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Critiques de Boris Le Roy (33)
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Celle qui se métamorphose

J'aime à l'occasion m'éloigner de mes lectures académiques pour me laisser tenter par des histoires extravagantes, des histoires comme celle proposée par Boris le Roy où le narrateur Nathan se réveille presque chaque matin aux côtés d'une femme devenue une autre sans être pour autant une étrangère.

Cette histoire prend des contours irréels mais le fantastique ne sert ici qu'à dégager la conscience d'un certain automatisme psychique. L'auteur mélange volontiers le surnaturel, le suspense, le conte psychologique pour créer un cadre mouvant : les métamorphoses naissent comme des hallucinations burlesques aussitôt avalées par le néant, la femme est un véritable mystère qui se dérobe à chaque chapitre, et Nathan dans sa tentative de déchiffrer cette femme énigmatique n'est pas toujours facile à saisir.

L'auteur introduit tant d'incertitudes dans le couple qu'il est parvenu à me faire douter jusqu'au bout quant au profil même du narrateur dont l'observation singulière est au coeur du récit. Guettant l'issue de ce labyrinthe amoureux, je naviguais entre l'intuition d'un homme qui se réfugiait dans la quête insatisfaite d'une femme subliminale à travers une succession d'aventures et le sentiment de confusion permanente d'un homme face à une seule et même femme dans laquelle se reflètent les mutations de la société actuelle.

Les hypothèses bondissent, les questions s'enchaînent et comme l'auteur parvient à semer le trouble dans l'esprit du lecteur ou de la lectrice, ce roman donne le tournis.

Le thème est également séduisant en utilisant les transformations comme support à une réflexion poétique. Malheureusement l'écriture analytique a rompu le charme, du moins elle ne coïncide pas avec la légèreté à laquelle j'associais l'idée de départ. le style aplanit le récit là où l'histoire invite à mon avis à une certaine rêverie, à la digression, ou à une simple fantaisie.

Lecture en demi-teinte, cela ressemble à un rêve ou à des illusions dont on ne peut rien retenir.
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Celle qui se métamorphose

Cette histoire oscille entre le récit fantastique et le conte allégorique.

Un homme découvre que sa compagne se métamorphose petit à petit, au départ, ce n'est qu'une impression, et puis elle devient une autre personnalité, avec un autre métier, une autre famille, d'autres origines, le physique se modifie puis cela devient de plus en plus étrange et délirant. J'ai aimé ce jeu empreint d'une certaine folie, avec un style qui me rappelle les romans de Jean-Philippe Toussaint, avec son héros perdu, déconnecté du monde. On peut y voir une parabole sur la vie de couple, ces moment où on ne semble plus se comprendre, ou l'être qu'on arrive jamais à saisir complètement, qu'on voudrait calquer sur notre propre personnalité, notre image et qui finit par glisser entre nos doigts. Et le fantastique n'est jamais très loin, avec quelques moments dignes de thriller (l'histoire des cheveux par exemple). Mais malheureusement, l'ensemble est inégal, certains passages m'ont paru superflus, j'ai trouvé les séances de psy trop réaliste, manquant de fantaisie et de folie et dénaturant justement l'aspect fantastique, pareil pour le passage au tribunal ou le roman tombe dans le polar ordinaire, cassant le rythme et le délire. Je ne suis pas non plus convaincu par le passage mystique. J'ai trouvé que l'ambition de l'auteur était trop grande, en voulant englober la totalité de la panoplie que le sujet pouvait explorer, certains éléments sont moins bons que d'autres et atténuent l'effet d'ensemble. J'ai eu l'impression de lire plusieurs romans différents, des très bons, là où on est le plus proche je Jean-Philippe Toussaint avec l'enfermement, ou dans les moment de fantastique frisant même la science fiction par moments, dans ceux qui nous laissent entrevoir un jeu d'allégorie, ou les moment intimistes sur le couple à l'écriture soignée, et d'autres très moyens, le polar, la quête mystique ou l'aspect psychologique. C'était une lecture intéressante, avec vraiment de bons moments, mais l'ensemble n'est pas totalement maitrisé et aurait mérité de moins se disperser,
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Celle qui se métamorphose

Celle qui se métamorphose est un court roman hors-norme ! Entre la fable, le fantastique voire l'essai psychologique, ce roman, tout comme la femme de Nathan, se transforme et possède mille facettes.

