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Critiques de Christine de Mazières (54)
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La route des Balkans

En 2015, les cadavres de 71 migrants qui tentaient clandestinement de rejoindre l’Allemagne, sont découverts dans un camion frigorifique abandonné sur une autoroute autrichienne, pas loin de la frontière hongroise. Véritable électrochoc sur l’opinion publique allemande, ce drame déclenche une vague de solidarité spontanée au sein de la population et l’inflexion de la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel : les portes de l’Allemagne s’ouvre alors à des centaines de milliers de demandeurs d’asile.





En faisant se croiser les destins des deux jeunes Asma et Tamim, l’une syrienne, l’autre afghan, tous les deux jetés sur les chemins de l’exil par les persécutions qui ont décimé leurs familles, le roman immerge sans ménagement dans la réalité crue et insupportable de la « route des Balkans », cette voie migratoire semée d’embûches, depuis la Grèce vers l’Europe centrale et de l’Ouest. Placé dans les pas aussi périlleux qu’exténuants des migrants, confronté au dénuement des pays les plus pauvres d’Europe où se développent les pires pratiques des réseaux de passeurs, le lecteur pris à la gorge par l’atrocité de l’hécatombe risque fort de devoir reprendre son souffle plusieurs fois avant de parvenir au terme du récit.





A l’horreur répond pourtant le formidable élan de solidarité de la population allemande que son histoire a rendue particulièrement réceptive aux souffrances des personnes déplacées ou séparées par les frontières, à l’instar d’Helga, dont la famille connut l’exil lors de la redéfinition territoriale de l’Allemagne après-guerre, et qui vécut avec ferveur la chute du mur de Berlin et la réunification de son pays. La figure d’Angela Merkel domine dès lors toute cette partie du récit, au travers de la mise en place à ce moment, le devoir moral l’emportant face à la situation d’urgence humanitaire, de sa généreuse politique migratoire, on le sait réduite depuis sous la pression conservatrice.





Pointant du doigt les contradictions et les divisions européennes, et notamment l’ironie de la construction d’un nouveau mur en Hongrie, précisément là où s’était ouvert le rideau de fer en 1989, Christine de Mazières nous interroge sur notre propre passivité : ce que l’Allemagne a tenté depuis 2015, ce « Wir schaffen das - Nous y arriverons », était-ce donc si impossible dans d’autres pays d’Europe ? En 2019, un autre camion frigorifique livrait en Angleterre sa cargaison de 39 cadavres, tous des migrants vietnamiens...





Ce terrible roman, où quelques destins particuliers viennent souligner l’inhumaine réalité d’un drame humanitaire abordé par l’Europe en ordre dispersé, est sans aucun doute le plus convaincant de tous ceux qu’il m’a été donné de lire sur le sujet. Coup de coeur.


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Trois jours à Berlin

Qu'est-ce qui réunit Micha, dissident et fils d'un éminent membre du parti communiste de RDA, Anna, la jeune française, le lieutenant-colonel Becker, en poste à l'un des check-points sur le mur de Berlin, Lorenz, qui a fui la RDA avec sa mère, Gunther Schabowski, le porte-parole du parti communiste de RDA, et tous les autres ? Ils sont tous à Berlin ce 9 novembre 1989 où l'avenir de l'Allemagne bascule.



Par la voix de ses multiples personnages, Christine de Mazières nous fait partager de l'intérieur l'envie et l'impatience de se retrouver des deux côtés du mur de Berlin, l'angoisse de se faire piéger par la police politique (STASI), l'égarement des dirigeants annonçant imprudemment que le mur va s'ouvrir, et que la décision s'applique "dès maintenant", l'enthousiasme quand l'heure des retrouvailles arrive...



Michel Fugain aurait chanté : "C'est un beau roman, c'est une belle histoire". Belle, l'histoire l'est assurément. Si le roman se laisse moins facilement conquérir, ce n'est pas la faute à l'écriture, à la fois riche et simple, sans fioritures inutiles. Ce sont plus les personnages secondaires, un peu trop nombreux, qui viennent détourner l'attention du lecteur ; l'auteur aurait pu simplifier un peu et se concentrer davantage sur les personnages principaux, qui donnent déjà beaucoup d'épaisseur au texte. Et c'est vraiment le seul reproche que je ferai à ce court roman.
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Trois jours à Berlin

Trois jours à Berlin, les derniers d'une époque où la ville, séparée en deux par le mur, symbolisait les relations Est/Ouest et la guerre froide.

A l'Ouest, la liberté et l'opulence. Ou, pour 'le parti', l'oppression capitaliste et le fascisme.

A l'Est, les restrictions, la surveillance de la Stasi, la délation. Ou, pour 'le parti', une oeuvre commune pour un monde plus juste.

Tout est question de vocabulaire, en politique.



Dans ce récit, on rencontre des Ossis et des Wessis, des membres du parti, des familles éclatées, mais aussi Anna, une Française fascinée par le pays, et même un ange, qui assiste à tout cela de là-haut.

