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Critiques de Claude Pujade-Renaud (236)
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3 chats et 2 écrivains

J’aime lire les journaux d’écrivain : pas seulement celui de Virginia Woolf mais aussi celui de Charles Juliet, de Françoise Ascal, de Pierre Bergougnioux, d’Hervé Guibert et j’en passe. Je ne comprends pas que cela ne soit pas un genre prisé des lecteurs. Quoi de plus stimulant que de partager un coin de quotidien d’un auteur que l’on aime ? Notre vie semble alors mise en écho. Il y a nécessairement des vibrations entre le parcours des êtres et la vie bouscule souvent la vision de l’œuvre. Evidemment, je ne suis pas dupe : je est un autre même au cœur du journal dit intime. Quelles traces y sont laissées ? Quelles notations éditées, lesquelles supprimées ou même jamais écrites dans le cahier ? Il est impossible de livrer sa vie : parfois un événement important n’est pas consigné, parfois un détail occupe une page entière. Le journal, genre paradoxal, tient de l’aide-mémoire, du déversoir, à la mise en garde, au galop d’essai, inclassable et aussi divers qu’il existe d’auteurs. Que dire alors de celui que je viens d’ouvrir ? Un journal écrit à quatre mains par Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmerman. Ce couple franchit une limite ou transgresse joyeusement les non-règles de l’art. Tout d’abord, la notion d’intime est dynamitée : l’un lisant ce que l’autre écrit et inversement. Ils poussent le vice jusqu’à parler d’eux à la troisième personne. Le « je » si cher au journal devient Claude ou Daniel. Ce pas de côté m’a, au début, agacée : le pacte de lecture semblait rompu. Ils me laissaient dehors. Je regardais deux personnages s’agiter à devenir universitaires, écrivains, amants et propriétaires de chats. La cadence et le dispositif d’énonciation rendaient a priori la complicité impossible. Le couple était refermé dans sa coquille, se mettant en scène mais ne laissant rien à l’a peu près, au flottant, le propre de l’écriture du diariste. Je ne suis pourtant pas descendue du train de leur vie. J’ai tourné les pages et succombé à la litanie des Claude et des Daniel. Cette fausse objectivité qui dit la nature des repas, le nombre d’allers retours à Cavalaire, puis à Dieppe, les amis reçus, les heures d’écriture, de corrections d’épreuves, les rencontres avec les journalistes, les éditeurs, ne forme que la part émergée de leur vie. Au bout d’une cinquantaine de pages, je fus happée par la prose qui déroule des faits de vie comme un rouleau compresseur avançant coûte que coûte pour tenir, traverser les maladies, les coups de fatigue, les moments de découragement, les refus d’éditeurs, garder le cap de l’envie d’écrire encore et s’y remettre malgré tout comme la mort douloureuse d’un chat fera qu’un jour un autre chat viendra. Tout semble déposé à une certaine distance, peu de réflexion mais quantité de petits événements : restaurant, lieux, cours à la fac, opérations, noms de la famille et des amis mais rien sur leurs caractères, défauts, comportements, juste leur implication ou pas dans une revue littéraire. Peu de chose sur la composition et les enjeux des livres, seulement leurs titres et le nombre d’heures consacrées à leur écriture, les doutes, les renoncements et les nouveaux départs. Même l’amour du couple apparaît en filigrane et souvent en rudesse : temps de « baise », répétition des 20 roses pour l’anniversaire de Claude, achat répétitif d’une robe à l’occasion d’un livre accepté par un éditeur, huîtres et champagne offerts pour l’occasion. Il y aurait de quoi se sentir frustré. Pourtant, je n’ai pu lâcher ce défilement de vie, sans doute car quelque chose déborde la mise à distance : une tendresse mêlée d’exigence et d’incompréhension. Daniel n’hésite pas à pousser Claude sur le devant de la scène tout en critiquant et jalousant son succès. Il reste excessif en tout et Claude ne gomme rien de cette monstruosité. Le sulfureux ne les lâche pas non plus, comme paradoxalement l’extrême routine : les camps de base que forment leurs lieux de vacances, toujours les mêmes comme des rituels indispensables à la vie avec et pour l’écriture. Le cadre est sans arrêt redonné. Il ne faudrait pas que la passion amoureuse ébranle la construction littéraire : les habitudes protègent. La manière d’écrire, déroutante au début, marque cette nécessité d’objectiver ce qui sinon ne pourrait s’écrire. J’ai la sensation au fil du temps que c’est Claude qui prend de plus en plus la plume. Daniel dicte sans doute les règles du jeu mais Claude tient le stylo, comme elle tient la maison, repasse, cuisine. La femme qui écrit reste malgré tout celle qui assure l’intendance. Dans ce couple qui fait de la transgression un art de vivre, le bousculement des valeurs s’arrête là. Il est touchant qu’ils décident de ne pas effacer les manquements. Ils auraient pu enjoliver la mise en scène or ils mettent à nu les coulisses non glorieuses de la vie à deux. Les faits ont sans doute la peau dure mais le sang afflue sous cette épiderme et le lecteur est chamboulé d’avoir parcouru toutes ces années. La mort de Daniel, résumée en une phrase, en retrait du texte ajoute à ce parti pris de journal « objectif », une conclusion brutale mais décisive. Le quatre mains s’arrête et le livre se referme pour eux comme pour nous.
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3 chats et 2 écrivains

