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Critiques de Callan Wink (66)
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August

« Il commençait à penser que l'enfance n'est en réalité qu'une série de problèmes propres à chacun, et que ce que la plupart des gens appellent vivre consiste juste à essayer de comprendre après coup ce qui leur est arrivé. »



Le héros éponyme de Callan Wink traverse les vastes étendues du Midwest américain, de la ferme laitière paternelle du Michigan à la ruralité du Montana. Dans ce délicat roman initiatique, on le suit de ses douze ans à l’entrée dans la vingtaine, on le voit se construire seul, tracer sa route alors que son père le pousse à reprendre son exploitation et que sa mère veut qu’il aille à l’université. Il apprend sur lui, il apprend sur son pays, il apprend à devenir adulte en Amérique.



Il y a beaucoup de temps et d’espace dans ce récit divisé en épisodes tranquilles. Le rythme est parfois un peu fade pour ceux qui comme moi recherchent plus de noirceur ou de muscle dans un roman, mais à mesure que je tournais les pages, j’ai gagné en aisance dans cette lenteur, je me suis laissée porter jusqu’à ce que le récit génère une sensation assez pure d’apaisement. La prose nette de l’auteur, peu sentimentale, est ancrée dans le quotidien et l’ordinaire à travers des détails très physiques et matériels sur le monde rural, sur la vie au lycée ou sur les travaux agricoles dans les ranchs du Montana.



Callan Wink évite les drames. Même s’il y en a ( le 11 septembre, la guerre en Afghanistan en filigranes, un épisode #Metoo au lycée qui surgissent en filigrane ou de façon plus frontale ), l’auteur s’intéresse avant tout à comment August y répond pour grandir, muri et oser se lancer vers la nouveauté en s’affranchissant des influences parentales. Il sait dire avec élégance les forces et les traumatismes qui façonnent l’individu.



August n’est pas un personnage nécessairement attachant. C’est un personnage assez stoïque et insaisissable par le manque d’affect qui semble le définir. Mais le monde qui l’entoure n’est pas simple, ce qui renforce cette quête d’identité très intime où se connaître et comprendre les autres sont des épreuves. Callan Wink décrit très justement les pièges de la masculinité qui peuvent déstabiliser un jeune homme en construction. C’est finalement cette bipolarité entre machisme ordinaire et sensibilité sous-jacente qui tend tout le fil du récit. Jusqu’au dernier très beau paragraphe présentant August regardant ces parents dans le rétroviseur de sa voiture. Ce n’est pas un roman qui m’a ému, cela m’a manqué, mais cette dernière phrase est absolument bouleversante dans la façon de raconter l’éclosion à l’âge adulte.









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Courir au clair de lune avec un chien volé

Que ne ferait-on pas pour un chien ? ou pour une femme ? Courir au clair de lune avec un chien volé,nu,

Comment trouver bonheur et paix dans un monde de traumatismes ? Un jeune ambulancier coure vers son destin,

Aérer son couple avec une liaison annuelle, "l'année prochaine, même endroit, même date"? Un acteur de commémoration de Little Bighorn s'y adonne sans scrupule avec une indienne mariée du spectacle,

"A breatharian?”, vivre et être satisfait uniquement en respirant ..... le motto de la mère d'Auguste, dont le père occupé ailleurs lui donne ses premières leçons de cruauté,....dur, dur d'être enfant,......

Au total dix nouvelles surprises, toutes gagnantes.



Callan Wink, jeune écrivain de 33 ans, guide de pêche à la mouche au Montana nous raconte,

Dans le décor d'une nature sauvage des grandes espaces de l'Ouest américain, aux rivières qui montent ou qui sèchent, de Crow country où vit la population de la réserve des indiens Crow du Montana,

La vie de gens ordinaires, tous seuls d'une certaine façon, dans des conditions d'existence peu faciles, en quête d'une vie meilleure.



Pas de chutes classiques dans ces récits d'une sincérité désarmante.

Des détails quasi cinématographiques et une prose simple et singulière (v.o) qui désamorce même le pire; des personnages d'âge et d'éducation divers, attachants, qui défient l'existence., à différents stades de la vie. Apparemment Wink raconte ce qu'il connaît, sans fioriture, vu le naturel du fond et de la forme. Pareille aux matriochkas, ses histoires en encastrent d'autres,mais habilement articulées elles n'ont font qu'une, celle du protagoniste du départ.



La forme dans un texte est toujours prioritaire au fond, pour moi, car finalement les histoires se répètent. Ici l'originalité de Wink c'est justement cette forme toute simple mais si riche de sens, le plus difficile en littérature à mon avis. Dans une des histoires un homme vient annoncer à sa maîtresse, qu'il la quitte , on n'en sait rien jusqu'à cette phrase qui suit un fait," He'd come to tell her that he was leaving. It seemed rather impossible now—the telling, not the leaving"( Il était venu annoncer qu'il la quittait.Mais maintenant c'était impossible -non la quitter, l'annoncer).Des petits mots insérés par surprise font le sel de ces récits que personnellement j'ai beaucoup aimé.









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Courir au clair de lune avec un chien volé

La découverte d'un nouvel auteur a toujours pour moi quelque chose de magique.