A travers quelques destinées individuelles brièvement relatées, l'auteur franco-allemande évoque la vie à Berlin, de l'édification du mur en une nuit (en août 1961) à sa chute, aussi rapide, le 9 novembre 1989. On sent l'espoir, les craintes de répression et d'un repli brutal, on voit des soldats désemparés, on regarde ému(e) cette foule en liesse, les petites Trabant s'aventurer de l'autre côté, et des voisins - qui ne s'étaient jamais vus - s'embrasser.



J'ai beaucoup apprécié sur environ cent pages. Mais la polyphonie devient lourde et le récit confus - peut-être trop politique, technique ? Je me suis lassée, et si la fin m'a émue, elle m'a également frustrée.



A compléter avec d'autres ouvrages qui montrent que la chute du communisme n'a finalement pas été facile pour toutes les populations de l'Est (URSS et autres pays), malgré les espoirs : 'Léna' (Virginie Deloffre), 'Il était une fois dans l'Est' (Audren), 'Strada Zambila' (Fanny Chartres), 'Mes deux Allemagne' (Anne-Charlotte Voorhoeve), 'Toute seule loin de Samarcande' (Béatrice Deru-Renard), etc.

Et quelques films sur l'avant et/ou l'après : Good Bye Lénine (Wolfgang Becker, 2003), La vie des autres (Florian Henckel von Donnersmarck, 2006).



• sélection Cézam 2020 •
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Trois jours à Berlin

«Ich bin ein Berliner»



À ses propres souvenirs de la chute du mur de Berlin Christine de Mazières vient ajouter les points de vue de différents acteurs, y compris ceux de l’ange Cassiel, conférant à ce moment historique sa dimension extraordinaire.



L'Histoire avec un grand H s'écrit souvent à partir de petites histoires, de faits qui semblent anodins, d'instants qui passeraient inaperçus s'ils n'étaient pas l'aboutissement d'un processus, le résultat d'un long cheminement. Christine de Mazières l'a parfaitement compris en construisant son roman. Elle nous raconte la chute du mur de Berlin en donnant la parole à des acteurs qui fort souvent ne se rendaient pas vraiment compte de ce qui se jouait ce 9 novembre 1989.

Prenez par exemple le cas de Günther Schabowski. Le journaliste, membre du Politbüro doit rendre compte des décisions gouvernementales après la fuite de milliers de personnes via la frontière hongroise ouverte depuis mai vers l’Autriche. Egon Krenz, nommé quelques jours plus tôt à la tête de la République démocratique allemande – en remplacement d’Erich Honecker remercié après avoir été vertement sermonné par un Michael Gorbatchev pressé de voir sa nouvelle politique de glasnost (transparence en russe) essaimer – lui donne deux feuilles de papier sur lesquelles il a rédigé «le projet de réglementation sur la liberté de circuler» avant de s’éclipser.

Lisant le texte, il est tout autant ébahi et incrédule que le parterre de journalistes rassemblés pour rendre compte de l'action gouvernementale. Pressé de questions, il ne veut pas trop s’avancer mais, devant l’insistance des journalistes, il finit par lâcher cette phrase : «Cela s’applique… à ma connaissance… euh… dès maintenant, sans délai.»

Rendons-nous maintenant dans l'appartement de Holger et Karin, un couple de Berlinois qui vivent depuis des années sous ce régime. Ils ont, comme presque tous leurs compatriotes, déjà eu maille à partir avec la Stasi, la fameuse police politique chargée de contrôler toute attitude déviante et ont une confiance très relative dans leurs dirigeants. On imagine leur sidération en entendant Günther Schabowski. Mais à leur place qu’aurions nous fait? Sans doute la même chose qu’eux. Nous aurions voulu savoir si ce que la télé venait d'annoncer était vrai où il s'agissait de ce que l’on appelle aujourd’hui une fake news. Après tout, que risquent-ils à aller voir au poste-frontière si la barrière est désormais levée?

Il en va de même pour leurs voisins et pour des milliers de compatriotes. De toutes parts, ils affluent aux points de passage comme celui de la Bornholmer Strasse.

En face d’eux, le soldat Uwe Karsten comprend très vite que ses chefs sont pris de court, qu’il leur faut improviser, qu’ils essaient d’aller aux nouvelles, de demander des instructions précises.

Alors que le chef de la sécurité, le lieutenant-colonel Becker, s’étrangle devant cet amateurisme et ce manque d’anticipation, l’improvisation s’impose comme un ultime recours. On décide de tamponner les photos des passeports, signal que leurs possesseurs pourront passer à l’ouest mais aussi qu’on leur refusera de rentrer chez eux. Dérisoire tentative de conserver une once de pouvoir… avant de finalement lever définitivement la barrière, de mettre à fin à la division de la ville qui date du 13 août 1961. Si pas un coup de feu n’a été tiré, si les caméras du monde entier vont pouvoir filmer l’enthousiasme des Berlinois à s’attaquer au «mur de la honte», c’est peut-être grâce à Cassiel.

L’ange qui survole la ville dans le superbe film de Wim Wenders, Les ailes du désir, ne pouvait manquer dans ce récit. C’est lui qui en fait se substitue à la romancière qui dispose de tous les pouvoirs, qui voit la foule autant que chacun des individus, qui sait leur histoire et leurs motivations, qui tend les fils invisibles qui relient les uns et les autres. Anna la Française venue à Berlin négocier l’achat des droits de livres pour le compte d’éditeurs et Micha qu’elle a croisé à l’Est et dont elle a perdu la trace ou, à l’inverse ceux qui ont fui à l’ouest et rêvent de pouvoir retrouver les membres de la famille et les amis restés de l’autre côté.

