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Critiques de Boris Cyrulnik (419)
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Sauve-toi, la vie t'appelle

"Aucune histoire n'est innocente. Raconter, c'est se mettre en danger. Se taire, c'est s'isoler !" Boris Cyrulnik.





Le 10/01/1944, rafle des juifs à Bordeaux:

-"Il faut faire disparaître ces enfants, sinon ils vont devenir des ennemis d'Hitler!"

- Si vous le laissez vivre, on ne lui dira pas qu'il est juif ! " Mme Farges, son institutrice, venait de sauver Boris Cyrulnik, il avait 6 ans...





Les souvenirs de Boris, à cet âge, sont confus:

"Je me rappelle alors que j'ai parlé à ces soldats, malgré l'interdiction... En agençant quelques souvenirs épars, j'en ai conclu qu'ils (mes parents...) étaient morts à cause de moi".





Boris réussit à sortir de la synagogue (où on avait enfermé 227 juifs) gardée par les nazis... Une jolie infirmière lui fait signe de se cacher dans une ambulance, sous une dame mourante.

Des soldats l'ont vu, un officier allemand aussi, mais ils ne disent rien, selon Boris...





Plus tard dans le livre, Boris retrouvera l'infirmière et Margot Farges... C'est un témoignage bouleversant.

Boris Cyrulnik a développé le concept de résilience. Il apprendra à se taire pour accepter l'indicible et à parler pour se taire...





"Je n'ai jamais pensé que ma mère m'avait abandonné." Elle m'avait placé à l'Assistance publique, la veille de son arrestation, le 18/07/1942. Elle m'avait mis là pour me sauver...

"Mme Farges a dit:

-A partir de maintenant tu t'appelles Jean Bordes. Répète !"

Margot Farges reçut la médaille des Justes!
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Le laboureur et les mangeurs de vent

Puisque certains deviennent des "mangeurs de vent" qui acceptent le discours totalitaire ambiant, les menant jusqu'à l'aveuglement, au meurtre, au génocide.."



Souvenez vous du test de Milgram: sommes nous capables d'obéir, jusqu'à commettre un meurtre en toute bonne conscience?

Des savants proposent à des "cobayes" d'envoyer des chocs électriques de 45 à 450 volts à un "apprenant" en cas d'erreur...

65 % des personnes acceptaient d'appuyer sur le dernier bouton, la décharge meurtrière...

Pus de 80% acceptaient quand on leur disait que c'est filmé pour la télé...( donc c'est moins grave, une caution supplémentaire?)°



Ils ne savaient pas que c'était un test et que la "personne torturée" faisait semblant de souffrir, mais ils acceptaient de continuer jusqu'au bout..

Besoin d'appartenance à un groupe, de n'être pas isolé et recherche du confort voir de l'embrigadement... ( Religion, secte, djihadisme, dictature...)



Boris Cyrulnik, de sa voix douce, nous parle de ces "laboureurs" qui préfèrent se libérer de la doxa haineuse et du conformisme car:

"Quand on hurle avec les loups, on finit par se sentir loup!"



Quand la philosophe Hannah Arendt dénonce la "banalité du mal", quand l'écrivain Primo Levi croise un collègue chimiste, parmi les gardiens SS, à Auschwitz... Et que Cyrulnik se désole pour la guerre en Ukraine, en se souvenant de sa...condamnation à mort, à l'âge de 7 ans parce qu'il est juif...

"Penser par soi-même, c'est s'isoler : l'angoisse est le prix de la liberté."



Il faut "Aimer pour penser", Douter pour évoluer," "Choisir nos pensées"...

"Puisque qu'ici tout est négociable, mais vous n'aurez pas...

"Non vous n'aurez pas,

Ma liberté de penser." Florent Pagny.
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Le laboureur et les mangeurs de vent

Si Boris Cyrulnik est un neuropsychiatre réputé, il reste un enfant qui, à l’âge de 7 ans, a été condamné à mort, à Bordeaux, la ville où il est né. J’avais lu Sauve-toi la vie t’appelle il y a quelques années et c’est grâce à l’ami Jean-Pierre S. que je retrouve une écriture toujours érudite et passionnante.

Dans Le laboureur et les mangeurs de vent, Boris Cyrulnik s’attache à analyser, à mettre en lumière les contradictions présentes dans tous les êtres humains. Liberté intérieure et confortable servitude, sous-titre de l’ouvrage, confirme bien l’objectif visé par l’auteur : décortiquer un dilemme base de tant de traumatismes.

Dans notre espèce humaine, il y a les laboureurs, ceux qui cherchent, remettent en cause les vérités préétablies, assénées par les dirigeants, pour essayer de comprendre par eux-mêmes, quitte à désobéir.

A contrario, les mangeurs de vent se rassurent et apprécient de se retrouver avec le plus grand nombre, ce qui peut mener aux drames les plus horribles du XXe siècle.

Bien sûr, la Shoah - extermination programmée des Juifs mais aussi des Tziganes, des infirmes, des malades mentaux par les nazis – mérite un examen approfondi qui revient régulièrement mais il faut se garder de la banaliser car ce massacre s’appuyait sur l’obéissance aveugle de fonctionnaires satisfaits d’obéir aux ordres.

