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Citations de Cécilia Dutter (107)


Éblouie par la liberté de mœurs qui y règne, elle a tôt fait de rejoindre le cercle des aristocrates qu’elle rêvait de fréquenter. Sa jeunesse et sa splendeur lui ouvrent toutes les portes. Pleine de fraîcheur et de candeur, la jeune fille semble tombée du ciel aux seules fins de venir égayer, telle une cerise sur le gâteau, l’existence de ces privilégiés entièrement vouée à l’agrément. Sans qu’elle ait à s’en expliquer, chacun se doute qu’elle a quitté son village pour mener grande vie et les hommes se pressent autour d’elle pour lui servir de guide.
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Le corps pouvait s’exhiber. On avait le droit de l’admirer et de lui rendre hommage. De l’offrir à qui souhaitait le flatter. Le désir était roi. Un seul péché : ne pas l’écouter.
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L’entourage hérodien s’avérait aussi très imprégné de la métaphysique platonicienne, amoureuse de la Beauté, conçue comme une voie d’accès directe à la sagesse. Platon distinguait, en effet, le corps périssable de l’âme immortelle, susceptible de se réincarner à plusieurs reprises. Le philosophe postulait que l’âme avait connu les vérités éternelles (Eidê), les Idées, lorsque, affranchie de toute enveloppe corporelle, elle séjournait dans le monde invisible. Réincarnée, elle en conservait de pâles souvenirs qu’il s’agissait pour l’homme, par une attention active à soi-même et à ce qui l’entoure, de faire remonter à la surface afin de toucher du doigt cette réalité vraie, permanente et immuable constituée de tous les modèles uniques et parfaits dont les multiples copies du monde sensible n’étaient que le reflet imparfait.
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Les rives regorgeaient de palmiers dattiers, de citronniers, d’orangers… Partout où l’œil se posait, un festival de couleurs le ravissait : nuées mauves et fuchsia des bougainvilliers, pluie dorée des mimosas, grappes carmin des flamboyants, vert profond des cyprès, jade des oliviers… Comme les aristocrates hérodiens, Marie semblait avoir trouvé là son éden.
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Par sa naissance, elle se sait appartenir à une élite sociale. Son physique de déesse ne lui offre-t-il pas une preuve supplémentaire qu’elle fait partie des êtres d’exception ? Pourquoi continuer de végéter à Béthanie ? Elle ne veut pas se lier pour toujours à un homme et se rebelle contre cette destinée qu’on lui tend en modèle.
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Elles aiment l’idée d’être l’élue d’un mari et maître. Leur seule hantise est la stérilité. Si le couple ne donne naissance à aucun enfant, la faute leur en sera imputée. Quoi de pire que de subir l’affront d’une répudiation ?
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Elle vient tout juste de fêter ses treize ans. Quel autre destin pour une jeune Juive pubère que de passer des bras d’un père à ceux d’un mari ? Son sort est scellé, d’autant que sa beauté du diable attire toutes les convoitises. À coup sûr, le choix paternel se portera sur le plus offrant.
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Tous les garçons du village rêvent de serrer Marie dans leurs bras. Transportés par sa chevelure fauve et sa peau laiteuse qu’elle prend soin de ne jamais exposer au soleil pour lui garder cette transparence si peu commune en ces contrées, ils n’ont d’yeux que pour elle. Il faut dire qu’elle ne passe pas inaperçue avec ses tuniques chatoyantes. Un cordon de lin souligne sa taille de guêpe.
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Entre veille et sommeil, son esprit digresse, façonne des scénarios, élucubre mille intrigues romantiques, impatient de connaître le grand frisson sentimental. Pour cette adolescente pleine d’ardeur, l’amour est synonyme de passion. Or, elle désespère de rencontrer celui qui enflammera son cœur dans ce bourg perdu qu’est Béthanie…
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On lui a raconté que derrière leurs hauts murs d’enceinte, des cours intérieures entourées de portiques abritaient des bassins où l’on pouvait se baigner. Que les propriétaires nantis se prélassaient à l’ombre d’authentiques jardins d’éden. Qu’à la nuit tombée, on leur servait des mets raffinés arrosés de vins capiteux. Qu’ils chantaient, dansaient et s’aimaient jusqu’au petit matin… La belle vie ! La vraie, la seule digne de ce nom, songe la jeune fille dont le quotidien n’est qu’ennui.
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Quand elle suffoque dans la vie étriquée où s’épanouit Marthe, son aînée si sage, parfaite et dévouée, quand les reproches acides de sa sœur lui cinglent les oreilles – « Tu n’es qu’une bonne à rien, une ingrate, une enfant gâtée » –, quand autour d’elle tout lui semble triste et désolé, elle laisse aller son imagination loin, très loin de Béthanie, petite bourgade sans charme où elle a grandi.