Le début du roman m'a bien plu. Nathan se réveille un matin et la femme à ses côtés n'est pas sa femme, ou pas tout à fait sa femme. C'est étonnant ! Ce physicien des particules se retrouve confronté à un "problème" qu'il doit résoudre. En bon pragmatique, il cherche la solution dans plusieurs disciplines, comme la science bien sûr, mais aussi la psychiatrie, la philosophie, la religion ou la poésie...

Pendant ce temps, Anne, sa femme (?), continue de se métamorphoser, devenant Ann, puis Anna, puis Hannah, à l'infini. le récit de ces modifications ainsi que de son voyage en Israël m'a plutôt déroutée, l'ensemble devient confus et prend une tournure mystique. J'ai même lu en diagonale ce passage, ce que je fais très rarement.

J'ai davantage apprécié la fin... Mais je ne vous en dis pas plus.

Dur de porter un jugement sur ce texte. Ce qui est sûr, c'est qu'il est singulier. Mais son aspect protéiforme me fera sans doute l'oublier très vite. A l'image de Anne, il est insaisissable.

J'ai aimé la plume de Boris Le Roy et ses nombreuses digressions qui m'ont plutôt amusée. J'ai parfois pensé à Topor, Gombrowicz ou Ionesco pour le côté absurde aux frontières de la folie mais le texte a de nombreuses faiblesses à mon goût et n'égale pas les grands auteurs cités plus haut.

Je n'en déconseille pas la lecture. Mais attendez-vous à être surpris et ouvrez grand vos chakras littéraires !
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Celle qui se métamorphose

Ce livre est une expérience de lecture originale. Cet homme qui chaque jour découvre sa femme différente à son réveil, autre prénom, autre métier, et pourtant, elle, elle a toujours le même mari. Et on est prit dans la tourmente : que lui arrive-t-il ? Mythomanie ou autres délires schizophrènes ? Est-il même coupable de sa disparition ? Pouvons-nous être coupable de nos rencontres, des changements que l'on subit ? Ce roman est fantasmagorique, une fantaisie, peut-être même une allégorie de ce que l'Homme doit subir chaque jour des changements incessants du monde contemporain. un délice de questionnements, sans être certain d'avoir tout compris.
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L'Éducation occidentale

Une phrase de 150 pages pour détailler les phases d’une autopsie géante, puzzle morbide dont Ona devra échantillonner les pièces éparses, corps démembrés ou composants d’explosifs. Pièces à conviction d’un attentat terroriste perpétué sur l’affolé marché d’Abouja. L’observation du carnage est crue, privée d’émotion. À l’exception, peut-être, de cette tête décapitée qu’Ona reconnaît. Son chauffeur. Que fait-il là ? Il faudra tout « reconstituer ».

Boris Le Roy décrit l’horreur telle qu’elle est, parce que la censure qui sévit à notre époque dénature les massacres, en efface l’humanité pour tout archiver, détourner les regards, passer à autre chose. En anglais, quand les images sont trop explicites et susceptibles de choquer, on dit qu’elles sont « graphic ». Boris le Roy va plus loin que le « graphic », puisant dans tous les registres. Les chairs meurtries sont dépeintes à la manière de Francis Bacon, du Caravage… ou de Pollock, si j’osais. Il est là l’intéressant paradoxe : en décrivant la barbarie de manière clinique, il rend aux victimes la dignité que le dégoût et le déni communs leur enlèvent. Il n’y a pas de guerre propre. L’expression « frappe chirurgicale », par exemple, est une aberration linguistique, complice de son auteur. Idem pour l’attentat kamikaze : il faut exposer pour ne pas banaliser.