L’exemple d’Eichmann est détaillé, appuyé par les observations d’Hannah Arendt et sa fameuse formule si critiquée : « la banalité du mal ». Boris Cyrulnik démontre que n’importe quel être humain peut se révéler « mangeur de vent » et que tout se joue durant l’enfance. Si la célèbre politologue née en Allemagne puis naturalisée américaine était séduite par l’intelligence de cet homme, elle n’a pu accepter qu’il devienne un nazi convaincu sans, toutefois, pouvoir effacer les moments de bonheur vécus avec lui.

Ces nazis pouvaient massacrer froidement des milliers de Juifs dans la journée, enfants, femmes, hommes, et retrouver joyeusement leur foyer en soirée. Pour cela, il fallait nier toute humanité à ceux qu’ils exterminaient, ne pas capter leur regard.

Trente-trois petites parties, chapitres plus ou moins long, se succèdent. L’écriture de Boris Cyrulnik est simple même s’il lui est impossible d’évacuer des termes qui lui sont familiers mais pas ou peu utilisés dans la vie courante. Peu importe, chaque chapitre hérite d’un titre qui annonce la couleur comme « Croire au monde qu’on invente » ou « Parler pour cacher le réel », ou « Se soumettre pour se libérer », ou encore « Toute-puissance du conformisme »…

Cet homme qui s’est tu pendant quarante ans car son récit, il le dit lui-même, n’intéressait personne, a enfin réussi à être cru grâce aux témoins qu’il a retrouvés souvent par hasard. Un livre, une émission de télévision en 1983 lui ont permis d’être écouté. Après s’être soumis, il s’est enfin libéré.

L’auteur rappelle qu’un enfant a besoin de trois niches pour se développer harmonieusement : la sensorialité, l’affectivité et la verbialité. Dans ce chapitre, plus long que les autres, il précise que « dans une famille pauvre structurée par l’affection et la culture, les enfants ne sont pas malheureux et se développent bien. » Ensuite, ce sont les utopies qui escroquent les peuples jusqu’à ce que la déception survienne, trop tard, hélas.

Quand il se demande s’il faut se « Soumettre à l’autorité », la question se pose : obéir ou pas ? Il rappelle la fameuse expérience de Stanley Milgram avec ces décharges électriques d’intensité croissante envoyées par des « enseignants » à des « apprenants » dès que ces derniers commettaient une erreur. 65 % des « enseignants » n’ont pas hésité à torturer, se soumettant à une autorité morale, démontrant à nouveau cette « banalité du mal » mise en avant par Hannah Arendt.

Enfin, Boris Cyrulnik fait bien de rappeler qu’au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), qu’à Dieulefit (Drôme) et qu’à Moissac (Tarn) pas un seul des Juifs réfugiés n’a été dénoncé alors qu’à Paris et dans les grandes villes cela se faisait couramment. Comment expliquer qu’au Chambon-sur-Lignon, sur les cinq mille réfugiés dont trois mille cinq cents Juifs, pas un n’ait été dénoncé comme le demandaient deux pasteurs ? Estime pour ces pasteurs ou volonté de désobéir aux nazis ?

Tous ces comportements méritaient d’être analysés comme l’a fait Boris Cyrulnik dans Le laboureur et les mangeurs de vent car cela permet de comprendre génocides, massacres ethniques, guerres civiles, idéologiques et religieuses. Chaque être humain peut basculer dans l’horreur pour peu qu’il devienne un mangeur de vent au lieu de désobéir aux ordres donnés. C’est un choix douloureux qui doit se préparer dès l’enfance comme y revient justement l’auteur à la fin d’un ouvrage riche d’enseignements.


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La nuit, j'écrirai des soleils

Je ne ferai pas un grand billet, je dirai juste que chaque fois que je lis Boris Cyrulnik, j’ai beaucoup de plaisir et il a l’art de vulgariser certaines données de psychologie ou psychiatrie afin de nous les rendre plus digestes !

Il est parfois décrié, d’aucuns le trouvent trop télévisuel, ou n’approfondissant pas toujours ses avancées, mais moi, j’aime son style, et sa voix !

J’ai lu aussi son histoire personnelle, et il est la preuve qu’écrire sauve, non ?



Alors, écrivez vos maux, vos blessures, et si vous êtes enfermés, évadez-vous par les mots, vous en sortirez plus apaisés ! C’est lui qui le constate, au travers d’écrivains célèbres dont il a analysé le parcours, depuis leur enfance traumatique jusqu’à leurs livres.



Art thérapie par l’écriture, tout est bon pour créer et se « recréer », la résilience au bout du chemin.
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Un merveilleux malheur

Oxymore ! Un malheur peut-il être merveilleux, à long terme ? 

Boris Cyrulnik s'appuie sur de nombreuses études éthologiques, et cite plein d'exemples d'enfants orphelins, battus, déportés, violé (e )s , etc.. qui s'en sont "sortis". Comment font-ils ? Par la résilience, capacité de rebondir dans le malheur. C'est l'objet du livre. 



Dans un malheur, les gens et les médias font du catastrophisme : tués, blessés, handicapés, traumatisés... Mais certains « s'en sortent », comment font-ils ? 

Ils font de la résilience ! 

La résilience est la capacité de rebondir dans le malheur. La victime utilise le "clivage" de personnalité pour supporter l'horreur : une partie de l'âme joue son "rôle social", l'autre se détache pour rêver à des jours meilleurs. 



