. On ressent ses blessures du passé, qu’il tente de cacher au fond de lui, ne mettant pas de mots sur les maux, s’en tenant à la philosophie de son père :



« De mon père, je tenais cette philosophie : ne partager avec les autres que le meilleur et garder ses malheurs au fond, sous la godasse, jusqu’à ce que le temps les réduise en poussière, parce que le malheur est le plus grand dénominateur commun entre les humains. Alors il vaut mieux que chacun garde sa part pour soi, sinon notre besoin de consolation ne s’apaise jamais. »



Beaucoup d’émotions partagées dans ce court roman qui nous raconte l’histoire de ce père ayant du mal à se faire une place dans le cœur de ses filles. Pourtant, on sent bien l’amour qui les unit. Il ressemble à ce coquelicot :



« Un peu plus tard, mon regard s’égara sur un coquelicot né sur l’accotement de la chaussée, seul, résistant aux gouttes de rosée et aux coups de vent qui tentaient de le plier. Il était touchant. »



La vie est comme un coquelicot, éphémère et fragile. Il faut en prendre soin comme il faut prendre soin de ceux qu’on aime :



«… les coquelicots ne se cueillent pas, ma chérie, sous peine de mort. Ils se contemplent sur pied. À la moindre tentative d’enlèvement, ils se meurent, leur robe rouge se désagrège et leur sang se répand. C’est comme l’amour, dès qu’on y goûte il commence à fondre… »



Qui mieux que cette île désolée du bout du monde ; Enez Eusa, pour traduire les tourments de cet homme perdu, et pour lui redonner espoir, puisqu’elle ne manque pas de charme et de magie.



Salam Ouessant nous donne bien envie d'aller faire un petit tour sur cette île.

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L'arbre ou la maison

Si dans « le gone du Chaâba », Azouz Begag racontait son enfance de fils d'immigrés algériens illettrés dans les bidonvilles de Lyon, le voici à présent qui livre un récit (romancé?) d'un épisode de son âge mûr. Dans « L'arbre ou la maison », on le suit qui se rend avec son frère Samy à Sétif, pour s'occuper de la maison familiale, aujourd'hui passablement délabrée. Samy, bougon et anxieux, fait le voyage à reculons, considérant qu'il n'a plus d'attaches en Algérie, lui l'amoureux des arbres désormais profondément enraciné en France, malgré les tags qu'il efface sur le mur de son jardin « Les bicots, dégagez ». Azouz, lui, est davantage tiraillé entre ses deux pays, et rêve surtout de retrouver Ryme, son ancien amour.



Sur place, en plus de retrouver leurs locataires récalcitrants et une bande de chats errants agressifs qui squattent les abords de la maison, Azouz et Samy font face à un dilemme de taille : les racines du peuplier planté par leur père 50 ans plus tôt menacent les fondations de la maison. Et pour « pimenter » encore plus leur séjour, les deux frères, binationaux franco-algériens, débarquent en plein Hirak, soulèvement populaire qui venait de provoquer la chute de Bouteflika et qui revendique des réformes démocratiques.



Entre nostalgie de l'enfance et du passé et avenir porté par une jeune génération avide de liberté, ce roman parle avec tendresse, humour et poésie de la recherche d'identité à laquelle sont confrontés celles et ceux qui sont partagés entre deux pays et deux cultures (chez soi nulle part, étranger partout). L'auteur rend aussi un joli hommage à la lecture et la littérature, salvatrices et libératrices.



En partenariat avec les Editions Julliard via Netgalley. #Larbreoulamaison #NetGalleyFrance
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Mémoires au soleil

"Ce jour-là, une envie de vengeance m'avait gagné. Je rêvais de voir plus tard mon nom de famille en haut de l'affiche pour sortir mon père de l'anonymat, de l'indigénat, et lui rendre sa dignité d'homme libre. La langue française allait devenir l'instrument de ma revanche contre son analphabétisme." (p. 28)



Ce roman à fortes consonances autobiographiques est bouleversant à plus d'un titre !...