Quand cet écrivain est totalement inconnu du monde littéraire surtout en France et que l'on me demande de lire et de faire une critique sur son premier livre, là je me pose une question: "vais-je être à la hauteur."

" Courir au clair de lune avec un chien volé" déjà le titre est quelque peu déroutant. Dans ce recueil on trouve neuf nouvelles, Callan Wink nous invite au voyage, un petit tour dans le Montana et le Wyoming. On pense bien sur à Jim Harrison. Les thèmes abordés, l'amour, la solitude, le temps qui passe, la détresse et bien sur la liberté.

Dans ce recueil il y a des histoires qui me touche comme " montée des eaux" " la danse du soleil" , des histoires qui me parle comme dérapage " et d'autres qui nous renvoient à nous même" regarder en arrière" ou Moïse au pays des indiens Crows".

Big Jim s'en est allé en 2016 laissant une place dans l'école du Montana" Callan Wink sera-t-il le prochain sociétaire, est-ce le renouveau littéraire, la nouvelle vague du naturewriting ? je pense que oui.

merci à babelio , terres d'Amérique, et Albin Michel pour ce cadeau.
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Courir au clair de lune avec un chien volé

Un grand merci à Babelio et aux éditions Albin Michel...



Un homme qui court au clair de lune avec un chien volé,

une montée des eaux dévastatrice,

une histoire d'amour singulière lors de la reconstitution de la dernière bataille du Général Custer,

des chats massacrés par un gamin partagé par ses parents,

un été au ranch, bien loin des salles de classe pour ce professeur,

un chef de chantier qui tente d'oublier ses morts,

un séjour en prison,

un voyage entre père et fils,

et une vie, dans tout ce qu'elle regorge de joies et de désillusions...



Callan Wink nous plonge dans le grand Ouest Américain, au cœur d'une nature sauvage et insaisissable, de la réserve des Indiens Crows à l'Écho Canyon Ranch en passant par le plan d'eau du Bighorn Reservoir ou Saginaw. Ces neuf nouvelles, se déroulant dans le Montana ou le Wyoming, sont emplies de soif de vivre et d'un certain vent de liberté. Habitées par des personnages puissants et remarquables, nous plongeant dans une ambiance particulière, tantôt mélancolique, tantôt exotique ou anticonformiste. Des nouvelles ramassées et pertinentes au ton particulièrement riche et ciselé. Callan Wink dépeint avec subtilité et force la fragilité de l'existence.

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Courir au clair de lune avec un chien volé

Silence. Aucun bruit ne s’envole de ces terres, lointaines contrées perdus dans la solitude des espaces et le silence qui se perd au-delà de l'horizon. Je n'entends que la complainte du vent venu mourir dans ces lieux sauvages que les autorités ont appelé Montana ou Wisconsin. Peu importe la frontière de l'état, lorsque je lève les yeux, je vois cette lune, clair de lune, blue moon, et ses étoiles qui scintillent tout autour. Dire que le silence est complet serait injuste et même irrespectueux envers mes compagnons nocturnes de ce soir, bêtes à poil, loups et coyotes hurlant à la mort aussi leur peine et leur solitude.



Et je suis bien, là, assis dans mon rockin' chair, rock in my ranch. Une guitare, une petite bière ou une bouteille de rye, un roman millésimé littérature de l'ouest, « Terres d’Amérique ». Les sabots dans la bouse, l’odeur du vrai ouest sauvage en prime. Walk on the Wild Side. Sauvages, comme des petites nouvelles tristes et sombres de l'Amérique profonde. Prendre même la route Sixty-Six, une boite de Huit-Six entre tes cuisses, descendre même jusqu'au Texas, y perdre son stetson envolé par la poussière et le retrouver sur la tête de Kris Kristofferson ou de Townes Van Zandt. J'entends, tout au long de ces nouvelles, des mélodies country sans artifice, peines de cœur, grandeurs d'une solitude.



Sans faire de bruit pour ne pas altérer le silence de la nuit, je tourne les pages sans envie de faire de pauses. Ou si, justement... Si l'entrain m'attire, j'ai envie de prendre mon temps, d'y savourer chaque nouvelle comme on savoure un BBQ Ribs sorti du feu, d'y tremper mes lèvres comme si c'était la dernière bière qui accompagnait ma putain de vie, d'y entendre la musique d'une brochette de marshmallows roses crépitant de bonheur sur un feu de camp au milieu d'une nature vidée de nature humaine. Images éculées d’une certaine Amérique, certes, mais que je contemple entre les lignes, comme des lignes de pêches alignées sur le Bighorn Reservoir. Prendre son temps pour pêcher le bonheur.



Est-ce qu'il y a quelque chose de plus beau que de se retrouver seul, au bord de ce lac, entouré d'une nappe de brouillard et de silence, d'attendre que le soleil se lève – ou se couche -, et de feuilleter des histoires à la Thomas McGuane ou à la Jim Harrison. Et puis, ce soir, au clair de lune, c'est un nouvel auteur que je découvre, du talent dans un premier recueil de ses contes, sauvages et américains, au cœur de l’Amérique et des réserves indiennes, Callan Wink. Un auteur qui a illuminé ma lecture, jeune écrivain que je suivrai encore, s’il veut toujours m’embarquer dans ces grands espaces, car ce recueil est aussi bon qu’un sandwich au saucisson avec une bière fraîche, le clapotis de l’eau noire berçant une vie de silence sous le clair de lune.
Lien : https://memoiresdebison.blog..
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Courir au clair de lune avec un chien volé

Neuf , tout neuf ce jeune talent !