Ce livre, quelquefois éprouvant (âmes sensibles s’abstenir), montre que le roman, lui seul, peut devenir un témoin objectif du malheur. J’ai aussi admiré la manière dont la forme (une prose telle une trajectoire de balle) sert le propos de l’auteur. Dans les pas d’Ona, en la suivant dans sa terrible besogne, on apprend beaucoup sur le Nigéria et le terrorisme qui le gangraine. Autant de digressions, de parenthèses, qui permettent de reprendre son souffle.

Bilan : 🌹🌹

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Au moindre geste

Ugo, jeune architecte, voit débarquer les RG chez lui, à la recherche de son père, ancien activiste d' extrême gauche et mort il y a des années alors qu'il n'était encore qu'un enfant ... Et si on lui avait menti ? Il va donc se lancer sur ses traces.

Un scénario bien sage, bien convenu pour ce premier roman. Quelques maladresses aussi, comme cette scène d'amour qui tombe comme un cheveu sur la soupe...et en plus tout à fait dispensable ! Il en faut absolument une dans un thriller ?

Mais à côté de ça, j'ai trouvé l'écriture de Boris Le Roy intéressante et prometteuse, j'ai ralenti ma lecture pour savourer certains passages...ce monsieur à un sens de la formule indéniable. Son écriture s'adapte admirablement aux différents rythmes de son histoire.

Pas encore un livre inoubliable, mais une carrière à suivre...
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Celle qui se métamorphose

Cette histoire met clairement en avant notre rapport à ‘la relation à l’autre’. Un sujet interpellant, sérieux et d’une grande importance dans les relations de couple et aux autres, néanmoins tourné avec beaucoup d’adresse et d’intelligence sur le ton de l’humour.



Après avoir lu la présentation de l’éditeur, je m’attendais à découvrir un drame psychologique mais je me suis laissé surprendre par cette histoire amusante et pleine d’extravagances.



Ces métamorphoses peuvent-elles être admises pour vrai? La question de la plausibilité des événements est constante. Et pourtant, la première page plante le décor: « D’après une histoire vraie ».



Je ne peux évidemment pas entrer dans les détails du contenu au risque de vous ôter quelques surprises. Mais je peux vous dire que « Celle qui se métamorphose » est sans conteste, un livre au style tout à fait singulier et plein d’originalité,



À découvrir!
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Celle qui se métamorphose

Lu en deux fois, première tentative, je n'ai pas du tout accroché et j'ai temporairement renoncé. Deuxième tentative, j'ai accueilli le texte sans chercher à comprendre où l'auteur voulait me mener. Libre de ressentir ou pas une émotion. Du coup, j'ai rencontré Nathan et accepté ses contradictions, ses errances et cette folie singulière qui guidait ses choix. Voilà un roman qui peut déranger mais qui se révèle au final une expérience de lecture (philosophique ?) intéressante.
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Celle qui se métamorphose

Celle qui se métamorphose étonne son lecteur autant que son narrateur. Ce dernier, après une nuit ordinaire, se réveille au côté de sa belle. Mais, soudain, la peur l’étreint à la vue d’Anne : son visage, ses cheveux, son corps se sont métamorphosés. Pourtant, il est sûr que celle qui parait être une étrangère par son physique est bel et bien sa compagne.



Tous les jours, elle changera de forme, devenant Anna, Hannah, Han Ah, etc., jusqu’à ce que son petit ami en ait le tournis. Complètement perdu face à ce mystère, le narrateur nous transmet parfaitement ses troubles et ses inquiétudes. Est-ce qu’il est face à un épisode surnaturel, à une transformation divine ou bien est-il juste victime d’une hallucination à long terme ?



Avec son écriture sensible et aérienne, Boris Le Roy magnifie la féminité. Et surtout, il démontre une vérité toute simple que beaucoup oublie : la féminité est multiple et infinie, il n’en existe pas un modèle à recopier.



