AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Catherine Coquery-Vidrovitch (14)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Petite histoire de l'Afrique : L'Afrique au..

Ce court essai se veut une introduction à l'histoire de l'Afrique subsaharienne. Le travail est bien fait, ainsi que l'explication des difficultés historiographiques découlant du manque de sources écrites et du trop peu de fouilles archéologiques qui y ont lieu.



Le livre a été écrit suite aux sorties minables de Sarkozy sur l'Afrique il y a quelques années. Il se veut large, très accessible, et vise à réfuter beaucoup d'idées reçues.
Commenter  J’apprécie          473
L'Afrique des routes

J'avais eu la chance de visiter Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac à son ouverture en 2006 et j'avais été assez admiratif du lieu, aussi bien de ses collections que de son architecture.



Plus de dix ans après j'ai eu l'occasion lors de mon dernier séjour parisien de retourner dans ces lieux, situés tout pres de la Tour Eiffel pour voir leur dernière grande exposition présentée à ce jour , "L'Afrique des routes",qui court jusqu'au 12 novembre 2017.

Le catalogue de l'exposition montre bien l’objectif premier de celle ci : L'Afrique possède une histoire encore plus ancienne que les autres continents qui a joué une partition nécessaire mais également un peu sous estimée et méconnue dans les mondialisations successives de l’histoire.



L'exposition permet ainsi de contourner les clichés et les représentations de ce continent et d'affirmer que jamais l'Afrique n'aura jamais vécu dans l’isolement.



Cette évidence, la conservateur de l'exposition Gaëlle Beaujean, a voulu la démontrer à travers les objets dans un musée d’art, objets qui attestent de l’ancienneté et de la variété des contacts de l’Afrique avec le reste du monde.



L’accent est mis sur la circulation des hommes, des idées, des langues, des cultures, des plantes, des produits et des objets, et sur les mutliples voies d'échanges à travers le monde : compte ici la circulation des hommes, idées, cultures objets et matières premières.





Plus de 300 œuvres témoignent de ces échanges passionnants avec les autres continents, et présentent l'importance des échanges de l'Afrique avec les autres continents...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          170
Petite histoire de l'Afrique : L'Afrique au..

L’essai de Catherine Coquery-Vidrovitch complète parfaitement celui que j’ai lu il y a peu, 50 ans après, l’Afrique de Tidiane Diakité. Le premier apporte un éclairage sur l’histoire et la géographie de ce continent, alors que le deuxième fait un bilan post-colonial, une analyse du potentiel africain et de ses capacités de développement.



Petite histoire de l’Afrique est un condensé intéressant. Thème difficile puisque la tradition orale ne permet pas de disposer d’éléments d’étude. Si ce n’est les fouilles archéologiques et des rapports anthropologiques, il faut attendre le bas Moyen Age pour disposer de recueils de voyages arabes décrivant les royaumes et contrées africains.



Néanmoins, l’historienne insiste sur l’importance du continent dans l’histoire des civilisations. A commencer par l’égyptienne, dont certains pharaons étaient nubiens, et qui s’appuyait sur les richesses du pays soudanais. Car l’Afrique a, depuis toujours, fourni le reste du monde. D’abord en femmes et en hommes, pas seulement comme esclaves, mais comme le berceau de l’humanité. Puis, et c’est toujours le cas, en matières premières, essences et produits tropicaux.



Là est bien le drame de l’Afrique. Il exporte tout sans pouvoir en tirer bénéfice. Arnaquée par les Arabes et les Occidentaux dans la période précoloniale, peu développée à l’époque coloniale, elle pâtit de nos jours de l’inconsistance de ses états, de la capture du pouvoir et de détournement des richesses à tous les niveaux de la société. Et pourtant, le potentiel est là.



C’est donc un essai historique intéressant que je vous conseille si le sujet de l’Afrique vous intéresse. Il vous donnera un éclaircissement sur ce continent et peut-être un autre regard.
Commenter  J’apprécie          90
L'Afrique noire de 1800 à nos jours, 4e édition

Cet ouvrage est normalement destiné aux étudiants en histoire, mais il est également un bon apport de connaissances pour le lecteur désireux de parfaire ses informations sur un continent à l'histoire trop méconnue.

