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EAN : 9782260054887
304 pages
Julliard (19/08/2021)
3.39/5   48 notes
Résumé :
De retour en Algérie, deux frères redécouvrent la maison de leur enfance, en même temps qu’un pays en pleine révolution démocratique.
Un voyage initiatique fait de chair, de larmes et de rires.

Après une longue absence et la mort de leur mère, deux frères lyonnais se rendent à Sétif pour s'occuper de la maison familiale à l'abandon. Tandis que Samy craint de retourner dans cette ville où il n’a plus de repères, Azouz veut assister à la révolut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Rentrée littéraire 2021 #18

Le gone du Chaabâ a grandi. C'est un peu comme si on le retrouvait quelques décennies plus tard. Cette fois, l'écrivain Azouz Begag doit retourner dans la maison construite par ses parents dans le village d'El-Ouricia, près de Sétif, accompagné de son frère aîné. Il s'agit d'y enterrer leur mère. S'en suit un voyage initiatique dans ce pays qu'ils connaissent si mal, autour d'un dilemme : faut-il sauver l'arbre planté par le père ou la maison en train d'être détruite par l'arbre ?

Le dilemme va bien au-delà d'une simple question matérielle et se révèle symbolique d'un déchirement identitaire, opposant deux versants de l'identité des binationaux franco-algériens nés de l'immigration : un versant Sud et un versant Nord. D'autant plus que les deux frères redécouvrent la maison de leur enfance en même temps qu'un pays bouillonnant, en plein Hirak. L'occasion pour Azouz Begag de scruter en arrière-plan l'évolution récente de l'Algérie, de son rapport à la France et au colonialisme au désoeuvrement d'une jeunesse qui ne pense qu'à s'exiler.

Si le montage des scènes est parfois un peu confus et le style quelque peu inégal, l'auteur trouve souvent le ton juste et cela compense bien les maladresses qui peuvent être présentes. L'humour est très présent et on rit beaucoup des désillusions du frère grincheux ou les noms farfelus des menus. le récit est tissé de chair, de rires et de larmes avec une fraîcheur et une authenticité réjouissantes.

Mais c'est le magnifique personnage de Ryme, l'amoureuse « abandonnée », orpheline depuis que ses parents ont été massacrés par le FIS durant la décennie noire, qui emporte l'empathie. Bien sûr, on sent tout le poids ( un peu didactique ) de la symbolique. Ryme semble être une allégorie de l'Algérie, prête à s'émanciper, prête à jeter son voile, à trouver sa voie, seule, elle qui au départ d'attendait qu'à être sauvé par un homme. La mue vers la liberté est belle et ne peut que toucher.

Et puis, comme dans le Gone du Chaabâ, il y a cette ode à la place libératrice de l'école et de la lecture. Ryme a été sauvée du désespoir par les livres, par le Premier homme d'Albert Camus. Une scène terriblement touchante la voit prendre hors des regards des livres français laissés à la disposition des passants, les uns après les autres, de peur de passer pour une égoïste ou une « voleuse ». L'auteur se demande «  quels murmures d'âmes mortes elle avait déjà captés en s'enfuyant ainsi depuis des années sur des embarcations de papier ».

Un roman émouvant et incontestablement empli de sincérité.
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Si dans « le gone du Chaâba », Azouz Begag racontait son enfance de fils d'immigrés algériens illettrés dans les bidonvilles de Lyon, le voici à présent qui livre un récit (romancé?) d'un épisode de son âge mûr. Dans « L'arbre ou la maison », on le suit qui se rend avec son frère Samy à Sétif, pour s'occuper de la maison familiale, aujourd'hui passablement délabrée. Samy, bougon et anxieux, fait le voyage à reculons, considérant qu'il n'a plus d'attaches en Algérie, lui l'amoureux des arbres désormais profondément enraciné en France, malgré les tags qu'il efface sur le mur de son jardin « Les bicots, dégagez ». Azouz, lui, est davantage tiraillé entre ses deux pays, et rêve surtout de retrouver Ryme, son ancien amour.