L'auteur est un spécialiste de ce concept relativement nouveau, avec une vingtaine d'autres chercheurs à travers le monde. 

Lors d'un gros traumatisme :

des enfants meurent,

– d'autres sont atteints à vie,

--certains vivotent,

-mais il y en a qui font une brillante carrière : "Balzac, Nerval, Hugo, Renan, Rimbaud, George Sand, Zola, Baudelaire, Dumas, Stendhal, Maupassant, ont tous surmonté des épreuves", dit l'auteur. Il n'y a pas que le don. Après le traumatisme, les "blessés de l'âme" ont besoin de s'échapper de leur cauchemar. Alors, ils ont besoin de se venger de la vie, ils sont dans le déni, ils rêvent, ils se noient dans le travail, ils racontent leur histoire, publient leur bio, ou ... des romans. 



Mon parcours personnel, comme tout un chacun, comprend des épreuves. Pour y échapper, et les dépasser, moi aussi, j'ai rêvé, et je faisais du "clivage" sans le savoir : j'appelai ça : "je me mets au plafond, et je vois mon autre "moi" en train de morfler. J'ai aussi lu pour m'échapper, et maintenant j'écris un livre sur ce que je pense qui ne va pas...



Devenu neuropsychiatre, Boris Cyrulnik a été séparé de ses parents, déportés, à l'âge de cinq ans. Il écrit en connaissance de cause.

.

Il fait partie, avec Frédéric Lenoir, Georges Vigarello, E. Morin et Ken Follett des penseurs contemporains qui me font réfléchir.
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Autobiographie d'un épouvantail

Je continue mon exploration de ces ouvrages dits de développement personnel avec ce livre de Boris Cyrulnik, Autobiographie d’un épouvantail.



L’auteur dissèque le processus de résilience après des traumatismes dans l’enfance à travers des événements forts: la seconde guerre, le génocide rwandais, les catastrophes naturelles, les attentats terroristes, l’adoption.



On y comprendra ici combien la prise en charge psychologique après un drame est primordial afin de sécuriser le sujet. Que l’imagination, la rêverie, le déni sont autant de palliatifs pour panser la souffrance.



« En pleine épreuve, la recherche de soutien social, l’humour, le déni, la foi et l’action ont été considérés comme des facteurs fiables de résistance. »



Les exemples de l’auteur sont très éloquents, ça en apporterait presque un soulagement psychique à travers l’espoir qu’il véhicule. Réaliser que notre terre a vécu des chaos et cataclysmes sans précédent mais en renaissant chaque fois de ses cendres sous d’autres formes insuffle une envie de croire que l’humain détient lui aussi cette force de renaître du chaos.



« Le pouvoir de la vie est si puissant que, tel un énorme torrent, il repart sous d’autres formes après un fracas. »



Boris Cyrulnik déculpabilise ses lecteurs également. Il nous offre la possibilité de voir notre existence sous d’autres formes, de raconter notre roman avec d’autres mots afin de supporter l’impensable.



« Supposons qu’il n’y ait jamais de chaos dans notre existence, nous vivrions dans une routine anesthésiante, une non-vie avant la mort. Par bonheur, quelques moments de fracas existentiels jalonnent notre mémoire. Nous en souffrons, bien sûr, mais après le coup, quand nous y repensons, ils charpentent notre identité narrative : « je suis celui a qui est arrivé une blessure incroyable. Je suis devenu le héros intime du roman de mon existence. Je sais mieux que quiconque ce qui m’est arrivé et comment j’ai combattu cette souffrance infligée. Je suis passé de la confusion à la clarté. » »



J’ai aimé cette mise en lumière de ces petits riens qui nous permettent de tenir debout, déni ou résilience, cette compréhension de la société, de l’humain, de la transmission qui nous fragilise.



J’ai passé quelques pages concernant les attentats terroristes qui m’ont moins intéressée.



En conclusion, j’ai envie de terminer avec ce passage qui offre à mon sens une bouffée d’air frais qu’il faudrait saisir de toute urgence là où la souffrance continue de suinter douloureusement.



« Avec une seule existence, on peut écrire mille autobiographies. Il n’est pas nécessaire de mentir, il suffit de déplacer un mot, de changer un regard, d’éclairer un autre aspect du réel enfoui. »



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Quand un enfant se donne

Un enfant se donne la mort

Et deux parents sont morts

Comment comprendre ce suicide

Qui laisse un immense vide

Vide d'autant plus grand

Que l'enfant est si petit.



Sujet tabou

Sujet inconnu

Sujet qui rend fou

Sujet mis à nu.



Merci Monsieur Cyrulnik, vous qui avez tant souffert petit, vous auriez pu avoir aussi envie que la vie s'arrête, vos parents morts bien trop tôt.

Cette tentation de mourir n'est pas tout à fait la même chez l'adulte et chez l'enfant de 6 ou 8 ans. Son impulsivité peut surprendre, il rit et deux minutes après il saute du balcon.

Votre message est clair, plus un enfant est entouré, plus il vit d'interactions humaines positives, plus il est protégé. Plus la communication est précoce et habituelle, plus elle prémunit les enfants contre ce fléau, de l'enfance à l'adolescence, en passant par la préadolescence. Un adolescent qui parle de mourir ne fait pas de chantage.