Neuf aussi le nombre de nouvelles de son premier ouvrage ...

" Courir au clair de lune avec un chien volé " : c'est la première histoire qui va donner son titre à cet ouvrage ,énigmatique à souhait , on s'attend à du déjanté mais très vite le ton est donné et on sait que l'on va vers des horizons d'humanité, de tendresse et de sensibilité.

Puis, les textes vont se succéder pour dénoncer la cruauté, la bêtise ,le pouvoir ,les inégalités sociales ou encore les problèmes familiaux.



A travers une peinture de l'Amérique profonde aux multiples nuances , Callan Wink aime à donner de la puissance aux héros du quotidien avec une diversité de tons et de styles aussi.

Les personnages trahissent un auteur lucide, critique ,parfois désabusé : le ton peut être doux-amer ou sarcastique mais à d'autres moments , la nature aidant ,on retrouve le poète et le texte redevient symphonie au coeur du Montana ou du Wyoming .



Si les nouvelles offrent un thème bien différent, à chaque fois , j'ai eu l'impression d'assister à une éclosion, une naissance, celle d'un écrivain qui laisse jaillir une révolte juvénile longtemps contenue et qui après maturation a enfin trouvé le ton juste pour s'exprimer avec puissance , tendresse ou sensibilité.



Tous les textes sont servis par une belle écriture .Certains vont se distinguer par une forme particulièrement subtile qui consiste à ménager le suspens dans la banalité du quotidien .

D'autres nés de l'introspection vont briller par la force des symboles.

D'autres encore inspirent le respect par leur profondeur ,témoins d'une grande maturité (je pense au thème du deuil par exemple )

D'autres récits auront vocation de rappels historiques comme la bataille de Little Bighorn ou d'évocation de la diversité en présentant des coutumes et croyances indiennes.



Mais, malgré de bonnes résolutions, j'avoue avoir manqué de neutralité : je n'ai pas pu éviter des comparaisons !

Voilà : ici ,j'ai" reconnu " du Benchetrit ! et j'ai imaginé un petit court-métrage d'art et d'essai de telle histoire : à vous de trouver laquelle !

Là, tiens, on dirait du Ron Rash !

Et là, non c'est plutôt David Vann avec sa problématique père-fils , et si c'était Pete From ?

Inévitable donc, mais c'est un ressenti tout à fait personnel bien sûr !

Mais j'ai surtout été sensible à l'un des éléments biographiques de l'auteur qui révèle que c'est un disciple de Jim Harrison et pour une fois , la quatrième de couverture n'a pas exagéré en rapportant les paroles du maître dans un but marketing :" Des nouvelles vraiment impressionnantes, dont les personnages m'ont habité longtemps "



Très prometteur ce jeune auteur déjà talentueux ,qui a des maîtres, qui apprend de ses pairs !

Toutes les nouvelles m'ont plu, je n'en ai pas de préférée.

Alors, bien sûr, je ne manquerai pas de le suivre et pour une fois, aucune critique négative ne me vient à l'esprit , c'est rare !

Cependant,j'ai un souhait: le prochain Callan Wink sera peut-être un roman, une longue histoire qui nous emporte longtemps ?

En attendant,je souhaite une belle course à cet auteur, en pleine lumière cette fois avec un succès qu'il n'aura pas volé !



Après cet excellent moment de lecture, il me reste à remercier les éditions Albin Michel et Masse Critique pour m'avoir permis cette belle découverte.
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Courir au clair de lune avec un chien volé

Depuis quelques temps, sans savoir précisément pourquoi, j'ai envie de lire des recueils de nouvelles. Alors, entre deux pavés, j'ai sorti "COURIR AU CLAIR DE LUNE AVEC UN CHIEN VOLÉ" de ma PAL...



... et c'est de la bombe !



Ces 9 nouvelles sont tellement bien construites et racontées qu'on les ressent chacune comme un roman. L'écriture de Callan Wink est très cinématographique et c'est peut-être aussi ce qui explique la facilité avec laquelle on rentre dans l'univers de ses histoires.



J'ai adoré chaque nouvelle... même celle qui est plutôt cruelle pour les amoureux des chats.



Et un grand merci à Michel Lederer pour avoir magnifiquement traduit chaque texte de ce recueil.



PS : Callan Wink vient de sortir un roman qui a pour titre "Augustus"... et je pense que c'est la suite de la nouvelle ayant pour titre "Les respiriens" (celle des chats)



PS2 : Il n'est jamais trop tard pour lire un poche mis à l'honneur sur le #PicaboRiverBookClub par Leatouchbook

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COURIR AU CLAIR DE LUNE AVEC UN CHIEN VOLÉ

de Callan Wink (traduit par Michel Lederer)



GF : Éditions Albin Michel

Poche : Le Livre de Poche





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August

Entre soleil brûlant d’août et neige aveuglante de décembre, ce roman d’apprentissage se faufile, d’une année à l’autre. Callan Wink s’attarde sur les odeurs du blé, de la poussière, sur la morsure de l’air glacé ou trop chaud, sur les frissons qui suivent un premier baiser. Il se glisse dans la peau d’un adolescent pour évoquer le monde agricole américain, avec finesse et, parfois, poésie. Ce livre est à l’image de son héros, à la fois rugueux et tendre (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/03/02/august-callan-wink/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Courir au clair de lune avec un chien volé

Dans une langue vive et imagée Callan Wink nous offre un salut revigorant dans le style nature writing plein de sensibilité et d'une maîtrise étonnante.