Sur place, en plus de retrouver leurs locataires récalcitrants et une bande de chats errants agressifs qui squattent les abords de la maison, Azouz et Samy font face à un dilemme de taille : les racines du peuplier planté par leur père 50 ans plus tôt menacent les fondations de la maison. Et pour « pimenter » encore plus leur séjour, les deux frères, binationaux franco-algériens, débarquent en plein Hirak, soulèvement populaire qui venait de provoquer la chute de Bouteflika et qui revendique des réformes démocratiques.

Entre nostalgie de l'enfance et du passé et avenir porté par une jeune génération avide de liberté, ce roman parle avec tendresse, humour et poésie de la recherche d'identité à laquelle sont confrontés celles et ceux qui sont partagés entre deux pays et deux cultures (chez soi nulle part, étranger partout). L'auteur rend aussi un joli hommage à la lecture et la littérature, salvatrices et libératrices.

En partenariat avec les Editions Julliard via Netgalley. #Larbreoulamaison #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Après la mort de sa mère, Azouz, le narrateur rend visite à Samy, son frère, désormais sa seule famille qui vient de repeindre son mur pour effacer l'inscription : « Les bicots dégagez. »
Samy est depuis toujours passionné par les arbres qui lui procurent calme et sérénité, au cours de sa scolarité à Lyon, il n'avait qu'une ambition être embauché dans l'arborétum du Parc de la Tête d'Or.
Un cauchemar récurrent somme Azour de rentrer à Sétif : « Notre maison prend l'eau de partout… »
Après bien des hésitations, les 2 frères embarquent pour l'Algérie.
A l'arrivée, les souvenirs affluent, du temps où la baie d'Alger s'offrait aux yeux émerveillés de la famille venue en vacances. le passage se faisait en bateau à l'époque pour le plus grand bonheur des enfants.
La maison De Beaumarchais pour laquelle leurs parents avaient sacrifié leurs vies les attend, plus délabrée que dans leurs souvenirs. Jamais restaurée, jamais repeinte, jamais entretenue, elle est devenue le domaine des chats errants. Dans ses nombreuses fissures des plantes vagabondes y ont élu domicile. L'arbre planté il y a bien longtemps par le père prend peu à peu possession de la maison, ses racines ont boursouflé le dallage en grignotant inexorablement ses fondations.
« le peuplier ou la maison : il faudrait trancher rapidement. »
« L'arbre ou la maison » est l'histoire de la recherche d'identité, comment trouver sa juste place pour les deux frères binationaux soumis à bien des déboires sur le territoire français ? Force est de constater que rien n'est plus facile en Algérie où ils ont perdu leurs repères.
Azouz s'obstine à tirer les fils ténus de la culture populaire qui relient encore une rive à l'autre par-delà la Méditerranée : Mouloudji, Lionel Messi et le Barça, la grand-mère d'Édith Piaf et même… La vache qui rit, le goûter de tous les enfants pauvres !
L'écriture à la fois simple et précise de l'auteur réussit parfaitement à faire passer les émotions ressenties lorsque le passé et le présent se confrontent pour mieux se confondre.
Merci à NetGallet et aux Editions Julliard.

#Larbreoulamaison #NetGalleyFrance !
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Azouz Begag poursuit le récit romancé de l'aventure de sa vie, une aventure extraordinaire pour cet enfant d'immigrés illettrés qui commencera dans les bidonvilles de Lyon pour arriver, entre autres, dans les dorures des ministères.
Mais Azouz Begag a au fond de lui, comme beaucoup d'enfants d'immigrés, cette fracture entre le pays d'origine et le pays de naissance.
On retrouvait déjà ce thème dans « le marteau pique-coeur », quand la famille retournait en Algérie après la mort du père.
Ici le ton est plus léger, il s'agit pour Azouz et son frère d'aller s'occuper de la maison familiale et de l'arbre dont les racines menacent la sécurité.
Pour le narrateur, c'est aussi l'occasion de revoir une femme restée au pays et toujours amoureuse de lui.
Mais c'est le « printemps arabe », et ils vont être témoins du réveil de toute une génération.
Où vont-ils se situer, eux qui qui sont les « bi » en Algérie, et les « bicots » en France ?