Azouz Begag a prouvé de toutes les manières, par ses écrits, ses engagements, sa curiosité illimitée, qu'il voulait réparer la mémoire abîmée de ses deux parents, pauvres immigrés d'Algérie; pauvres de tant de choses, matériellement autant que psychologiquement; comme leur date et lieu de

naissance non inscrites...Dans ce texte des plus personnels, il raconte la vie de son père, atteint d'Alzheimer, qui perd le peu qui lui est propre : ses souvenirs !!!...



Et je m'interroge, moi, petite Française privilégiée, non exilée... Pourquoi cette histoire me rend littéralement malade... et je me rends compte que déjà ma grand-mère maternelle, française de souche,bretonne, non exilée , vivait un cauchemar et une humiliation permanente , par son analphabétisme... Que petite fille ...voir ma grand-mère, illettrée, méprisée , je me sentais impuissante mais folle de rage et d'indignation... que mon parcours acharné dans les livres a été choisi par passion personnelle , mais aussi pour réparer sa vie et sa dignité ...





Et dans cette histoire jonchée d'épreuves et de séparations, s'ajoute l'Exil et le départ souvent quasi-définitif de la terre des parents et aïeux...L'arrachement de son pays natal....Les douleurs intérieures, ineffaçables !



"Les vieux d'ici rêvent de là-bas,

les jeunes de là-bas rêvent d'ici

leurs rêves se croisent en Méditerranée,

puis se noient. (p. 87)"



Azouz Begag nous livre un très intense hommage à ses deux parents, et plus spécialement à son père...qu'il accompagne en fin de vie, atteint de la "maladie d'Ali Zaïmeur" (comme disent les copains du père du Café du Soleil...). L'hommage s'étend à tous les déracinés de la terre !!... Et de nombreux passages m'évoquent une lecture très lointaine, m'ayant très durablement marquée: "La plus haute des solitudes" de Tahar Ben Jelloun...



Un livre des plus personnels et des plus bienveillants, qui ne peut qu'émouvoir et interpeller, encore et toujours !!
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Salam Ouessant

Un livre d'Azouz Begag, pas forcément son meilleur, mais demeure son talent de conteur : des phrases poétiques, des interrogations du narrateur, père divorcé et plein de doutes, sur la paternité, la famille, le divorce, l'héritage des parents, faits de mots, d'expressions, de culpabilité aussi ... culpabilité encore plus forte depuis le décès de son frère Malik, celui qui rêvait sa vie plus qu'il ne la vivait ... culpabilité et interrogations face à l'hostilité et aux questions des "Français de souche" : "vous êtes de Lyon, oui mais AVANT" ...



en souvenir de son copain Yvon d'Ouessant, celui avec qui il partageait une forte amitié, teintée de saudade, d'exil, et puis surtout, le seul qui l'a défendu quand il s'est fait tabasser à l'école, le narrateur choisit un séjour d'une semaine à Ouessant, quand ses deux filles ne rêvaient que d'Algérie et de soleil ...
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L'île des gens d'ici

Emprunté ce soir au CDI du lycée...où je travaille, ce joli petit livre plein d'émotion...lu très vite, un bout du long trajet en train... 45 pages, texte très aéré, police de caractère large, et les illustrations fort colorées de Jacques Ferrandez.... font de ce très court texte... une jolie brise venue de "ma" Bretagne...et plus particulièrement d'une île, celle d'Ouessant.



Cette île d'où est originaire un ami de l'auteur, qui lui a vanté tant et tant la terre de son enfance, dont il se languit... Il est joliment question de nostalgie des racines, du pays de l'enfance, de nos origines...de notre sentiment d'appartenir à une terre... celle de nos premières années, qui nous a aidés à nous construire et grandir !



Azouz Begag ira découvrir avec ses filles cette fameuse île d'Ouessant, tant vénéré par son ami. Une escapade heureuse et magique au pays de l'Ami, mais aussi de ses propres nostalgies...

