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Critiques de Bruno Markov (33)
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Le dernier étage du monde

Tandis que son patron demande à Victor, son stagiaire : “- Quel est ton objectif à trois ans, Victor ?” celui-ci répond : “- Dans trois ans, je veux être au moins consultant senior”, alors qu’il pense : “Facile. Remettre les compteurs à zéro.

Te confisquer tout le bénéfice que tu as pu tirer de la destruction de mon père. Ta réussite, ta valeur, mais aussi tes relations, tes certitudes, ta joie de vivre…Le summum, l’idéal, serait que tu te suicides à ton tour.”

Victor va mener un combat contre l’ennemi qui a conduit son père au suicide, à France Télécom ; il endosse le costume du parfait et brillant consultant en Intelligence Artificielle pour le venger.



Le narrateur nous propose alors une immersion dans un monde où des ingénieurs activent les neurotechnologies, la réalité virtuelle, la réalité augmentée, l’intelligence artificielle, la blockchain pour influencer nos comportements en augmentant la désirabilité à l’égard de certains produits.



Ce roman fait souvent appel à la novlangue du conseil en intelligence artificielle et ne contient pas de glossaire, en voici un dont j’ai essayé de simplifier les définitions :

Astroturfing : Utilisation de techniques algorithmiques à des fins publicitaires.

Bullet Points : Puces promesses qui vont déclencher l’acte d'achat grâce à des points clés.

Quick wins : Une mesure simple à mettre en place qui aura un fort retentissement dans l’entreprise.

Blockchain : Une chaîne de blocs est une une base de données qui contient l’historique de tous les échanges entre les utilisateurs.

Data scientist : Conseil en analyse de données.

Data broker : Ce métier consiste à aspirer toutes les données disponibles en ligne, pour construire un profil de chaque individu qu’il revend à des annonceurs.

Datacenter : Lieu où sont regroupés les équipements constituant un système d’information. sert à traiter, organiser, sécuriser et conserver les données.

geeks : Personne à l'affût des nouveautés technologiques.

Hacking : Piratage

IA : Intelligence Artificielle

IoB : Internet of Behaviors est un terme de consultants pour désigner toutes les techniques utilisées par les entreprises pour comprendre, influencer et modifier le comportement des internautes grâce aux données dont elles disposent sur eux: en analysant leurs ressorts psychologiques, en leur affichant les informations sous l’angle qui leur convient le mieux.

Métavers : Nouvelle version d’internet dans lequel de nombreuses personnes peuvent se téléporter et interagir grâce à la réalité virtuelle et la réalité augmentée.

Networking : Réseautage.

Réalité augmentée : Technologie qui permet d’intégrer des éléments virtuels en 3D au sein d’un environnement réel.

Triggers points : Points de déclenchement, arguments-clés capables d’orienter des opinions en résonance avec les valeurs et croyance des personnes.

Les chaînes de Markov : ( Oui, cela ne s’invente pas, du nom de l’auteur ! ) mais je n’arrive pas à simplifier la définition.



Dans cet univers, certains disent : “Je supervise les modèles actuariels.

Je certifie la compliance des processus bancaires. Je coordonne les initiatives d’open innovation.”

Bruno Markov nous parle journalistiquement d’un milieu professionnel qu’il connaît bien car il a été consultant en intelligence artificielle et en stratégie d’innovation auprès de grandes banques et d’entreprises du CAC40 pendant douze ans.

Les hommes de référence sont Bill Gates, Larry Page, Sergey Brin, Elon Musk, Mark Zuckerberg, Chris Murray…. Quant aux investisseurs, ce sont : Facebook, Twitter, Airbnb, Uber, Snapchat, Pinterest, Instagram, LinkedIn, WhatsApp.

Les références sont réalistes et crédibles, étayées comme celles des suicides à France Telecom suite à sa privatisation qui signait son entrée dans ce monde technologique.



Ce roman pose des questions actuelles et pertinentes à propos de l’I.A., composante inéluctable de notre monde, qui modifie et modifiera notre vie maintenant et à l’avenir.

Nous en avons eu récemment un aperçu avec l'affrontement entre Raphaël Enthoven, philosophe, et ChatGPT, le robot d'I.A., qui rédigèrent une dissertation de l’épreuve du bac : “Le bonheur est-il affaire de raison ?” Résultat : ChatGPT, en 1 minute, 11/20 et Raphaël Enthoven 20/20 en 1h30. Je vous laisse en tirer votre conclusion.

Nul doute que, si l’auteur en avait eu connaissance, cette opposition aurait été introduite dans ce roman à la place de la confrontation aux échecs entre Garry Kasparov et l'ordinateur Deep Blue en 1997.



Ce livre constitue au final un véritable roman à suspens d’un genre nouveau où stratégie et influence sont au coeur d’une bataille économique et politique aux enjeux considérables : détenir le nouvel or noir, celui des données personnelles des gens.



L'émergence d’un espace incontrôlé, celui des sentiments, que Victor a préservé comme une fleur dans le désert, s'oppose, fort heureusement, dans cette histoire, à l’univers professionnel “high tech”.



Si vous cherchez un thriller et que vous voulez sortir de la zone de confort du genre, alors montez au “dernier étage du monde”.

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Le dernier étage du monde

Bienvenue dans Le dernier étage du monde, un endroit inaccessible au commun des mortels, réservé à une seule « élite ». Bruno Markov va vous le faire visiter en long et en large, jusqu’aux moindres recoins, placards et passages secrets compris.



Victor est un surdoué. Et un jeune homme détruit, dépressif, suite au suicide de son père. Il n’a qu’un objectif pour sortir de son état, la vengeance. Faire payer les responsables.



Victor va se comporter comme un espion infiltré. Sauf qu’il ne travaille que pour lui, que pour son but ultime.



Sa cible : le monde des cabinets de conseil, qui font la pluie et le beau temps dans ce monde capitaliste, bien davantage que n’importe quel gouvernement.



Ses armes : sa capacité hors norme à maîtriser les algorithmes et l’intelligence artificielle. Une tête, comme on dit. Ce qui n’est pas le cas de tous ceux qui vont l’entourer dans l’ascension sociale qu’il projette.



Il va côtoyer nombre de personnes qui vont profiter de ses talents pour les vendre au prix fort. Et lui-même devra se brader pour arriver à ses fins, dans ce monde du conseil ; marchands de vent. Qui pour beaucoup ne créent aucune valeur dans cette société mercantile. A citer régulièrement L’Art de la guerre, le livre de Sun Tzu, à bon escient.