Christine de Mazières réussit très bien à dire la charge émotionnelle et l’énergie formidable qui se dégage de ces Trois jours à Berlin. Sans doute est-ce aussi parce qu’une partie de ma famille a vécu à Berlin-Est et que j’ai moi-même vécu ces instants de retrouvailles que ce livre m’a tant touché. À l’heure de fêter les trente ans de la chute du mur, je conclurai avec John Fitzgerald Kennedy et cet extrait de son fameux discours de 1963: «Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots: Ich bin ein Berliner!»




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La route des Balkans

La Syrienne et l'Afghan, drame du XXIe siècle



Christine de Mazières s'appuie sur un fait divers qui a coûté la vie à plus de 70 migrants pour raconter le destin de ces personnes qui fuient la guerre et dont l'Europe ne veut pas. Un second roman qui confirme le talent découvert avec Trois jours à Berlin.



C'est une histoire d'aujourd'hui, un drame qui a bouleversé l'Europe quelques temps avant que l'actualité ne fasse passer ces dizaines de morts dans l'oubli. Comme le rappelle FranceInfo, le 27 août 2015, «dans un camion stationné dans l'est de l'Autriche, plus de 70 cadavres ont été découverts asphyxiés.» C'est à partir de ce terrible fait divers que Christine de Mazières a construit un roman bouleversant autant que très documenté.

La route des Balkans raconte en particulier le parcours de deux migrants, Asma la Syrienne et Tamim l'Afghan, qui se retrouvent au moment de monter dans ce camion qui part vers la mort. Deux destins particuliers parmi les centaines de milliers qui se sont jetés dans cette aventure très risquée, mais qui permettent de parfaitement comprendre qu'ils n'ont guère le choix. Asma a fui l'armée islamique qui a tué son père et lui réservait un sort peu enviable, d'autant que son frère avait rejoint la rébellion. Tamim a lui aussi vu son père mourir. Les talibans ont réservé ce même sort à ses frères, le poussant à quatorze ans sur les routes de l'exil. Cela fait de longs mois qu'il erre, car les passeurs ne lui font pas de cadeaux, loin de là. Pour lui comme pour ceux qui traversent la Méditerranée, cette économie souterraine a tout de l'exploitation de l'homme par l'homme, humiliation et violences comprises. Une condition précaire parfaitement détaillée ou tout geste de solidarité est vécu comme un miracle.

Les Syriens, Irakiens, Afghans et Érythréens qui se retrouvent dans cette forêt hongroise entrevoient désormais le bout de leur errance et la fin de cette «vie entre deux, suspendue entre deux vies.» La chancelière allemande a en effet, contrairement aux gouvernants des autres pays de l'Union européenne, choisi d'accueillir ces réfugiés en nombre. Après les atermoiements et les calculs sur le nombre «raisonnable», le ministre de l'intérieur – qui n'a rien d'un tendre – affirme haut et fort que «chaque réfugié qui arrive en Allemagne doit être accueilli et hébergé de manière digne, sûre et correcte…»

Christine de Mazières, dont on sait depuis Trois jours à Berlin, sa parfaite connaissance de l'Allemagne, donne une dimension historique à son roman en racontant le parcours d'Helga qui s'est elle-même retrouvée sur les routes dans les années quarante, lorsqu'il fallait fuir devant l'avancée de l'armée rouge. En racontant son odyssée à sa fille Alma et à sa petite-fille Johanna, elle tire un fil jusqu'à ces personnes qui, comme elle, fuient la guerre.« Sauver sa peau, c'est la seule chose qui comptait alors. le pays était effondré et les gens aussi. Cette génération de femmes a dû reconstruire sur des ruines. Elles méritaient leur surnom de Trümmerfrauen».

De par son histoire elle ressent parfaitement la détresse des migrants et, à l'image de dizaines de milliers de ses concitoyens, veut tendre la main à ces réfugiés. À ceux qui ne seront pas morts en route. Car en ce 28 août caniculaire, le camion frigorifique délaissé sur le bord de l'autoroute, va livrer la cargaison de l'horreur. Des dizaines de réfugiés, en grande partie syriens, morts à quelques kilomètres de la délivrance. Asma est l'une des victimes que Tamim a vu monter dans le camion en pensant qu'elle est partie sans lui, qu'elle a eu de la chance.

En mettant un visage sur ce drame, la romancière nous le rend encore plus insupportable. En nous faisant découvrir le contenu de son petit cahier rouge, elle nous touche au coeur. Et en nous rappelant que c'est de Hongrie que le rideau de fer s'était ouvert vers l'Autriche 26 ans auparavant, elle nous fait toucher du doigt les contradictions de ces politiques qui s'empressent désormais de construire un nouveau mur… de la honte. Souvenons-nous aussi de la réponse des pays européens à l'appel d'Angela Merkel réclamant «une décision exceptionnelle face à une situation d'urgence» : une fin de non-recevoir.