Les descriptions des vastes espaces et étendues liées à des destins communs mais sans banalité, aiguisent les sens et rappelent les nouvelles de Jim Harrison.



Ce recueil de nouvelles est parfois léger, parfois chargé, tel un ciel d'été.

Chaque nouvelle y trouve sa place et par une prose épurée et empathique, allant parfois jusqu'à l'ironie, l'auteur dresse des portraits bouleversants d'humanité.





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Courir au clair de lune avec un chien volé

Les nouvelles de ce recueil ont une saveur familière et Jim Harrison n’aurait pas renié les enfants qui ont suivi son sillon tracé près des torrents du Montana. Curieux que dans ce pays on élève des vaches et on cultive les mots avec autant d’ardeur qu’on pêche la truite. Question de climat sans doute !

Callan Wink nous livre ici des parcelles de vie simples dans cet environnement majestueux. Juste une petite incursion au Texas, histoire de brocarder légèrement la manière de parler totalement incompréhensible de ses habitants, fait office de pause réflexive à l’un de ses héros indécis .

Il est question de ruptures, de deuil, de maladie, de prison, d’amours finissantes, de relations familiales…que d’instants loupés avec les proches ! On y parle aussi du travail, celui des ouvriers, des fermiers, ou même de la névrose des profs…un cocktail de vie quotidienne en somme, entre contraintes et rêves, sans grandes passions, avec le poids de la solitude, des regrets, et le sentiment amer d’être mal aimé .

Chaque nouvelle nous fait entrer dans une histoire déjà commencée, et nous quittons les personnages alors que rien ou presque n’est résolu . C’était une porte entrouverte, et en peu de mots est croquée une modeste existence avec ses tensions. Pas la peine d’imaginer chemin faisant quoique ce soit pour l’avenir des personnages, l’auteur vous emmène ailleurs, et vous plante là au milieu de nulle part, avec malice. Il manie bien le verbe, et sa langue que restitue son traducteur nous surprend avec des images savoureuses.

Sans être vraiment novateur, ni transgressif comme big Jim, sans être fade non plus, avec une tonalité légèrement distante, et douce amère, Callan Wink nous parle de son Amérique à mille lieux des métropoles hyperactives et conquérantes, là où sous le ciel étoilé, au milieu des arbres, près des eaux vives, au contact d’animaux se pose de façon plus évidente la question universelle du sens de la vie, et de l’humanité .

C’était une découverte intéressante. Je remercie Babelio et Albin Michel pour ce moment privilégié. Belle rentrée littéraire pour la littérature américaine !















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August

"August" est le premier roman de Callan Wink à paraitre aux éditions Albin Michel dans la très belle collection Terres d'Amérique. le précédent livre de Callan Wink étant un recueil de nouvelles. Ne vous attendez pas à un rythme trépidant car ici dans "August", nous sommes très clairement face à ce que l'on appelle un roman contemplatif à l'image de son anti-héros, August. Un rythme lent donc, et une atmosphère qui s'installe peu à peu. August voit ses parents divorcer alors qu'il est encore tout jeune. D'aussi loin qu'il se souvienne, il a toujours aimé la terre, le travail harassant de la ferme plutôt que les études. Sa mère le pousse à s'inscrire à l'université car elle ne souhaite pas, selon ses propres mots, qu'il rate cette occasion pour quitter ces plaines du grand Ouest américain, ce Montana où sa mère et lui, ont déménagé. Mais August encore Adolescent en passe de devenir un homme doit affronter ces propres contradictions inhérentes à l'entrée dans l'âge adulte. Il s'engage en tant que journalier dans plusieurs fermes. le travail est difficile, la vie est rude à l'image de ces cowboys qui dirigent ces ranch, de cette Amérique taiseuse dont on ne parle jamais ou presque. Considéré comme des redneck, des ploucs dont on se moque facilement pour leur rudesse et ce côté taiseux qui caractérise pleinement August. August va devoir s'affirmer en tant qu'homme. Sa quête d'amour, les premiers émois et expériences sexuelles, les blessures liées aux ruptures, tout cela le façonne. Ses parents quoi que divorcé lui apporte leur soutien et leur amour. Son père a refait sa vie, sa mère également. En pleins traumatisme d'une Amérique post-11 septembre, Callan Wink s'intéresse aux gens de rien, ce dont on se moque. Il dresse un portrait affûté et touchant de ces hommes. Il y a même si l'on y regarde bien, une forme de poésie dans ce roman. August est un roman dont on s'imprègne peu à peu. L'histoire est lente à se mettre en place. Si vous aimez les romans contemplatifs, alors ce livre est pour vous. On y apprend beaucoup de choses sur la vie au quotidien dans les ranchs du Montana.
Lien : https://thedude524.com/2022/..
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August

J’avais envie de nature, de grands espaces et de dépaysement. Je suis donc partie sur les traces d’August et je n’ai pas été déçue. En sa compagnie, j’ai participé à la vie d’une ferme laitière, péché à la mouche, bu quelques bières à l’arrière d’un pickup et voyagé du Michigan au Montana.