Sans toucher au coeur comme « le gone du Chaâba », ce roman est plaisant, plein d'humour, et aborde des sujets aussi différents que la double nationalité, les relations compliquées entre frères, et la révolte des peuples contre leurs dirigeants autoritaires.
Cette recherche de soi à travers cette bi-nationalité est le fil rouge de tous les livres d'Azouz Begag et il le traite toujours avec justesse et émotion.
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En cette rentrée littéraire 2021, Azouz Begag reprend la plume avec un roman autobiographique « L'arbre ou la maison ». Après des années d'absence et la mort de leur mère, deux frères lyonnais, Azouz l'écrivain et Samy l'arboriculteur, binationaux franco-algériens, décident de rentrer quelques jours à Sétif, le temps de nettoyer les tombes de leurs parents et de vérifier l'état de la maison familiale. Tandis que Samy bougonne à l'idée de remettre les pieds dans cette ville où il n'a plus de repères, Azouz est impatient d'assister à la révolution démocratique qui secoue le pays. Par-dessus tout, il espère retrouver Ryme, la femme qu'il aime depuis toujours, son cordon ombilical avec la terre de ses ancêtres. Ayant lu, le Gone du Chaaba dans le cadre scolaire, cette redécouverte de la plume de l'auteur des années après m'a fait l'effet du baume de jeunesse : une redécouverte encrée dans son temps du chemin de vie parcouru par l'auteur aux cultures multiples et enrichies et qui une fois encore revendiqué le parcours unique des binationaux franco-algériens à notre époque. Une lecture authentique, fluide pour un roman à ne pas manquer en cette rentrée littéraire 2021. #NetgalleyFrance #Larbreoulamaison
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Il prépara du café, m’avertissant qu’actuellement c’était la pagaille au bled, vraiment pas le bon moment pour y aller.
— La pagaille, ah non ! le contredis-je. C’est une révolution… Des millions de personnes sont dans les rues pour réclamer la liberté…
— La liberté ! Ah, épargne-moi tes mots bidon.
— Le monde change, Samy, et toi tu me parles encore de la piscine de tes voisins… tu devrais te libérer toi aussi… Tu as toujours besoin de te bagarrer contre quelqu’un pour exister… c’est pas vrai ?
Offusqué, il voulut savoir si je faisais allusion aux chicanes qu’il avait toujours eues avec notre père.
— Non, pas spécialement…
— Alors pourquoi tu souris ?
Je dis que je repensais à notre enfance où nous étions libres à la folie, quand nous montions dans des avions de bois, nous prenions la mer sur des chambres à air de camion Berliet pour aller dans la baie d’Hudson, le lac Ontario et le désert de Libye cher à Saint-Exupéry.
Le café bouillant projeta ses dernières gouttes sur la paroi de la machine italienne. Il éteignit le feu. Posa deux tasses sur la table.
— Je ne veux plus aller dans ton pays de fous… D’ailleurs, je me demande bien pourquoi il te manque autant tout à coup…
— La révolution, Samy ! La Révolution ! T’as pas envie de te soulever toi aussi ?
— Me soulever ? Pour ça, je monte dans mon chêne…
— Non, je te parle sérieusement…
— Leur excitation fera pschitt, crois-moi, ils rentreront chez eux et tout continuera comme avant. En pire, bien sûr, comme toujours. C’est ce qui s’est passé en 1789 à Paris aux ronds-points, et en 2019 on a encore les Gilets jaunes aux mêmes ronds-points, alors tu vois à quoi mènent tes soulèvements… L’histoire, c’est comme la Terre, elle tourne toujours autour du même axe, du même Soleil et des mêmes rengaines de ses habitants impossibles à consoler, répondit-il en servant le café.
— Cette semaine, y a des super promotions sur Aigle Azur…
— En plus, si tu te fais prendre par les militaires dans une de leurs manifestations du vendredi, toi, en tant qu’ancien politique français, binational, tu vas le payer cher… Je te le dis. Ils te balanceront en prison et te dénonceront à l’opinion comme espion… ils crieront à l’ingérence française dans leur pays souverain…
— Tu te fais des films…
— Du lait dans ton café ?
— Cent cinquante euros Lyon-Sétif…
— Du sucre ? poursuivit-il avant de demander si ce tarif-là était valable pour l’aller-retour.
Après confirmation, il ouvrit son ordinateur et découvrit les promotions de la compagnie.
— OK, on y va. Mais je te préviens : à la moindre insulte, à la moindre contrariété, je plaque tout et je mets les voiles… Je n’ai pas oublié comment tu m’as chauffé les nerfs avec la Annette Smith…
