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Citations de Cécilia Dutter (107)


C’est donc en qualité de volontaire et non comme déportée qu'Etty arrive le 30 juillet 1942 à Westerbork. Elle découvre la lande de la Drenthe, proche de la frontière allemande, où le camp a été édifié. À l’origine, ce sont les autorités hollandaises qui l’ont construit en 1939 pour accueillir les réfugiés juifs allemands entrés légalement ou clandestinement aux Pays-Bas. Il s agissait d'offrir à ces populations démunies un lieu d'hébergement transitoire en attendant leur émigration definitive en Palestine. On les loge dans de petits bâtiments en bois, divisés en appartements d'un relatif confort. Ironie de l'Histoire : ce lieu destiné à abriter un temps les premières victimes de la persécution nazie en Allemagne va devenir, sous l’Occupation, le plus grand camp de concentration du territoire. En mai 1940, lorsque les troupes allemandes envahissent la Hollande, celui-ci regroupe un peu plus de sept cents personnes.
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Trois mois, c'est exactement le temps qu'Etty aura tenu en enfer.

« Même si l'on doit connaître une mort affreuse, la force essentielle consiste à sentir au fond de soi, jusqu'à la fin, que la vie a un sens, qu'elle est belle, que l'on a réalisé toutes ses virtualités au cours d'une existence qui était bonne, telle qu'elle était », avait-elle écrit dans son journal en juillet 1942.

À n'en pas douter, elle se sera envolée avec cette intime conviction.
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Durant l'été 1942, elle écrit ceci à Spier : « Je te porte en moi comme mon bébé encore à naître, seulement je ne te porte pas dans mon ventre mais dans mon cœur, c'est aussi un endroit plus convenable. »
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À ses frères prisonniers comme elle à Westerbork, à ses amis demeurés à « l’arrière », au monde de l’après-guerre, à tous ceux qui la lisent aujourd'hui, la grande poétesse qu’est Etty Hillesum livre un message lumineux en forme de promesse : toujours la vie est victorieuse. Plus d'un demi-siècle après qu'elle l'a écrit, le chant de ce cantique continue d'ouvrir à l’humanité la voie royale de l'espérance.
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J’ai perçu sa tourmente intérieure. Elle était colossale. Mais j'ai vu, dans l'ouragan qui s'abattait sur sa raison, le reflet de mes propres tempêtes.

J'ai écouté ses angoisses et ses peurs qui ont fait écho aux miennes.

J'ai accueilli ses paradoxes, et parfois aussi, je l’avoue, je m'en suis agacée. N'était-elle pas mon héroïne ? Je la voulais ferme, cohérente, logique. Sainte même, qui sait ? Elle n'était que femme... Femme jusqu au bout des ongles.
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Dans Le Roi se meurt, Eugène lonesco fait dire à la jeune reine : « Tout le monde est le premier à mourir. » Il souligne par là que la manière dont chaque homme conçoit l’étape finale lui est parfaitement propre et qu'il ne saurait y avoir de règles du « bien mourir » tout comme il n'y en a pas du « bien souffrir ».

Pour sa part, Etty a déjà théorisé l'idée de la mort. Elle l’a peu à peu apprivoisée puis acceptée comme partie intégrante de la vie. « Cela semble un paradoxe : en excluant la mort de sa vie, on se prive d'une vie complète, et en l’y accueillant on élargit et on enrichit sa vie », écrit-elle.
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Il n'est plus temps de tergiverser. Au pied du mur, il lui faut choisir : « Aujourd'hui, c'est tout l'un ou tout l'autre : ou bien on en est réduit à penser uniquement à soi-même et à sa survie en éliminant toute autre considération, ou bien on doit renoncer à tout désir personnel et s'abandonner. »Jusqu'ici, sans opter pour la première proposition, Etty s'était plus ou moins protégée. Or, le processus d’anéantissement engagé par les nazis est irréversible.

Désormais, elle veut être sur un pied d'égalité avec ses frères juifs. Elle se sent prête à aller au bout de la tragédie avec eux. « Ce que des dizaines et des dizaines de milliers de gens ont supporté avant nous, nous serons bien capables de le supporter à notre tour. Pour nous, il ne s'agit déjà plus de vivre, mais plutôt de l'attitude à adopter face à notre perte », écrit-elle fin juillet 1943.

De toutes les qualités d'Etty, c'est son extraordinaire lucidité qui la rend si exceptionnelle. Ici, tout est dit de son absence totale d'illusions. Elle sait qu un pan de l'Histoire juive se déroule sous ses yeux. Et, au moment le plus critique, il n est pas question pour elle de se désolidariser du groupe. Elle entend assumer un sort commun.
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Dès les premières pages de son journal, Etty declare que la haine indifférenciée de l'ennemi est stérile. Elle la qualifie même de « maladie de l'âme» et se rebelle contre l'idée que le peuple allemand dans sa globalité puisse être considéré comme mauvais. « N’y aurait-il plus qu’un seul Allemand respectable qu'il serait digne d'être défendu contre toute la horde des barbares, et que son existence vous enlèverait le droit de déverser votre haine sur un peuple entier », écrit-elle par exemple en mars 1941, avec une rare hauteur de vue pour une jeune femme confrontée aux discriminations et aux vexations quotidiennes.
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« En apparence, nous étions condamnés à une passivité totale, mais qui pouvait nous empêcher de mobiliser nos forces intérieures ? »

La philosophie d'Etty se trouve résumée dans cette phrase. Pour elle, la résistance consiste d'abord et avant tout en une attitude face au joug allemand. Le système nazi ne repose-t-il pas précisément sur l’anéantissement de toute volonté chez les victimes juives ?