J’ai découvert un enfant calme, un adolescent taiseux, un jeune homme énigmatique, façonné par la séparation de ses parents et ses diverses expériences et rencontres ; un garçon volontaire aussi, traçant sa route indépendamment des autres.



August est un rugueux roman d’apprentissage dans l’Amérique rurale, rythmé par la vie quotidienne au sein d’un ranch. Certains pourront être rebutés par la répétition des tâches et une perceptible lenteur dans l’histoire ; j’y ai trouvé une plume limpide, une belle sérénité et une certaine mélancolie. Et j’ai aimé…
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Courir au clair de lune avec un chien volé

Comment ne pas craquer sur un livre dont Jim Harrison en dit du bien ? Callan Wink, né en 1984, vit dans le Montana où il est guide pêcheur. Activité pratiquée avec le grand Jim (voir remerciements). De plus, j’ai lu quelque part : ‘Un nouvel écrivain est né’. Bref, tous les éléments sont là pour l’aimer avant d’ouvrir la première page.

9 nouvelles qui parlent de pêche, nature, travail, relation parents-enfants, prison, maladie, solitude. Des vies simples décrites par un style prometteur, prenant, poétique, avec une bonne analyse de nos semblables. Merci à Masse Critique et Albin Michel. J’attends avec impatience LE roman de cet auteur.

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August

Remarqué avec Courir au clair de lune avec un chien volé, son recueil de nouvelles publié en 2016, l’écrivain américain Callan Wink nous livre cette fois son premier roman, sobrement intitulé August d’après le nom de son héros, un jeune garçon du Michigan qui cherche quel homme il doit devenir.

Une origine qui résonne tout particulièrement avec l’histoire personnelle de l’auteur, lui-même né dans le Michigan et aujourd’hui guide de pêche à la mouche dans le Montana, l’autre lieu emblématique de ce roman à la fois doux et mélancolique qui s’intéresse à une Amérique en quête d’elle-même.



Si la quatrième de couverture cite Boyhood de Richard Linklater, ce n’est pas un hasard puisque le roman de Callan Wink s’intéresse à la vie d’un jeune garçon du Michigan, un certain August, et à son passage vers l’adolescence puis vers l’âge adulte. Comme le film-fleuve de Linklater, August n’est jamais un roman qui expose le drame en le surlignant ou qui fait surgir le malheur de façon tonitruante. Callan Wink n’est pas ce genre d’écrivain.

Il nous emmène dans une Amérique paysanne, presque sauvage, où l’on se perd dans l’immensité naturelle et où la vie prend des tournants parfois cruels et imprévus. August est encore un garçon naïf lorsque son père lui propose un marché pour se faire de l’argent : éliminer les chats qui pullulent dans la ferme et se reproduisent sans aucun contrôle. Une confrontation brutale à la réalité et une toute première étape dans la vie d’August qui va devoir par la suite affronter une mise à l’épreuve d’une toute autre nature : la séparation de ses parents. Alors que Dar, son père, emménage avec Lisa, sa nouvelle femme, Bonnie, sa mère, se retranche dans l’ancienne ferme. Deux vies s’ouvrent alors sous les pieds d’August et un questionnement qui le poursuivra durant toute sa vie sur la valeur de l’amour et du couple.

Perdu dans un monde où les tours du World Trade Center s’effondre et où l’un de ses meilleurs amis finit calciné par une mine dans un désert dont il ne connaît rien, August trace sa voie et déménage avec sa mère dans le Montana, y découvrant les Rocheuses et les Rodéos en même temps qu’une partie de lui-même. Avec douceur et intelligence, Callan Wink transporte son lecteur dans des contrées encore sauvages où seuls les éleveurs et les fermiers trouvent la force de vivre, loin du tapage incessant des grandes villes et de la brutalité du monde extérieur. August trace une route où le drame fait parfois surface mais où l’on se construit par étape, confronté à des choix qui feront du garçon innocent un homme à part entière et affirmeront sa volonté propre face au monde extérieur.



Le roman de Callan Wink n’est jamais aussi fort que lorsqu’il est doux, convoquant la nostalgie de relations fanées et les rêves simples d’un adolescent qui se rend compte qu’il a besoin d’autre chose que du domaine laitier familial, de football universitaire ou d’une vie banlieusarde routinière avec sa propre mère. En finissant par trouver un travail dans une autre ferme du Montana, August fait la connaissance de personnages tout en nuances, des personnages humains qui touchent par leur sincérité et qui vont refuser de se conformer aux cases grossières du bien et du mal.

Le garçon devient progressivement adulte et comprend alors que la douleur, les erreurs et les regrets feront partie intégrante de son existence.

C’est aussi la découverte de la rancœur des uns et des autres qui achève de former une certaine vision de la vie à l’américaine au fin fond de ces paysages immenses et magnifiques où la vie humaine semble aussi insignifiante qu’authentique.