Après une première partie sur les sources de la recherche et les documents (qui n'est pas la plus passionnante), on entre dans le vif du sujet avec des chapitres sur les sociétés et l'évolution des peuples africains au XIXème siècle, et là c'est passionnant ! On aborde ensuite l'exploration et la conquête, au travers notamment de l'économie coloniale et du traitement politique des élites. Les époques couvertes vont jusqu'à l'indépendance. La troisième partie est centrée sur une analyse des sociétés africaines, l'économie de la traite et les facteurs externes. C'est au total un bon ouvrage d'histoire.
Commenter  J’apprécie          90
L'Afrique des routes

Malgré une approche peu approfondie, ce livre bat en brèche beaucoup d'idées reçues sur le commerce en Afrique. À toute époque l'autonomie de l'Afrique s'inscrit dans une très longue durée jusqu'au colonialisme qui a en effet ramené le continent au sous développement.

Du commerce de la production de toutes marchandises, des villes, des pouvoirs puissants et éclairés.

De très belles illustrations reflétant l'exposition. Beau livre !
Commenter  J’apprécie          90
Les routes de l'esclavage

Un ouvrage « clef » à lire absolument !

Catherine Coquery-Vidrovitch nous fait découvrir ce que le programme scolaire a longtemps occulté. Notre société moderne a été construite sur les bases de l’esclavage ….

L’auteur nous enseigne que ce type d’asservissement existe depuis les grandes guerres de conquêtes. Or celles-ci sont à l’origine des richesses des « grandes civilisations »

Le mot « slave » signifie « esclave », et correspond à la population de l’Europe de l’Est. Les esclaves existent au moins depuis la civilisation sumérienne au 3ème millénaire avant JC. C’est leur exploitation qui a permis la grandeur de certaines sociétés (et la richesse de notre patrimoine actuel).

Dans les pays islamiques, les esclaves étaient des étrangers non musulmans, souvent blancs. Un islamiste ne pouvait, en théorie, pas devenir esclave. (Les juifs et les chrétiens s’auto-protégeaient de la même manière par des clauses d’interdiction de soumettre les coreligionnaires à l’esclavage) De nombreux pays africains ont de ce fait adopté les religions monothéistes pour tenter d’éviter l’esclavage (ce qui n’était pas toujours très efficace, à cause de la barrière de la langue et aussi surtout des intérêts particuliers).

Même le pape avait des esclaves !

En Afrique noire, la vraie richesse consistait à posséder des êtres humains arrachés à leurs pays d’origine. L’exploitation gratuite des étrangers extorqués à leurs familles étaient aussi le mode de fonctionnement des Grecs et des romains.

L’exploitation sexuelle fait bien-sûr partie de ce système.

Dans ce monde où prédominaient le rapport de force et l’enlèvement, les femmes de « bonnes familles » étaient cloitrées chez elles.

Au Maghreb, les esclaves servaient à tout : usage domestique et sexuel, main d’œuvre dans les champs, les mines d’or, soldats….etc. Après la mise en place de l’Islam, toute personne non islamiste était susceptible d’être esclavagée ce qui encourageait les pays africains à adopter cette religion. Parmi les esclaves les deux tiers étaient des femmes (plus facile à soumettre). Elles étaient utilisées dans tous les domaines y compris l’armée. Les harems étaient constitués d’esclaves.

En Afrique noire l’esclavage était pratiqué à grande échelle comme ailleurs. Un cheval valait 15 à 20 esclaves. Malgré les différences au niveau des croyances, celle du culte des ancêtres prédominait dans tout le continent noir. Or, un être humain qui ne pouvait honorer ses aïeux devait non seulement s’attendre à ce que le sort s’abatte sur lui, mais aussi avoir honte de ne pas accomplir ce devoir. L’esclave, arraché à son milieu, n’était pas considéré comme victime, mais comme coupable, et honteux.

Le mot « esclave » était une injure. Le mot « nègre » aussi car il faisait référence à cet état. Les travaux sales comme le nettoyage des villes étaient réalisés par cette main d’œuvre gratuite. Ces gens inspiraient alors le dégoût et on pouvait le leur signifier en toute impunité.

S’il tentait de fuir, généralement très éloigné de chez lui, l’esclave était freiné au départ par la barrière des langues, puis par des intérêts (mariage …. Etc..). En fuyant, il prenait le risque de se faire capturer par son maître, puis torturer, ou de redevenir esclave ailleurs.