Après Mur Méditerranée de Louis-Philippe Dalembert, voici un second livre fort et documenté sur la tragédie des migrants. Un roman bouleversant d'où émerge un peu d'humanité. Une petite flamme qu'il est essentiel d'entretenir.


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La route des Balkans

Avec ce livre bouleversant et profondément humain, Christine de MAZIERES nous interroge sur nos manquements, notre passivité et revient sur ce qui s’est passé en Allemagne en août 2015.



Le 26 août 2015, les cadavres de 71 migrants (59 hommes, 8 femmes et 4 enfants) qui tentaient clandestinement de rejoindre l’Allemagne, sont découverts dans un camion frigorifique abandonné sur une autoroute en Autriche, à la frontière Hongroise.



Véritable électrochoc sur l’opinion allemande, ce drame déclenche une vague de solidarité spontanée au sein de la population. On se souvient du discours d’Angela Merkel (le fameux «Wir schaffen das!, que l’on pourrait traduire par «Nous y arriverons! », ces 3 mots redonnant espoir à des milliers de personnes...



Cette inflexion de la politique migratoire de la chancelière se traduit alors par l’ouverture du pays à des centaines de milliers de demandeurs d’asile, mettant les Allemands au défi d’agir pour la liberté et la fraternité.



L’auteure parvient à nous immerger sans ménagement dans la réalité crue et insupportable de cette fameuse «Route des Balkans », cette voie migratoire semée d’embûches, depuis la Grece vers l’Europe Centrale et l’Ouest.



Le livre est magnifiquement écrit et rend hommage à ces réfugiés qui espéraient une vie meilleure.

Une lecture bouleversante forcément, qui m’a rappelée l’excellent livre «Mur Méditerranée » de Louis-Philippe Dalembert.

Je suis ravie d’avoir découvert cette auteure, j’ai très envie de lire «3 jours à Berlin » à présent.
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Trois jours à Berlin

Le 08 Novembre 1989, la ville de Berlin est séparée en deux par un mur. La RFA se trouve à l'Ouest, et la RDA à l'Est. La RFA est rattachée à l'Europe occidentale et la RDA à la zone soviétique. Des postes-frontières surveillent. Personne ne peut passer de l'autre côté sans autorisation.

Dans la nuit du 09 au 10 Novembre 1989, une foule se réunit des deux côtés du mur, dans le calme et le silence. On hésite, on doute, on ose. Car, la veille, un porte parole du parti annonce à la télévision l'ouverture du mur avec effet "immédiat". Aucune autre information n'est donné. Du côté des surveillants, il n'y a aucune instruction. La police est absente. L'armée est injoignable. Alors, tout naturellement, les portes du mur s'ouvrent. Les gens circulent, d'abord timidement, puis c'est l'euphorie. On pleure de joie, on y croie pas.



Christine de Mazières raconte ces trois jours où l'Allemagne ne devient plus qu'une, rassemblant une nation entière, des familles séparées depuis des décennies et tout cela devant les caméras du monde entier.



L'autrice nous parle de cet événement majeur qui fait partie de l'histoire européenne à travers les yeux de plusieurs personnages. Cassel, Micha, Anna, Lorenz et tous les autres vivent cette nuit comme un rêve.



Il y a notamment, Anna, française, qui s'est déjà rendue côté Est il y a quelques années pour y rencontrer Micha, une rencontre brève. Elle ne pouvait pas rester longtemps. Sa venue était suspicieuse et contrôlée. Micha est un jeune allemand de l'Est. Il n'est pas heureux et a déjà tenté de fuir de l'autre côté, en vain. Résigné, il vit au jour le jour, sans projets. L'espoir n'est plus.



Les personnages ont leur propre histoire. Ce sont des femmes, des hommes et des enfants, des frères et des sœurs, qui sont séparés depuis la division de l'Allemagne. Alors que certaines familles ne vivent qu'à quelques mètres, elles ne peuvent plus se voir. A l'Est, c'est le communisme. La Stasi veille, surveille, arrête, menace, sème la terreur. La vie est sombre, la population est soumise et éteinte. A l'Ouest, c'est la liberté, la société de consommation, la libre circulation européenne. Le monde est coloré, vivant et joyeux, en pleine évolution.



Christine de Mazières alterne les impressions et les émotions que procurent cet événement. De l'incompréhension à l'effusion de joie, l'autrice revient simplement et sans jugement sur ces trois petits jours qui ont tout changé. En seulement quelques pages, on suit tout l'espoir de ces personnages. C'est beau, c'est essentiel. C'est une lecture qui permet de se souvenir de la réunification grâce à un texte juste et sensible.




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Trois jours à Berlin

Le 9 novembre 1989 fut un jour particulier pour les Allemands, en particulier ceux de Berlin-Est. Ils purent à nouveau se rendre librement à l'ouest, ce qui marqua pour la plupart d'entre eux la fin d'un enfermement, tant au sens propre qu'au sens figuré. Quelques allemands de l'Est qui avaient profité du système s'inquiétèrent cependant de ce changement, qui pouvait augurer de la fin de leurs avantages, voire pire…



L'auteur présente les réactions de quelques personnages durant les jours entourant cet événement généralement désigné comme la 'chute du mur'. A travers leurs regards variés, elle montre l'enfer créé par la dictature communiste en RDA avant la généralisation des conséquences de la perestroïka initiée par Michaël Gorbatchev en 1985.