Le jeu du foulard n'en est pas toujours un.



Jeux interdits

Jeux maudits.



Cet ouvrage m'a sidérée, mais il est utile et nécessaire pour protéger les enfants. À la fin du livre il liste des adresses très utiles. Nous avons tous des enfants autour de nous, alors prenons soin d'eux.

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Le laboureur et les mangeurs de vent

Petit essai qui s'intéresse à la facilité qu'on peut avoir à éprouver une satisfaction paresseuse à mêler sa voix au concert de la fanfare dominante. Jusqu'à l'extrême, ce qui pour l'auteur est essentiellement centré dans cet ouvrage sur les camps nazis et la machinerie les ayant alimentés. Dans ce texte bref, il rappelle ce que d'autres avaient déjà analysé :

"Hannah Arendt se méfiait du sentiment d’appartenance : « Je n’ai jamais aimé aucun peuple, ni aucune collectivité, ni le peuple allemand, ni le peuple français, ni le peuple américain, ni la classe ouvrière, ni rien de tout cela. J’aime “uniquement” mes amis et la seule espèce d’amour que je connaisse et en lequel je crois est l’amour des personnes.'

Ce sont donc les individus capables de s'extraire de la pensée dominante, de réflechir par eux-même, de ne pas céder à la tentation rassurante d’appartenir à un groupe. Cette sécurisante adhésion à une machinerie de pensée fabriquée par les faiseurs de vent se payant en commettant des actes qui n'apparaissent pas pour ce qu'ils sont au moment où on les exécute.

Il faut donc veiller à ce que la parole, les mots ne créent pas dans notre représentation mentale des catégories englobantes.

"Les laboureurs qui ont les pieds sur terre construisent une réalité différente. Leur savoir laborieux est arraché au réel"

"La pensée du laboureur qui parle de ce qu’il sait (labeur = travail, orare = parler)"

C'est un petit précis d'introspection assez vivifiant, avec quelques saillies plus médico-psychologiques issues de son expérience de clinicien.

On pourrait reprocher à ce texte d'être ancré dans un passé trop lointain (seconde guerre mondiale, il est arrivé pas mal de choses depuis qui ont sensiblement fait évoluer les attitudes des uns et des autres) mais alors l'auteur s'éloignerait sans doute de son domaine de sensibilité, de ce qu'il défend dans ce texte, la pensée du laboureur.
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Sauve-toi, la vie t'appelle

L’auteur se sert de son enfance et du traumatisme vécu pour expliquer le mécanisme du cerveau de l’enfant.



Il explique le départ de son père, l’abandon de sa mère un jour avant l’arrestation de celle-ci, les différents refuges, les fuites, puis la reconstruction ou du moins celle que les adultes essaient de lui apporter après la guerre.



Mais ces souvenirs que l’auteur nous raconte sont-ils le reflet de la réalité ? Un enfant a besoin d’arranger certains souvenirs, pour les supporter sans angoisse, c’est sa réalité, pas celle d’un autre. Chaque événement inscrit dans la mémoire constitue un élément de la chimère de soi.



Cet enfant qui a connu l’horreur, a plus été traumatisé sur l’après par l'indifférence des adultes chargés de s'occuper de lui.



Il apprendra à se taire pour se sentir mieux et à parler pour se taire. Tout vaut mieux que raconter car c’est se mettre en danger.



Ce récit est bouleversant et pourtant si tendre. C’est un condensé d’espoir pour tous les enfants, victimes de la guerre, de l'indifférence, des adultes. Un enfant a besoin d’être entouré, écouté, aimé, par ses parents si possible, par des adultes bienveillants sinon.
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Psychothérapie de Dieu

J'aime beaucoup Boris Cyrulnik et je ne manque pas l'occasion de lire ses livres. le titre Psychothérapie de Dieu avait attiré mon attention dans les allées de la librairie que je parcourais et je n'ai pas hésité à la glisser dans mon panier lors de mon dernier ravitaillement littéraire. En effet, je me réjouissais de voir ce sujet traité sous l'angle de la neuroscience et de la psychiatrie, une approche encore inexplorée chez moi, tandis que les ouvrages d'Histoire, de philosophie ou religieux étaient déjà passés sur ma pile à lire.

Je n'ai pas été déçu par cette vision scientifique de l'impact d'une croyance sur l'esprit et la vie, qui expose outre des expériences, les commentaires de l'imagerie réalisée durant celles-ci ou encore la relation de cas de patients reçus dans le cabinet de l'auteur ou rencontrés à l'hôpital.

La narration de la façon dont elle se mettrait en place au cours du développement de l'enfant selon le contexte neurologique, affectif et culturel, mais surtout les figures d'attachement, m'a fortement intéressé. Si les bénéfices de la religion semblent profitables à l'enfant et si la foi parait bien être un facteur de résilience, l'athéisme est la croyance qui se développe le plus dans le monde. Et l'auteur de conclure que le retour du religieux avec bruit et fracas serait concomitant à l'état de la planète, la misère, les inégalités, l'insécurité, la surpopulation, les guerres sont autant de maux qui font que l'on fait plus souvent appel à Dieu. Ce n'est pas ce que j'ai lu de mieux de sa part, un liant cohérent aurait certainement amélioré la fluidité de l'ensemble...