Néanmoins, lorsque le narrateur commence à chercher une explication rationnelle, c’est là qu’il m’a perdu. Dès qu’il tente de raccrocher les métamorphoses aux écritures saintes, j’ai complètement décroché. . Je préférais rester dans le mystère, dans la poésie, et ne pas me dire qu’Anne était peut-être une réincarnation divine sortie d’un texte biblique oublié. Finalement, l’auteur est allé un peu trop loin pour moi et j’ai préféré la forme au fond.
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Celle qui se métamorphose

Ce livre de Boris Le Roy fait preuve d'une douceur hypnotique, d'une grande intimité avec le lecteur et d'un humour permanent , souvenez vous: Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant.. D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime.. Et qui n'est, à chaque fois, ni tout à fait la même. Le narrateur s'appelle Nathan Mesme et sa psy le Docteur Saint Anne.. Ce petit livre de 170 pages est plein de tiroirs , les personnages principaux sont des physiciens nucléaires du CERN et le cheminement des particules ont à voir avec les métamorphoses de sa compagne. La métamorphose comme métaphore des relations hommes femmes, dans tous les cas une fable mêlant la science, la religion, l'amour et l'inconscient parfaitement écrite et jubilatoire jusqu'au bout.
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Celle qui se métamorphose

Une enquête philosophique, une déclaration d'amour au vivant. Dans ce roman tiré "d'une histoire vraie", on retrouve les thèmes chers à Boris Le Roy, le rapport à l'autre, la sensualité, l'étonnante absurdité humaine, un sens à tout ça ?

Nathan le personnage principal nous emmène dans sa folie ordinaire à un rythme effréné, le tourbillon de la vie. D'une drôlerie désanchantée, le propos tantôt grinçant tantôt émouvant nous renvoie implacablement aux questions existentielles.
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Celle qui se métamorphose

L'histoire commence très vite. le personnage principal est face aux juges qui s'agacent de ses réponses qui ne semblent pas satisfaisantes à leurs yeux. Qui est cet homme? de quoi est-il accusé ? Que s'est-il passé ? Des métamorphoses ? Vous l'aurez compris, l'intrigue est particulièrement saisissante et tient en haleine le lecteur jusqu'au bout.

Je découvre aussi avec ce livre une belle plume pleine d'humour, une histoire passionnante, et surtout un point de vue original sur le thème du couple et le rapport à l'autre.... de belles réflexions qui mettent en lumière la complexité des relations homme-femme.

Finalement, c'est un pari fort réussi et une lecture très agréable!
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Celle qui se métamorphose

Drôle d’entrée en matière, le style me déconcerte, l’histoire me déconcerte. Nathan se réveille un matin et il croit rêver, la femme à ses côtés n’est pas sa femme… de fil en aiguille il observe les transformations plus ou moins subtiles qui s’opèrent.

Un récit un peu délirant, une histoire à laquelle je n’ai pas accroché car je n’arrivais pas à y croire. Un vocabulaire (psy…) trop technique à mon goût. Bref je n’ai pas réussi à y voir « le mystère de la féminité » ni « la nécessité d’une réinvention permanente de soi dans la relation à l’autre ». Les thèmes, trop abstraits, à mon goût ont fait que je n’ai trouvé aucun plaisir à cette lecture.



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À l'ombre des pirates

Roman de piraterie pour les jeunes lecteurs (9-10 ans) ou pour les lecteurs peu expérimentés. Le récit est bien, quoiqu'un peu bébé, et il traite entre autres de la thématique de l'esclavage (traite d'esclaves) au temps de la piraterie.
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Celle qui se métamorphose

Acheté jeudi matin, je n'ai pu le lâcher qu'une fois terminé. Les pages se tournent si facilement qu'il est difficile de s'interrompre dans la lecture. C'est rare ; il faut en profiter!

"Quand une femme peut en cacher une autre"… Entre fable surréaliste, moments de comédie et digressions philosophiques, le nouveau roman de Boris Le Roy est riche, haletant, drôle et surtout très agréable à lire.