Il s’agit ici d’un journal à quatre mains qui couvre 25 années de vie de 1974 à 2000, un extrait de journal plutôt car le manuscrit original compte quelque 1500 pages. On y retrouvera tous les éléments du genre : événements personnels, importants ou anecdotiques, petites et grandes choses qui remplissent la vie quotidienne de Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann dont l’aventure commune commence à la quarantaine, deux auteurs qui ont écrit et vécu ensemble sous la protection de trois « félins fraternels » dédicataires de l’ouvrage : Georges, Julien, Mathilde, le tout dans le style dénué d’effet du carnet de bord.

Qui a écrit quoi ? Peu importe, chacun note par jeu ses « virginités » personnelles ou celles du couple, c’est-à-dire des « faits qui pourraient constituer des événements neufs ». Belle idée d’amoureux, comme si tout était renaissance depuis la rencontre. Le choix des notes est effectué par Claude quinze ans après le décès de Daniel en l’an 2000 à l’âge de 65 ans. Qu’aurait-il retenu, lui ? Sans doute le livre aurait-il été quelque peu différent, le point de vue de Claude semblant l’emporter sur celui de Daniel. On se surprend parfois à vouloir secouer ce dernier en lui disant : « Tu ne trouves pas que tu exagères, là ? » L’amie de Claude avait sans doute raison : « […] la seule façon de supporter de vivre avec un mec qui écrit, c’est d’écrire soi-même. » Il est vrai que chacun transporte son histoire, dont on sait pudiquement peu de choses, le passé n’étant pas évoqué en tant que tel : une psychanalyse pour elle, la guerre d’Algérie pour lui ainsi qu’un lourd secret de famille. À ce sujet, cette lecture pourra être complétée par « Les Écritures mêlées », chronique « duobiographique » parue en 1995 chez Julliard.

Ce qui frappe avant tout dans ce double parcours amoureux et littéraire, hormis l’écriture de soi à la 3e personne (une sorte de gag initial), c’est l’incroyable énergie déployée à tout instant : pour s’aimer (passionnément), écrire (ensemble et séparément), corriger ses textes, publier, étudier, enseigner (Université Paris VIII-Vincennes), animer une revue, promouvoir ses livres, jouer le jeu littéraire, voyager, entretenir ses liens familiaux respectifs (Daniel est marié), s’occuper de trois lieux de vie, soigner les chats, cultiver le jardin, faire la cuisine, des confitures, des conserves, scier du bois, recevoir les amis, s’adonner à son sport (danse pour elle, karaté pour lui)… On en reste pantois. Le métier d’écrivain ainsi conçu exige une santé de fer et un moral d’acier. Chacun épaule l’autre, lisant, commentant, critiquant, corrigeant, soutenant, surtout dans les moments de fatigue et de découragement. Claude affirme au début qu’elle n’est pas écrivain, alors qu’elle écrit des nouvelles. Daniel semble croire en elle plus qu’elle-même qui doute et rabat son enthousiasme d’une petite remarque pessimiste. Lui est un foudre de travail, jamais à court d’idées. Au début de leur relation, il dicte, elle copie. Puis les publications des deux s’enchaînent, littéraires, universitaires, les projets, les échecs, les réussites, l’œuvre de chacun se construisant sans complaisance sous le regard exigeant de l’autre. Autre aventure partagée, ils écrivent ensemble des romans pour la jeunesse. L’éclectisme et le travail acharné toujours, les retraites à Cavalaire, dans le Sundgau, puis à Dieppe permettant d’avancer à plus grandes enjambées.