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Elle a beaucoup appris durant ces derniers mois. La précarité, le froid, la solitude, le déracinement lui ont forgé une volonté d’acier. Elle s’est accrochée à son rêve et la providence lui a tendu la main. C’est ainsi qu’elle interprète le miracle de son sauvetage in extremis. Comme un encouragement céleste. Il est loin désormais le Dieu des talibans qui réduit les femmes à des fantômes. Il est loin Celui au nom duquel on a bafoué son identité. Son Dieu n’a pas de nom, pas de frontières, pas de rites. Une chose est sûre : Il est à ses côtés.
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Dans ce pays où l’on n’approchait pas facilement les femmes, gardées cachées à l’intérieur des maisons, les hommes avaient recours depuis toujours au palliatif du bacha bazi pour satisfaire leurs pulsions sexuelles. Un des rares bénéfices du régime taliban avait consisté à interdire le proxénétisme pédophile.
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« Quand les talibans ont pris le pouvoir, j’ai eu l’impression d’entrer dans un tunnel. Mon existence s’est éteinte. Durant cinq ans, j’ai dû stopper mon activité. Heureusement, en 2002, à peine quelques mois après la chute du régime et la création de l’autorité intérimaire dirigée par Hamid Karzai sous l’égide de l’ONU, j’ai pu lancer le mensuel Jasmina avec le soutien de notre homologue français Femme active. Grâce à la création de ce nouveau magazine, dont la mission est de défendre la dignité et les droits des Afghanes, j’ai apporté un peu de lumière aux sœurs de mon pays. Aujourd’hui, l’État français finance nos locaux et rétribue nos six salariés. Sans relâche, nous nous employons à dénoncer les inégalités dont nous sommes victimes. »
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« La liberté de la femme afghane se gagnera par l’accès à l’éducation. Mais il nous faut des moyens pour scolariser les petites filles. À l’heure actuelle, quatre-vingts pour cent d’entre elles ne le sont toujours pas. Certes, des progrès ont été enregistrés, notamment dans la capitale. Mais trop peu de lieux existent pour les accueillir. Dans les campagnes, les filles marchent des kilomètres pour rejoindre les écoles. Les familles hésitent à les y inscrire car les petites se font souvent harceler sur le chemin. Les talibans font régner la terreur. Dans la province de Kandahar, on a rapporté plusieurs cas de jets d’acide sur des écolières. On parle aussi d’empoisonnements par l’eau dans certains établissements. Les images de collégiennes de Takhar, évanouies sur des civières et transportées d’urgence à l’hôpital, ont fait le tour du pays… »
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Changer de supercherie. Pour une fois, ne plus avoir honte de ce que la nature lui a donné, ne plus cacher ses formes, mais exalter ses attributs pour mieux en jouer…
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À l’école, j’avais beaucoup d’amis. J’avais peur qu’ils découvrent la vérité mais heureusement, personne ne s’est jamais douté de rien. Je m’habillais et me conduisais comme mes copains. Je jouais avec eux et parfois, je me battais quand on m’embêtait. J’allais où je voulais dans la ville. Pour gagner des sous, je ramassais des papiers dans la rue et je les vendais aux recycleurs. C’était dur de devoir mentir tout le temps, mais je n’avais pas le choix, il fallait bien faire manger ma famille… Quand je voyais mes sœurs, cloîtrées à la maison, je me disais que j’avais de la chance. Je voulais en profiter. Je savais que, comme toutes les bacha posh, à l’adolescence, quand je ne pourrais plus cacher mes formes, je serais obligée de redevenir une fille et on me marierait alors à un homme de mon ethnie…
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Chez les pachtouns, l’ethnie à laquelle j’appartiens, les femmes n’ont pas le droit de sortir seules dans la rue. Elles doivent toujours être accompagnées d’un mari ou d’un fils. À la maison, il n’y avait personne pour les conduire au bazar. C’est pour cette raison et aussi pour sauver l’honneur de la famille que ma mère m’a transformée en bacha posh.
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On s’extasie devant le Panthéon et le jardin du Luxembourg en remontant le boulevard Saint-Michel. En prise directe avec le flux des voitures, motos, vélos, passants, les cinq étrangères ressentent la pulsation parisienne. Les gens vaquent à leurs occupations. La plupart des femmes marchent seules dans les rues. Visage découvert, cheveux au vent, jambes gainées de bas noirs, juchées sur des talons, elles déambulent le long des artères. La mémoire enregistre les plans-séquences s’offrant aux regards ébahis : couples bras-dessus, bras-dessous, adolescentes délurées riant, une canette de bière à la main, trentenaire pressée pédalant cuisses nues sur un Vélib, SDF étendu sur une bouche d’aération, grappes humaines sortant du métro, files d’attente devant les cinémas. L’esprit s’émancipe, brise ses fers, s’inventant une existence affranchie où seul le désir ferait loi.
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Comme tous les humanitaires envoyés dans ce pays, elle a suivi une formation rudimentaire avant de partir. Mais rien ne vaut le terrain. C’est au contact de la population qu’elle a appris à parler couramment ces deux langues.
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