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Un merveilleux malheur

Un livre très sérieux de Boris Cyrulnik, traitant une fois encore de la résilience. Bon document, bien écrit, intéressant. Lire cet auteur n'est jamais une perte de temps.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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La folle histoire des idées folles en psychia..

La folie n’a pas toujours été une affaire de psychiatre. Même si à présent c’est lui qui décide si un comportement laisse à penser que l’individu a perdu la notion du monde réel (à condition que le monde réel du psychiatre soit fiable…).

L’invention de la psychiatrie sous-entend la notion d’une possibilité (ou d’une nécessité) de traitement. Le divin n’a plus la cote. La punition ne fait plus recette. La technologie qu’elle soit chimique, électrique ou informatique donne accès à des méthodes plus ou moins performantes pour expliquer , modifier , classer le comportement . Avec en filigrane des fondements idéologiques que l’on a vu varier avec le contexte social, politique et historique.



Le fou est donc par définition l’autre. Et pour mieux le repérer, le psychiatre dresse des listes de signes. Avec un question fondamentale : la limite entre le normal et le pathologique, pas si simple que ça.

« Ceux qu’on appelle « psychopathes » parce qu’ils passent à l’acte comme un réflexe rapide, en court-circuitant a lenteur nécessaire à l’élaboration mentale, sont décorés en temps de guerre et emprisonnés en temps de paix ».

« Il en était de même pour les filles célibataires qui faisaient preuve de folie en mettant au monde un enfant hors mariage ».



Parmi les explications de la folie lorsque que le scientifique a évincé le divin, la dégénérescence a eu son temps de gloire. Utile pour soutenir une hiérarchisation de la valeur des vies et donc de légitimer l’élimination de ceux qui ne correspondaient pas aux critères d’une humanité supérieure.



La création des hôpitaux psychiatriques a eu pour but l’enfermement de toute personne pas en phase avec la normalité de l’époque (on a vu à quel point cette notion est fluctuante)). C’était au départ des institutions carcérales. Et puis on a nommé et donc donné une existence à la pathologie . Fous, aliénés , déments, la déclinaison s’est ramifiée, s’est attachée à répertorier avec une précision diabolique l’ensemble des déviances relatives. Certes le DSM5 permet un langage commun entre les spécialistes. Cependant, outre le fait qu’il ait tendance à confondre les maladies, les causes et les symptômes , il propose un diagnostic figé, et derrière cette apparence de rigueur, se profilent d’autres desseins plus mercantiles.



Les techniques thérapeutiques ont longtemps été particulièrement violentes. Contention mécanique (qu’elle soit demandée par le sujet , ou imposée par l’urgence) , chocs (électriques, physiques , biochimiques voire infectieux), chirurgie (le trépan est une très ancienne procédure), céderont-ils la place aux médicaments , à moins que les médecines parallèles, l’hypnose, la moribonde psychanalyse regagnent du terrain?



Sur un plan historique, le traitement réservé aux suppliciés de la Grande guerre constitue un chapitre particulièrement choquant. Près d’un million de rescapés de la boucherie, ont été soupçonnés de simulation. Et malgré les quelques voix qui se sont élevées pour la défense de ces victimes, d’autres plus nombreux, dont le nom est encore souvent associé à des services hospitaliers, se sont acharnés à débusquer la duplicité, et par des méthodes particulièrement violentes.



Une place est faite à l’alcoolisme. Là encore la norme varie avec l’époque. Lorsque l’eau était dangereuse, il était recommandé de boire de l’alcool. Ce n’est qu’en 1849 que la consommation excessive d’alcool acquiert le statut de maladie. L’évolution est parallèle à celle que l’on observe pour les pathologies mentales. Au 20è siècle, se crée le mouvement des Alcooliques anonymes,, puis l’alcoolo-dépendance apparait dans le DSM3, et enfin les médicaments sont synthétisés, avec pour chef de file le disulfiram. De nos jours si la consommation diminue et avec elle les morts par cirrhose, de nouvelles manières de s’enivrer voient le jour, particulièrement chez les jeunes.



Quel avenir pour la psychiatrie?

« Pendant que la psychiatrie étend son emprise au delà de ce qu’elle sait faire, et vers qui n’en a pas besoin, ses moyens se réduisent comme peau de chagrin dans l’ensemble des pays industrialisés ».



Entre la concurrence sur le terrain par d’autres professionnels de la santé mentale, et l’image négative de la psychiatrie aux yeux du public, on comprend que la carrière ne soit pas attractive .



« La psychiatrie souffre d’être la seule spécialité à traiter une part conceptuelle du corps humain qui flirte avec la métaphysique. son défi majeur pour l’avenir est alors de décider ce qu’elle doit vraiment traiter : le cerveau? esprit? la société? tout à la fois? et jusqu’où? »



Erudit et exhaustif, en à peine 300 pages, l’ouvrage dresse un portrait sans complaisance d’une discipline très particulière et passionnante.


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Ivres paradis, bonheurs héroïques

A partir de son histoire personnelle, de ses carences affectives, Boris Cyrulnick s’attache à la figure du héros, celui qui se substitue à l’absence d’un modèle, et dont la création imaginaire conditionne la survie, et empêche de sombrer dans la folie.