On y croise un complotiste meurtri par la perte de son fils, un fermier alcoolique qui trouve une porte de sortie à travers une histoire d’amour ou encore une figure féminine en forme de mirage qui finira par croiser l’enfer des hommes un soir d’alcool et de tristesse.

La femme tient une place importante dans le récit de Callan Wink, c’est elle qui va venir interroger régulièrement August et le modeler au gré de ses mésaventures amoureuses. On y (re)découvre qu’en amour, rien n’est aussi simple qu’on l’espère et que la femme constitue certainement le seul espoir de l’homme quand bien même celui-ci a souvent bien du mal à le comprendre et l’accepter.

Au-delà des histoires d’amour qui vont jalonner la vie d’August, c’est toujours le spectre du couple parental qui vient hanter notre héros taiseux et impulsif. Un questionnement sur le couple et sur ce qu’il en reste une fois la passion éteinte et les blessures trop profondes pour se refermer, une interrogation sincère et touchante sur ce qu’il offre à l’enfant forcé de changer de paradigme afin d’affronter une réalité qu’il pensait immortelle, celle de deux parents qui s’aiment et qui finissent par vivre des vies séparées. August va exposer au lecteur les plus intimes fêlures de son existence et trouver une sorte de paix et de sérénité dans ses activités à la ferme, son amour de la pêche ou ses relations amicales. C’est finalement l’environnement qui va définir l’homme autant que ses racines qui se dédoublent et prennent des chemins parallèles mais jamais antinomiques.

Callan Wink n’a pas son pareil pour distiller lentement et insidieusement le poison de la nostalgie jusqu’à la dernière phrase et cette vision dans le rétroviseur qui comprend cette vérité universelle : tout change et reste pareil à la fois, ce n’est que notre regard qui s’avère capable de faire la différence entre les deux.



Roman d’une authenticité bluffante, August est l’histoire d’une vie qui se forge dans les grands espaces et à travers les épreuves de l’amour. C’est aussi une certaine vision de l’homme moderne et d’une Amérique différente, une Amérique rude et douce à la fois. Touchant, apaisant et finalement d’une justesse redoutable, le roman de Callan Wink parvient à saisir la mélancolie lancinante du temps qui passe sans jamais tomber dans l’excès dramatique. Une beauté rare et précieuse en somme.
Lien : https://justaword.fr/august-..
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August

On me hurle dans l'oreillette que je suis en retard pour ma chronique ! J'ai reçu ce livre dans le cadre d'un partenariat avec Albin Michel Terres d'Amérique, et je remercie Francis Geffard pour sa confiance.



Le roman s'ouvre sur les premiers souvenirs d'August, juché sur les épaules de son père Dar, dans l'étable de leur ferme du Michigan, avec la chaleur des vaches Holstein, et le fenil à l'étage, espace de jeux pour August. Il aime la vie de la ferme, les traites des vaches, les foins, les bruits du bois qu'on coupe pour le chauffage. Il se rend bien compte que sa mère, plutôt intellectuelle, n'aime pas cette vie. Elle a hérité de ses parents une assez bonne somme pour que Dar puisse acheter des terres, du bétail, et se construire une petite maison, mais elle a du ressentiment envers son mari, car elle n'a pas pu finir ses études, et vit dans la cambrousse. August, lui, est heureux. Mais lorsque ses parents se séparent, sa vie change totalement. Il doit suivre sa mère. du Michigan, il se retrouve dans le Montana, décor des rêves de sa mère, accro aux films de Brad Pitt qui se passent dans cet état. Sa mère devient bibliothécaire, et espère que son fils lise ce qu'elle lui rapporte. Mais ça ne l'intéresse pas. Seuls les paysages, les fermes, la pêche, et lycée sont son monde.

Sa mère le sermonne pour qu'il s'inscrive à Harvard, au moins. Pour se trouver un travail valorisant. August, lui, rue dans les brancards, et préfère partir à vélo sur les petits chemins, chercher des coins où il peut pêcher tranquillement, ou rêver en regardant les garçons de son âge faire les fous en sautant de ponts de chemin de fer jusque dans l'eau glacée de la rivière.

August, très réservé, n'a pratiquement pas d'amis. Il y a bien le fait qu'il ait été recruté par l'équipe de foot américain du Lycée local, encouragé par un coach persévérant et August est bon joueur, mais il n'aime pas ce jeu violent. Il se prend des chocs dans le jeu, se retrouve parfois inconscient, souffre de migraines. Et il ne cesse de se sentir « nul » et lâche, il ne sait pas s'imposer, il semble regarder le monde de loin. Ce qui l'intéresse, ce sont les montagnes, la pluie, le vent, les orages, les cultures, les saisons qui passent, les nuages. Mais un jour, au moment où les lycéens fêtent leur promo, il est invité « par défaut » par des types de son équipe de foot, l'un d'eux ne pouvant être présent, à une fête sauvage près de la rivière, avec abondance d'alcool, et il se retrouve au milieu de ces sales types qui agressent et violent une fille, sous l'effet de l'alcool et de la testostérone à son maximum. Encore une fois, il se sent incapable d'intervenir, et fuit. Tout en maudissant sa lâcheté, son incapacité à avoir des réactions d' »homme », « d'honneur ».

