Derrière cette couverture qui représente une
Marie-Madeleine à la fois sensuelle et mélancolique au regard presque hypnotique ou hallucinatoire (oeuvre due à
Alfred Stevens, et qui représente l'actrice
Sarah Bernhardt dans "le rôle" de
Marie-Madeleine, la courtisane évangélique qui s'est ensuite convertie et a pris sa retraite en recluse), se découvre un roman que l'on pourrait qualifier de roman d'aventures à la fois mystique, solaire, sensuel et spirituel.
Adapter sous forme romanesque la vie de
Marie-Madeleine peut s'avérer un pari risqué, mais autant le dire tout de suite le pari est réussi.
Le personnage de
Marie-Madeleine est triple :
Car c'est à la fois la pécheresse anonyme de l'Évangile de Luc, qui oint d'huile parfumée les pieds de Jésus au cours d'un banquet offert par Simon le Pharisien, la Marie de Béthanie, soeur de Lazare et de Marthe et Marie de Magdala, qui fut la première à rencontrer Jésus ressuscité.
Très jeune sa vie est toute tracée : épouser un homme choisitt pour elle. Elle choisira finalement le liberté en fuguant.
Les chemins de Samarie la feront grandir, trop vite peut être
Ensuite, c'est la rencontre avec un autre monde très différent de celui qu'elle a fuit qui finalement s'avérera être une autre forme d'enfermement.
Par la suite, Les propos de Jean, dit le Baptiste, vont bouleverser son destin et la mener sur les pas de Jésus.
La danse de Salomé, la décapitation de Saint Jean-Baptiste, la résurrection de Lazare, sont autant d'épisodes et de drames qui jalonnent le parcours de
Marie-Madeleine.
Sans oublier l'ascension de Jésus, la trahison, le reniement de Pierre, le dernier repas, avant sa mort qu'il sait proche et inéluctable le jugement, la crucifixion et qui sont autant d'événements, qui sont repris par l'auteure
C'est à
Marie-Madeleine, considérée comme l'Apôtre des apôtres qu'il apparaît en premier, après sa mort la chargeant d'annoncer la Bonne Nouvelle de la résurrection .
"L'itinéraire de Jésus est marqué par deux femmes portant le même prénom : Marie la mère et Marie l'amie. Chacune à un bout de la chaîne, elles auront assuré le passage. L'une, du néant à la terre ; l'autre, de la terre vers le Ciel. Il a choisi d'apparaître à la seconde d'entre elles qui l'a si inconditionnellement et passionnément aimé. Dès leur rencontre, il a su qu'elle serait celle qui l'accompagnerait jusqu'au terme de sa route. En ce matin du troisième jour, il lui a fait l'insigne honneur d'être la première à témoigner de sa présence par-delà la finitude corporelle qui ouvre à l'éternité spirituelle. Pour tous, elle serait ainsi la nouvelle Ève, mère des vivants, chargée de relayer ses mots annonciateurs de l'ère qu'il annonçait"
D'ailleurs le titre de chacune des parties de cet ouvrage sont autant de miroirs à la vie de
Marie-Madeleine : l'ignorance, l'éveil, l'élévation, la Passion et l'union
Tout en délicatesse
Cécilia Dutter décrit la relation unissant Jésus à
Marie-Madeleine, qui va de l'âme au corps, et du corps à l'âme. Une
Marie-Madeleine qui découvre en Jésus un Absolu d'amour enfoui depuis toujours en elle. Et qui finira sa vie recluse.
Enfin l'auteure nous indique également avoir pris le parti de suivre l'interprétation théologique traditionnelle parce qu'elle semble tout à la fois plausible et la plus à même de mettre en évidence le fabuleux parcours d'élévation emprunté par
Marie-Madeleine, et enfin pour ce qui de la fin de sa vie elle se cale sur la légende provençale attribuée à
Jacques de Voragine dans
la Légende Dorée.