AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782021392005
192 pages
Seuil (01/03/2018)
3.93/5   23 notes
Résumé :
Le vieux s’est échappé, une fois de plus. Il marche au bord de l’autoroute, hagard et obstiné, prétendant arriver à Marseille et de là prendre le bateau pour rentrer dans son pays. Mais si ses fugues à répétition mettent la famille en émoi – son fils surtout, Azouz, qui se sent vaguement coupable de les avoir provoquées – elles se terminent en général dans un café miteux de Lyon, entre les parties de dominos, le thé à la menthe et les disputes qui entretiennent l’am... >Voir plus
Que lire après Mémoires au soleilVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,93

sur 23 notes
5
4 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
"Ce jour-là, une envie de vengeance m'avait gagné. Je rêvais de voir plus tard mon nom de famille en haut de l'affiche pour sortir mon père de l'anonymat, de l'indigénat, et lui rendre sa dignité d'homme libre. La langue française allait devenir l'instrument de ma revanche contre son analphabétisme." (p. 28)

Ce roman à fortes consonances autobiographiques est bouleversant à plus d'un titre !...

Azouz Begag a prouvé de toutes les manières, par ses écrits, ses engagements, sa curiosité illimitée, qu'il voulait réparer la mémoire abîmée de ses deux parents, pauvres immigrés d'Algérie; pauvres de tant de choses, matériellement autant que psychologiquement; comme leur date et lieu de
naissance non inscrites...Dans ce texte des plus personnels, il raconte la vie de son père, atteint d'Alzheimer, qui perd le peu qui lui est propre : ses souvenirs !!!...

Et je m'interroge, moi, petite Française privilégiée, non exilée... Pourquoi cette histoire me rend littéralement malade... et je me rends compte que déjà ma grand-mère maternelle, française de souche,bretonne, non exilée , vivait un cauchemar et une humiliation permanente , par son analphabétisme... Que petite fille ...voir ma grand-mère, illettrée, méprisée , je me sentais impuissante mais folle de rage et d'indignation... que mon parcours acharné dans les livres a été choisi par passion personnelle , mais aussi pour réparer sa vie et sa dignité ...


Et dans cette histoire jonchée d'épreuves et de séparations, s'ajoute l'Exil et le départ souvent quasi-définitif de la terre des parents et aïeux...L'arrachement de son pays natal....Les douleurs intérieures, ineffaçables !

"Les vieux d'ici rêvent de là-bas,
les jeunes de là-bas rêvent d'ici
leurs rêves se croisent en Méditerranée,
puis se noient. (p. 87)"

Azouz Begag nous livre un très intense hommage à ses deux parents, et plus spécialement à son père...qu'il accompagne en fin de vie, atteint de la "maladie d'Ali Zaïmeur" (comme disent les copains du père du Café du Soleil...). L'hommage s'étend à tous les déracinés de la terre !!... Et de nombreux passages m'évoquent une lecture très lointaine, m'ayant très durablement marquée: "La plus haute des solitudes" de Tahar Ben Jelloun...

Un livre des plus personnels et des plus bienveillants, qui ne peut qu'émouvoir et interpeller, encore et toujours !!
Commenter  J’apprécie          436
L'auteur/narrateur est réveillé par sa mère car son père a (encore) fugué.
Atteint d'Alzheimer, il est parti dans Lyon rejoindre son ancien travail, ou peut-être même son pays, l'Algérie.
Le narrateur part à sa recherche et ce sera l'occasion de rendre un hommage à ce père, immigré algérien, illettré, courageux, désireux de tout faire pour que ses enfants réussissent (un enfant ministre, pas mal comme réussite…).
C'est aussi un hommage à sa mère, petite femme traditionnelle et courageuse.