Heureux de mon succès, je sortis de la maison et remontai dans ma voiture.
— T’as même pas bu ton café.
— Je me suis mis au thé depuis des années.
— T’aurais pu le dire avant. J’aime pas le gaspillage, tu le sais, pourtant !
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Le train atteint la ville de Sétif. Le voyage est terminé. Nous arrivons sur la terre de nos gènes, le berceau des parents, l’endroit où mon arbre a ses racines et mes ancêtres me consolent, ça me pique le cœur de savoir que mon père et ma mère ont été enfants avant moi, j’ai du mal à le concevoir, c’est là qu’ils se sont rencontrés, près de ce bourg de grande humilité où, dans les rues et aux terrasses des cafés, sur les bancs publics et sous les oliviers, mon papa va revoir des vieux qu’il connaît depuis toujours, et où je suis fier d’être son fils, de venir de lui, parce qu’en France il n’est personne, juste un numéro de Sécurité sociale et une carte de travail. Mais ici, chez lui, il est quelqu’un, avec une histoire, une terre et des amis, il n’a pas besoin de papiers pour prouver son identité. Ici, il ne craint plus la nuit.
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J’étais au chevet de son lit médicalisé. Elle vivait ses derniers instants. L’eau avait tout inondé autour de nous. La marée montait. Il fallait faire vite. Une barque était à quai, l’équipage au taquet, les nœuds des cordes d’amarrage défaits, la grand-voile se hissait. Je m’agrippais à ses mains pour la retenir, mais elle était à bout, si décharnée, et murmurait : « N’aie pas peur de la mort, mon fils, n’aie pas peur d’elle. » Elle m’exhortait à la laisser s’en aller, alors que l’inondation gagnait. Impossible de m’y résoudre. Elle avait besoin de moi. J’étais son enfant, elle m’avait fait, je ne pouvais pas la défaire. Puis elle voulut que je me penche vers elle. « Les gaufrettes, derrière toi… » murmura-t-elle. Elle délirait, depuis des jours elle ne pouvait plus rien avaler. Je me suis quand même retourné. Un paquet de biscuits était posé sur une chaise. Je lâchai une seconde ses mains pour aller le chercher. Quand je l’eus rapporté, une écume blanchâtre fuyait de ses lèvres desséchées. Elle était partie. Un long moment, je guettai une braise à raviver sur sa poitrine. En vain. La barque avait pris le large et je ne pouvais rien faire d’autre que la regarder s’éloigner comme un enfant trahi. Les eaux se refermèrent derrière elle telle une fermeture à glissière. Et puis plus rien.
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Il passait ses nerfs sur elle, sous nos yeux, comme si nous n’existions pas. J’étais ter­rorisé de ne pouvoir la protéger. Pas même crier ni appeler la police ou des voisins, surtout pas la police, non, il ne m’aurait jamais pardonné, la France et ses forces de l’ordre n’avaient rien à faire dans nos affaires intérieures, elles s’en étaient déjà trop mêlées pendant cent trente-deux ans et des poussières. À huis clôs, ces violences résonnaient dans ma tête comme des coups de marteau sur un gong. Elles étaient stockées dans ma mémoire morte. Pendant la correction, je me sen­tais comme un petit lâche cloué au mur par la peur, les genoux tremblants repliés sur mon torse, les doigts enfoncés dans mes oreilles. J’avais peur qu’il ne la tue. Qu’il ne nous l’enlève. Personne ne pouvait nous secou­rir dans la grotte de l’ogre.
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Dans ma tête, j'écrivais déjà un récit. Un peuple s'était élancé, sans chef ni concertation. Il avait fait de chaque individu une foule, conscient qu'il était capable de se gérer sans ingérence, libre, vraiment, indépendant, finalement. Il exigerait la restitution de son pays, sans quoi il continuerait de griller les feux rouges, les stops et les lignes blanches.
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Videos de Azouz Begag (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Azouz Begag
A l'occasion du "Livre sur la Place" 2021 à Nancy, Azouz Begag vous présente son ouvrage "L'arbre ou la maison" aux éditions Julliard. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545393/azouz-begag-l-arbre-ou-la-maison
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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