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Citations de Charles Frazier (61)


Quelque chose chez Stubblefield s’incrustait néanmoins en elle et la travaillait. Des éclairs lui revenaient la nuit, quand elle était allongée entre la veille et le sommeil. Les facettes de son visage, les angles autours de ses yeux. La géométrie suffisait peut-être à expliquer cette séduction malvenue. Et puis aussi, presque toute la musique qu'elle écoutait en fin de soirée parlait d'amour et de désir. Il était difficile d'y rester insensible.
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«  Par ici , Bear était un chef. Sa vêture , sa passion pour la chasse, la lucidité avec laquelle il sentait combien le monde en devenir s’éloignait des simples principes d’harmonie, de justice et de beauté , même son nez taillé en lame de Hachette : tout en lui suggérait le siècle passé .

Et par ce qu’il était un chef, il avait bâti une maison communale qui accueillait les assemblées, les danses, les cérémonies d’ordre spirituel , et plus généralement tous ceux qui étaient d’humeur à traîner ensemble , à échanger des ragots , et à raconter des histoires .... »
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«  Est - ce une infirmité ou un péché , ce besoin de fixer la vie sur le papier , de donner une forme arrêtée au mouvement du monde?
Je ne sais .
Bear pensait qu’écrire une pensée l’atrophiait , dissipait un souffle sacré, l’étouffait même.
Lorsqu’ils sont capturés, emprisonnés, les mots deviennent une barrière face à la réalité , une barrière qu’il vaut mieux ne pas édifier, Tout passe, tout change.
J’ai toujours été fasciné par les mots » ......
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«  À mes yeux , nous avons «  tous » «  commencé » par être illettrés .
Rares sont ceux d’entre nous qui le restent ,généralement pour les pires raisons : pauvreté dans certains cas, lois discriminatoires dans d’autres, du moins au temps de l’esclavage » .
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Lorsqu'il revint dans la cabane, il se fit l'effet l'effet d'un fantôme qui occupe un passé inutile. Sara avait allumé une chandelle de suif et se tenait devant la table où elle faisait la vaisselle dans une bassine. Autour de la flamme, l'air paraissait épais. Les objets brillants à proximité étaient comme nimbés, alors que tout ce qui se trouvait au-delà dans l'ombre était complètement englouti à jamais, semblait-il. Inman eu le sentiment que la courbe du dos de la jeune femme penchée sur la table était une forme qu'il ne reverrait pas une seconde fois. Une forme à graver dans son esprit et à conserver, afin que ce souvenir, si par hasard il vivait vieux, lui serve non pas de remède contre le temps, mais de consolation.
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"Çe soir-là, la pleine lune se leva derrière la crête, et sa lumère était si vive qu'elle projetait sur le tapis blanc les ombres nettes des troncs d'arbres et de leurs branches. La nuit opaline ne paraissait pas l'opposé du jour, mais une de ses variantes, son ambassadrice."
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Il n'est pas plus raisonnable d'épouser une femme pour sa beauté que de manger un oiseau parce qu'il chante bien.
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Si la lumière n’avait pas été aussi faible, Inman aurait lu pour passer le temps jusqu’au petit déjeuner, car le livre dans lequel il était plongé avait le don de l’apaiser. Mais il avait consumé sa dernière bougie la veille au soir, en lisant pour faire venir le sommeil, et l’huile de lampe était une denrée trop rare pour que l’on allume les lumières de l’hôpital à seule fin de se distraire. Il se leva, s’habilla et s’assit sur une chaise, le dos tourné à la salle obscure et aux blessés couchés dans les lits. Il chassa de nouveau les mouches et regarda la première trace de l’aurore embrumée apparaître, le monde extérieur commencer à prendre forme.
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Du temps où elle vivait seule, Luce montait rarement aux étages supérieurs, mais pas à cause de la peur. Pas vraiment. Là-haut il n’y avait que châlits et toiles d’araignée, mais elle ne voulait croire ni aux fantômes ni à rien de tel. Et pas davantage aux signes avant-coureurs des cauchemars. Néanmoins, quand elle s’endormait à trois heures du matin dans la vaste demeure, le monde déclinant des esprits touchait vivement son imagination. Les sombres étages endormis, leurs abris, les lits moisis et éphémères pour les invités et leurs domestiques, l’ensorcelaient. L’endroit parlait du temps. Vous viviez ici jusqu’à votre mort, après quoi seuls quelques objets vous survivaient brièvement.
