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Citations de Christoph Hein (56)


[En Allemagne de l'Est, 1961]
Nous apprenons le français et l'anglais, mais n'avons pas le droit de nous rendre dans ces pays. Et maintenant, depuis la construction du mur, c'est sans espoir. N'est-ce pas insensé d'apprendre des langues étrangères quand on est enfermé derrière un mur? C'est pareil que si on lisait un livre de cuisine sur une île déserte. C'est fou, tout simplement fou!
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On n'en a pas fini avec le fascisme en Europe avant longtemps, Hitler a été vaincu, c'est vrai, les nazis allemands ont perdu leur guerre, certes, mais pas le fascisme, il a apporté à certains messieurs de trop belles réussites. Il vit et reviendra, et peut-être plus vite que nous pouvons l'imaginer dans nos pires cauchemars.
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J'étais lui. Je reste le fils de mon père pour l'éternité. Je suis son héritier. Son successeur. L'homme en uniforme. Qui a fait ériger un camp d'extermination à côté de ses usines chimiques, de ses halles de production de pneus de toutes sortes. Je suis celui qui fait face aux détenus. Qu'il les fait travailler jusqu'à ce que mort s'ensuive. L'homme de la SS qui amène la mort. L'assassin condamné. Celui qu'ils ont pendu à la fin de la guerre.
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" Chez nous , on dit qu'on ne dort plus dans le lit conjugal , quand l'autre est parti ."( p 342)
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Avec un père comme le mien on n'a pas beaucoup de possibilités. Même si je ne l'ai jamais vu, je suis son fils, le fils d'un criminel.
Tu n'es pas son fils Konz, il ne te connaît pas, ta mère ne veut rien avoir à voir avec lui, tu ne portes pas son nom. Tu n'es pas son fils, tu es sa dernière victime.
Oui, ça aussi, dis-je, sa dernière victime, mais aussi pour toute la vie son fils.
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Pour lui le Führer était un Dieu, un Dieu sévère, un Dieu impitoyable, qui inflige des épreuves, des épreuves difficiles, mais qui veille toujours sur les siens comme un père fidèle et les sauve au dernier moment.
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Ne vous fiez pas aux souvenirs des hommes âgés. Avec nos souvenirs nous essayons de corriger les échecs de notre vie, c'est pour cette seule raison que nous nous souvenons. C'est grâce aux souvenirs que nous nous apaisons vers la fin de notre vie.
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Ce n'est que maintenant, des années après mon départ de la maison paternelle que je commençais à haïr mon père. J'avais constamment été dépendante de lui, il avait réussi à m'angoisser, je craignais sans cesse de ne pas être à la mesure de ses espérances, de ne pas réussir. Je me mis à le haïr car je compris qu'il m'avait volé mon enfance. Pour lui, nous étions, ma soeur, mon frère et moi, de jeunes chiots qu'il fallait dresser pour leur apprendre à se comporter convenablement. P 259
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Les jeunes bouleaux semblaient chuchoter, leurs feuilles étaient violemment agitées, bien que l'on ne sentît pas le moindre vent.
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Le linguiste Rüdiger Stolzenburg à son étudiant:
Visiblement nous nous sommes fixés tous les deux des priorités différentes, ou on nous les a fixées. Suivre les fluctuations des cours de la Bourse, observer des panneaux remplis de chiffres, spéculer sur des matières premières ou des valeurs virtuelles, cela me plongerait dans la dépression. Je serais au bord du suicide si je devais jour après jour contrôler des colonnes de chiffres.[...] Vous achetez et vendez des chiffres. Votre vie n'est qu'un zigzag conditionné par les hauts et les bas des cotations.
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[...] ... En mai 1943, on vint chercher la fille [des Gohl]. [Ils] avaient longtemps réussi à soustraire leur fille à l'Etat, qui plaçait les malades dans des foyers spécialisés, de façon, comme on disait officiellement, à ne pas compromettre la bonne santé du peuple. Plusieurs années durant, les Gohl avaient réussi à cacher leur fille dans leur maison jusqu'à ce qu'à la suite d'une dénonciation écrite, la municipalité ne puisse plus faire autrement que signaler l'existence de cette petite malade au Gauleiter. On était venu la chercher en mai, et on leur rapporta en septembre l'avis de décès et l'urne avec ses cendres. D'après le certificat de décès, elle était morte d'une pneumonie. M. Gohl fit déposer l'urne dans le cimetière de la forêt et dresser une petite pierre blanche, sans nom ni date. Sur la pierre, une simple croix dorée.

