Citations de Christopher Priest (206)
Il y avait sur la planète terre des pénuries de produits essentiels et les habitants des pays civilisés étaient en mesure de monopoliser ces produits uniquement parce qu'ils étaient économiquement les plus forts . Ce déséquilibre semblait être le point de départ de toutes les querelles.
Accompagné on ne voit jamais autant de choses que seul.
Je dupe et je trompe. Voilà ce que je fais.
Les événements étaient bien à l'origine de la mémoire, non ?
Cela ne pouvait être l'inverse.
Il y développait un raisonnement d'après lequel accepter l'athanasie équivalait à refuser la mort ; mais, vie et mort étant inextricablement liées, refuser la mort équivalait à refuser la vie. Quant à lui, il avait écrit toutes ses oeuvres imprégné de la conscience de la mort inéluctable ; aucune n'aurait existé, aucune ne l'aurait pu, sans cette conscience. On ne pouvait vivre pleinement sa vie que par le refus instinctif, inconscient de la mort, sans lequel on n'accomplissait rien. Il exprimait personnellement sa vie dans la littérature, mais ceux qui l'exprimaient différemment avaient affaire par essence au même procédé. Aspirer à la vie éternelle équivalait à obtenir de vivre aux dépens de la vie.
J'envisage de me tuer. Si les pages suivantes sont vierges, quiconque découvrira ce journal saura que j'ai réussi.
Victoria m'informa qu'en qualité de femme, elle n'avait pas automatiquement droit à un poste responsable et que seules ses fiançailles avec moi avaient rendu possible son emploi présent. Si elle s'était fiancée à un homme n'appartenant pas à une guilde, on aurait attendu d'elle qu'elle produise des enfants aussi souvent que possible et qu'elle consacre son temps à des travaux domestiques dans les cuisines, ou à confectionner des vêtements, ou à toute autre besogne ménagère.
Je percevais ma vie comme un tohu-bohu d'événements hasardeux. Rien n'avait la moindre signification, rien ne raccordait à rien. Il me parut important de faire une tentative pour mettre de l'ordre dans mes souvenirs. Il ne me vint jamais à l'idée de m'interroger sur les motifs d'une telle entreprise. Elle m'apparaissait seulement comme de la plus haute importance.
Un jour, m'arrêtant devant le miroir piqué de la cuisine, je vis le visage familier qui m'observait, mais je ne pus l'identifier avec rien de ce que je savais de moi. Tout ce que je savais, c'était que ce visage terreux, hirsute, aux yeux ternes, était à moi, produit de presque vingt-neuf ans de vie, et tout cela semblait n'avoir ni rime ni raison.
Il n'ignorait pas qu'ils en avaient parlé, mais le contraire était également vrai. La réalité commençait en cet instant, à chaque instant, chassant le passé trompeur.
Comment l'esprit pouvait-il admettre un concept dont l’œil n'avait pas été capable d'embrasser totalement la réalité ?
Par endroits les herbes se massaient et formaient des monticules de plus de cinquante mètres de haut. Après notre chute de la nuit, cela ne nous surprenait guère, mais rien ne nous avait préparés au spectacle ahurissant que nous avions sous les yeux car il n'y avait pas une tige, pas une feuille, pas un bulbe, pas une racine tortueuse qui ne fût d'un rouge sang éclatant.
Le fait qu'un homme se trompe ne signifie pas qu'il soit idiot.
Le seul lien avec mon passé était ce manuscrit ; je ne pourrais jamais être complet tant que je n'aurais pas lu ma propre définition de moi-même.
Foncièrement, je demeurais convaincu que les exhalaisons industrielles allaient continuer de lentement s'accumuler à tous les niveaux de l'atmosphère et former un miasme qui filtrerait et repousserait la chaleur du soleil. Cela entraînerait une atténuation solaire et un refroidissement de la planète. Cela ouvrirait la voie à ce que je craignais depuis bien des années : l'Holocène prendrait fin et serait suivi par dix mille ans de glaciation.
Cela m'amène à un autre aspect de la vie martienne qui ne nous frappa pas au premier abord mais qui devait devenir de plus en plus évident : je ne puis imaginer race d'êtres plus universellement lugubres, abattus ou tout simplement malheureux que les Martiens.
Nous fabriquons tous des fictions. Aucun de nous n'est ce qu'il paraît. Chaque rencontre nous sert de prétexte pour projeter si possible une image de nous qui plaira à notre interlocuteur ou qui l'influencera, d'une manière ou d'une autre. [...] Le besoin de nous réécrire en fictions soi-disant réelles est là, en chacun de nous.
Quand on voyage, on emporte ses espoirs avec soi, ses préjugés, sa propre vision de la normalité. On voit ce que l'on voit à travers des yeux formatés chez soi.
"J'avais atteint l'âge de mille kilomètres"
Tels sont donc les faits, pour autant que mes choix linguistiques puissent les décrire.
La photographie est un art passif — non pas un art d'intervention créative ou de production, mais de réceptivité créative.