Certaines villes africaines étaient aussi développées qu’en Europe ou au Maghreb. Du début du XVIème siècle à la date de la conquête marocaine (1591), Tombouctou fut l’un des plus grands centres universitaires du monde. D’autres empires de ce continent ont eu leurs années de gloire….



Commenter  J’apprécie          50
Les routes de l'esclavage

Voici un ouvrage d'une grande honnêteté intellectuelle sur la question des traites africaines qui a le mérite de considérer le temps long – du VIe au XXe s – et de multiplier les espaces étudiés (donc de ne pas se limiter à la traite atlantique). La précision et la rigueur de l'auteur sont appréciables de même que les allusions aux recherches actuelles, toujours en cours, et à la question des sources disponibles.



Même si un format universitaire m'aurait convenu, je reste très redevable à cet ouvrage pour les connaissances dévoilées et considère que l'effort de vulgarisation est réussi. L’œuvre est bien sûr à lire en parallèle du documentaire éponyme diffusé par ARTE mais ce n'est pas obligatoire.
Commenter  J’apprécie          40
Petite histoire de l'Afrique : L'Afrique au..

1. Ce livre résulte des cours d’introduction à l’histoire africaine donnés pendant une vingtaine d’années par l’auteure à l’université Paris 7 puis à la State University de New York. S’interrogeant sur les raisons pour lesquelles l’histoire de l’Afrique est aujourd’hui (et depuis longtemps) si méconnue, marginalisée et même rejetée, elle souligne que l’Afrique a la plus vieille histoire du monde, que celle-ci n’a pas été « découverte » par les Européens, et qu’elle devrait mieux être prise en compte dans l’histoire du monde.



2. Catherine Coquery-Vidrovitch observe qu’on met souvent l’accent sur l’histoire coloniale, mais souligne que celle-ci, sauf en Algérie et en Afrique du Sud, a duré moins d’un siècle, et parfois beaucoup moins. Envisageant l’histoire de l’Afrique sur le long terme, elle souligne à quel point la période de colonisation a été brève, et la période des indépendances plus brève encore.



3. Reprenant les thèses d’une grande figure du courant de la « nouvelle histoire africaine », Cheikh Anta Diop, elle montre que l’histoire de l’Afrique commence en fait avec l’Égypte ancienne. En effet, les Occidentaux ont souvent occulté le fait que l’Égypte se situe en Afrique. Elle souligne que la diffusion culturelle entre l’Égypte et l’Afrique subsaharienne a été bien plus importante qu’on l’a longtemps cru. Par exemple, selon certaines hypothèses, le wolof, langue parlée au Sénégal, aurait des origines hiéroglyphiques.



4. Dressant un panorama de l’histoire de l’Afrique, elle rappelle qu’avant la colonisation ont existé en Afrique de nombreuses formations politiques, de la plus petite (chefferies) à la plus grande (empires). Entre le xvie et le xviiie siècle, de solides formations politiques se sont développées au cœur de l’Afrique centrale, donnant lieu à des empires appelés Luba et Lunda. Au xixe siècle, de grands conquérants africains se sont illustrés, comme Ousmane da Fodio et El-Hadj Omar. Elle met également l’accent sur le rôle essentiel des femmes. Elle montre par ailleurs que les sociétés africaines ont été aussi inégalitaires que les autres, et elle décrit les systèmes d’esclavage internes à l’Afrique qui ont longtemps fonctionné.



5. Elle souligne que la population a brutalement chuté au temps de la conquête coloniale, entre 1880 et 1920 ; les grandes épidémies ont fait des ravages dans ce continent alors largement insalubre.



6. Évoquant le génocide rwandais de 1994, elle insiste sur le fait qu’il est faux de parler de guerres « ethniques » ; on a affaire plutôt à « des guerres modernes de lutte pour le pouvoir et la terre, s’appuyant sur des revendications identitaires reconstruites et manipulées. » Elle démonte le regard eurocentré qui domine bien souvent dans les analyses portées sur l’Afrique.



7. En conclusion, l’auteur, qui pose la question de savoir pourquoi ce continent, doté de richesses humaines et de ressources minérales exceptionnelles, a connu un développement tardif, appelle l’Afrique à réussir à devenir le groupe politique de pression internationale dont rêvaient Kwame Nkrumah et les autres leaders panafricains.