Depuis qu'on leur avait pris leur fille de force, les Gohl ne quittaient plus guère leur maison. On le voyait parfois, lui, aller faire les courses : à l'époque, il achetait encore tout chez Grosser, en haut, près de l'ancienne foire aux bestiaux. Il lui arrivait aussi de se rendre aux thermes, avec un gros paquet sous le bras, et d'exposer ses peintures dans le foyer puis, assis à côté, d'attendre patiemment les acheteurs. Parfois des gens de la ville lui adressaient la parole pour le consoler, mais jamais il ne leur répondait. Il se contentait de les regarder sans rien dire, les yeux remplis de larmes.

A la fin de l'année, quelques mois après l'inhumation des cendres, une effroyable rumeur se répandit pour la première fois dans Guldenberg. Pendant quelques jours, toute la ville en parla discrètement, presque sans le dire. Et tout aussi soudainement qu'elle était venue, la rumeur disparut. Personne n'était peut-être vraiment au courant, mais peut-être aussi que cette rumeur était tellement horrible que l'on préféra ne pas lui prêter attention. Je crois que dans notre ville l'on n'y pensait même plus.

Mais au printemps suivant, il se confirma que la terrible rumeur était vraie. Des promeneurs avaient vu la fille de Gohl, qui entretemps était devenue une grande jeune fille, jouer dans le jardin. Manifestement, l'année précédente, c'était la mère que l'on avait emmenée au lieu de la fille. Mme Gohl avait dû réussir à tromper les autorités et, sous le nom de sa fille, à se faire emmener dans l'un de ces établissements où l'Etat internait les gens qu'il avait condamnés à mort pour cause d'"existence inutile."

Marlene, la fille de Gohl, vivait. Dans l'urne déposée dans la forêt, il y avait les cendres de Gudrun Gohl, la mère de la jeune simple d'esprit. ... [...]
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[...] ... - "Docteur, je n'arrive pas à dormir. Quel est le rapport avec mes parents ? Vous me prenez pour un fou ?

- Sur le plan médical, je ne peux pas l'exclure a priori, monsieur le maire.

- Ne m'énervez pas. Je peux être désagréable.

- Je ne cherche pas à vous énerver, monsieur le maire. Vous venez à ma consultation sans rendez-vous. Je mène mon examen comme bon me semble.

- D'accord, mais alors pourquoi avez-vous besoin de savoir quelles maladies ont eues mes parents et toute ma famille ? Docteur, puis-je vous poser une question ?

- Je vous en prie.

- Que faisait votre père ? Ce n'était sûrement pas un ouvrier.

- Il était patron. Je crois que vous diriez que c'était un capitaliste.

- C'est à peu de choses près ce que je pensais. C'est votre maladie héréditaire, docteur. Mais nous ne sommes pas rancuniers. On ne peut pas choisir ses parents.

- Exactement.

- C'était donc un capitaliste. Il avait une usine ?

- Est-ce que les établissements thermaux Böger vous disent quelque chose ?

- Non.

- Ce Böger, c'était mon père. C'est lui qui a fait construire notre station thermale.

- Un capitaliste philanthrope, n'est-ce pas ?

- Je ne dirais pas cela, monsieur le maire. Ce n'était pas un philanthrope. Pour lui, c'était une bonne affaire. Une très bonne affaire.

- Jusqu'à ce qu'on le dépossède.

- Il n'a pas connu cet épisode. Il est mort deux ans avant la défaite.

- De quelle défaite parlez-vous ? Vous voulez dire la libération ?