Etonnons-nous, et réjouissons-nous, que cette libéralisation se soit effectuée sans effusions de sang immédiate - la suite de l'Histoire des pays de l'Est est plus compliquée.



Un court et bon roman, même si j'ai trouvé que le récit s'essoufflait un peu à la fin.
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La route des Balkans

Depuis plusieurs années, je lis des livres sur l'exil pour la prix Des racines et ds mots...toujours émouvants; je ne sais pas pourquoi celui-ci m'a plus touchée que les autres. Certes, il y a cet horrible fait divers du camion frigorifique, personnalisé par l'autrice car elle nous fait connaître deux victimes syriennes et un rescapé afghan qui n'a pas pu s'engouffrer dans le camion. L'Odyssée de ce dernier ressemble à toutes les autres mais il y a le miracle allemand: Angela Merkel entraîne la majorité du peuple à accueillir à bras ouverts les migrants sans cacher les difficultés. Je crois que c'est cela qui m'a le plus touchée et je voue une certaine admiration pour la chancelière ; j'aimerais tant que la France soit aussi accueillante . Cela ne se fait pas au détriment des allemands défavorisés comme une certaine femme politique française essaie de le faire croire pour ses compatriotes: il est temps que cessent les rumeurs stupides qui aveuglent la population.

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Trois jours à Berlin

Christine de Mazières nous plonge à Berlin Est, le 9 novembre 1989, jour où le destin de la ville et de l'Europe va prendre un tournant décisif.

Elle donne voix à plusieurs personnages, que l'on écoute tour à tour, dans une savante alternance de points de vue. Il y a les jeunes étudiants, Anna et Micha ; un journaliste italien ; Cassiel, l'ange des ailes du désir ; ainsi qu'un gardien de la frontière ou encore un membre du Parti...

On ressent très bien cette atmosphère étouffante, cette absence totale de liberté d'être, de penser, de circuler. "Liberté", c'est justement l'un des mots qu'ils scanderont aux moments de l'ouverture de la frontière. Liberté, "folie" et joie. La liesse de la foule est tout à fait bien saisie, ainsi que la rencontre heureuse de ce peuple séparé par un mur depuis 28 ans. On revit avec émotion ces retrouvailles. Un vent joyeux de liberté souffle en cette nuit froide.

C'est un beau roman, l'écriture est très belle et émouvante. Je me suis parfois un peu perdue dans les personnages mais j'ai vite retrouvé le fil. Malgré ma critique positive, je ne mets que 3 étoiles car il m'a manqué un petit quelque chose pour m'emporter totalement. beaucoup de termes techniques et historiques ainsi que des mots en allemand ont peut-être entravé ma lecture.

Sélection prix du roman Cezam Inter-CE 2020
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Trois jours à Berlin

« Trois jours à Berlin » nous relate avec originalité qui ont conduit aux évènements de la chute du mur en 1989.



Christine de Mazières n’est pas une historienne, c’est une romancière. Elle nous invite à rencontrer Anna, Micha, Cassiel, acteurs principaux de son histoire.



Ce trio se retrouve embarqué dans le gigantesque chaos que nous appelons aujourd’hui « la chute du mur ».



A travers une myriade de petits instantanés, Christine de Mazières nous donne à goûter aux désordres qui frappèrent Berlin en novembre 1989. Nous sommes témoins de vies brisées et de stupeurs ordinaires mais aussi de joies et d’espoirs dans le plus simple appareil.



En dépit d’un abord ardu, Christine de Mazières nous fait partager un moment singulier et finalement méconnu de notre propre histoire.



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Trois jours à Berlin



Je lis beaucoup de romans ou récits sur la Seconde Guerre Mondiale mais ce n'est que la seconde fois que je lis un roman sur l'Allemagne d'après guerre et la première fois traitant de la chute du mur. Le trentième anniversaire de cet évènement m'avait remémoré mes souvenirs scolaires mais ce livre m'a permis de me plonger dans ce moment et dans la vie à Berlin en RDA. Nous avons tous vu les images de l'annonce de l'ouverture des frontières en novembre dernier mais ce roman nous fait découvrir l'envers du décor. L'annonce est faite par Günter Schabowski, secrétaire du Comité central chargé des médias en RDA, membre du bureau politique du parti socialiste unifié d'Allemagne ,le SED, lors d' une allocution retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute. Vers la fin de la conférence, il lit de manière plutôt détachée une décision du conseil des ministres sur une nouvelle réglementation des voyages qui n'aurait pas dû être lue à ce moment là, pas de délai précisé. Les journalistes vont donc le harceler pour savoir quand cette réglementation entre en rigueur, il répondra "dès maintenant". Sur ce malentendu, il va ouvrir les portes du mur mais surtout de la réunification.

Ce grand moment historique nous le vivons avec Anna et Micka deux jeunes au destin si différents car ils ne sont pas nés au même endroit mais en ce jour du 9 novembre, Günter Schabowskile va par son discours remettre les pendules à l'heure. Ils se sont rencontrés, il y a plusieurs années par hasard et ce même hasard va les faire se retrouver lors de ces trois jours si importants dans leur vie.