Un des romans à ne pas manquer lors de cette rentrée littéraire.
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Ma première fois

C'est bien d'une première expérience sexuelle dont il est ici question, cette première fois que l'on mentionne en rougissant, celle sur laquelle on n'a pas besoin de s'étendre pour que tout le monde ricane bêtement.

C'est donc la première fois d'un jeune garçon, avec une jeune étudiante américaine qu'il appellera O. pour ne pas trop en dévoiler. Une première fois avec en fond sonore la télévision diffusant des images d'une énième guerre au Moyen-Orient. Une première fois tout en émotion, comme toutes les premières fois. Parce que dehors, parce que là-bas, c'est la guerre mais qu'ici, maintenant, la vie continue.



Je ne sais trop que penser de cette lecture. Je trouve le texte un poil trop court, trop rapide, trop facile. Si j'aime d'ordinaire beaucoup cette collection, ce n'est pas ce titre que je conseillerais.
Lien : http://ca-sera-comment-dis.b..
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Au moindre geste

Une histoire entre un fils, son père et une dame. Ce n'est pas très prenant. On a parfois un peu de mal à comprendre les motivations des uns et des autres. toutefois après les retrouvailles on a envie de savoir comment ils vont s'en sortir.

Il y a des longueurs dans les descriptions.
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L'Éducation occidentale

Plongée saisissante et tour de force littéraire dans le Nigéria contemporain confronté au terrorisme de Boko Haram.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/01/11/note-de-lecture-leducation-occidentale-boris-le-roy/



Publié en 2019 chez Actes Sud, le troisième roman de l’acteur et scénariste Boris Le Roy nous offre un torrent puissant et de la foudre saisissante. Plongés d’emblée dans le flot des notes fiévreuses inscrites à toute allure dans son journal de bord par Ona, policière française experte détachée via l’ONU auprès des autorités nigérianes, décrivant le tumulte à refroidir et analyser en permanence que constituent les premières minutes suivant un attentat terroriste de Boko Haram sur un marché populaire d’Abuja, la capitale de la fédération, la lectrice ou le lecteur ne reprendront jamais leur souffle. Et tant mieux.



Gorgé de flashbacks qui peuvent être aussi bien étonnamment intimes que brutalement géopolitiques, de pensées parasites qui se faufilent comme aux forceps dans la réalité urgente des décombres et des cadavres à sécuriser, le récit, nécessairement chaotique, se structure néanmoins avec maestria, sous l’impact décisif, chevillé au corps et à l’esprit, de la nécessité du professionnalisme et de la froideur analytique, contre toutes les données aléatoires, horribles, de l’immédiat lendemain (décompté en minutes ou dizaines de minutes) de l’attentat. Non pas un journal, mais le flux de pensée entourant et surplombant la rédaction d’un journal, la tentative en action même d’instiller de l’ordre au milieu du chaos – somptueuse métaphore dans la métaphore.



Issu d’un séjour de quelques mois effectué par l’auteur au Nigéria, ce roman, au-delà du véritable tour de force littéraire que constitue sa technique d’écriture et l’immersion radicale qu’elle provoque, saisira la lectrice ou le lecteur par sa profonde intelligence déployée tous azimuts, sans étalage ni esbrouffe. Décryptant avec brio le Nigéria d’aujourd’hui en évitant avec un soin particulier tous les clichés paléo- et néo-colonialistes, Boris Le Roy, par la voix / pensée de l’expatriée Ona, nous confronte à une haine et à un rejet, ceux de l’alphabet latin (« Boko »), ceux de l’éducation occidentale en résumé extrême, comme fondation et comme prétexte d’une entreprise de terreur multivariée. Mobilisant aussi bien l’histoire du pays (certains épisodes, logiquement, nous renverront l’espace fugace d’une étincelle intellectuelle aux constructions poétiques et imaginaires, labyrinthiques comme il se doit ici, de Tade Thompson aussi bien que de Christopher Okigbo) que les strates ethniques, religieuses et socio-économiques qui le caractérisent de nos jours (inventant avec une cohérence magnifique les voix ad hoc, dans les fréquentations d’Ona, chaque fois que nécessaire), l’auteur nous plonge dans les réalités d’une guerre idéologique et d’une coopération mutante, d’une série de corruptions et d’une série d’émancipations, multipliant avec une ruse extrême les angles de vue (on songera certainement ainsi au brio déployé par Harry Parker dans « Anatomie d’un soldat », à propos de la guerre en Afghanistan, cette fois). En jouant à l’occasion entre des accents qui viendraient du Oliver Rohe de « Ma dernière création est un piège à taupes – Mikhaïl Kalachnikov, sa vie, son œuvre » et d’autres qui se seraient échappés de chez le James Manos Jr. de la série télévisée « Dexter », Boris Le Roy déploie à merveille le spectaculaire marchand inscrit au cœur du terrorisme, et son utilisation sans vergogne par ses ennemis même, dans tous ses impacts ramifiés et pas toujours soupçonnables.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Celle qui se métamorphose