Bruno Markov n’est pas un opportuniste qui s’empare d’un sujet à la mode. Il a travaillé 12 ans dans ce monde-là, particulièrement autour des IA et de la stratégie d’innovation. Bossant pour de grandes banques et de grands groupes. Autant dire qu’il sait de quoi il parle, connaît les arcanes du système.



Séduire, conquérir, soumettre. Le credo de ces cabinets conseil, où la réussite (individuelle) prime sur tout le reste, même s’il faut écraser les gens et les entreprises audités. L’auteur a d’ailleurs intégré des passages sur l’horreur des suicides chez France télécom durant les années 2000 qui font froid dans le dos.



Comme le dit un personnage, l’un des commandements du milieu est « Baisez vous les uns les autres ».



Ce sujet et ces manières de faire et d’être vous hérissent le poil ? Pourquoi lire ce livre, alors ? Réponse : parce qu’il est tout simplement brillant ! Du début à la fin, à tel point que c’est l’un des romans les plus prenants et enthousiasmants de ces derniers mois.



Tout y est, un environnement plus vrai que nature, des personnages forts et ambivalents, une vraie intrigue à étages, et une écriture vive et puissante. Pour un premier roman, c’est tout simplement impressionnant.



Il fallait un sacré talent pour arriver à me prendre aux tripes, à m’immerger à ce point dans un univers aux pratiques qui vont à l’encontre de mes valeurs.



Par quels miracles ? Celui de réussir à nous faire comprendre les codes, les règles et les mécanismes. Celui de dépeindre des personnages terrifiants mais qui restent humains. Celui aussi de nous faire réfléchir sur nos sociétés actuelles et les dérives exponentielles qui nous font foncer dans le mur tête baissée.



Extrait parlant : « L’essentiel des conversations vise à démontrer notre hauteur de vue sur un monde qui ne peut qu’aller dans le bon sens, puisqu’il nous accorde ses premières places. Certes, il y reste quelques petits challenges à relever – changement climatique, inégalités galopantes, érosion des ressources naturelles et de la biodiversité, économie sous perfusion permanente – mais, dans l’ensemble, le système est en passe d’atteindre sa meilleure version. Nous ne sommes plus très loin du but ».



Quel cynisme, n’est-ce-pas ? Ces marchands du conseil croient dur comme fer à cet objectif. Et tous les moyens sont bons pour atteindre ce fameux dernier étage. Pour le cabinet, comme (et surtout) pour l’individu aux dents longues qui y travaille.



Le conseil en entreprise, c’est comme un virus, une fois entré il se développe à vitesse grand V aux sein de toutes les cellules de l’organisme noyauté.



Victor, du fond de sa dépression, décrit bien son état d’esprit et ce qui l’entoure : « La noirceur, c’est comme les cafards et les consultants : dès qu’elle s’insinue chez vous, impossible de vous en débarrasser. Vous en nettoyez une trace et le lendemain, trois autres apparaissent. Seule solution : déménager ». Lui va donc s’installer dans le système.



Pour arriver à ses fins, il va devoir changer d’image, changer de costume, se créer un personnage. Jouer au caméléon. Mais à force de se comporter autrement, à trop vouloir ressembler à son objectif, le risque de se perdre est immense.



Victor veut se venger, c’est son seul objectif. Et pour cela, il doit détruire sa cible. Coûte que coûte, par tous les moyens, y compris tous ceux qu’il combat.



Mais la vengeance n’est pas la justice. Comme il le dit avec impudeur : « Mais le monde est rempli de cocus irréprochables. Et c’est justement par la morale, la justice que l’espèce dominante vous baise. A trop vous préoccuper du bien et du mal, vous renoncez à vous salir les mains, à la battre à son propre jeu. Vos états d’âme l’arrangent bien ».



La grande force du livre, c’est que Markov a réussi à construire une vraie œuvre romanesque, bourrée de surprises et de péripéties, autour de l’ascension fulgurante de cet infiltré. Une version française digne des grands romans américains sur l’ascension sociale, comme Le Bûcher des vanités de Tom Wolfe.



Une peinture très réussie du monde actuel, du moins de la partie qui le régit. Une vision juste du monde, qu’elle nous plaise ou non. Cette société du paraître que nous alimentons tous, consciemment ou non. A la recherche toujours plus poussée de la satisfaction immédiate. Et tant pis si nos données les plus personnelles servent à alimenter le système, à le nourrir jusqu’à l’indigestion. Parce qu’elles n’ont pas de prix pour tous ces cabinets.



L’auteur use avec brio de cynisme et de sarcasme. Instillant de la tension et de la paranoïa pour rendre l’intrigue encore plus prenante. Mais aussi en développant des émotions puissantes et qui sonnent juste. Le capitalisme à outrance pourrait-il laisser de la place pour les sentiments ? Absolument !



C’est bien l’ingrédient essentiel pour faire vibrer le lecteur, le faire même parfois s’attacher à des personnages ambigus, à prendre quelquefois fait et cause pour une vendetta, à ressentir ce que les personnages vivent. A croire à l’histoire.



Et puis, à le faire réfléchir aussi, en lui offrant les données pour alimenter cette réflexion. Le roman est touffu, très documenté, mais jamais rébarbatif, pas une seconde. De quoi se poser les bonnes questions sur le fonctionnement du monde, sur l’éthique, sur la morale. Et l’ensemble des relations interpersonnelles, jusqu’à l’amour.



Splendeur et décadence du système qui tient par la peur (du vide), Le dernier étage du monde est autant une description sans concession des mœurs de notre temps, qu’un formidable roman à suspense. Vrai, immersif à en donner des frissons, dérangeant, heurtant, mais aussi profondément humain.



Pour son premier roman, Bruno Markov réussit un coup de maître, avec ce roman sacrément prenant, écrit à la perfection. Un coup de foudre littéraire, électrisant au possible.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Le dernier étage du monde

La vengeance est un plat qui se mange froid et Victor Laplace a pris son temps pour y arriver. Tel un Comte de Monte-Cristo, il a aussi mis les moyens pour y arriver.



Il aurait pu attendre sa cible dans une ruelle, le tabasser, le flinguer… C’est plus rapide, mais est-ce que ça aurait fait un pitch intéressant pour un roman ? Peut-être pas…



Là, ce sera plus long, plus complexe, plus tortueux et avec le risque de perdre son identité véritable, à force de porter les costumes d’un personnage que l’on n’est pas.



Sans oublier qu’à force de regarder dans l’abîme, l’abîme regarde aussi en nous… Victor Laplace, à force de jouer le game et de pousser ses algorithmes toujours plus fort, risque de se comporter comme les autres, ces puissants qui nous gouvernent au travers des banques, des sociétés de consultant et de l’internet.



