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Citations de Camille Bordas (93)


« J’ai peur de devenir aveugle », nous dit Elsa ce soir-là. Elsa n’avait pas de raison de penser qu’elle deviendrait aveugle, mais l’idée l’empêchait de dormir. « Je ne peux rien imaginer de pire. Je sais bien qu’il y a des aveugles très heureux, mais honnêtement – et le but ici, c’est d’être honnête, il me semble – je ne crois pas que j’aurais les ressources mentales nécessaires pour ne pas sombrer dans la dépression – si je devenais aveugle. Et puis, si je dois être encore plus honnête, je dois dire qu’entre pouvoir voir et être heureuse, je préférerais pouvoir voir. »
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- Tu détestes la campagne.
- Je ne déteste pas la campagne, non, c'est juste que le jour je m'ennuie, et la nuit j'ai peur. (10)
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"Tu t'inquiètes beaucoup trop, ma chérie. Tout ira bien, tu sais ? Tu t'es toujours inquiétée, et tout a toujours fini par bien aller.
- Exactement, a répondu Aurore. C'est exactement pour ça qu'il faut que je continue à m'inquiéter."
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Cette manie de voir des pièges partout remontait peut-être au jour où j'avais chanté "Auclair de la lune" très très fort à la maternelle. La maîtresse m'avait tiré l'oreille et demandé d'arrêter immédiatement parce que je dérangeais tout le monde. Ça faisait très mal, et je m'étais mis à pleurer, mais j'avais continué à chanter malgré tout, et plus je chantais, plus la maîtresse tirait fort et plus je pleurais, mais j'avais chanté quand-même, jusqu'à la fin du dernier couplet que je connaissais. J'étais convaincu qu'en me tirant l'oreille, elle me testait, qu'elle voulait juste vérifier que j'avais bien compris l'expression "Il faut toujours finir ce qu'on a commencé" qu'elle nous avait apprise juste avant, mais en fait non. Quand j'ai eu fini de chanter, en pleurs mais fier de moi d'avoir tenu le coup, elle nous avait expliqué que l'expression "Il faut toujours finir ce qu'on a commencé" ne s'appliquait en fait qu'aux légumes et aux devoirs et aux tâches ménagères. Il aurait donc été plus juste de dire "Il faut toujours finir tous les trucs chiants qu'on a commencés", mais je voyais bien que ça n'avait pas le même rythme, la même solennité que l'expression originale.
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« En voiture, j'imaginais juste des futurs invraisemblables. Ou j'inventais des vies aux gens qu'on croisait dans les autres voitures. Les conversations imaginaires c'était plutôt pour m'endormir. J'en avais une douzaine en cours, et chaque nuit, en fonction de mon humeur, j'en répétais une, je la peaufinais... j'adorais faire ça. Maintenant, avant de m'endormir, je suis obligée de penser à la vraie vie, au bac, tout ça. »
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C'était vraiment agréable pendant l'acte, le peu de temps que ça a duré, mais les effets positifs se sont vite dissipés après coup, et j'ai pas ressenti de changement intérieur majeur. C'était un peu comme la première fois où, petit, j'avais enfin réussi à attendre jusqu'à minuit pour voir l'heure passer de 23:59 à 00:00 sur le réveil. J'étais tout excité, j'ai retenu mon souffle sans même m'en rendre compte en attendant le grand moment où le jour d'avant se transformait en un jour nouveau, mais le réveil est passé à 00:01 et rien n'avait changé.
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« Les gens m'envient, en général, mais il y a un gros désavantage, je trouve, à être plus intelligente que les autres, et je vais te dire ce que c'est, parce que je pense que ça va jouer pas mal dans la formation de mon avenir : c'est la solitude. Tu vois, c'est pas parce que je suis douée pour tout que ça veut nécessairement dire que je veux être la meilleure, et les gens ont tendance à croire que si, à tout mélanger. En vrai, j'aimerais bien avoir de la concurrence de temps en temps, ce serait plus sain. Avoir des gens à respecter, à admirer, qui ne soient pas juste Aurore ou Bérénice ou les garçons, mais quelqu'un de mon âge. Mais bon.... Quand tu es premier en tout, faut pas trop la ramener, on y croirait pas si j'expliquais que je voulais vraiment de la concurrence. Ça sonnerait faux, fallacieux. Faut rester humble dans ces cas-là, faire même comme si t'avais un peu honte d'être intelligent. Je me dis que ça doit être pareil quand t'es très heureux. »
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J'avais remarqué récemment qu'on pouvait plus rien dire aux adultes (nous, les ados) sans qu'ils en fassent tout un plat, sans qu'ils en tirent une signification extraordinaire qui nous apprendrait quelque chose sur le sens de la vie. Ils se sentaient obligés de dispenser leur sagesse. Par exemple, un garçon de ma classe qui avait juste demandé au prof « Ça va tomber au contrôle ? » avait été invité à méditer sur l'incertitude inhérente à toute chose de la vie (« Je ne sais pas, Jules, est-ce qu'un astéroïde géant va heurter la terre et nous rayer de la carte comme ça s'est passé avec les dinosaures ? »).
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« Il devrait vraiment y avoir un programme post-doctoral pour apprendre à reprendre une vie normale. Ou tout un programme doctoral, en fait, pour t'apprendre à vivre. Études en expériences de vie, un truc du genre. L'étudiant devrait réunir une bibliographie sur le genre de vie qu'il souhaite mener, et ses profs l'aiguilleraient vers des partenaires de vie potentiels (amis, amants) compatibles avec ses objectifs. La plupart des partenaires s'avéreraient être des impasses, mais chacun apprendrait quelque chose à l'étudiant et lui permettrait d'avancer dans ses recherches. Son directeur de thèse l'aiderait à voir ce qui a marché, ce qui n'a pas marché, à pas perdre trop de temps... ce serait pratique, non ? On dit que la vraie sagesse s'acquiert en ayant fait l'expérience de la vie, mais bon, il doit bien y avoir un autre moyen, non ? Y a beaucoup d'expériences de la vie qui ne servent à rien, me semble-t-il. On devrait juste pouvoir les zapper et vivre que les expériences nécessaires. »
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« Donc t’as pas d’arme là-dedans », il a conclu, quand j’ai fini ma liste. « Il va te falloir une arme si tu comptes vadrouiller tout seul comme ça. Tu peux pas juste te balader les mains dans les poches. T’es un petit garçon quand même. Y a des tarés partout. Il arrive des trucs ignobles aux petits garçons tout mignons dans ton genre. – Je suis pas vraiment mignon », j’ai dit. Je cherchais pas à ce qu’il me contredise, je me demandais vraiment si le fait d’être un peu gros n’agirait pas comme protection contre un tueur-pédophile potentiel.
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« Ne va pas répéter à tes frères et sœurs ce que je viens de te dire, hein ? Que je pense qu’ils sont insensibles. – Bien sûr que non », j’ai dit, même si j’étais à peu près sûr que ça leur ferait ni chaud ni froid.
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Il ne me demande jamais comment va Paris,à moi.J'ai l'impression parfois,quand il dit "Paris",qu'il imagine un club ultrafermé à l'intérieur même de la capitale,où erreraient les gens comme Max et dans lequel on n'aurait jamais laissé entrer les gens comme lui et moi.
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