"En pédalant, j'ai fait remonter une question qui, dans ma mémoire, avait pris une location à vie: qu'est-ce que chaque homme, en venant au monde, a perdu dans un port ? Et sa réponse, l'enfance. Au fond des yeux de Le Bihan, j'avais eu le temps d'apercevoir, malgré la brièveté de nos échanges, une lumière, un port perdu, une -algie- du -nostos-, un mal du retour. " (p.31)
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Salam Ouessant

J'ai dévoré ce petit roman avec beaucoup d'appétit. D'abord parce qu'il est vrai, et que le coeur de ce papa débordant d'amour pour ses filles un peu ingrates m'a touchée, ensuite parce que l'atmosphère d'Ouessant est tellement justement décrite et aussi parce que j'aime l'écriture de Azouz Begag et l'honneur qu'il fait à son pays, sans entrer dans la dégoulinante nostalgie. Une belle histoire!
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L'arbre ou la maison

Azouz Begag poursuit le récit romancé de l’aventure de sa vie, une aventure extraordinaire pour cet enfant d’immigrés illettrés qui commencera dans les bidonvilles de Lyon pour arriver, entre autres, dans les dorures des ministères.

Mais Azouz Begag a au fond de lui, comme beaucoup d’enfants d’immigrés, cette fracture entre le pays d’origine et le pays de naissance.

On retrouvait déjà ce thème dans « Le marteau pique-cœur », quand la famille retournait en Algérie après la mort du père.

Ici le ton est plus léger, il s’agit pour Azouz et son frère d’aller s’occuper de la maison familiale et de l’arbre dont les racines menacent la sécurité.

Pour le narrateur, c’est aussi l’occasion de revoir une femme restée au pays et toujours amoureuse de lui.

Mais c’est le « printemps arabe », et ils vont être témoins du réveil de toute une génération.

Où vont-ils se situer, eux qui qui sont les « bi » en Algérie, et les « bicots » en France ?



Sans toucher au cœur comme « Le gone du Chaâba », ce roman est plaisant, plein d’humour, et aborde des sujets aussi différents que la double nationalité, les relations compliquées entre frères, et la révolte des peuples contre leurs dirigeants autoritaires.

Cette recherche de soi à travers cette bi-nationalité est le fil rouge de tous les livres d’Azouz Begag et il le traite toujours avec justesse et émotion.

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L'arbre ou la maison

Après la mort de sa mère, Azouz, le narrateur rend visite à Samy, son frère, désormais sa seule famille qui vient de repeindre son mur pour effacer l’inscription : « Les bicots dégagez. »

Samy est depuis toujours passionné par les arbres qui lui procurent calme et sérénité, au cours de sa scolarité à Lyon, il n’avait qu’une ambition être embauché dans l’arborétum du Parc de la Tête d’Or.

Un cauchemar récurrent somme Azour de rentrer à Sétif : « Notre maison prend l’eau de partout… »

Après bien des hésitations, les 2 frères embarquent pour l’Algérie.

A l’arrivée, les souvenirs affluent, du temps où la baie d’Alger s’offrait aux yeux émerveillés de la famille venue en vacances. Le passage se faisait en bateau à l’époque pour le plus grand bonheur des enfants.

La maison de Beaumarchais pour laquelle leurs parents avaient sacrifié leurs vies les attend, plus délabrée que dans leurs souvenirs. Jamais restaurée, jamais repeinte, jamais entretenue, elle est devenue le domaine des chats errants. Dans ses nombreuses fissures des plantes vagabondes y ont élu domicile. L’arbre planté il y a bien longtemps par le père prend peu à peu possession de la maison, ses racines ont boursouflé le dallage en grignotant inexorablement ses fondations.

« Le peuplier ou la maison : il faudrait trancher rapidement. »

« L’arbre ou la maison » est l’histoire de la recherche d’identité, comment trouver sa juste place pour les deux frères binationaux soumis à bien des déboires sur le territoire français ? Force est de constater que rien n’est plus facile en Algérie où ils ont perdu leurs repères.

Azouz s’obstine à tirer les fils ténus de la culture populaire qui relient encore une rive à l’autre par-delà la Méditerranée : Mouloudji, Lionel Messi et le Barça, la grand-mère d’Édith Piaf et même… La vache qui rit, le goûter de tous les enfants pauvres !