Mon plus gros bémol sera pour les quelques longueurs dans le texte. Le roman fait 446 pages et si certains passages m’ont captivés, d’autres m’ont fait bailler d’ennui. Trop de blablas, trop d’introspections, trop de détails sur de l’insignifiant, comme les actes accomplis par Victor au lever.



Certes, ils avaient pour but de nous montrer la vacuité de ces gens qui suivent des programmes de remise en forme, de régimes spécifiques fait à base de protéines, mais ils étaient surtout trop verbeux et j’ai décroché plusieurs fois.



L’autre bémol sera pour le final qui prendra trop de temps, faisant ralentir le rythme à un point tel que je me suis crue enlisée dans la mélasse. Bon, à un moment donné, il faut conclure et ne pas faire durer les choses…



Par contre, les points positifs de ce roman qui parle de vengeance, de sociétés, d’informatique, c’est qu’il est accessible à tout le monde et qu’il vous glace les sangs, lorsque l’on voit comment on se fait manipuler, diriger et sucer toutes nos données.



Le téléphone portable et l’internet ont changé la donne, mais le jour où l’on a mis l’internet sur des smartphones, là, on peut se dire, que l’on s’est fait avoir comme des bleus. Depuis, tout le monde poste tout et n’importe quoi et les sociétés qui se nourrissent de nos données, se les revendant toutes et les utilisant pour mieux cibler qui ils veulent.



Dites-vous bien que grâce aux algorithmes, certains en savent plus sur chacun nous que nos parents, nos enfants, nos amis, nos collègues, nos psys, nos confesseurs,… Pire, ils en savent plus que la CIA, plus qu’un bourreau qui nous aurait torturé et plus que nous, sur nous-même. Même si vous n’êtes pas assidus aux écrans et réseaux sociaux, ces algorithmes sont capables de dresser un portrait de vous des plus fidèle. C’est glaçant.



Ce roman qui parle de vengeance, de déshumanisation, de licenciement, de toujours plus de contrôle sur les humains, au travers d’outils censés les aider, de manipulations, d’Internet, me laisse un peu le cul entre deux chaises et prouve, une fois de plus, qu’on peut ne pas avoir tout aimé d’un roman, mais en ressortir tout de même ébranlée, glacée, mal à l’aise.



Si je devais faire la balance de cette lecture, je dirais qu’elle a manqué d’équilibre et a joué à l’ascenseur émotionnel, me faisant passer d’un ennui profond à certains passages, puis monter dans les hauteurs, augmentant mon rythme cardiaque et me glaçant les sangs.



Une lecture que je ne regrette pas d’avoir faite, je me suis couchée moins bête et plus méfiante encore de ces putains d’algorithmes, même si je ne suis pas une grande utilisatrice des réseaux sociaux.


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Le dernier étage du monde

Il est des livres puissants, brillants qui dérangent , nourrissent et continuent de résonner, d’interroger, longtemps après avoir achevé leur lecture:

C’est ce qui vient de se passer avec « au dernier étage du monde »



Cette immersion dans ce monde de réalité virtuelle, d’intelligence artificielle, d’algorithmes, dans cet univers impitoyable (non ce n’est pas une nouvelle saison de Dallas ! ) a bien failli me noyer !

"Rame, rame, rameurs, ramez

On avance à rien dans c’canoé

Là haut, on t’mène en bateau

Tu pourras jamais tout quitter, t’en aller

Tais-toi et rame ...."



Mes valeurs sont viscéralement opposées aux méthodes de cet univers, le cynisme des individus prêts à tout: séduire, conquérir, soumettre, écraser les gens, les broyer Tout ce que j’exècre.

Il fallut bien du talent à l’auteur pour réussir à me faire vibrer, me captiver dans ce monde de la finance :

Finance et éthique sont antinomiques

Cynisme ne rime pas avec altruisme,

Arrogance ne rime pas avec bienveillance



Ce premier roman de Bruno Markov bouscule, questionne nos priorités,

Interroge : qu’est-ce que la réussite ? Quelles souffrances pour y parvenir ?

Dénonce l’échec de l’internet et des réseaux sociaux qui, au lieu d’améliorer la société, d’élever les hommes, ont eu pour résultat de les déchirer, de les isoler, de les opposer les uns contre les autres, sans discussion, sans recherche de consensus possible.



Le thème de ce roman est bien le point de mire de l’actualité à propos de l’Intelligence artificielle.

L' I.A qui influencera nos comportements par la désirabilité de certains produits, marques , et modifiera notre vie.

Non pour l’améliorer mais pour doubler régulièrement la fortune de ceux qui sont au dernier étage du monde.

A cet étage, il n’y a pas d’amis, seulement des adversaires qu’on garde plus ou moins près de soi . « Baisez-vous les uns les autres » est la seule parole d’évangile.



L’auteur nous parle d’un monde qu’il connait bien pour avoir travaillé plus de dix ans comme consultant en I.A d’où sa maitrise du sujet.



Victor est un surdoué : il maîtrise les algorithmes et l’intelligence artificielle.

Il est ravagé depuis le suicide de son père: ex-cadre de France Télécom détruit par leur politique :

se débarrasser des anciens, de ceux, jugés incapables de prendre le tournant des nouvelles technologies.

Il veut se venger. C’est son seul objectif.

Détruire Stanislas. Faire payer les responsables.

Il va devoir changer son image, se créer un personnage, un avatar, revoir son langage du corps, son savoir-être s’infiltrer dans le camp des vainqueurs, de ceux qui comptent et pour cela renoncer à sa personnalité . Mais le piège est là précisément : ne va t’il pas y perdre son âme ? sacrifier ses idéaux ?

On le redoute tout au long du récit !

Amour, culpabilité, morale ...

« C’est par la morale, la culpabilité que l’adversaire vous baise, en dernier recours.

C’est toujours au nom des bons sentiments que l’espèce dominante vous baise, écrit l’auteur. Ces remparts la protègent en vous faisant croire qu’il serait plus noble de continuer à perdre, de rester insignifiant plutôt que d’aller vous salir à gagner sur son terrain. C’est ainsi qu’elle perpétue sa lignée, sans jamais laisser la place. Epargnée votre mauvaise conscience. »



Un roman captivant, subversif dans une ambiance cynique, du monde actuel : un coup de maître pour un premier roman.







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Le dernier étage du monde

Il est très rare que je rentre si peu dans un roman mais impossible d'accrocher à l'écriture de celui-ci tant elle m'a semblé désincarnée. J'avais l'impression d'être devant une vitrine et de regarder des mannequins en bois. Peut-être convaincra-t-il d'autres lecteurs.
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Le dernier étage du monde

Bruno Markov a travaillé une dizaine d'années comme consultant en intelligence artificielle et stratégie d'innovation auprès de grands groupes du CAC 40. Le Dernier étage du monde, son premier roman, relate ce monde sans pitié où chaque réflexion, chaque décision, n'a qu'un seul but : sa propre réussite, si possible en écrasant les autres !