Mais il y a héros et héros, et cette figure tutellaire peut engendrer le pire comme le meilleur.



Du héros qui fanatise et fige le processus de réflexion, entrainant dans son sillage la foule décérébrée mais apaisée, au personnage de légende réduit à ses exploits, en passant par un inventaire personnel tout aussi efficace, le héros est protéiforme. il est un archétype d’un besoin fondamental de réassurance que notre condition d’humain, vaste énigme accessible à notre conscience, objet d’infinies conjectures, elles-même propices à l’éclosion de gourous de tous poils.



Ainsi le héros est nécessaire, sécurisant et infiniment pernicieux.





Le thème est largement développé et argumenté. De nombreux (trop nombreux? renvois à une bibliographie conséquente étayent le propos, illustré par des exemples historiques ou mythologiques.



Même si le bilan à la fermeture du livre permet de se rendre compte de l’étendue du travail autour du sujet, traité de façon précise et analytique, en cours de lecture, j’ai eu néanmoins l’impression de tourner en rond et de relire en boucle le même chapitre, ce qui a rendu cette lecture fastidieuse, malgré l’intérêt que je porte au sujet;


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La nuit, j'écrirai des soleils

Boris revient sur son traumatisme d'abandon : son père disparu à la guerre, la mère déportée à Auschwitz, il est arrêté à 6 ans et mis en prison, il apprend qu'il est Juif. Bien placé pour en parler, Boris revient aussi sur beaucoup d'enfants traumatisés : François Villon, Jean-Jacques Rousseau, Sade, Tolstoï, Mary Shelley, Alice Miller, Primo Lévi, Jean Genet, Jean-Paul Sartre, Romain Gary, Simone Veil, Gérard Depardieu.

Chacun à sa manière, a subi un traumatisme plus ou moins précoce : perte d'un parent ou autre carence affective, Boris essaye de dégager un modèle.

.

Cependant, malgré la richesse des informations collectées, malgré la masse de références sur lesquelles il s'appuie, La nuit, j'écrirai des soleils reste à l'état d'analyse : il n'a pas fait la synthèse.

La nuit, j'écrirai des soleils : dans la souffrance, je créerai des œuvres d'art.

.

Je vais essayer de dégager ce qu'il a voulu dire.

Que l'on soit carencé, orphelin, qu'on subisse un manque, une perte, un deuil, que l'on grandisse dans un milieu pauvre verbalement, on peut réagir de plusieurs façons.

-- On se laisse aller à l'isolement, on se renferme sur soi, et c'est une petite mort psychologique ;

-- on se révolte, mais on rumine en boucle dans sa prison psychologique, on écrit un réquisitoire, mais on s'enferme encore en vase clos ;

-- on a un projet, on part de la blessure psychologique pour rebondir sur un projet, une création artistique, poèmes, peinture, romans, et on crée une fiction avec plus ou moins de réalité, pour se libérer du trauma, et se réaliser : c'est la résilience.

.

On sent que le pauvre Boris, qui n'est plus à plaindre puisque médecin des neurosciences reconnu, a du mal à sortir de sa boucle de souffrance, et c'est à peine s'il glisse quelques mots de ce qui lui est arrivé ( ce qu'il ressent comme une brume ) au milieu des multiples biographies de compagnons d'infortune, qu'il réalise très bien.

.

Bref, non abouti, mais très riche : )
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Sauve-toi, la vie t'appelle

Un récit émouvant où l'auteur témoigne des périples de son enfance pendant la guerre. Comme beaucoup d'autres enfants juifs ballottés par les événements, il sera longtemps caché et vivra des épisodes tragiques.

Le silence qu'il doit faire sur sa judaïcité ne lui fait rien oublier des moments les plus traumatisants... mais beaucoup plus tard, il se rendra compte que pour se protéger de toutes ces peurs et ces douleurs, sa mémoire a transformé beaucoup d'événements.

Il n'y a pas de hasard... Boris Cyrulnik n'a pas à chercher très loin un exemple pour aborder le sujet de la résilience.



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Chérif Mecheri, un préfet musulman sous Vichy

Cette coécriture par Boris Cyrulnik et José Lenzini nous offre une étude historique et psychologique.

Pourquoi certains – hommes ou femmes- se soumettent facilement aux directives , sans réfléchir ,

sans culpabilité ? Pourquoi obéissent-ils aux ordres même si ces commandements sont inhumains, non seulement aveuglément et sans culpabilité mais souvent avec zèle et célérité , ce qui leur donne un sentiment de puissance, alors que d’autres s’y opposent , refusent d’exécuter ce qui heurte leur conscience, leurs convictions, gardant, au péril de leur vie, leur liberté intérieure ?

Boris Cyrulnik, à six ans, échappe à la mort après son arrestation le 10 janvier 1944, grâce à des personnes, des Justes, qui ont enfreint les ordres en vigueur. Cette douloureuse expérience personnelle va l’inciter à se pencher sur cette question obsédante , ainsi il va tenter de faire le parallèle entre Maurice Papon, et Chérif Mécheri ( 1902-1990), le musulman, sous-préfet à Châteaudun (1939) , Narbonne (1942) puis de la Haute-Vienne. Lui, aida indirectement la Résistance, et deviendra le premier préfet français d’origine arabo-berbère (1946)



Boris Cyrulnik va, sans aucun jugement, tenter de décrypter, d’analyser les raisons qui poussent les uns et les autres à agir différemment.