Quand Nathan se couche au côté d’Anne il n'imagine pas qu'il se lèvera au côté d'Ann, une version un peu différente de sa compagne. Après une journée difficile, il se couche et ... se réveille au côté d'Anna, une version un peu plus éloignée encore d'Anne. Une consultation psychiatrique s'impose pour un Nathan qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Mais qui peut croire à cette histoire de métamorphoses ? Ses collègues semblent, eux, reconnaître chaque jour sa nouvelle compagne. Sa mère, elle, ne comprend pas qu'il change si souvent de petite amie. Quant aux professionnels, à défaut de connaitre ces étranges symptômes, ils se demandent s'ils ont face à eux un mythomane.



Cet ouvrage se découpe en trois parties. Il démarre par la mise en place de l'intrigue avec les deux premières métamorphoses.

L’intrigue est singulière, l'idée même développée est inhabituelle. Le style est clair, attrayant, tout en étant philosophique. On est rapidement pris dans l’histoire, on veut comprendre le pourquoi, le comment. Comment peut-il supporter cela ? Pourrions-nous le supporter si cela nous arrivait ?

Suit la liste des métamorphoses, certaines très axées autour du sexe. Une liste à la Prévert qui n'a d’intérêt que de nous donner la clef de lecture de l’évolution entre chaque compagne. Cette partie ne m’a pas du tout intéressée, j’ai même eu la tentation de la sauter.

On termine sur la quête de compréhension de Nathan. Puisque les professionnels ne peuvent l’aider, il décide de partir aux origines, à Jérusalem. Il emmène avec lui trois versions de sa femme, chacune à l’image de l’une des religions représentées dans cette ville. Une quête mystique qui apportera peut-être la réponse à cette énigme. Une nouvelle partie, un nouveau style, ésotérique et de nouveau philosophique.



Pour conclure, même si l’intrigue était originale, je n'ai pas vraiment apprécié ce livre. Le début était prometteur et j'espérais dévorer la suite avec le même plaisir. La seconde partie, rapide a cassé le rythme et finalement, de lassitude et par perte d'intérêt, je n'ai pas réussi à rentrer réellement dans la dernière partie.



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Celle qui se métamorphose

Une histoire étrange, oscillant entre le fantastique et le thriller.

Un homme se retrouve surpris par les transformations de sa femme, se réveillant au côté d'une femme, ressemblant juste assez à la sienne pour être reconnue avec un je-ne-sais-quoi de différent.

Un récit allégorique dans lequel le narrateur (très peu fiable) se sent émasculé par sa compagne, devenue aussi voire plus grande que lui, qui auparavant travaillait à ses cotés pour au final être devenu sa cheffe.



Moyennement convaincu par ce livre, qui malgré son aspect intéressant, est rendu assez énervant par un narrateur qui semble chercher à se sentir supérieur à sa compagne et ne supporte pas qu'elle puisse devenir supérieure à lui. Cela devait surement être l'effet escompté.



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