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Les millionnaires et le chemin de fer avaient disparu. Restait le lac, bizarre plan d’eau horizontal aux couleurs changeantes, disposé dans un paysage vertical et bouleversé de montagnes bleues et vertes. Le Pavillon aussi avait survécu, étrange bâtisse délabrée où il semblait incongru de vivre seul. Le rez-de-chaussée était occupé par les pièces communes, une vaste entrée dotée d’une cheminée massive en pierre, de beaux fauteuils et des bancs Craftsman à haut dossier droit, des tables et des meubles en chêne brut
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A la fin du siècle précédent, le Pavillon avait servi de havre de fraîcheur estivale pour les riches désireux d’échapper à la canicule des basses terres en août. Quelque millionnaire des chemins de fer traversant cette vallée d’altitude dans son wagon privé eut alors une vision, ou céda peut-être à un caprice : construire un barrage en terre, créer un lac de retenue, inonder la partie supérieure de la vallée pour que l’eau arrive à la lisière du village. Ensuite, sur la rive opposée, bâtir un pavillon en rondins selon ses propres plans, quelque chose rappelant l’Old Faithful Inn, mais en plus petit et plus luxueux. Cet homme avait sans doute davantage excellé dans les chemins de fer qu’en architecture, car il fit construire une espèce d’énorme rectangle, un très grand chalet en rondins doté d’une véranda couverte qui donnait sur une vaste pelouse descendant jusqu’au lac et, au-delà du plan d’eau, sur le village. Les riches d’autrefois se contentaient manifestement de choses plus simples.
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Pareil avec le Pavillon. Il n’appartenait pas à Luce. Elle en était en quelque sorte la gardienne. Maintenant que le vieux était mort, certains auraient dit qu’elle le squattait. Mais apparemment personne d’autre ne voulait empêcher la vigne kudzu de l’envahir jusqu’à ce qu’il se métamorphose en un tertre de verdure.
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Et puis, une fois les enfants arrivés, qu’aurait pu faire Luce ? On se décarcasse pour aimer le monde malgré ses défauts flagrants de conception et d’exécution. Et l’on prend soin de tous les indigents que l’on rencontre durant son passage sur cette terre. Sinon, on n’est pas digne d’y vivre.
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Luce n’était pas très maternelle. L’Etat lui avait imposé ces deux enfants. Si elle les avait refusés, ils auraient été séparés et adoptés comme des chiots. Adultes, aucun ne se serait souvenu de l’autre.
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Quand elle les fouetta tous les deux sans distinction avec une petite branche de saule jusqu’à ce qu’ils aient les jambes couvertes de longues zébrures roses, il devint évident qu’ils enfouiraient toute douleur au plus profond d’eux-mêmes sans verser une seule larme. Luce se jura alors de ne plus jamais leur infliger le moindre châtiment corporel. Elle rejoignit la cuisine d’un air coupable et se mit à préparer une tarte aux pêches.
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Les enfants aimaient le feu plus qu’aucun autre élément. Un tas de bois bien sec les ravissait jusqu’au délire. Luce se mit à cacher les allumettes de cuisine, sauf celles qu’elle gardait dans la poche revolver de son jean pour allumer le poêle. En deux jours, les enfants apprirent à faire du feu avec de l’amadou et une badine de bois vert incurvée par un lacet de chaussure. De minuscules hommes des cavernes drogués à la benzédrine n’auraient pas pu faire du feu plus vite. Puis ils incendièrent l’arrière du terrain du Pavillon ; pour éteindre le feu, Luce dut courir entre la source et les flammes avec des seaux en fer-blanc qui débordaient à chaque pas.
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Les nouveaux enfants adoptifs de Luce étaient beaux, menus et violents. Elle apprit très vite que ce n’était pas une bonne idée de les laisser sans surveillance dans la cour avec les poulets. Car elle retrouvait ensuite des plumes, une patte jaune aux ergots crispés. Aucun des deux ne parlait, mais la fille lançait à Luce des regards noirs si elle osait demander où était passé le reste du coq.
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Et puis nous avons regagné notre nid de courtepointes dans les herbes hautes et nus avons regardé la lune du maïs vert cheminer lentement sur la courbe nitescente du ciel.
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Les enfants découvrent la sagesse de leurs parents lorsque eux-mêmes sont devenus adultes.
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À un moment, Stubblefield se demanda ce qu'il apprenait vraiment sur Luce. Elle parlait librement des patrons de robes, des détails quotidiens du jardinage, de son grand-père à lui. Mais Stubblefield avait sans cesse l'impression de regarder un as du poker battre les cartes, tous ces petits gestes subtils destinés à détourner votre attention, et à la fin, les mains écartées de manière rassurante pour dissimuler le gouffre qui s'ouvrait dans la vie de Luce.Stubblefield aimait les livres d'alpinistes comme ceux de Hillary, Smythe et Mallory. Il y avait un mot pour exprimer l'altitude à laquelle vous étiez, la profondeur du ravin à vos pieds, le mauvais temps que vous affrontiez. Tous les dangers cumulés de l'univers où vous aviez pénétré. Ce mot était exposé. Dans ces parages périlleux, quand on perd un gant, on perd la main. Quand on tombe, on meurt. Stubblefield se convainquit que Luce était salement exposée. Mais si elle croyait avoir réussi à réduire sa vie aux choses essentielles et aux compensations, il avait besoin de savoir dans laquelle de ces deux catégories il se trouverait le mieux.
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