À travers un roman chorale nous découvrons les aspirations de membres du régime mais surtout les répressions effectuées auprès des opposants. Des flashbacks pour comprendre ce qui se joue. Cette alternance entre les protagonistes et ces bonds dans le temps peuvent nous perdre mais j'ai trouvé que c'était la richesse de ce roman qui nous apporte tellement, en peu de pages. Christine De Mazières nous retranscrit avec justesse l'ambiance de la RDA avec une tension intense lors de l'ouverture du mur.

La fin est aussi une bouffée d'espoir et même si j'aurai aimé en savoir un peu plus et que le livre continue, ce n'est pas cette histoire que l'autrice racontait mais bien celle de ces trois jours!

Coup de cœur pour moi avec ce roman qui m'a fait voyagé dans le temps et redécouvrir cette partie de l'histoire mondiale pas si lointaine que cela! J'ai beaucoup aimé la plume de l'autrice juste et sans fioritures.
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Trois jours à Berlin

Lorsqu’on aime l’histoire et ses bouleversements, on ne peut qu’être séduit par le thème de ce court roman et la manière dont l’auteure l’aborde. Elle mêle avec subtilité l’histoire, la grande, avec des fragments de vie de ses personnages confrontés à la chute du mur ce 9 novembre 1989 à Berlin.



On vient d’annoncer la nouvelle sur l’unique chaine de télévision : la frontière est ouverte.



Plutôt que de nous expliquer l’évènement historique en l’entremêlant de ses propres souvenirs, Christine De Mazières choisit les points de vue de différents personnages qui, tel un kaléidoscope, nous racontent ce basculement de leur vie avec la chute du mur.

Les héros, des gens ordinaires, sont très différents, il y a Anna la française en visite à Berlin Est où elle fait la rencontre de Micha qui cache un traumatisme. Il y a un journaliste, membre du Politbüro, des militaires dont ce soldat qui garde le mur. De l’autre côté, il y a Lorenz le cinéaste qui a fui la RDA et d’autres encore. Ces destins qui s’entrecroisent apportent la touche d’émotion à ce récit.

J’ai particulièrement aimé le personnage de Niklas, ce jeune handicapé mental qui vit dans l’attente du retour de son frère Tobie, le meilleur ami de Micha disparu alors qu’ils tentaient tous deux de fuir la RDA.

A cette galerie de portraits se rajoute celui, imaginaire, de l’ange Cassiel, échappé du film de Wim Wenders, Les ailes du désir, que vient de revoir Anna. Cassiel survole ces hommes dont il décrit les débordements de joie, il les suit dans leur quotidien et fait le lien entre eux de chaque côté du mur. Ce personnage irréel donne au récit un souffle de poésie.



Pas de grandes épopées dans ce livre mais de petits cheminements de vie, et des personnages terriblement attachants que j’ai suivis avec curiosité et tendresse. Tous convergent sans le savoir vers ce 9 novembre 1989 sans savoir encore qu’il deviendra historique



« Ils prennent leur manteau et sortent. Cela ne prendra qu’un instant. Quel jour sommes-nous. ? Jeudi 9 novembre. Oui, il ne faudra pas trop tarder, la semaine n’est pas finie. Le poste frontière de la Bornholmer Strasse est au coin de la rue. Ils veulent en avoir le cœur net… »



Cette histoire vient fort à propos nous rappeler, trente ans après, l’importance de la chute du mur et l’immense espoir que cela a suscité dans le monde.



Ecrit dans un style fluide et sensible, bien documenté, ce court roman se lit avec plaisir

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Trois jours à Berlin

Roman choral sur la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.

J'ai lu avec intérêt ce court roman vu par des personnages très différents. J'en ai aimé l'écriture et pourtant je l'ai lu avec un certain détachement sauf en toute fin du livre, alors que j'espérais plus d'émotions. Peut-être faut-il d'abord bien s'imprégner des multiples intervenants ? Et avoir oublié la grande émotion ressentie en 1989...
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Trois jours à Berlin

Je n'ai pas un souvenir précis de la chute du mur, mis en part le concert de Rostropovitch, moment magique par lequel la musique transcende toutes les turpitudes et donne à la liberté une empreinte sonore que l'on n'oublie pas. Capter les frémissements et les différences effrayantes entre les deux côtés du mur nous renvoie à des situations présentes, ailleurs dans le monde, aux vies de celles et ceux qui ne sont pas du bon côté de la barrière. La division du monde facilitait l'analyse, il suffisait d'y aller voir, d'en revenir pour mieux témoigner de l'étouffante pesanteur de ce côté-là, la solution semblait évidente : ouvrir les portes comme on ouvre une cage à oiseaux , l'envol va de soi, ouverture ébauchée via la Hongrie, réputée plus "libérale", lâcher du lest sous la pression du grand frère soviétique, assouplir des règles de vie devenues obsolètes et irrespirables, sans remettre en question l'essence même du système socialiste, égalitaire et "juste" face à l'oppression d'un capitalisme décadent opprimant le monde. Des peuples infantilisés à qui l'on interdit (pourquoi?), de constater par eux-mêmes l'état de cet Occident tant décrié, si c'est exact ce qui est dit, laissez-nous constater par nous-mêmes. L'interdit permet la transgression, ce qui donne un avant-goût de la liberté, de l'épanouissement personnel. Quand les portes s'ouvrent dans le mur, l'absurdité de celui-ci saute aux yeux, les policiers de faction deviennent instantanément des statues momifiées, figées pour l'éternité par la bienveillance d'une foule trop heureuse, sans animosité, juste fraterniser.