Victor, surdoué des algorithmes et des big data, est un homme détruit depuis la mort de son père, technicien à France Telecom, qui s'est suicidé sous la pression de sa direction et d'un auditeur externe. Depuis, Victor ne rêve que de vengeance et va tout mettre en œuvre pour intégrer le cabinet de conseil de celui qui est à l'origine du drame familiale. Petit à petit, il va gravir les échelons, s'approprier des codes, des us et coutumes du milieu, quitte à renier sa vie et ses valeurs. A vouloir trop ressembler à sa cible pour l'approcher, il se perd en devenant ce qu'il veut combattre, mais qu'importe, pour lui la fin justifie les moyens, seule la vengeance compte.



Le dernier étage du monde est un livre coup de poing, une claque monumentale qui nous plonge dans le consulting, un monde où le cynisme est le maître mot, où chacun use et abuse de sa position dominante pour étouffer l'adversité qu'elle soit externe ou interne.



Bruno Markov écrit une œuvre romanesque avec des personnages forts et complexes, une intrigue à plusieurs niveaux et un monde qui sonne terriblement réel. Il nous expose froidement les dérives du capitalisme via les cabinets de conseils et nous ouvre les yeux sur l'utilisation par l'intelligence artificielle de toutes les données que nous laissons partout et tout le temps. C'est aussi une critique acerbe de la société du paraitre et de la quête de la satisfaction immédiate.



Le dernier étage du monde est extrêmement bien documenté, parfois un peu long mais jamais ennuyeux. L'auteur prend son temps pour faire monter la tension, faire progresser son "héros" jusqu'au final attendu mais néanmoins surprenant. Ce roman est au consulting capitaliste ce que Les derniers jours des fauves de Jérôme Leroy est à la politique : immersif et dérangeant.


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Le dernier étage du monde

« Le dernier étage du monde » est le premier roman de Bruno Markov. Avant de se lancer dans l’écriture, Bruno Markov a travaillé plus de 10 ans dans le domaine de l’intelligence artificielle auprès de grandes entreprises et de banques prestigieuses du CAC40. J’imagine que certains éléments figurant dans le roman relèvent du vécu, ce qui rend le texte encore plus éclairant. « Le dernier étage du monde » n’est pas un essai sur l’entreprise, c’est un « vrai » roman qui comprend un fil rouge. Victor Laplace cherche à se rapprocher d’un homme qui a brisé son père et par ricochet détruit toute sa famille. Pour cela, il doit absolument se faire embaucher dans le même cabinet de conseil que cet homme, gravir les échelons pour arriver à ses côtés, au sommet, au dernier étage de la société, là où tout se décide et où il pourra réellement l’atteindre pour mettre sa vengeance à exécution. En appliquant consciencieusement les treize articles de « L’art de la guerre » transposés au monde de l’entreprise écrit par Sun Tzu, en utilisant sa maîtrise totale des algorithmes et de l’intelligence artificielle, et en faisant montre de patience et de détermination, Victor espère pouvoir contempler la chute et la mise à mort sociale et professionnelle de Stanislas Dorsay. Cette quête ne pourra se faire sans sacrifices, Victor le sait. À quoi va-t-il devoir renoncer pour parvenir à ses fins ?



Le plan de Victor pour atteindre « Le dernier étage du monde » est théoriquement simple : « Mon monde intérieur s’est stabilisé, structuré autour d’une stratégie claire : m’approcher pas à pas, sans éveiller les soupçons, m’infiltrer chez l’ennemi, au cœur de la machine de guerre, collecter un maximum de données, apprendre à manier les armes qui ont fait sa force et attendre l’ouverture, la brèche où je pourrai m’engouffrer. » Du côté pratique, les choses sont un peu plus ardues. Il faudra séduire, montrer un engagement sans faille, prouver des aptitudes réelles, avoir un vrai professionnalisme instinctif et bâtir un réseau. « Alors, n’oublie jamais que tu joues à un jeu créé par des humains, joué par des humains et arbitré par des humains. À ce jeu-là, mieux vaut avoir du réseau que du talent. Le seul moyen d’avancer, c’est que d’autres joueurs aient envie de te faire avancer. » C’est à ce prix qu’il deviendra l’un des leurs.



Quelle sera l’implication physique nécessaire pour gagner cette guerre ? Lors de sa première évaluation, le verdict est sans appel : si Victor souhaite être placé sur un fast-track (littéralement voie rapide), il peut oublier ses « horaires de fonctionnaire » 9-17. Il devient urgent de passer à la vitesse supérieure s’il veut devenir consultant senior rapidement. Aussi, Victor met en place un programme physique digne d’un champion sportif : sport à haute intensité, révision de ses horaires de travail avec comme but ultime de ne jamais quitter son bureau avant 22 heures, ne pas avoir l’air d’un geek, avoir toujours bonne mine, absorber une dose quotidienne de protéines, éliminer toute forme de sucre et porter l’habit qui fait le moine : « costume Kenzo, chemise Dior, cravate, Gucci, chaussures Boss ». La consécration se fera à ce prix là. Il faut se créer un double, celui qui joue n’est plus Victor, mais son personnage. Incroyablement déculpabilisant… mais très dangereux pour la santé mentale.





Quelle sera la gravité psychologique de telles implications ? Dédoublement de personnalité ? Schizophrénie ? Au début du roman, seule la vengeance importe. Et les conséquences potentielles à devenir un autre par la force des choses ne sont pas évoquées. Bruno Markov nous offre cette incroyable opportunité de pouvoir pénétrer par effraction dans le cerveau de Victor, et, comme au théâtre, d’assister à sa lente progression, ou à son effroyable chute, c’est selon. À l’instar de certaines séries où le spectateur adore le héros, qui est en fait un sombre salopard, le lecteur, ici soutient le projet de Victor, car la cause est belle. Comment l’accomplir sans se glisser dans la peau d’un autre ? Impossible.