Il se fait engager par un fermier qui le fait travailler dur, et il apprend, comme il a appris toutes ces années où il rentrait l'été chez son père, à s'occuper d‘une ferme, des récoltes, de l'entretien des terres, des clôtures, des constructions. Il travaille dur, fait la connaissance de gens de tous bord, de tous âges, de la communauté huttérite d'à côté, se fait un ami en Tim, qui lui apprendra a danser sur la musique Country dans les bars installés lors des rodéos, pour « emballer ».

On parle de « roman d'apprentissage ». C'est vrai que l'on suit August de son enfance à ses dix-huit ans, avec le travail de la ferme et l'élevage de vaches laitières avec son père, un passionné, le travail de force chez le voisin de sa mère, qui retape sa maison, sa découverte de la sexualité avec la copine de sa mère, et tout ce que lui apprend Ancient, son employeur, dans cette ferme où le travail n'arrête jamais. Tim, son ami, arrive a percer un peu la carapace d'August, mais ce ne sera pas sans difficultés.

C'est un roman lent et ardu, comme le travail de la terre, le passage des saisons, il y a peu de dialogues, car August est plutôt contemplatif. Il ne se passe rien d'extraordinaire, il semble que ce roman soit très autobiographique. J'ai trouvé la première partie très lente, j'attendais qu'il se passe quelque chose. Puis j'en ai pris mon parti…
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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August

August, a été élevé dans une ferme laitière dans le Michigan August, douze ans, déménage avec sa mère dans le Montana, après le divorce de ses parents.

Il y tombe amoureux des immenses paysages, découvre le rodéo et la pêche à la mouche mais peine à se faire des amis.

Après un épisode d’une rare violence, il finit par se faire embaucher dans un ranch isolé de la région.

Livré à lui-même dans un pays sonné par les attentats du 11- Septembre, il n’aura d’autre choix que de faire face aux contradictions de l’adulte et de l’homme qu’il est en train de devenir...

C’est une histoire magnifique d’un enfant qui grandit dans deux mondes, l’un moderne de parents divorcés et un bagage émotionnel contemporain, et l’ancienne vie passée dans les villes agricoles du Midwest rural et les ranchs du Montana.

De quoi sont faites nos vies ? De mille petits riens qui font pourtant notre destin de cette période charnière où vous êtes techniquement un adulte, mais vous n’avez pas trouvé votre identité en dehors de vos parents et de la façon dont vous avez été élevé.

August, est un peu à la littérature ce que le film de Richard Linklater, Boyhood, est au cinéma.

L'auteur Callan Wink y décrit, avec sincérité et subtilité , la manière dont les joies et les peines de l’adolescence nous façonnent.Et il nous offre au passage une histoire poignante du passage à l’âge adulte et un superbe roman d’apprentissage dans l’Amérique des grands espaces."

"August" est le premier roman de Callan Wink à paraitre, depuis le 3 mars dernier, aux éditions Albin Michel dans la très belle collection Terres d'Amérique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Courir au clair de lune avec un chien volé

La tête posée contre la vitre du train, je regarde les mornes paysages qui défilent. Champs de colza, zones d'activité, lotissements et centres commerciaux, font place, à l'approche de Paris, à l'urbanisme dense et anarchique de la petite couronne. Je ressens l'envie de m'évader, de me diriger grâce à la lecture vers un ailleurs. Je me saisis du livre de Callan Wink et je prends la direction du Montana et de ses paysages grandioses.



J'ouvre donc ce recueil au titre si original " Courir au clair de lune avec un chien volé". J'y ai trouvé les grands espaces de l'Ouest américain mais surtout des personnages écrasés par le poids des aléas de l'existence. Les thèmes traités dans ces neuf récits sont nombreux : une rupture mal digérée, un deuil difficile à assumer, une occasion non saisie, une culpabilité écrasante, la séparation de ses parents, le poids de la solitude, une sensation de vide, un cap de son existence à franchir... Les personnages de ces récits vont chercher à se trouver ou se retrouver et à reprendre le fil de leurs existences. Pour traverser ces épreuves, ils se ressourcent en randonnant, en tirant à la carabine, en pêchant ou... en courant nus dans le désert. Outre cette nature régénératrice, il est possible de se purifier en suivant de vieux rites indiens.



Callan Wink nous livre des tranches de vies simples mais bousculées. J'ai apprécié la justesse de ses portraits et la maîtrise de sa narration mais j'ai regretté ses fins souvent abruptes, ses récits n'ayant jamais d'explicit moral ou dramatique. Il suggère plus qu'il n'expose et le sens de son texte peut parfois être difficile à saisir. le recueil n'en reste pas mois prometteur. La pléiade des auteurs du Montana s'enrichit d'un nouveau talent.





Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel de m'avoir permis de découvrir ce nouvel auteur.
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Courir au clair de lune avec un chien volé

Courir avec un chien

C'est toujours intéressant de découvrir un nouvel auteur américain à travers la publication de ses premières nouvelles : on y sent une énergie, une concentration, une envie de tout donner, une sensibilité dont on ressent tout le potentiel qu'elle pourrait libérer dans les écrits venir.



