Citations de Carl Norac (157)
Le sable est un peu brûlant, mais c'est si amusant. Elle en prend une poignée, le laisse couler entre les doigts. On dirait du temps qui passe, se dit-elle.
Vous savez, les parents, il y a plein de petits bonheurs qu’on ne peut pas mettre dans une boite !
CHANGEZ DE BOUCHE
Changez de bouche: prenez la mienne. Elle est un peu collante, n’aime guère les dents, s’accommode des langues, même des plus exsangues, mais elle ne s’use pas. Prenez la mienne, vous dis-je. J’en ai fait trop de cas, l’ai promenée trop loin au milieu des visages, sur des lèvres moins sages. Si par mégarde elle n’était pas à votre taille, faites-la rétrécir dans un peu d’eau glacée et puis embrassez-moi.
Les rêves n'attendent pas les aiguilles des horloges.
Il m'embrasse et je file sur le museau de la Grande Ourse.
Simon, tu est mon meilleur ami du monde ! s'écrie Lola.
PORTRAIT DU POÈTE EN HORLOGER
— Mon cher, vous avez une horloge dans la tête.
— Monsieur, je gagne mon temps.
— Mon cher, vous avez des pattes de mouche sur vos poèmes.
— Monsieur, je les collectionne.
— Mon cher, vous avez un timbre collé sur le front.
— Monsieur, je voyage en pensée.
— Mon cher, vous tenez la nuit entre les dents.
— Monsieur, je lui parle du jour.
— Mon cher, les années filent sans vous toucher.
— Monsieur, je les laisse passer.
— Mon cher, quel est votre secret ?
— Seulement deux aiguilles,
l'une me dit les heures et l'autre les efface.
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Le noir quart d'heure, c'est Maman et moi, tout éteint.
Elle raconte, je raconte. C'est notre histoire.
Lola se fait gronder. Elle doit tout ranger. C'est dur de ranger. Ca dure de ranger !
"Que faire ?" se demande Lola. "Je ne vais pas bouder : il n'y a personne pour me regarder."
En souriant comme un gamin taquin, mon tout meilleur ami a fait, paraît-il, un petit salut vers la fenêtre, vers moi peut-être ou vers le futur.
Avec, dans la main, cette note qu'il n'avait pas volée.
Il est parti un peu trop tôt au pays ou les rêves sont vrais.
Mon cher Titus,
C'est parfois loin, un meilleur ami. Voilà pourquoi je t'écris. Pas de nouvelles de Varsovie. Alors, pour toi, j'ai décidé d'inventer une gazette du lieu de mes vacances au grand air : Le courrier de Szafarnia.
A la une aujourd'hui :
Un canard a perdu une patte au cours d'un duel avec une oie.
A l'école, une souris a fait un trou dans la chaussure de mademoiselle Dziewanowska.
Un chat enragé est mort et tout à coup cessa de l'être.
A cheval, monsieur P. a failli dépasser une femme qui était à pied.
Une vache du village, en liberté provisoire, est allée chez le docteur. Celui-ci l'a déclarée guérie de ferme et elle est partie en voyage.
« Un cirque passa au loin.
La voix dans le haut-parleur cria :
« Sentimento, le cirque des pays chauds !
Venez réchauffer vos cœurs glacés par l’hiver au cirque Sen-ti-men-to ! »
Nos lèvres s’abandonnent comme des morceaux de pain sur un sentier, quartiers de mie que l’on ramasse, que l’on porte à ses dents.
- Je t'aime comme un frère, même si je n'ai pas de coeur. Pourquoi ne peux-tu pas m'aimer avec le tien ?
En lui parlant, le pantin posa sa main mécanique sur l'épaule de l'homme.
- Tu me fais mal. Recule ! s'exclama monsieur Stein. Tu es laid. Tu me dégoûtes. Jamais tu ne me ressembleras !
- Je commence! s'écrie Toinou.
Parfois, Papy Loup et Grand-mère Loup
me donnent un bisou ensemble.
Papy Loup sur une joue,
et Grand-mère Loup sur l'autre!
Ça fait deux bisous en même temps.
Moi, j'adore les bisous sandwiches!
Depuis toujours, les animaux parlent à Asha...
Ce pouvoir l'amuse juqu'au 1er jour d'école. Là, elle se rend compte qu'elle est différente.Dans la cour, elle n'ose pas s'adresser aux autres enfants. Alors, elle discute avec un lézard. Les autres se moquent. Eux n'entendent pas le petit reptile raconter ses aventures.
Dans la rue, le coeur des gens bat à l'envers. Tout le monde s'épie. Un voisin est un ennemi. Les murs n'ont pas seulement des oreilles, ils cachent des yeux
3 juin
Je deviens familier d’une trouée de ciel. J’écoule un hasard, monnaie blanche. Derrière le ciel, peut-on toucher la peau de l’astre, ou caresser comme une femme ce pays sans air qui convient à la chute? Il me reste à trouver celle qui me suivra dans la trouée de ciel. Elle m’écrira demain, sans me connaître. Ses mots d’amour arriveront dans une enveloppe blanche, sans adresse, légèrement trouée.
J'ai tout compris : si [les Indiens] ont construit tant d'échelles et sont montés si haut, c'est pour arracher les drapeaux que les hommes ont planté dans le sol lunaire.
Ils les ont tous trouvés et sont à présent tout à fait contents. La lune est libre, comme avant.
Elle n'appartient plus à personne. De joie, les Indiens se sont mis à danser autour d'un cratère en poussant des cris. Pour ne pas les vexer, je les ai accompagnés.
Poème pour apprendre à conjuguer
J’étoile, tu étoiles, il étoile, nous étoilons, vous étoilez,
ils brillent un peu, les mots.
J’infinis, tu infinis, elle infinit, nous infinissons, vous infinissez,
elles s’allongent un peu, les phrases.
Je nuage, tu nuages, il nuage, nous nuageons, vous nuagez,
ils ajoutent du ciel bleu, les stylos.
Je page, tu pages, elle page, nous pageons, vous pagez,
elles vivent hors des lignes, les idées.
Je poème, tu poèmes, il poème, nous poèmons, vous poèmez.
Je queneau, tu michaux, il prévert, nous tardieusons,
vous jacobez, ils norgent.
Hé l’art du poème, à présent, on dirait que tu l’aimes.