Il y a une partie réellement fascinante dans « Le dernier étage du monde » qui décrit à merveille ce qui se passe réellement au dernier étage. On sent que Bruno Markov connaît très bien son sujet. Tous les domaines y passent : du langage bourré d’anglicismes auquel on ne comprend rien, au club privé où le commun des mortels ne peut entrer. Car, au dernier étage, on brille par son pouvoir. On ne désire plus rien, puisque l’on a déjà tout : des plus grands restaurants aux plus belles conquêtes, des clients prestigieux, une réputation qui fait votre charisme. Il n’y a plus qu’à claquer des doigts pour avoir le monde à ses pieds. « À cet étage du monde, toute activité se pare des prétentions artistiques. La mode devient haute couture. La cuisine, gastronomie. La décoration, architecture d’intérieur. En journée, on nous enseigne l’art de la négociation, l’art de convaincre, l’art oratoire. Il est donc normal que nos pratiques nocturnes, à leur tour, soient élevées à ce rang. » Mais attention, la pression est constante et cela l’auteur le montre très bien. Une fois arrivé au sommet, il faut conserver son poste et son aura. Cela est presque aussi fatigant que de gravir la montagne. « À cet étage du monde il n’y a pas d’amis, seulement des adversaires qu’on garde plus ou moins près de soi. “Baisez-vous les uns les autres” est la seule parole d’Évangile. »



Enfin, Bruno Markov va jusqu’au bout dans sa démonstration en posant la vraie question, sous-jacente, celle qui s’applique à tous ceux qui veulent accéder au sommet, en dehors de toute vendetta personnelle : pourquoi s’infliger un tel traitement, et comment en sortir ? Dans le roman, quelques axes de réflexion et de réponses sont donnés. Autant le dire tout de suite, et après l’avoir expérimenté dans mon entourage proche, les réponses risquent de ne pas plaire, mais sont totalement conformes à la réalité. Pour moi, elles démontrent la sagacité de l’auteur dans son analyse de la progression en entreprise, associée à son expérience professionnelle. « C’est compliqué, car tu montes un escalier qui ne cesse de grandir, et qui te propose toujours un nouvel étage à conquérir, un nouveau but à poursuivre. Tu te persuades qu’il faut nécessairement arriver tout en haut pour quitter le jeu. C’est comme ça que tu deviens captif. »



« Le dernier étage du monde » offre également une belle analyse de la puissance des algorithmes associés à l’intelligence artificielle. Pas de panique, il n’est pas question d’une thèse. Tout est expliqué de façon très pédagogique pour être compris par le plus grand nombre. J’ai trouvé cela fascinant et très riche en enseignement. D’autant que l’auteur est un spécialiste de la question qu’il explicite. Il vous sera très facile de comprendre les tenants et les aboutissants, et surtout d’entrevoir toutes les implications couvertes. Personnellement, j’en ai eu la chair de poule. Il est capital de montrer à quel point savoir lire l’avenir grâce aux algorithmes, c’est être prêt pour le futur… D’un point de vue purement sociétal, c’est édifiant pour la suite.

Ne vous trompez pas, « Le dernier étage du monde » est un texte très romanesque, qui aborde, en parallèle des questions de société. On y parle des nouvelles technologies bien sûr, mais aussi d’éthique, de morale, de conscience et de déontologie. L’entreprise comme entité propre qui y est décrite est celle où beaucoup se rendent au quotidien, à différents échelons : une absence totale d’humanité, une vie professionnelle sous « urgence permanente » où l’on court « comme un hamster dans sa roue », et où la quête de sens est omniprésente. Victor Markov désosse un monde, en décortique le fonctionnement, et dissèque la forme d’emprise du pouvoir. « — Alors, pourquoi est-ce que les gens continuent ? Parce qu’ils sont prisonniers de la compétition. » Grandeur et décadence de l’entreprise.



Dans « Le dernier étage du monde », Bruno Markov offre sa vision du cabinet de conseil de demain, quand les algorithmes seront encore plus puissants et qu’ils pourront être utilisés dans différents domaines, quand on pourra s’appuyer sur les deepfakes et l’intelligence artificielle pour dire et montrer tout et son contraire. Nos vies n’auront plus aucun secret pour personne… De quoi trembler !

Ce livre est remarquable d’intelligence ! Précipitez-vous.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Le dernier étage du monde

Le dernier étage du monde est celui d’où la classe dominante surplombe le reste de la société, profite de ses avantages, éblouie par son succès ou éblouissant l’humanité. Victor Laplace vise cet étage, a construit son parcours dans cet objectif lorsqu’il est embauché par le Bates & Green, cabinet de conseil en stratégie. Brillant et manipulateur, il va rapidement grimper dans les échelons, atteindre ce dernier étage. Mais ce qui l’anime il le cache à tous autour de lui. Sa motivation, contrairement à ceux qui l’entourent, n’est pas la fortune et le pouvoir qui vont avec, mais la vengeance. Lorsqu’il était adolescent, son père, cadre chez un opérateur téléphonique, s’est suicidé après la restructuration du service par l’intervention d’un jeune représentant d’un de ces cabinets de conseil. Dès lors Victor ne vit plus que pour venger son père en s’attaquant à ce consultant. Aura-t-il vraiment tout calculé, tout anticipé ?



Bruno Markov (c’est un pseudo) connaît très bien le monde qu’il décrit, pour y avoir travaillé pendant 12 ans. Dans ce roman il décrit un univers où règne la suffisance, la superficialité, une ambition débridée : l’ultra-capitalisme dans toute sa splendeur. Pas d’états d’âme, pas de regret, pas de regard en arrière. Une fabrique de clones cyniques, insensibles, ambitieux et obnubilés par un but qui leur fait oublier d’où ils viennent et qui ils sont. Un monde où la moindre faiblesse peut mener à la perte, où chacun se méfie de l’autre, l’espionne, le manipule. Des produits formatés par une pensée unique tournée vers l’argent, le pouvoir et l’individualisme. L’objectif ultime : appartenir à cette espèce dominante qui écrase tout sur son passage, surfe sur les technologies et les tendances pour monter toujours plus haut.



La description est brillante, à en donner la nausée. En lisant ces schémas comportementaux je n’ai pu m’empêcher d’analyser ceux de mes collègues, passés et présents. Même hors du monde du consulting ces modes de fonctionnement s’appliquent et se multiplient, dans un monde du travail uniformisé. Les milléniums et leurs successeurs inverseront-ils la tendance ? C’est là un autre débat.



Bruno Markov pose dans ce roman des préoccupations actuelles, nous interpelle non seulement sur les comportements humains mais également sur la présence et le rôle des hautes technologies (réalité virtuelle, reconnaissance faciale, manipulation des réseaux sociaux, intelligence artificielle, etc), sur nos choix et ce que nous croyons être notre libre arbitre.



Victor Laplace se transforme en Victor Newman. Une schizophrénie qu’il crée pour se protéger mais dont il pourrait perdre la maîtrise. Le personnage attachant du départ évolue sous nos yeux, se transforme, lutte pour ne pas se perdre. Autour de lui des personnages secondaires tous aussi intéressants les uns que les autres.