Chaque prisonnier doit apprendre à lutter contre le processus de déshumanisation engagé par l’ennemi et prendre conscience qu'il existe en lui, comme en tout homme, une part inalienable que l’oppresseur ne peut lui ravir.
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Traduit en plus de soixante-dix langues, le journal d’Anne Frank a connu un retentissement populaire mondial. À ce jour, trente-cihq millions d'exemplaires ont été vendus.

Quant à Etty, en 1943, sa longue lettre à deux sœurs de La Haye fut publiée dandestinement par des journalistes hollandais engagés dans la résistance, qui voulaient alerter la population sur le sort des juifs déportés à Westerbork. Elle fut rééditée à trois reprises après guerre. Klaas Smelik, malgré tous ses efforts, ne parvint pas à faire publier le reste des écrits d'Etty. II fallut attendre 1981 pour que le fils de Klaas, héritier du journal, convainque les Éditions Balans aux Pays-Bas de diffuser une version partielle de son journal.

Tout comme celui d'Anne Frank, ce texte fit le tour du monde et rencontra un succès considérable. Deux autres éditions, comprenant de nouveaux extraits et une partie de la correspondance d'Etty, suivirent. Enfin, en 1986, la Fondation Etty Hillesum d'Amsterdam, gestionnaire des droits sur l'œuvre, fit publier une édition intégrale de ses écrits.
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On n'est jamais seul entouré de livres et ... Flannery fut une amie hors pair. Avec elle, je ne m'ennuyais jamais. Certes, ses textes denses, rugueux et énigmatiques me donnaient du fil à retordre, mais je leur savais gré de m'occuper l'esprit durant des heures. Je les lisais, cherchant le sens caché. Je réfléchissais. Attentive à la symbolique qui en émanait, j'élaborais des théories sans parvenir à la percer à jour. Peu m'importait, l'auteur me mettait en marche. Je cheminais avec elle vers une réalité dissimulée des choses, cette vie invisible qu'elle me dévoilait l'air de rien, resituant le "connu" dans un infini existentiel dont je ne soupçonnais pas l'étendue mais qu'elle m'entrouvait.
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Ses héros ? Les éclopés : aveugles, manchots, boiteux, enfants martyrs, vieillards séniles, tueurs en série, mystiques apocalyptiques, violeurs, prédicateurs fous se succéderont à la barre. À sa façon, elle saura leur rendre justice ...
L'âpre travail d'écriture n'exclut jamais le rire, cette exquise jubilation intérieure permise par la dérision. De quoi se gausse Flannery O'Connor ? De la bêtise humaine, des certitudes trop vite acquises, des préjugés, de la pensée convenue, partiale, imbécile.
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Continuez à me faire rêver. Mon quotidien n’est pas si gai que je puisse m’en passer. À longueur de jour, je subis les vaines lamentations de mes patients. N’auront-ils jamais fini de faire le tour de leur nombril, tous ces faux malades qui viennent déverser leur bile au sein de mon cabinet ? Si vous saviez comme je m’ennuie à écouter leurs sempiternelles ruminations…
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Son œuvre est un pied-de-nez au prêt-à-penser consensuel. Elle nous bouscule, nous secoue, torpille nos préjugés et nos pauvres évidences pour nous révéler l’envers du décor
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Un livre très caustique que j'ai lu avec beaucoup de plaisir. Quel homme êtes-vous ? Pour le savoir, ouvrez ce livre écrit par une femme.
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Tout amour entre une femme et un homme que le désir taraude est d'abord une discipline, une façon d'être homme ou femme conscients de leur chance, de leur amour, de leur joie, un poème symphonique. Sur le corps que j'ai dénudé d'une femme, je joue une sorte de partition où tous mes sens entrent en jeu. Et j'aime qu'il en soit de même de la femme sur mon propre corps. Il n'est pas désir seul, il est le partage de deux désirs.
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Ils ont bâti une nation. Ils restent un peuple de pionniers dont les rêves personnels doivent s’emboîter dans le rêve collectif. Ils conçoivent le pire comme un tremplin vers le meilleur.
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En apparence nous étions condamnés à une passivité totale, mais qui pouvait nous empêcher de mobiliser nos forces intérieures ?
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Il y a une jouissance à souffrir, je n'invente rien. Être heureux ne fait pas exister. Souffrir si.
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Rabi'a, la jeune femme sybarite épicurienne de Bassora, passa des amours charnelles des hommes à l'amour cosmique de Dieu. (...) Elle réalisa sans son être et dans son esprit, par le détachement et le renoncement, le passage d'une conscience individuelle singularisée vers la conscience universelle médiatisée par un amour étendu à tout être.
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