Moment magique que le premier coup de tampon sur le premier passeport, puis le deuxième puis les loquets se déverrouillent, laissant passer le flot du peuple épris de liberté. Les points de vue croisés donnent au livre une amplitude et une hauteur de vue, l'ange des "ailes du désir" embrasse d'un regard la ville par delà sa brisure, sonde les coeurs et les âmes qui, dans un élan inarrêtable, scelle définitivement le sort d'un régime ayant trahi ses idéaux originels.

A lire

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Trois jours à Berlin

N° 1466– Mai 2020.



Trois jours à Berlin – Christine de Mazières – Sabine Wespieser Éditeur



Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, les Berlinois de l’Est sont avertis que les autorités est-allemandes n’exigeront plus d’autorisations pour passer à l’Ouest. Dès lors, ils se répandent dans la partie occidentale, le mur dont on parlait tant depuis 1961, « le mur de la honte », était désormais ouvert, c’était la fin d’une époque, et le début d’une autre, des images de liesse de calme et de liberté, le rideau de fer qui se lézarde, Mstillav Rostropovitch qui joue du violoncelle, un véritable bouleversement !

A travers les  « témoignages » de citoyens allemands vivant de chaque côté, de citoyens ordinaires, de dignitaires, de dissidents, de militaires de tout grade, décontenancés ou pleins d’espoir, de dirigeants, d’étrangers de passage ou de journalistes occidentaux, qui pour certains vont se croiser, l’auteure, en mêlant fiction et réalité, nous fait partager ce qu’on été les jours et ces heures qui ont précédé et suivi cette décision qui a surpris les Allemands de l’Est autant que les gouvernants, nous rend leur impression d’assister à un moment exceptionnel où l’Histoire s’écrit sous leurs yeux face à leur destinée individuelle. Bien sûr, face à la dette colossale de la RDA, au désastre économique, à la propagande, à la privation de libertés et aux mensonges d’État les choses ne pouvaient rester en l’état perpétuellement et il fallait faire quelque chose ; il y avait Gorbatchev et sa perestroïka porteuse d’espoirs, l’ouverture de la frontière avec la Hongrie, mais quand même cette décision d’exécution immédiate et sans délai, c’était une sacrée surprise, surtout pour les membres staliniens de politburo médusés et incrédules. C’était la fin d’un monde, celui de leurs privilèges et de leurs pouvoirs exorbitants, celui aussi de cette rupture entre eux et le peuple qu’ils étaient censés représenter et qu’en réalité ils espionnaient et asservissaient. D’un côté c’est la défaite, la trahison de l’idéal socialiste, la dévastation, l’inconnu, de l’autre la joie, l’espoir, la liberté, la fraternité, mais surtout l’absence de violence.

Pour donner à ce moment extraordinaire une dimension exceptionnelle, Christine de Mazières convoque l’ange Cassiel, l’ange des larmes, sorti d’un film allégorique de Wim Wenders, celui-là même qui a renoncé à l’éternité pour l’amour d’une femme et a été condamné à errer silencieux parmi les hommes .

©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com



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Trois jours à Berlin

"Trois jours à Berlin" de Christine De Mazières

Éditions Sabine Wespieser

Parution le 07/03/2019



Je me souviens très précisément de ce soir, historique, dont ma jeunesse ne me permettait pas de me rendre compte de l'ampleur de ce qui se passait sous nos yeux. En direct. Le jour de la chute du mur de Berlin. Nous étions en famille, agglutinés tous les quatre sur notre canapé, à des kilomètres de ce lieu où se jouait, là, le chamboulement de ces nombreuses vies.

"D'habitude, j'évite les abords du mur et de tout ce qui rappelle que je ne pourrai jamais y aller, de l'autre côté. Pourtant, j'avais cru y arriver, une autre nuit."



Un peuple en mouvement, secouant et brisant les chaînes qui les ont trop longtemps divisés.

"Miradors, barbelés, le mur les toise. Le mur est une scie qui déchire la chair."



"Ici, à la frontière, à la place du Peuple résigné et soumis de la RDA, se tiennent des personnes qui clament leur désir de liberté. Ils sont venus fuir un pays muselé et ils rencontrent un peuple en train de secouer ses chaînes. Une onde de joie illumine les visages et allume de minuscules étincelles dans les regards."

Ce court roman retrace les trois jours passés à Berlin, par plusieurs personnages donnant ainsi l'angle de vue de chacun d'eux. Et Anna en est le centre. La pièce commune à tous.

On vit cet événement, on y est, dans la foule qui se masse devant ce mur, d'abord dans le calme, pacifique. Parce qu'on leur a promis l'ouverture. La libération. L'unification. Une promesse qu'ils attendent d'être tenue. Depuis si longtemps.