Pour son premier roman l’autre nous propose un récit bien construit, dans lequel la dramaturgie est gérée avec brio. La psychologie des personnages est bien développée. L’auteur maîtrise parfaitement son sujet. Il l’ancre dans notre histoire, intégrant dans son récit des faits et évènements qui font écho (la pandémie du covid 19, les révolte des gilets jaunes en France, la crise structurelle chez France Télécom).



Un premier roman brillant, intelligent, subtil, qui, au-delà de la critique d’un système, nous interpelle sur le monde dans lequel nous vivons et nous pousse à nous questionner sur nos valeurs.

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Le dernier étage du monde

La vengeance est un plat qui se mange froid. Pour Victor Laplace, cela va lui prendre 8 ans pour venger son père du consultant qui l’a broyé, en intégrant son cabinet de conseil. Et quand on est simplement un geek hyper talentueux mais qu’on est né ni puissant ni requin, il faut se faire sa place, créer et affuter ses armes. Il faut apprendre les codes du savoir-être pour avoir l’air d’un loup parfaitement intégré à la meute jusqu’à devenir le mâle dominant, apprendre à contrôler tout ce qui pourrait trahir vos sentiments profonds, sans jamais perdre de vue son objectif, sans devenir réellement l’un des leurs. Ce jeu est extrêmement dangereux. On peut à chaque instant tout perdre, à commencer par se perdre soi-même. Cette course sans fin vers la hiérarchie, le succès, l’influence, où mène-t-elle ? Que trouve-t-on au dernier étage du monde ? Mais aussi et surtout : Quels sont les retours de boomerang d’une soumission de plus en plus en plus importante de nos vies à des algorithmes surpuissants qui peuvent nous manipuler comme de vulgaires pantins ?

Bruno Markov prend comme base de l’intrigue la vague de suicides chez les salariés de France Telecom en 2008, et nous plonge en immersion dans le milieu du conseil et de l’intelligence artificielle. Lui-même ex consultant en IA, il connait parfaitement l’univers qu’il décrit, les règles du jeu, le cynisme, la cruauté. La crédibilité de ses personnages et des situations est totale. Hélas je ne suis pas assez au fait des avancées des développements de l’intelligence artificielle pour savoir ce qui, dans le roman, relève de la réalité et ce qui relève encore de la science-fiction, mais j’ai bien compris que nous en prenions de toute façon le chemin. Et c’est flippant.

Ce roman de 450 pages se dévore comme un thriller. Parfaitement bien écrit, bien construit, étoffé, avec un sens de la formule bien dosé, bien placée. En plus de ses qualités littéraires, il nous apporte un éclairage glaçant sur la vampirisation et le détournement de toutes nos données numériques, de plus en plus nombreuses et précises, conduisant progressivement à la perte de notre libre arbitre. Rien de moins.

C’est édifiant, brillant, instructif, indispensable. Car qui aujourd’hui échappe à ces IA qui nous manipulent comme des marionnettes ? Personne…
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Le dernier étage du monde

Je pense que c'est la couverture qui m'a attirée ici. La couverture et le titre. Le dernier étage du monde. Avouez que c'est intriguant. Le résumé ne m'a pas plus emballée que ça, il est un peu indigeste à vrai dire. Mais comme le principe du Comité de Lecture Cultura c'est un peu de découvrir à l'aveugle, je me suis dit que je ferais comme si je ne l'avez pas lu. Et j'ai bien fait. Parce que s'il n'avait tenu qu'à lui, je ne pense pas avoir laissé sa chance au dernier étage du monde. Et pourtant, c'est un coup de cœur.



J'ai relevé dans ce roman plus de citations que je n'en ai relevé dans tous les romans que j'ai lu en au moins six mois ! J'ai été subjuguée par la plume de Bruno Markov, par le personnage de Victor et ce qu'il tente d'accomplir, par ce qu'il raconte, par l'analyse qu'il fait, de la vie, de la société. Le fait que l'auteur ait lui-même travaillé en tant que consultant en intelligence artificielle et stratégie d'innovation, tout comme le fait que mon premier responsable m'ait un jour dit "aujourd'hui ce ne sont plus les compétences qui comptent, mais faire parler de soi", renforcent l'impact des mots et des constats qui sont faits ici. Donne le vertige aussi.



Le roman de Bruno Markov est puissant, il aborde énormément de sujets, tels que le deuil, la réussite professionnelle, les AI… tout en arrivant, je pense, à parler à n'importe qui. Tout le monde pourra reconnaitre une situation ou un comportement ou un personnage, ce qui rend le récit extrêmement réaliste.



Le dernier étage du monde commence par une scène dans laquelle nous découvrons Victor, le héros, à l'accomplissement de sa mission; il a le choix : aller jusqu'au bout ou renoncer, c'est d'ailleurs ce que lui souffle la jeune-femme qui l'accompagne. Puis, nous remontons le temps, quelques années en amont, pour comprendre comment tout a commencé. Nous découvrons un jeune Victor, un peu naïf mais armé pour venger son père. Petit à petit, nous comprenons quelle situation l'a amené là où il est actuellement et nous espérons qu'il atteigne les buts qu'il s'est fixé. Blessé par la vie, par les personnes à qui il tenait et par ses sentiments, et afin de mettre toutes les chances de son côté, Victor aborde la vie comme un programme informatique. Il étudie la popularité, les comportements à avoir pour se faire accepter par l'élite, il imagine des algorithmes pour chaque situation afin d'être sûr de ne pas se laisser influencer par ses émotions. Le récit est d'une grande richesse et vulgarise les principaux concepts abordés avec clarté, c'est vraiment très intéressant.



Au fil des différentes parties du livre, nous sommes projetés dans le temps, nous suivons le parcours de Victor, ses essais, ses échecs et ses réussites. Nous le voyons se perdre et sommes totalement pris par la partie d'échecs qu'il joue, anticipant les réactions de ses adversaires, jusqu'à avoir plusieurs coups d'avance, doutant sans cesse, redoutant les cartes en main de la partie rivale. Le jeune-homme se livre à un jeu épuisant, ne vit plus que pour ça, change, subrepticement, même si se conscience "originelle" subsiste. Victor se déconnecte, étouffe ce qu'il ressent, joue un rôle.



Lorsque le récit rejoint le point de départ, nous réalisons que la situation n'est pas exactement telle que nous l'avions perçue. Nous sommes déchirés entre notre attachement pour le jeune consultant et la portée de ses actes. Peut-on réellement intégrer l'élite tout en restant droit dans ses bottes ? L'atteinte d'un objectif justifie-t-elle tout ? Nous percevons toute la complexité de l'être humain.