8. Ce petit livre, qui se lit très aisément, offre une vision synthétique de l’histoire de l’Afrique. Loin de verser dans l’érudition, l’auteur se concentre sur des faits et des idées essentiels, pose des questions pertinentes et apporte des points de vue éclairants.
Commenter  J’apprécie          20
Petite histoire de l'Afrique : L'Afrique au..

J’ai trouvé ce livre passionnant. Il manque sans doute encore des études plus fouillées sur l’ Afrique. Mais c’est bien.

J’avais déjà lu Congo de D. Van Rebrouck
Commenter  J’apprécie          20
Être esclave

Dans sa préface Ibrahima Thioub indique « Ce livre corrige une des limites majeures de l’historiographie de la traite qui, en négligeant les relations directes entre Afrique et Amériques, par la traite dite « en droiture », a exclu de son champ d’investigation l’histoire de la moitié des esclaves ayant traversé l’océan, particulièrement dans sa partie sud ». Il critique une certaine approche dite « postcoloniale » « qui a renoncé aux causes inscrites sur la longue durée » et souligne, entre autres, la nécessaire réintroduction des acteurs/actrices africain-e-s, leur non réductibilité au statut de victimes amorphes, l’importance d’une histoire des esclaves, qui ne se résume pas à une histoire de l’esclavage, la place de la révolution haïtienne, l’épaisseur conséquente de l’esclavage et des traites esclavagistes dans les constructions mémorielles « en confrontation dans les espaces publics nationaux et les tribunes internationales » …



L’auteur parle aussi de « l’hégémonie du mode de production esclavagistes », de l’esclave « cet être réifié, une marchandise issue de l’exercice de la violence et qui transmet son statut social et juridique à se descendance »…



« C’est en se saisissant ainsi de la totalité de la chaîne de la traite qu’on se donne les moyens de rendre compte des spécificités de chacun de ses bouts et des maillons qui les connectent, ainsi que de l’unité de l’ensemble qui en fait un système ».



Dans leur introduction, « Les Africains dans le monde atlantique », Catherine Coquery-Vidrovitch & Eric Mesnard soulignent, entre autres, l’importance de la traite « en droiture » entre Afrique et Amériques, les trois partenaires « les Européens, évidement, mais aussi les Américains et les Africains », sans oublier « les esclaves eux-mêmes, qu’on ne peut qualifier de ‘partenaires’ ». Il convient en effet de ne pas oublier les marchands négriers Africains, « oubliés » lors la construction des indépendances, de nouveaux mythes nationaux. Analyser les relations entre l’ensemble des acteurs/actrices ne minimise en rien le rôle et les crimes contre l’humanité des Européens. L’analyse du passé ne permet pas de construire « une vision passéiste idyllique ». Et, comme le soulignent les auteur-e-s, on ne peut transiger avec la définition de l’esclavage. Ce qui, par ailleurs, oblige à historiciser les conditions, dont le « choix » des êtres humains concernés, de celui-ci.



Il y avait donc en Afrique « au moins deux groupes antagonistes : les razzieurs et les razziés » et « la carte politique et démographique de l’Afrique fut durablement et profondément affectée par le trafic négrier interne ».



A l’époque moderne, la traite est un « commerce ». Le terme masque que « la « marchandise » n’était pas un objet quelconque produit par l’homme, mais l’homme lui-même ». Comme l’indiquent les auteur-e-s la notion de « traite négrière », permet de désigner et l’instigateur et l’objet du trafic. Elle et il reprennent la définition d’Olivier Pétré-Grenouilleau en cinq éléments (réseaux d’approvisionnement, dissociation des lieux de production et d’exploitation des captifs, insuffisance de la croissance démographique des populations d’esclaves sur les lieux d’importation, importance de l’échange tributaire ou marchand, assentiment d’entités politiques ayant des intérêts convergents)



Les auteur-e-s rappellent que la « civilisation islamique » fut la première dont l’extension se fit de l’Atlantique à la Chine et de l’Europe du Sud à l’Asie centrale. Cela engendra de considérables besoins de main d’œuvre servile. Mais contrairement aux idées reçues, la légitimation de l’asservissement ne fut pas raciale, « la négritude », mais religieuse « l’incroyance ».



Après ces rappels, les auteur-e-s distinguent quatre périodes : XVème siècle luso-africain, 1500 à 1750 avec la multiplication des contacts avec le Brésil et les Caraïbes, 1750 à 1850 et la traite des Noirs principalement en relation avec le développement des plantations de cannes à sucre et du coton, enfin la période postérieure à 1850 avec le déclin de la traite Atlantique et « paradoxalement, la généralisation du mode esclavagiste interne au continent africain ».



