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Citations de Carole Martinez (1374)


Et se mains, vous ai-je jamais parlé de ses mains ?
Les mains des conteuses sont des fleurs agitées par le souffle chaud du rêve, elles se balancent en haut de leurs longues tiges souples, fanent, se dressent, refleurissent dans le sable à la première averse, à la première larme, et projettent leurs ombres géantes dans des ciels plus sombres encore, si bien qu'ils paraissent s'éclairer, éventrés par ces mains, par ces fleurs, par ces mots.
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« À défaut de croire en Dieu, j’ai commencé à croire en moi, en la force de ma parole dont je voyais chaque jour croître l’incroyable pouvoir. » (p. 166)
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Et moi, j’étais entrée dans ma cellule comme en un navire, j’y avais essuyé des tempêtes, abordé des terres inconnues, j’y avais tout perdu et tellement espéré. Comment pouvait-on tant apprendre, tant changer, tant souffrir, tant vieillir, en si petit espace ?

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On oublie si vite nos rêves et nos désirs d'enfant , on les dilue pour les rendre acceptables, innocents et jolis. On ne se souvient que d'un monde doux et tranquille , alors que la pureté même de l'enfance est tout entière dans cette violence que tu dis sans détours.
L'enfant est un dévorant qui avalerait le monde , si le monde était assez petit pour se laisser saisir.
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L'homme savait bien qu'il devait mourir un jour, mais il passait sa vie à l'oublier.
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Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches. Mais n'imaginez pas que ce massacre des contes a chassé la peur ! Non, vous tremblez toujours sans même savoir pourquoi
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"On ne quitte pas un monde sans angoisse ni sans rêve."
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À presque trois ans, Elzéar parvenait, en poussant ma chaise au plus près du mur, à se hisser à la hauteur des barreaux de ma fenestrelle et à se laisser glisser jusqu'au sol de l'autre côté. Il était plus libre que je ne l'avais jamais été, bien qu'il dormît en ma cellule. Je ne le contraignais pas à cet espace minuscule et le laissais gambader au-dehors à sa guise. Je l'aidais même lors de ses évasions et masquais l'angoisse grandissante qui m'étreignait au moment de la séparation. Car, à mesure qu'Elzéar gagnait en agilité, il lui devenait plus difficile de se faufiler entre les tiges de fer pour courir dans les écuries et regarder les hommes y travailler. Je le suivais des yeux aussi longtemps que possible, puis je m'imaginais ses jeux à partir de ce que chacun m'en disait, j'assemblais des morceaux. Elzéar tentait lui aussi de me conter ses découvertes en sa langue décousue, mais son monde n'était que de fragments, les mots lui manquaient encore autant que la faculté d'organiser ses souvenirs dans le temps et l'espace.

Ses mains percées ne me donnaient accès qu'au regard de mon père – l'au-delà du grand érable m'était étrangement plus lointain que la Syrie, l'enfer ou les cieux -, et mes nuits étaient toujours emplies des souffrances du croisé que les caresses quotidiennes d'Elzéar me condamnaient à partager.

Je vivais son calvaire de l'intérieur, j'étais ses pieds, ses yeux, sa chair. J'étais accrochée à mon père comme le gui à l'arbre, j'embrassais sa pensée aussi clairement qu'au soir de mes noces manquées.
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J'attrape mon portable sur la table de nuit et le rallume. Cet objet s'installe dans ma vie, je l'oublie de moins en moins, il est devenu ce que je touche en premier le matin et en dernier le soir. Peu à peu, il avale tout : réveil, montre, agenda, appareil photo...

Depuis que je vis ici, il a dévoré mes enfants, mes amis, mon mari.