Bonne pioche avec Callan Wink qui nous livre là une dizaine de jolies pépites remplies de vie simple et de gens cabossés, gorgées de nature, qui ensemble créent une lecture d'atmosphère légèrement âcre et envoûtante qui m'ont rappelé l'univers de Ron Rash et celui de « Yaak Valley, Montana » de Smith Henderson.



Toutefois, un mois après ma lecture je dois avouer qu'à part « Regarder en arrière » il ne me reste pas de souvenir vif de ces nouvelles, qui resteront pour moi des tranches de vie à roquer dans l'instant.

Auteur à suivre !

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Courir au clair de lune avec un chien volé

"Dans le jardin, des lucioles voletaient ici et là. Il y avait longtemps qu’il n’en avait pas vu. Dans le Montana, on n’en trouvait apparemment pas. Peut-être y faisait-il trop froid. Des années auparavant, il avait campé dans le parc de Yellowstone à côté d’un vieux couple de hippies qui lui avait raconté qu’un soir, dans l’Iowa, après avoir pris du LSD, ils étaient sortis attrapés tout un bocal de lucioles dont ils s’étaient frottés le corps puis, nus et luminescents, ils avaient fait l’amour au clair de lune dans un champ de maïs. Le souvenir du bonheur évident avec lequel ils avaient raconté cette histoire lui donna le frisson. Il voyait en eux tous les couples du monde pour qui le passé renfermait davantage de promesses que n’importe quel avenir potentiel. Les rapports fondés essentiellement sur les  réminiscences vont et viennent. Était-ce qui renvoyait à l’idée de se caser et de vivre un amour tranquille ? Ou bien les vieux hippies et leurs pareils n’étaient-ils que des machines qu’on remonte, fonctionnant exclusivement sur les souvenirs ? Était-ce inévitable ?"



Courir au clair de lune avec un chien volé… 



Comme une promesse de bonheur, le titre à lui seul donne envie de découvrir ce livre. Vient ensuite la couverture, superbe, de ce recueil issu de la collection « Terre d’Amérique » des Éditions Albin Michel.



L’auteur, Callan Wink, nouveau venu dans la littérature américaine, n’a pas fini de faire parler de lui. Des nouvelles saluées par feu le grand Jim Harrison, ce qui ne surprendra personne tant la filiation semble évidente. On pensera aussi à d’autres de ces auteurs dits du Montana tels que Thomas McGuane, Rick Bass ou encore un auteur tel que Mark Spragg.



Le format de la nouvelle se prête à merveille à ces histoires d’hommes et de femmes plutôt terriens, plutôt taiseux. Des gens ordinaires, des vies ordinaires mais servis par une écriture qui transcende ces existences dont la rudesse n’a d’égale que celle de cette terre, comme un point d’ancrage pour bien garder les pieds sur terre justement.



Drames, conflits, rancœurs, remords, histoires d’amour bancales, histoires de filiation et de transmission, échappées aussi belles que sauvages, remises en question, introspection et puis bien sûr l’Ouest, sauvage, âpre, personnage à part entière de ces nouvelles…



Envie d’une virée mémorable entre Wyoming et Montana ? Faites confiance à votre nouveau guide, avec Callan Wink, plaisir de lecture et dépaysement garantis ! 



***



"Les cartons. Déménager, mourir, se séparer. Tous les drames de l'existence sont marqués par ces maudites boites cubiques et leur horrible couleur marron."



"Parfois, au réveil, assommés de chaleur, ils devaient se détacher l'un de l'autre, leurs membres emmêlés et collés ensemble comme les quartiers charnus de quelque fruit bizarre."



"Les pères sont les juges les plus intransigeants. C'est comme ça depuis toujours." 



Merci à Babelio et aux Éditions Albin Michel !
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Courir au clair de lune avec un chien volé

Dans le Montana, la solitude que tout humain peut ressentir est exacerbée par la nature sauvage et les grands espaces nus. Mais les personnages de Callan Wink s'y accommodent, un peu comme s'il n'y avait jamais rien eu d'autre. New York, San Francisco et Chicago sont loin du Montana, un autre monde, une autre Amérique; Celle de Jim Harrison, que le jeune auteur a rencontré lors d'une excursion de pêche, et qui a encensé ce premier recueil de nouvelles.

J'adhère tout-à-fait à son éloge: les personnages - masculins pour la plupart - restent longtemps en mémoire. Chacune des nouvelles est habitée par une atmosphère et des sensations très fortes, auxquelles on s'identifie tout de suite. L'écriture est travaillée, empathique et belle, et les nouvelles ne se terminent jamais comme on pourrait l'imaginer, en fait elles ne se terminent pas tout court.

Callan Wink tourne autour du thème de la solitude, du conflit entre père et fils, des relations familiales et conjugales difficiles, pleines de non-dit et malgré les amertumes que traversent les personnages, malgré un univers de pick-up, cannettes de bière, parties de pêche et armes à feu, la narration n'est jamais vulgaire. Il y a, oui, de la violence, une certaine sauvagerie parfois, mais la présence compassionnelle de l'auteur adoucit les évènements.



Callan Wink écrit actuellement son premier roman, difficilement dit-il. Je pense le suivre.
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