José Lenzini nous décrit la vie de Chérif Mécheri, en Algérie, une forte personnalité, forgée par sa naissance dans un milieu privilégié , sa double appartenance à l’Algérie, son pays natal, et à la France, là où il servit, où il vécut, un homme marqué par le racisme dont il a été victime, qui a suivi son chemin, contre vents et marées.

Les derniers mots de ce livre donnent à réfléchir «  Qu’aurions-nous fait à leur place ? »

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La nuit, j'écrirai des soleils

J'ai longtemps eu du mal avec Boris Cyrulnik, pas envie de le lire, ses interventions fréquentes sur France Inter m'agaçaient. Autour de moi, les propos sur celui qu'on qualifiait d'inventeur du concept de résilience m'exasperaient. Mais non, disais je, Sharko parlait déjà de résilience ! Effectivement, mais ce n'était pas une raison pour le bouder.

Et puis il y a eu le premier Confinement et j'ai entendu un homme qui disait des choses très justes et qui a été l'un des premiers, l'un des rares à prédire ce qu'allait engendrer la privation du droit fondamental d'aller et venir.

Et puis il y a eu l'avc et la découverte de cette science qui se cherche encore : la neurologie.

Alors j'ai lu ce livre et j'ai découvert un soleil, celui que tout le monde aime, qui fait danser et chanter quand il revient, qui donne le sourire. Qui transforme les non en oui, ce soleil qui créé la vie aussi la nuit.

Un soleil qui m'a dit que j'étais un imbécile et qu'il était urgent de changer d'avis.
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Des âmes et des saisons



Simone de Beauvoir raconte qu’un des sujets d’agrégation qu’ils avaient imaginé avec Sartre était :

L’âme et le corps. Ressemblances. Différences.



Et ça les faisait mourir de rire. Moi aussi.

Dans « Des âmes et des saisons », Boris Cyrulnik s’attaque à ce problème philosophique, sous l’angle du changement que l’humanité a vécu depuis 300 000 ans d’abord à cause des glaciations, de la sécheresse (1 ) , puis dans les affects différents dus à l’idée de famille naissante (2), enfin, troisième aspect de l’écologie, les croyances , les mythes et les normes culturelles (3).



1 Les rapports de domination de l’homme sur la femme, et l’existence de dominants dans les meutes humaines s’expliquait par les conditions de vie difficile : Il faut tuer le mammouth et le rapporter aux femelles qui allaitent les petits. Tuer pour ne pas être tué. Il faut être violent, l’homme, le vrai, doit tuer. La femme dans l’ombre, pas le temps ni l’esprit pour « l’amour »



2 Pourtant, à l’âge paléolithique, les rapports de domination n’existaient pas, les chasseurs cueilleurs ne possédant rien, et ne mangeant que des feuilles et des fruits ils ne se faisaient pas la guerre. Au néolithique, il y a 10 000 ans, avec l’invention de l’élevage et de l’agriculture, la notion de famille elle aussi s’élabore : il faut entreposer les céréales, faire des enclos, pour les hommes reconnaître ( enfin, disons) les enfants, alors qu’avant les enfants naissaient dans un clan et n’appartenaient qu’au clan.

3 Il n’est désormais plus nécessaire qu’un homme soit un héros de la guerre, d’ailleurs il n’y a plus de mammouths. Le pater familias n’existe en fait plus non plus, il a persisté au XIX siècle quand les femmes ne travaillaient pas, son image a vacillé avec les congés payés, qui ont permis aux femmes de se prélasser sur les plages. C’est l’image même de la virilité qui en prend un bon coup, on rit lorsqu’on lit certains textes vantant l’héroïsme violent masculin. Les rapports dans les couples n’ont plus rien à voir avec la femme enfantant au fond de sa caverne, ou se mariant pour faire un beau mariage.



Ainsi, le climat, les affects qui changent avec les changements climatiques, et les croyances liées au sexe, ont influencé le cerveau humain.





Quelques exemples de ces nouveaux points de vue :



- Les chasseurs cueilleurs, dit Cyrulnik, devaient être en meilleure santé. Ils étaient aussi beaucoup plus grands, 1m 95 pour les hommes, 1m 90 pour les femmes. Au néolithique, la race humaine mesure en moyenne 1 m 60. La sédentarisation a pour conséquences les pandémies.



- La route de la soie transporte avec elle des outils, des langues, des idées et des croyances( bouddhisme, mazdéisme et islam), elle apporte de beaux tissus en Occident, mais aussi la peste et les épidémies mortelles.



- Tchernobyl , en donnant la parole à des experts non politiques permet la critique du régime et annonce la perestroïka.



- Les guerres aussi ont apporté paradoxalement la liberté aux femmes, qui ont tenu à la place des hommes les commerces, les entreprises et les enfants. En revenant de guerre, les hommes ne savaient plus rien faire.