L’écriture à la fois simple et précise de l’auteur réussit parfaitement à faire passer les émotions ressenties lorsque le passé et le présent se confrontent pour mieux se confondre.

Merci à NetGallet et aux Editions Julliard.



#Larbreoulamaison #NetGalleyFrance !

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Le gone du Chaâba

« Le gone du Chaâba »? qu'est-ce que c'est que ce brol de titre ? Eh oui, c'est seulement à la lecture de la quatrième de couverture que le décodeur s'est allumé dans ma tête de belgo-bruxelloise inculte. Avec le surtitrage, ça donnerait quelque chose comme « le gamin du bidonville lyonnais ». Et Dieu (ou Allah) sait l'importance qu'ont les mots dans ce récit, leur sens, leur traduction, leur utilisation compliquée par le fait qu'on emploie une langue à la maison et une autre à l'école.

Dans ce roman auto-biographique, Azouz Begag, qui fut un temps ministre à la Promotion de l'Egalité des Chances sous Chirac, raconte son enfance dans les années 60. Fils d'immigrés algériens, il vit entassé avec ses parents et ses frères et soeurs dans une bicoque en planches, dans le quartier des baraquements de Villeurbanne. Ni eau courante, ni électricité, la vie au Chaâba est rude et, entre la classe et la cabane dans les bois, les gamins fouillent le dépotoir municipal et déchargent des cageots au marché. Bouts de ficelle et système D...

Et puis, il y a l'école, où il n'est pas simple de s'intégrer quand on n'a pas la même couleur (peau, cheveux, yeux) que les petits Français, et quand les autres petits Arabes vous voient comme un traître parce que vous essayez d'en apprendre un max et que vous êtes dans les petits papiers de l'instit. L'école, un professeur attentionné, c'est parfois suffisant pour provoquer le déclic d'une vie, quand l'enseignant repère parmi tous ces garnements celui dont le cerveau est un terreau favorable, une éponge qui ne demande qu'à s'éveiller et à se gonfler de connaissances.

Comme souvent pour les histoires racontées à hauteur d'enfant, ce récit est drôle, dur, triste, à la mesure des rêves de cet âge-là, de ses bêtises et de ses drames. Sans pour autant faire pleurer les violons, c'est touchant, attachant et plein de tendresse, alors moi je craque...
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Béni ou le paradis privé

Un auteur que je découvre et je dois dire, que compte tenu de l'actualité, je ne m'attendais pas du tout à ce genre de texte (écrit en 1989) qui me semble dépassé, alors que de nos jours un pourcentage important de musulmans, nés en France le plus souvent, ne souhaitent pas obéir aux lois de la république mais à celles de la charia! Dans ce roman, dont l'auteur est de ma génération, rien de tout cela! Les protagonistes du roman sont des jeunes qui souhaitent s'intégrer, par l'instruction et la bonne éducation, même s'ils conservent leur religion. Leurs parents ont mal vécu la colonisation et la guerre d'Algérie, mais ce sont des gens honnêtes et travailleurs (comme ceux que j'ai connus pendant mon enfance et mon adolescence), ils pratiquent leur religion, mais ce ne sont pas des "fous de Dieu".

Un livre que j'ai lu avec grand intérêt et une certaine nostalgie... ayant eu pour voisins de ces personnes qui suivaient un véritable islam, car ouverts aux autres et ne manifestant aucune hostilité, alors que compte tenu d'un passé relativement récent ils auraient pu avoir des raisons de se montrer haineux.

Un roman que je conseille, car il montre clairement que tous les musulmans ne sont pas "à mettre dans le même sac" et que l'islam n'est pas uniquement celui d'intégristes décervelés et sanguinaires.
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Le gone du Chaâba

Intriguée par le résumée de ce livre et persuadée d'en apprendre beaucoup sur les conditions de vie des immigrés Algériens de la première heure et sur leur ressenti je me suis jetée très confiante dans cette lecture. Plus dure a été la chute et la déception.



J'ai d'abord trouvé que malgré une construction simple celle ci était confuse : entre les bonds dans le temps complètement inexpliqués, et un gros manque de transitions, j'ai vite été agacée. J'ai même vérifié si je n'avais pas sauté de pages : je vous assure que non ! L'auteur passe juste du coq à l'âne comme ça d'un coup. Étrange.