Est-ce parce qu'il contient Laurent que ce téléphone m'est désormais essentiel ? Sa voix y est enfermée avec tout un bric-à-brac d'objets du quotidien.
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J'étais belle, tu n'imagines pas, aussi belle qu'une fille peut l'être à quinze ans, si belle et si fine que mon père, ne se lassant pas de me contempler, ne parvenait pas à se décider à me céder à un autre.
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Des ronces nous agrippent aux mollets, nous griffent au visage, de petites araignées brunes courent sur la mousse entre les feuilles. Nous avançons sous une voûte que seuls de rares rayons parviennent à traverser. Quelques glaives lumineux zèbrent d'or les sous-bois comme dans les enluminures d'un vieux livres de contes.
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Le monde en mon temps était poreux, pénétrable au merveilleux. Vous avez coupé les voies, réduit les fables à rien, niant ce qui vous échappait, oubliant la force des vieux récits. Vous avez étouffé la magie, le spirituel et la contemplation dans le vacarme de vos villes, et rares sont ceux qui, prenant le temps de tendre l'oreille, peuvent encore entendre le murmure des temps anciens ou le bruit du vent dans les branches.
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Je n'étais pas vraiment belle, du moins comme ma sœur Clara l'était, mais j'avais, paraît-il, une grâce singulière qui les clouait aux murs
Mes sœurs me répétaient en riant les confidences des jeunes gens qui les suppliaient de plaider leur cause, ce qu'elles faisaient avec un brin de dérision, me décrivant les ridicules symptômes de leur amour, leurs bégaiements, leurs regards mous. Et nous riions.
Mais moi, je songeais à leur membre dressé, soudain à l'étroit dans leur culotte, et j'oscillais entre rire et dégoût.
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L’ennui et l’amertume sont les grandes plaies du genre humain, mort ou vif.
Heureux ceux qui désirent jusqu’au bout, et même au-delà, ceux qui meurent curieux, heureux les oublieux qui redécouvrent chaque jour le monde, heureux les empathiques, les simples et les croyants. Heureux les imbéciles ! 
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Comme les hommes sont attentifs quand on leur parle d'eux !
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Je n’avais pas menti, je m’étais contentée de taire une vérité que personne n’avait envie d’entendre et mon silence avait offert un espace blanc à broder, un vide dont chacun s’était emparé avec délice.
P87
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Être père n'est pas une affaire naturelle. Je ne me souviens pas vraiment du mien, il était une grande figure absente, un mythe construit par la parole de ma mère et par celle de ses gens, mon père était un modèle, un nom, un château, une terre, de grandes batailles, mon père contenait son père et le père de son père, mon père était l'incarnation d'une lignée que j'ai appris à respecter, à vénérer. J'ai songé alors que, depuis des générations, les hommes de ma maison devenaient pères en observant, en construisant ou en renversant leur propre père, pas en se penchant sur leurs enfants.
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J'ai regardé, impuissante, mon enfant s'éloigner en prenant conscience que je ne le reverrais sans doute jamais. J'ai compris cette douleur à laquelle Dieu avait condamné les femmes depuis la chute. L'enfantement n'était pas seulement une torture physique, mais une peur attachée comme une pierre à une joie intense. Les mères savaient la mort déjà à l'oeuvre dès le premier souffle de leur enfant, comme accrochée à leur chair délicate.
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p15 Car ce château n’est pas seulement de pierres blanches entassées sagement les unes sur les autres, ni même de mots écrits quelque part en un livre ou de feuilles volantes disséminées de-ci de-là comme graines, ce château n’est pas de paroles déclamées sur le théâtre par un artiste qui userait de sa belle voix posée et de son corps entier comme d’un instrument d’ivoire.
Non, ce lieu est tissé de murmures, de filets de voix entrelacées et si vieilles qu’il faut tendre l’oreille pour les percevoir. Des mots jamais inscrits, mais noués les uns aux autres et qui s’étirent en un chuintement doux.
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Jusqu’à l’arrivée du bonhomme, je n’avais jamais remarqué la beauté de cette grande fille qui m’avait toujours paru bien austère et sans charme, mais, soudain glorifiées par le regard du godelureau, ses courbes de géante ondulaient sous les tissus verts qui les couvraient, ses formes se trémoussaient, sa cambrure jubilait, ses yeux pétillaient. Peu
lui importait de faire jaser la maisonnée, elle semblait tirer
tant de plaisir à tout cela. Bérengère prenait corps en présence de Martin.
J’aimais observer leur danse amoureuse, voir la grosse Bérengère si légère dans la paume du bonimenteur, sentir la joie simple qu’ils avaient à se regarder, à se tenir tout près l’un de l’autre, à s’effleurer, à se frotter l’air de rien au passage, à modifier leur posture : gonflant leur poitrine comme des jabots, rentrant leur ventre, peignant leur sourcil du bout du doigt ou s’humectant les lèvres. P 86
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