Ce livre m’a semblé rassembler des conférences données au fil du temps, il y a des redites nombreuses, des illogismes, pas vraiment de fil conducteur sauf les 3 points que j’ai essayé de faire ressortir : l’influence du climat, de l’image de la famille et des croyances qui y sont liées , et presque comme s’il n’avait pas pu s’en empêcher, le rappel des enfants maltraités ou abandonnés restant à vie susceptibles d’être malheureux, la brutalité des relations ( comme à l’ère industrielle naissante )provoque des substances de stress, les informations reçues sont circuitées vers l’amygdale, au lieu que pour les gens heureux, c’est l’ocytocine, l’hormone de l’attachement. qui se sécrète. Pourtant, ajoute Cyrulnik, la résilience est là.



Cependant, pour terminer avec une note gaie, je cite Cyrulnik qui parle de la solitude et des nouveautés, PMA, divorce, travail des femmes à plein temps :



« Les godemichés électriques donnent aux femmes un plaisir physique supérieur à celui que peut donner un homme, mais, comme elles ne vont pas au restaurant avec un godemiché, elles prennent un amant pour cet usage. »

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Dialogue sur la nature humaine

J'aime beaucoup Edgar Morin et Boris Cyrulnik !

Je connais " livresquement" le premier depuis 30 ans, l'autre depuis 10 ans. Ce sont deux philosophes, bien que l'un soit plus orienté sociologie et cognitivisme, et l'autre neurosciences.

D'ailleurs, dans ce "Dialogue sur la nature humaine", ils se complètent bien.

Les thèmes abordés sont nombreux. Par exemple :

"Le cerveau et l'esprit", c'est quelque chose de passionnant !

Les nombreuses "naissances" ou évolutions de nos sociétés aussi !

Nos deux vénérables compères s'interrogent sur les dernières sociétés, "les civilisations historiques", qui s'orientent vers l'abstrait et le virtuel, échappent à la nature, conduisent à tuer pour des idées, et amènent les génocides.

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Cette idée de génocides m'obsède car je ne la comprends pas. Je l'ai déjà exprimé, avec plus ou moins de violence, dans ma récente critique du superbe livre de Jim Fergus : "Mille femmes blanches".

Ou plutôt, je la comprends trop bien :

comme s'efforce de démontrer Nietzsche, l'homme est "Humain, trop humain", et il faut, comme Zarathoustra, franchir la rivière, et aller "Par delà le bien et le mal", le bien et le mal qui sont les critères hypocritement posés par l'homme, qui les utilise sans les respecter !

Friedrich Nietzsche en a souffert jusqu'à la folie ;

Stefan Zweig en a souffert jusqu'au suicide !

.

Liberté, égalité, fraternité, belle devise en vérité, mais qui ne sert pas à grand chose.

Dans ce livre, Edgar Morin montre que la liberté peut être un permis de tuer, et qu'il faut aller vers la fraternité, et même s'il ne prononce pas le mot, il le démontre très bien dans un de ses ouvrages fondamentaux :

"Terre-Patrie" :

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"Au moment où les sociétés éparses sur le globe sont devenues interdépendantes, la prise de conscience de la communauté de destin terrestre doit s'imposer. Nous sommes solidaires dans et de cette planète. C’est notre Terre-Patrie." ( Edgar Morin ).

.

Une dernière image me vient en rédigeant cette critique, c'est celle du miroir de l'exposition de 1963 :

"The most dangerous animal in the world".



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Les Vilains Petits Canards

je l'avais lu assez rapidement il y a quelques années car la lecture m'avait quelque peu ennuyée bien que le sujet m'intéressait et m'importait beaucoup. Je me suis décidée à le reprendre plus sérieusement (n'aimant guère bâcler et aussi pour savoir quel destin je réserve à ce bouquin..). Hélas, je reste sur l'impression d'une lecture pénible, en particulier la première moitié de l'essai qui traite de la formation des "tuteurs de résilience", (entendez par là comme une sorte de tuteur comme pour les tomates, ou encore une béquille, ou encore une petite voix qui une fois ancrée, vous permet de vous appuyer et rebondir en cas de fracas dans votre existence... ) n'en finit pas, longuet, redondant, en plus dans un langage pénible pour le profane : au hasard : "la fillette s'est mise à pointer intensément, pour interagir de préférence avec sa mère" "dès l'instant où l'enfant s'est mise à sémiotiser avec ses gestes, elle a moins pleuré" "ses comportement autocentrés ont diminué" "l'apparition de ce geste déictique lui avait permis d'acquérir une fonction tranquillisante" "si elle n'avait pas acquis ce geste désignatif qui lui permettait de communiquer avec sa figure d'attachement"... etc. (tiens le dico ne reconnaît pas "sémiotiser"...!)

J'ai envie de dire ou c'est un ouvrage de vulgarisation ou c'est un essai scientifique...

Bref, le sujet est passionnant, les exemples pertinents et intéressants mais la forme décourageante.

En plus je relève qu'il cite "certaines pouponnières célèbres comme celle de Médan fondée par Emile Zola..." très intriguée je "vais aux renseignements". En fait, petite rectification, c'est madame Zola qui en 1905 fit donation de leur maison de Médan à l'Assistance publique, et où à l'initiative de son directeur, Gustave Mesureur, fut créée une pouponnière inaugurée la même année. Il semble que, si je comprends bien, Cyrulnik a repris ici une info publiée dans un article de Lebovici, sans la vérifier...

Enfin bon : conclusion : intéressant, lecture pénible.
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