Encore un livre sur le père me direz-vous, certes il y en a beaucoup.
Mais celui-ci s'inscrit à la suite des livres sur l'enfance d'Azouz Begag, « le gône du Chaâba », « Béni ou le paradis privé », « le marteau pique-coeur », et dans ce livre lumineux par l'amour et l'humour qu'il exprime, il y a toute la reconnaissance de l'auteur pour ses parents.
Pauvres parmi les pauvres, ils ont à coeur que leurs enfants réussissent, et Azouz « apprenait » bien à l'école, comme disaient ses parents.
Je suis admirative du parcours de cet homme, écrivain avant tout, et politique occasionnel, qui doit tout à l'école républicaine, même si son action en tant que ministre peut être critiquée.
Commenter  J’apprécie          132
Critique à chaud sur cette première approche avec Azouz Begag, que je connaissais de nom en tant qu'homme politique et non en tant qu'écrivain .Quel vibrant hommage il a rendu à son père au travers ce roman.Plein d'émotions dans ce récit et une fois ouvert ce livre,je n'ai pu le refermer,je l'ai lu d'une traite.Une intimité, mise à nue,un chant d'amour et cette quête perpétuelle de ses racines.Très touchant, un livre auquel je penserai souvent tant il m'a marqué.⭐⭐⭐⭐⭐
Commenter  J’apprécie          150
Je voulais lire depuis longtemps un livre d'Azouz Begag parce que c'est un auteur qui compte dans la bibliothèque où je travaille et que le Gone du Chaaba est régulièrement demandé.
Mémoires au soleil est arrivé un peu par hasard dans ma PAL. Dès le résumé, il y a des mots bouleversants sur les gens de peu. Ceux qui ne sont rien, présumés nés dans une Algérie française qui ne prenaient pas en compte ses citoyens de seconde zone. Pas d'histoire, pas de nom, et bientôt plus de souvenirs chez ce père qui voulait que ses enfants réussissent là où lui avait le sentiment d'avoir échoué, en grande partie parce qu'il ne savait pas lire. le quotidien de ceux qui ne marqueront pas l'histoire et qui ne racontent donc pas leur histoire.
Le récit se déroule dans une majeure partie dans un bistrot, le café du soleil, où se retrouvent devant une partie de dominos et des cafés trop sucrés des hommes venus d'ailleurs il y a des décennies pour reconstruire nos villes, et des jeunes qui tuent le temps. Ce portrait d'un boui-boui de quartier et de ses habitués est plein de saveurs, de rires et d'amitiés qui ne se disent pas.
Je crois bien que la lumière du soleil irradie des pages de ce livre !
Commenter  J’apprécie          77
L'auteur du célèbre "Gone du Châaba, un livre autobiographique qui nous avait ravi il y a des années lors de sa sortie en 1986, et qui avait propulsé son jeune auteur sur le devant de la scène, n'avait plus rien écrit depuis 2012.
J'ai adoré ses nombreux écrits pour la jeunesse dans les années 1990-2000 et n'avait rien lu de lui depuis des années. C'était donc naturel que j'emprunte son dernier roman autobiographique lorsque je l'ai trouvé en médiathèque.

Dès le départ, le lecteur entre dans la vie quotidienne de l'auteur et en particulier la vie menée en famille, depuis que son père Bouzid est atteint de la maladie d'Alzheimer. En plus de son père, l'auteur nous parle aussi de Nabil, son frère, et de ses séjours en prison.

Il se souvient d'anecdotes racontées en famille, d'événements vécus et partagés, de la honte de son père d'être analphabète.
Malgré l'humour de certains passages et de certaines situations, il nous relate sa détresse lorsque son père se sauve pour rejoindre la méditerranée, et prendre le bateau pour rentrer "chez lui" et revoir ses parents, qui ne sont plus en vie depuis des années. Il habite Lyon et il met sa vie en danger lorsqu'on le retrouve en direction de l'autoroute, sa gamelle de travailleur à la main. Heureusement, le plus souvent, il s'arrête au bar "le café du soleil" pour y retrouver ses amis. Là, au milieu de ceux qui finalement le protègent, il partage solitude, déracinement, nostalgie du pays et thé à la menthe industriel...
Tous attendent un retour au bled qui n'arrivera jamais. Ils sont un peu fous aussi, comme le patron qui arrose son ficus en plastique tous les jours pour s'occuper.
Alors que leur ami Bouzid ait contracté "la maladie d'Ali Zaïmeur", cela ne les émeut guère.
En le ramenant à la maison, l'auteur tente de ranimer chez son père quelques souvenirs disparus, et de retrouver quelques pans de l'histoire familiale et de ses propres origines.
Il relate alors ses voyages en Algérie, à la recherche de ses racines berbères. Mais là-bas, il n'a pas trouvé trace de ses parents, dans les villages pourtant fréquemment cités par eux dans leurs souvenirs. Ni son père, ni sa mère ne semblent avoir existé !
Les noms de personnes ou de lieux, ne sont pas forcément ceux que l'auteur croyait connaître, parce que la prononciation n'est pas la bonne et devient incompréhensible pour qui n'est pas initié.
L'histoire alterne ainsi, entre le vécu du père et la recherche d'un passé qui sera englouti à jamais maintenant que la mémoire s'en est allée pour toujours...