Il est vraiment difficile de parler de ce roman et de lui rendre justice; je reste à la fois subjuguée et mal à l'aise en y repensant mais je suis admirative du travail effectué par l'auteur et de la justesse de son écriture.




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Le dernier étage du monde

Excellent roman, d’une lucidité fantastique sur la marche du monde 3.0 ou, plus exactement, sur la fin de la civilisation « humaine » au profit de lendemains incertains.



La plume est terriblement efficace et d’une finesse d’autant plus éblouissante qu’elle est portée par un homme du sérail.



Ce conte presque philosophique est jouissif et effrayant, un pur régal!
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Le dernier étage du monde

Des qualités d'écriture inattendues pour un premier roman. Une certaine tension dans les 2 premiers tiers du livre, plutôt accrocheur et agréable à lire. Un univers très actuel bien décrit. Malheureusement, le dernier tiers est bourré de longueurs, comme si l'auteur répugnait à terminer son roman. Tandis que moi, je désespérais d'y parvenir un jour ! Du coup, cette fin m'a parue décevante, et surtout mal fagotée, dans le style Tout ça pour ça... Ce qu'une centaine de pages en moins aurait sans doute pu éviter tout en maintenant l'attention du lecteur jusqu'au bout. Dommage...
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Le dernier étage du monde

LE DERNIER ETAGE DU MONDE est un livre dérangeant.

Non pas par son approche et le projet de vengeance de Victor LAPLACE le héros de ce roman. Ni par la description extremement précise de comment fonctionne le monde des consultants dans l'industrie, la banque, les nouvelles technologies depuis deux décennies. Non il est dérangeant par ce qu'il nous montre est le reflet de ce que pourrait être par exemple Mc Kinsley la boire de consultant utilisé par notre gouvernement depuis plusieurs années àaux frais du contribuables. Il est dérangeant aussi parce que nous traduisons, en lisant ce livre, que notre économie, notre société, notre futur est dsont dirigés par ces consultants, geeks, extrememnt brillants et qui, par des équations, veulent gérer le monde. L'Humain n'existe plus dans ce livre sauf sous forme sexuel et rapport de force, de pouvoir. Ce livre est enfin dérangeant parce que jamais, mais vraiment jamais il n'est question de politique, de syndicalisme, de resistance associative dans ce que nous montre Markov.

Oui ce livre, ce roman est dérangeant mais j'y ai pris du plaisir à rentrer dans ces couloirs qui sentent le beau, le propre, le neuf, le riche mais qui ne sont finalement que des couloirs où ne restera au final, pour les 6 milliards d'humains qui peuplent notre planète quela pauvreté, la mort, la désespérance et l'échec d'espérer un monde équilibré.
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Le dernier étage du monde

Une réflexion brillante sur notre société, une histoire et des personnages profondément attachants...

Jusque-là, la Zone du Dehors ou Illusions Perdues avaient pu me saisir, enrichir ma réflexion, ou m'éclairer tout en m'émouvant, mais le style de Bruno Markov, le réalisme et la profondeur de ses personnages en font un livre singulier et novateur, rafraîchissant, ne jouant pas sur les codes habituels, et, comme je l'ai rarement expérimenté, un livre qui marque.

On en ressort changé. Et n'est-ce pas ce que l'on attend d'un livre ?

Ne connaissant pas le monde de l'intelligence artificielle ou du consulting, je ne me suis jamais sentie "larguée", mais j'ai appris avec Victor les codes du "game".

Un livre touchant, donc, brillant, une claque !
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Le dernier étage du monde

« Autour de moi, un tiers des gens agglutinés au bord des pelouses ont le regard fixé sur l’extérieur, un autre tiers sur un livre ou un journal – je n’ai aucun pouvoir sur eux. C’est le dernier tiers qui m’intéresse : ceux qui ont les yeux rivés sur leur téléphone portable. Du combustible, en abondance. Une armée mobilisable sur commande, à condition de contrôler le récit qui s’offre à elle ».



Victor Laplace est un petit génie d’à peine 25 ans. Il sait coder comme nul autre et met au point des algorithmes pour décrypter les émotions, influencer les comportements et, de ce fait, enrichir une classe dominante qui se veut maitre du jeu. Pourtant, il se destinait à tout autre chose, l’histoire ou la philosophie. Le suicide de son père et la lecture de ses 18 cahiers ont rebattu les cartes. Victor Laplace n’a plus qu’une idée en tête, se venger de celui qui a poussé son père à cet acte irréparable : Stanislas Dorsay. Prêt à tout, il est très vite repéré par celui qui deviendra son mentor et ne cessera jamais pourtant d’être « l’ennemi ». Implacable, Victor conservera toujours sur lui un coup d’avance : son art du codage qu’il met au service d’un dangereux jeu de pouvoir et de séduction. Quitte y à perdre son âme.



Remarquablement mené, le premier roman de Bruno Markov est une réussite magistrale. Le personnage de Victor Laplace, un mélange de candeur et de noirceur est particulièrement crédible et attachant. Déterminé, on le voit se façonner un personnage qu’il ne lui ressemble pas, au service d’un projet fou. Finalement, pas un instant on ne doute qu’il parvienne à ses fins. Mais les embuches ne manquent pas.



L’auteur nous entraine dans les arcanes d’une classe dominante cynique et débauchée, dénonce au passage les risques d’une société hyperconnectée où tous deviennent manipulables par les mots, mais aussi par les images qu’on modifie en temps réel pour mieux hameçonner. Et on en a le vertige.



Au fur et à mesure, il est impossible de ne pas penser aux Illusions perdues de Balzac, qui est d’ailleurs une référence explicite du roman. L’histoire d’une ascension, d’une chute. Victor Laplace saura-t-il redevenir lui-même pour retrouver Constance ? « Je t’ai enseigné tellement de règles à propos du game », soupire Stan Dorsay. « Il y en a une que j’ai oublié de te dire, de loin la plus importante : la seule finalité de ce jeu, c’est d’en sortir ». Mais ça, c’est une autre histoire…



A lire absolument !

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Le dernier étage du monde

l y a 6 ans le père de Victor Laplace s’est suicidé. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, cet ancien ingénieur de France Telecom n’a pas pu tenir face aux pressions de Stanislas Dorsay, un auditeur externe. Depuis Victor rêve de vengeance. Son objectif est d’intégrer le cabinet de conseils dans lequel travaille son ennemi et de monter les échelons pour être au plus près de celui qui a détruit sa vie. Pour cela, il va s’approprier les codes de ce monde et placer ses pions les uns après les autres comme dans une longue partie d’échecs dans laquelle il devra toujours avoir quelques coups d’avances. Mais à vouloir trop se rapprocher de sa cible, arrivera-t-il à ne pas se perd et ne renier pas ses propres valeurs avant que son plan réussisse ?