Catherine Coquery-Vidrovitch & Eric Mesnard fondent leurs analyses « prioritairement sur les récits d’esclaves ».



Les auteur-e-s parlent, entre autres, de l’ancienneté de l’esclavage dans les sociétés africaines, du renforcement du pouvoir patriarcal dans des régimes de filiation matrilinéaire, de l’esclave comme un « étranger sans racine », sans nom, sans ancêtre, des traites orientales, des traites internes, de la traite transsaharienne, de la consubstantialité de la traite et de l’esclavage, des marchés spécialisés, des connexions entre esclavage domestique et esclavage de traite, de la traite des femmes.



Les auteur-e-s poursuivent avec l’analyse de la culture luso-africaine, la place des îles du Cap-Vert, du métissage, de l’économie de plantation, de l’invention de la catégorie des « coloured », du « grand passage » entre l’Afrique et l’Amérique, de la disparition de peuples et de civilisations. Elle et il rappellent que « les esclaves ne devenaient pas esclaves sur les bateaux négriers » et analysent la phase « industrielle » de la traite, l’essor de l’économie sucrière au Brésil et dans les Caraïbes, la « terrible traversée » atlantique pour les esclaves.



Catherine Coquery-Vidrovitch & Eric Mesnard soulignent les données démographiques de ce crime contre l’humanité : douze à treize millions d’êtres humains prélevés par la traite européenne.



Les auteur-e-s analysent en détail l’esclavage en Amérique, la « condition » des esclaves dans les « îles à sucre », les relations entre maîtres et esclaves, l’âge du coton, « le fouet qui lacérait les corps » après la abolition de l’esclavage…



J’ai notamment été intéressé par les chapitres sur les résistances d’esclaves, la révolution haïtienne, le rappel de l’existence des résistances en Afrique même, les révoltes contre la traite…



Catherine Coquery-Vidrovitch & Eric Mesnard analyse la créolisation en Afrique, les Luso-Africains, les Afro-Brésiliens, la place des femmes dans les processus de créolisation. Elle et il poursuivent sur la créolisation en Amérique, l’émergence d’un nouveau groupe social les « libres de couleur », les abolitions en Amérique. Les auteur-e-s montrent les impacts de la révolution haïtienne (et rappellent les indemnités – illégitimes et odieuses – versées à la France pour la propre libération des haïtien-ne-s). Sans oublier le rétablissement de l’esclavage par le fossoyeur de la république Napoléon Bonaparte (toujours très honoré en France).



Le livre se poursuit sur l’esclavage intégré en Afrique, son essor au XIXe siècle, les seigneurs de guerre, la réactivation de la traite transsaharienne, la colonisation zanzibarite, la genèse du racisme anti-noir et la rigidification de la « colour-bar »…



Une synthèse importante qui n’oublient ni les principales et principaux concerné-e-s, ni leurs conditions, ni leurs refus ni leurs résistances et révoltes.



Compléments possibles :



Olivier Pétré-Grenouilleau : Les traites négrières, Gallimard : Bibliothèque des Histoires 2004, réédition en Folio Histoire 2006



Association Sortir du colonialisme : De l’esclavage aux réparations, les textes clés d’hier et d’aujourd’hui, Les Petits matins 2013,
Lien : http://entreleslignesentrele..
Commenter  J’apprécie          20
Petite histoire de l'Afrique : L'Afrique au..

Synthèse passionnante et efficace.. Une belle exploration de l'Afrique au sud du Sahara de la préhistoire à nos jours.. Pour mieux comprendre l'Afrique le livre est parfait... Abordant de nombreux thèmes et très limpide pour des personnes non novices.
Commenter  J’apprécie          10
Les routes de l'esclavage

Un livre qui retrace l'histoire de l'esclavage, succession de faits, de dates, on remonte les origines et on "découvre" où il est né. Très intéressant, et des illustrations viennent agrémenter le texte.
Commenter  J’apprécie          10
Petite histoire de l'Afrique : L'Afrique au..