Voilà donc un roman touchant, une quête personnelle qui est celle de tous les enfants d'immigrés.
On peut considérer ce roman autobiographique, comme la suite du "Gone du Châaba" où l'auteur nous contait son enfance dans les bidonvilles de Lyon. En tous les cas, il nous donne envie de nous replonger dans ce premier écrit et d'y redécouvrir l'importance de ces racines familiales, qui font de nous, quelles qu'elles soient, les êtres à part entière que nous sommes devenus, parce que tout simplement nous savons d'où nous venons.
C'est un beau roman qui sonne juste, et un plaidoyer contre l'oubli qui met l'accent sur l'importance de la transmission.
C'est aussi un bel hommage au père...mais aussi à tous les exilés et déracinés qui ont été oubliés par leur pays d'origine.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Ce jour-là, une envie de vengeance m'avait gagné. Je rêvais de voir plus tard mon nom de famille en haut de l'affiche pour sortir mon père de l'anonymat, de l'indigénat, et lui rendre sa dignité d'homme libre. La langue française allait devenir l'instrument de ma revanche contre son analphabétisme. (p. 28)
Commenter  J’apprécie          310
Le jour où il m'a sorti que le mot "hospitalité" rimait avec "humanité", j'ai pensé qu'il allait finir poète lui-aussi, comme moi et les retraités chibanis qui ont appris à contempler le goutte-à-goutte de la pluie.

Beaucoup de gens
ne les aiment pas , les migrants,
Et pourtant en chacun d'eux, un poète attend. (p; 99)
Commenter  J’apprécie          260
Comme on le fait chez nous,les extraterrestres, et comme elle sait très bien le faire depuis son enfance,Messaouda ne veut pas montrer qu'elle a pleuré des cordes.Elle nous houspille pour être revenus si tard.D'un revers de main,elle balaie nos explications pour reprendre le cours de sa vie normale.
--La pluie,la pluie,quelle pluie? elle fait sans respirer.
Elle joue à l'énervée et s'apprête à poser deux assiettes sur la table.
Elle doit serrer dans ses poings ses larmes retenues.Elle termine :
--Et pourquoi pas des cordes aussi?
Alors là,il se passe une chose magique.Mon père s'approche d'elle bizarrement. Il écarte doucement ses bras et l'enroule dedans.Elle lui dit《 hé,qu'est - ce que tu fais?》 ,prétendant qu'elle tient les assiettes dans les mains,elle fait celle qui est gênée, qui a besoin d'une nuit pour se préparer à une étreinte pareille.Il l'embrasse quatre fois sur les joues.Elle le laisse faire.Puis elle le serre à son tour dans ses bras en laissant pendre les assiettes au bout de ses doigts.Elle me jette un coup d'oeil pour me dire je ne sais quoi,parce que tout s'est mélangé en elle maintenant.C'est la première fous que ça lui arrive.
Ils restent comme ça un bon moment.
Devant moi.
Avec les assiettes pendues.
Je suis le fils de Bouzid et Messaouda. Je me laisse pleurer,sans cacher.Ce matin,le malheur avait frappé à notre porte,maintenant ,le bonheur est entré chez nous.L'espoir revient chez les extraterrestres. Mes parents viennent de se marier.Je suis le seul témoin de leur mariage d'amour.(Pages 172/173).
Commenter  J’apprécie          40
Pour lui qui vit depuis toujours au jour le jour, ne pas avoir de racines l'indifférait royalement. Il m'a d'ailleurs dit : "Tu t'emmerdes pour rien, frangin, moins on a des racines et moins on risque de se prendre les pieds dedans !"
J'ai trouvé belle sa métaphore, mais elle ne me concernait pas du tout, car je pensais exactement l'inverse. L'ignorance de mes racines m'empêchait de grandir.Né à Lyon, j'étais un français des branches, certes, mais j'avais besoin de connaître mes souches africaines.
Pour faire de nouvelles feuilles. (p. 17)
Commenter  J’apprécie          100
Quand on est amnésique, on n'a plus de préjugés sur les gens d'ailleurs, les Autres, les différents, puisqu'on ne se souvient plus de rien. Les Blancs n'ont plus peur des Noirs et les Noirs n'ont plus peur des Blancs. (p. 113)
Commenter  J’apprécie          222

Videos de Azouz Begag (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Azouz Begag
A l'occasion du "Livre sur la Place" 2021 à Nancy, Azouz Begag vous présente son ouvrage "L'arbre ou la maison" aux éditions Julliard. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545393/azouz-begag-l-arbre-ou-la-maison
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : algérieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Le gone du Chaaba

A coté de quel fleuve le Chaaba est-il?

La Seine
Le Rhône
La Loire

10 questions
263 lecteurs ont répondu
Thème : Le gone du Chaâba de Azouz BegagCréer un quiz sur ce livre

{* *}