Fort de son expérience professionnelle comme consultant en en stratégie et intelligence artificielle pendant une dizaine d’années, Bruno Markov signe un premier roman glaçant entre cynisme et froide réalité sur le monde du consulting où le pouvoir et l’argent dominent sans pitié dans une compétition individuelle permanente.

Satire acerbe de la société du paraître et de la satisfaction personnelle, sorte d’« Art de la guerre » 2.0 écrit comme un thriller avec des personnages extrêmement forts et complexes qui plongent le lecteur dans une vengeance sans limites.

Un roman dense et immersif, richement documentée tout en étant accessible sur l’univers déshumanisé des algorithmes qui donne à réfléchir sur toutes les données que nous laissons quotidiennement.

Dérangeant mais addictif !
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Le dernier étage du monde

#monaventlitteraire2023

Jour 9

Le livre dont on n’a pas assez parlé

Le dernier étage du monde



500 pages d’une tragédie en mode vengeance et plan machiavélique, mêlant ressorts classiques et AI



Cette lecture m’a passionnée et je ne sais toujours pas si je dois me réjouir ou m’alarmer d’avoir tout compris 🤪



#bookstagram #bookaddict #bookaholic #thaelboost
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Le dernier étage du monde

LE DERNIER ETAGE DU MONDE de Bruno Markov "éditions Anne Carrière 2023" 448,- pages



Décrire le monde acéré de l'entreprise et de la finance connaît deux grands romans : L'IMPRECATEUR de René-Victor Pilhes (prix fémina 1974), LA CHUTE DES PRINCES de Robert Goolrick 2014 et ce délicieusement bien écrit roman ici présenté.

Bruno Markov a créé avec un savoir intelligent une histoire habilement conçue... mais attention il faut bien suivre comme une leçon importante car tout à sa signification.

Si des passages somptueux viennent donner de l'émerveillement au lecteur, il faut bien reconnaître que certaines longues tirages techniques sont parfois un peu pesantes.

Mais il faut vivre avec son temps et accepter ces inconvénients délicats pour le lecteur lambda au nom du principe que l’argent ne change pas la réalité, non, mais il améliore son reflet.



Exemple : "Quand l’algorithme extrapole à partir d’observations trop fragmentaires. Comme un enfant qui, n’ayant vu dans sa vie que trois hommes chauves, tous vêtus d’un costume bleu marine, en déduirait que tous les hommes chauves portent un costume bleu marine. Il arrive ainsi que SuccesModels tombe dans un cliché raciste ou sexiste – au même titre que certains adultes – en prenant ses biais pour des généralités. Mais on arrive toujours à s’en rendre compte à temps pour supprimer les publicités concernées avant que l’incendie ne prenne." (sic)



Ou encore : "Quand l’algorithme extrapole à partir d’observations trop fragmentaires. Comme un enfant qui, n’ayant vu dans sa vie que trois hommes chauves, tous vêtus d’un costume bleu marine, en déduirait que tous les hommes chauves portent un costume bleu marine. Il arrive ainsi que SuccesModels tombe dans un cliché raciste ou sexiste – au même titre que certains adultes – en prenant ses biais pour des généralités. Mais on arrive toujours à s’en rendre compte à temps pour supprimer les publicités concernées avant que l’incendie ne prenne." (re-sic)



Voilà donc un fragments de ces paragraphes plus indigestes qui décrivent cet étage du monde il n’y a pas d’amis, seulement des adversaires qu’on garde plus ou moins près de soi. « Baisez-vous les uns les autres :» est la seule parole d’Évangile.



Là où l'auteur excelle c'est dans la longue trame d'une vengeance mûrement préparée, enrobée d'une sauce adorable en gardant en mémoire que derrière nos masques civilisés, peu de choses ont changé depuis cent mille ans que notre espèce règne sur le monde. Nos stratégies sont plus élaborées mais les principes restent les mêmes : séduire, conquérir, soumettre… Toujours ce même affrontement, entre notre désir et tout ce qui s’y oppose.

C'est dans le domaine de la séduction que Bruno Markov donne le meilleur de son écriture.



Qu'en penser ?

Un livre parfois difficile qui se noie dans des détails techniques imbuvables à la longue mais des passages absolument délicieux. Rien que pour eux, ce livre mérite d'être lu.

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Le dernier étage du monde

“Le Dernier Étage du monde” de Bruno Markov se révèle être un voyage littéraire captivant et remarquable à travers une quête de vengeance enracinée dans un monde technologique en constante évolution. L’intrigue palpitante met en lumière la détermination implacable de Victor Laplace à venger la chute tragique de son père, offrant ainsi une lecture immersive et émotionnellement chargée.



L’auteur déploie avec habileté une toile complexe où la vengeance personnelle de Victor se mêle habilement à la réflexion sur les avancées de l’intelligence artificielle et leur impact sur la société contemporaine. Cette combinaison astucieuse entre l’aspect émotionnel de la vengeance et la réflexion plus large sur les enjeux éthiques et technologiques donne à l’œuvre une profondeur captivante.



La stratégie méticuleuse de Victor pour infiltrer le système responsable de la chute de son père est dépeinte avec une précision fascinante, créant ainsi une tension constante et un suspense qui maintiennent le lecteur captivé tout au long du récit. Cette quête de rétribution personnelle apporte une dimension émotionnelle puissante à l’histoire, offrant ainsi des moments poignants et mémorables.



Par ailleurs, la façon dont Markov entrelace les éléments narratifs de la vengeance avec la réflexion sur les avancées technologiques modernes est tout simplement remarquable. Cette fusion subtile offre une perspective stimulante sur les dilemmes moraux et éthiques auxquels la société est confrontée, ajoutant une profondeur et une pertinence supplémentaires à l’ensemble de l’œuvre.
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Le dernier étage du monde

Une histoire fascinante et addictive. Victor, un jeune homme marqué par le suicide de son père, se fait embaucher dans le cabinet de consulting où travaille la personne qu'il juge coupable de cet acte tragique. L'auteur déroule le récit d'un Monte Christo moderne : une vengeance à l'ère du Big data et des outils d'intelligence artificielle, une revanche de classe aussi, mais surtout, la peinture d'un monde où la réussite professionnelle est la vertu suprême. Pour être dans "le game", Victor devra exceller dans l'art de la manipulation, l'absence d'affect, l'uniformisation de la pensée. Victor jouera le jeu jusqu'au bout, jusqu'à atteindre le dernier étage du monde...

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