Catherine Coquery-Vidrovitch nous présente en quelques 200 pages une synthèse de l'histoire de l'Afrique destinée à ceux qui n'y connaissent rien ou pas grand chose, et qui sont nombreux (cf le discours de Dakar de Nicolas Sarkozy) tant cette histoire est peu enseignée en Europe malgré l'ancienneté de nos relations avec ce continent et sa place comme berceau de l'humanité. Son objectif essentiel est de démonter en quoi l'Afrique est "dans l'histoire" depuis le début.



Si les Européens ont "découvert" l'Afrique à l'époque moderne, celle-ci était en relation avec le monde Arabe et la péninsule indienne dès l'Antiquité, période où l'Europe n'était elle-même qu'une périphérie du monde civilisé. D'ailleurs, comme le notait Cheikh Anta Diop, l'Egypte est en Afrique et les influences de la civilisation égyptienne sur le monde subsaharien sont aujourd'hui mieux connues.





L'auteur raconte l'histoire de l'Afrique du sud du Sahara à partir de l'Afrique et non pas de l'Europe. Elle rappelle que les sources existent, y compris écrites par les savants de l'Antiquité tels Hérodote ou Ptolémée, par les auteurs musulmans un peu plus tard et par des auteurs locaux, comme les chroniques de Kano. Et bien sur par l'archéologie, notamment dans l'univers Bantou. Elle rappelle la fausseté du concept d'ethnie pour décrire l'Afrique : ainsi le terme bantou est un terme linguistique et non ethnique, similaire au terme "indo-européen" pour désigner les langues d'Europe. Au cours de l'histoire politique de l'Afrique se sont succedées des formations politiques de nature diverse : empire, royaume ou petite chefferie disposant d'une langue le plus souvent commune : il s'agissait d'Etats que les européens ont qualifiés de tribus et les ethnologues, d'ethnies. La guerre du Rwanda n'a pas été une guerre " ethnique" mais une lutte parfaitement moderne pour le pouvoir et la terre, instrumentalisant les notions d'ethnie.

Concernant l'économie, l'auteur remet en perspective la contribution de l'Afrique à l'économie mondiale et au développement économique : elle fut d'abord le principal fournisseur d'or avant que ne soit découvert l'or des Amériques, puis le principal fournisseur de main d’œuvre et enfin un fournisseur de manières premières pour l'industrialisation du XIX ème siècle.



L'ouvrage est clair et facile à lire, centrer sur les grandes idées et quelques lignes forces. Il remet en cause certaines idées reçues et donne envient d'aller voir plus loin sur certains thèmes.

Commenter  J’apprécie          10
Les routes de l'esclavage

Je suis légèrement déçu par ce livre, sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi. Sans doute que j'en attendais trop. J'espérais une somme sur le sujet, un ouvrage très complet nous plongeant dans cette longue histoire. C'est pourtant un peu le cas, avec des chapitres s'intéressant successivement aux sociétés africaines anciennes, à l'ère portugaise, aux Antilles, aux révoltes, aux Etats-Unis ou encore aux abolitions, pour finir sur les esclavages de nos jours. Sans oublier une très intéressante introduction sur les sources, les définitions et les nombres, ainsi que quelques pages de photos et gravures en couleurs. Tout cela issu d'un beau travail de recherches, on le sent.



Malheureusement, les textes, sans être ennuyeux ou inintéressants, ne m'ont jamais passionné, ce qui s'est traduit par une lecture étalée sur plusieurs semaines, ce que je fais rarement. Ils sont peut-être trop linéaires, descriptifs, sans ambition transversale. Ils me faisaient penser, au moins les premières dizaines de pages, à des commentaires de documentaires télévisés, mais sans les images qui vont avec, ce qui n'aide pas à se repérer dans le temps et surtout l'espace (notamment pour les sociétés africaines anciennes). Plutôt que des cahiers de photos couleurs déconnectés du texte, il aurait mieux valu quelques cartes et autres documents graphiques en cours de lecture pour illustrer les propos. Le livre étant issu d'une série de films pour Arte, sans doute a-t-il été construit de la même façon, même si les commentaires ont été reformulés (du moins je le suppose, je n'ai pas vu ces films).



Au final, je recommande tout de même ce livre très documenté, mais il y avait sans doute encore mieux à faire avec le riche matériau de départ.

Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Catherine Coquery-Vidrovitch (106)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Bibliothécaire Babelio

Comment s’appellent les membres ayant des droits spécifiques

A la Franzen : Les corrections
A la Musil : Les bibliothécaires
A la Coelho : Les alchimistes
A la Werber : Les fourmis

9 questions
535 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}