Sur le fond j'ai été également très déçue, je me suis retrouvée face à une description factuelle, sans profondeur. Impossible de s'attacher aux personnages ou même de les comprendre. Ils sont restés terriblement fades et distants. le lecteur n'a aucun aperçu de leur ressenti ou de ce qu'ils peuvent penser. le lecteur ne peut ni cerner les personnages ni les comprendre. Il doit se contenter de prendre acte des actions et réactions des personnages. Personnellement je trouve que ça rend la lecture particulièrement ennuyeuse. J'ai parfois eu l'impression de lire un long article de faits divers.

Évidemment difficile dans ces conditions de ressentir l'ambiance, l'atmosphère du livre qui pour moi est inexistante.

Il y avait tant d'évènements sur lesquels l'auteur aurait pu rebondir, tant de pistes à creuser qui sont restées inexploitées que cela en est devenu frustrant. L'auteur ne nous a livré que la partie émergée de l'iceberg et c'est bien dommage.



A aucun moment je n'ai réussi à rentrer dans l'histoire, à plonger dans le récit, je suis restée spectatrice. Cerise sur le gâteau : la fin ! Mais ce n'est pas une fin ça ! J'ai sauté une page ? Non. Il manque des pages alors ?… euh toujours non. Bon je passe à un autre livre alors ? OUI !
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Le gone du Chaâba



Recours au dictionnaire pour comprendre le titre : le gone, c’est le gosse et le Chaaba, c’est le nom du bidonville habité par un ensemble de familles algériennes au nord de Lyon.

D’une façon ni outrée ni enfantine, ni accusatrice ni béni oui-oui, Azouz Begag raconte son enfance dans une banlieue pauvre, très pauvre, de Lyon, avec pour premier élément le racisme : celui de son institutrice qui se moque dès le début du « petit génie » avant même qu’il ait ouvert la bouche, puis l’accuse d’avoir copié….Maupassant, celui des enfants juifs à qui il n’a pas intérêt à avouer qu’il est arabe, et le sien aussi, honteux lorsque sa mère vient le chercher à l’école et dévoile ainsi, sous ses voiles, son appartenance religieuse, et son niveau socio- culturel.

Car la pauvreté est là dans ce morceau de terrain vague, où il faut marquer son territoire même pour les poubelles. Les chaussettes trouées! la honte !

Heureusement, la solidarité familiale palie à cette indigence racontée sans complaisance par Azouz Begag et au contraire avec un ton de vérité, une voix vraie. Sauf que cette famille ne pense pas qu’un arabe doive étudier, et le petit a donc plusieurs ennemis à combattre : son milieu social d’origine, qui prend pour une trahison s’il réussit, et ses propres dissensions intérieures : au moment de la circoncision, oui, il se déclare arabe, mais parfois il doute, et refuse de trop en faire , de « fayoter » par exemple en s’asseyant près de son ami « blanc ». Les choses ne sont pas simples, sa volonté d’étudier (soutenue par le père) se heurte aux jalousies et brimades de ses amis arabes et de sa famille. L’échec scolaire est à la fois une raison et une excuse de ne pas s’intégrer, et la solidarité familiale peut être une excuse et un encouragement à cette tricherie.

Toujours dans la vérité, Begag parle aussi de la délinquance, celle de la plupart de ses copains, et la sienne aussi, qui vole un vélo, hop, et la repeint, ni vu ni connu.

Espoir cependant car cette volonté, si elle est semée de contrariétés, finit par s’imposer, grâce aussi au maitre qui le soutient. L’intégration est difficile, car Azouz est honteux de ses parents, et connaît mieux la culture française que ses parents, et est conscient de leur différence. Mais nous savons que Azouz Begag , lui, oui, s’est intégré, pas assimilé attention, il a assumé sa volonté d’étudier et de réussir, puisqu’il a été ministre délégué, et c’est ensemble un livre « en pleine vérité » et un destin qu’il faut saluer. Je suis grandiloquente ? j’ avoue, c’est la manière de dire mon admiration.

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