"Ils ont annoncé qu'ils vont ouvrir le mur, comme ça, tout à coup, c'est incroyable, quel espoir ! Allez-y donc, Fraulein, et revenez nous raconter."



A travers ces pages, on assiste à leur stupéfaction, ils sont comme subjugués par ce qui est en train de se produire.

"La RDA leur promettait l'Égalité, ils voulaient la Liberté, ils trouvent la fraternité."



Et leur sidération devient la nôtre, nous lecteurs, en plein coeur de ce roman bref et puissant, tranchant et bouleversant. On se sent faible devant une telle force, ce cri d'un peuple, son espoir. Un très grand coup de coeur !



"Quand la vie tourne au ralenti comme dans une salle d'attente, quand les hommes finissent par se taire par dégoût du mensonge, lire est un refuge."



"Toutes ces heures passées à oublier l'Etat des ouvriers et des paysans en lisant, toutes ces heures à s'évader par l'imagination. Dans nul autre pays au monde, on ne lit autant. La République démocratique allemande a mérité le surnom de LeseLand, pays de lecteurs."



https://littelecture.wordpress.com/2019/04/29/trois-jours-a-berlin-de-christine-de-mazieres/
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Trois jours à Berlin

Comme souvent chez Wespieser, un roman de qualité, très bien écrit dont l'histoire nous remémore l'automne 89 où la foule Berlinoise pacifiste est prête et déterminée pour les retrouvailles.

Le roman se déroule les trois derniers jours précédents la chute du mur, les quelques personnages principaux (Micha, Anna et un hôte allemand) démêlent des noeuds importants de leur existence et entrent dans L Histoire. Ce roman est aussi un hommage au film Les Ailes du désir de Winders, dont les acteurs Ganz et Dommartin et Falk ont disparu.

Un roman haletant, poignant, on le croirait écrit au milieu de ces personnes qui émergent de toutes les rues, passerelles et avenues pour s'unir. Un livre que je relirai avec énormément de plaisir.
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La route des Balkans

Christine de Mazières nous invite à suivre le périple de jeunes réfugiés qui fuient leur pays dans l'espoir de trouver l'Eldorado en Europe. Il y a notamment Asma, une jeune syrienne et Tamim, un jeune afghan. L'actrice nous invite à suivre un bout de leur histoire et cela rend concret des événements tristement célèbres de l'été 2015. Souvenez-vous : Angela Merkel invite les états européens à accueillir des personnes en souffrance. "Wir schaffen das, nous y arriverons"

Je me dis que si j'ai été aussi marquée par ces évènements et plus particulièrement la marche des réfugiés sur l'autoroute hongroise reliant Budapest à la frontière autrichienne c'est en partie parce que je l'empruntais régulièrement à une certain moment de ma vie.

J'aime beaucoup cette manière d'incarner des événements historiques. Cela me les rend plus concrets.

J'ai tellement aimé le style de Christine de Mazières que cela me donne envie de découvrir Trois jours à Berlin, son premier roman.

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La route des Balkans

Ce roman se déroule entre la fin Août et le début Septembre  2015. A la suite de la découverte de 71 migrants morts dans un camion frigorifique abandonné sur le bord d'une autoroute autrichienne à Parndorf, et de la diffusion de la photo d'Aylan, petit garçon syrien de trois ans noyé, une vive émotion a secoué l'Allemagne et l'Europe.



On s'attache aux personnages : deux soeurs syriennes, l'ainée étudiante en médecine, la cadette Asma qui rédige son journal. Dans la cohue pour monter dans le camion Asma perd le sac contenant le cahier rouge, Tamim, un jeune afghan descend le chercher. C'est ce qui lui sauvera la vie : les deux sœurs seront parmi les victimes du Parndorf.



A la gare de Budapest, les migrants sont piégés. Le gouvernement hongrois fait construire une barrière métallique pour les empêcher de passer. Une caravane de milliers de marcheurs s'ébranle sur l'autoroute



"Enfin, tout ce petit monde s’est mis en ordre de marche. Déracinés, vagabonds, ils ont pris leur destin en main.

Les sans-nom, les indésirables, les invisibles, les exilés, les refoulés, les dublinés, les calais, ce sont eux

désormais qui décident de leur sort. Ils relèvent la tête



En Allemagne, c’est le choc. Une tragédie rappelle l’autre. Les photos rappellent les Treks de réfugiés de la fin de la Seconde Guerre mondiale, soixante-dix ans auparavant, treize millions d’Allemands fuyant devant l’Armée rouge en plein hiver sur les chemins enneigés et les lacs gelés. Toutes les familles allemandes ont connu des histoires d’exilés, chassés de chez eux par la guerre.



En parallèle , à Munich, une famille allemande dont l'histoire familiale  s'enracine en Prusse Orientale, histoire de déplacés, d'exilés, fuite devant l'Armée Rouge. Secrets bien cachés que le dépistage d'un cancer va faire resurgir.



Images des Allemands de l'Est rejoignant la République Fédérale en 1989, les Allemands ne peuvent être indifférents à ce "trek" de réfugiés syriens ou afghans. Poids de la culpabilité pour certains, réactions racistes pour d'autres. C'est un roman d'exil mais c'est aussi un roman européen.



"
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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