La vie ressemble à une coquille typographique : sans cesse nous écrivons et corrigeons son texte.
- Pendant le spinning, dis-je en marchant de long en large, je veux que vous ayez l’air de faire la gueule. Je ne veux voir personne s’amuser. Pigé ? – Je m’interromps pour allumer une cigarette – Il y a de la techno, de la house, de la house hard, de la belge et de la gabba – Je m’interromps de nouveau, pas très sûr de savoir où je vais, puis je décide d’enchaîner en disant : Je ne veux pas de la sueur dans un hangar réel. Je veux une impression de sueur-dans-un-hangar dans une boîte de trois millions de dollars avec deux salons VIP et quatre bars.
J’avance sur la pointe des pieds en direction de la cuisine mais je m’arrête en entendant la respiration rauque des deux chows-chows, qui n’ont cessé de m’observer depuis l’autre bout du hall d’entrée, leur grognement paisible audible à présent. Je me retourne et leur adresse un piteux sourire.
- Mais dans le coup, c’est dépassé, dis-je en plissant les yeux pour voir où nous nous dirigions.
[…] – Tu veux dire quoi, Victor ?
- Dans le coup, dépassé. Tu piges ?
- Dans le coup… n’est plus dans le coup ? C’est ça ?
Je le fixe du regard au moment où nous entamons une nouvelle volée de marches.
- Non, dans le coup dépassé. Dépassé dans le coup. Simple, non ?
JD cligne les yeux deux fois, en frissonnant, tandis que nous nous enfonçons dans l’obscurité.
- Tu vois, dépassé est dans le coup, JD.
- Victor, je suis assez nerveux comme ça. Ne me fais pas ça aujourd’hui.
- Tu n’as même pas besoin d’y penser. Dépassé est dans le coup. Dans le coup est dépassé.
- Attends, OK. Dans le coup est dépassé ? J’ai bien compris ça, non ?