- Vous avez raison, monsieur le maire. Après tout, une défaite, c'est toujours un peu une libération." ... [...]
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Des événements authentiques sont à l'origine de ce roman. Les personnages ne sont pas inventés
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Ne vous fiez pas aux souvenirs des hommes âgés. Avec nos souvenirs nous essayons de corriger les échecs de notre vie, c'est pour cette seule raison que nous nous souvenons. C'est grâce aux souvenirs que nous nous apaisons vers la fin de notre vie.
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Je voyais pour la toute premIère fois sa photo. Ma mère prétendait que tous les documents familiaux avaient été perdus à la fin de la guerre, parce qu'elle avait dû quitter de façon précipitée la grande demeure sur la place du marché, et qu'elle ne possédait plus rien de mon père. Je fixai la photo. Je m'imaginais à quel point ma vie changerait si j'avais un père bien réel, un père qui serait chez nous, avec qui je pourrais parler, comment ça se passerait si je n'étais pas condamné à grandir seulement avec une mère. Un père peut faire tant de choses qui ne conviennent pas à une femme. Un père me manquait. Mais ensuite, je vis le criminel de guerre qu'on avait condamné à mort et exécuté. L'homme souriant de la photo devint un monstre, un ennemi de l'humanité, quelqu'un qui torture et assassine des innocents. Que ferait ce genre d'homme, de père, avec moi ?
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Quelque chose avait changé. Il avait changé. Son ambition avait disparu, elle l’avait lâché, s’était doucement, imperceptiblement, éloignée de lui. Il se surprenait, pendant qu’il préparait ses séminaires, à feuilleter rapidement les textes, à parcourir avec lassitude la littérature critique, à prendre des notes avec ennui, à n’être plus intéressé par le sujet, et à se contenter de noter quelques points de repères pour être suffisamment armé pour le séminaire. Suivait-il maintenant ses étudiants dans leur manque d’intérêt généralisé, dans leur apathie ? S’était-il laissé contaminer par eux, par leur époustouflante absence de participation à l’ensemble de ses cours et à leurs études en général ? Ou était-ce ainsi que commençait la vieillesse, sa vieillesse ? Une gestion absurde de ses propres forces, une attention à soi ? Il ne lui manquait plus que de prendre l’habitude de faire la sieste, de se retirer, comme Rotheimer, dans son bureau après le déjeuner, de signaler à sa secrétaire qu’il ne serait pas joignable pendant une demi-heure et de piquer un roupillon.
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"Eh, le vieux, toi, le trou du cul, tu ne t'es toujours pas excusé !"
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J'ai promis de vivre avec toi, mais je n'ai pas dit que j'abandonnerai tout pour toi, que je sacrifierais ma vie pour la tienne. Je voulais vivre avec toi, mais je ne suis pas prete à mourir pour toi. Tu n'es pas assez mignon pour ça mon ami. Et ton enfant, n'y pense plus, je ne t'en donnerai pas, en tout cas pas de cette façon; pas à ta façon. Je veux avoir un enfant un jour, ou deux, ou trois, mais seulement quand cela me conviendra, et quand ce sera le moment je te le dirai. a toi ou au type avec qui je vivrai, car il se peut que ce ne soit plus toi, en tout cas tu as tout fait pour que ce ne soit pas la mort qui mette un terme à notre union, je vais la décharger de cette faute.
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Je ne pouvais pas m’installer en France, pas non plus en Angleterre, ou en Italie, ou en Pologne, ou en Union Soviétique, je tomberais partout sur des hommes de la « Résistance », sur des partisans, sur ceux qui avaient combattu Hitler. Je ferais leur connaissance, ils deviendraient mes amis, et un jour ils devraient apprendre que vi gt ans auparavant ils avaient été confrontés à mon père, le « Vulcan » craint de tous. Dans chaque pays je le trouverai sur ma route partout je serais le fils du » SS Vulcan ».
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Elle fait partie de ces femmes qui s'accrochent solidement à la fonction maternelle. La bonne chaleur d'un bonheur bovin. Ça, c'est du solide. On sait au moins pourquoi on vit. Pour les enfants, qui vivent pour les enfants, qui vivent pour... l'humanité est manifestement prise dans un cercle vicieux.
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