On devrait conseiller ce journal à tous les écrivains que guette le découragement ! Tant de ténacité devant les refus d’éditeurs, tant de travail, d’efforts pour parfois si peu de ventes, pour des animations « foireuses » à l’autre bout de la France, pour des projets avortés qui ont nécessité des semaines d’investissement ! Ne pas abandonner, remettre l’ouvrage sur le métier, parfaire le projet, le réorienter, garder l’âme chevillée au corps quoi qu’il arrive, ne pas s’aigrir, se renouveler avec la même exigence, telle est la donne du métier d’écrire selon Claude et Daniel.

Ce qui fait le charme de ce carnet intime, outre la forte complicité littéraire, amoureuse, aussi charnelle que spirituelle, c’est la succession sans transition des faits, comme pris dans le flux de la vie, un flux d’énergie allègre et roboratif, malgré les doutes, les périodes d’épuisement physique et psychique. En dehors de l’écriture, on rit, on discute, on trinque, on fait l’amour (beaucoup), on danse, on marche, on nage, on skie, on inaugure des premières fois, audacieuses et décalées, on va ici, on revient là, on se sépare, on se retrouve, on se dispute, on se désire, bref, on vit à plein, malgré les pépins de tous ordres. Et les chats dans tout ça ? Casaniers s’abstenir ! Êtres de la famille à part entière, ils suivent le mouvement avec les exigences de leur état, rituels, joies, grandes frayeurs et petits bobos.

Pour tenir la distance, le plaisir partagé est un bon atout. Au fil des chapitres-années, le lecteur s’amusera à compter les bouteilles de champagne, les huîtres, les foies gras, les homards et autres langoustes, les gâteaux de grand pâtissier, les robes (dont chacune porte un nom de baptême, jolie idée !), les pulls en cachemire qui rythment les réussites. Autant d’étapes franchies, autant de cailloux blancs dans la grande forêt de l’écriture où il est rare de s’aventurer à deux sans que l’un dévore l’autre. Grâce aux chats, qui sait ?

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Au lecteur précoce

Récompensée par plusieurs prix (dont le Goncourt des lycéens 1994 pour Belle-mère), la nouvelliste et essayiste Claude Pujade-Renaud signe avec L'enfant précoce(titre de l'une des 14 nouvelles) un recueil de nouvelles jouant avec les mots d'une façon très psychanalytique.

Des thèmes différents mais tournant autour d'un traumatisme(inceste,enfance malheureuse,séparation,blocage corporel,rituel,fausse-couche,origines,souvenirs de guerre,maladie,failles,enterrement,amours interdites,passé) qui ressurgit et franchit la porte ouverte de l'inconscient lors d'une ambiance particulière. La clef d'accés est un patois, un langage à part,un lapsus,une appellation à la sonorité particulière,un blocage,une interprétation,un délire,une consonnance étrangère,un délire,un double sens,une invention,un pluriel,une dédicace...

Parle-t-on le même langage? Les conflits se basent-ils sur les non-dits?Peut-on à travers mots retrouver le bonheur (ou le malheur volontairement oublié) ?

Des nouvelles douces-amères, en demi-teintes comme ces tableaux pointillistes où la lumière sourd à travers un univers fragmenté.

Intéressant et joliment écrit par une excellente manieuse de mots (maux?)!!!
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Au lecteur précoce

Auteur : Claude Pujade Renaud

Je ne connaissais pas cette auteure. Elle a pourtant de nombreux prix littéraires.

Du même auteur: Belle mère (1994)/ Le sas de l'absence (1998)

Genre: nouvelles

Ici, il y a 14 nouvelles. Le recueil est assez fin.

La couverture ne m'a pas du tout attiré. Par contre, le titre m'a interpelé "Au lecteur précoce", nouvelle des dernières pages (comme si on gardait le meilleur pour la fin). La construction est intéressante puisque cet ouvrage commence par "Mourir à petite pluie" et se termine par la précocité. Est-ce à dire qu'ici on fait le tour de la vie?

Ces nouvelles sont une promenade dans le quotidien. Les personnages sont peu brossés, parce qu'ils sont courants (leur physique importe peu).

Dans ce quotidien, il y a les secrets qui nous font "mourir à petite pluie" (ça change de mourir à petit feu!). L'humidité gagne le cœur, se met aux bords des yeux, alors on ferme les volets. On espère une "halte" ou un "passage".

Parmi toutes les dédicaces que peut faire un écrivain, combien prennent-elles sens? Un jour Gérard en fait une pour une femme enceinte. Il a écrit "pour le lecteur précoce" et cela tissera un lien de paternité avec le futur lecteur de son livre.

J'ai beaucoup aimé "Lustrum" car cette nouvelle est amusante. Des parents discutent dans le noir de la soirée où a été conçu leur fils. Ils ont une image très nette d'un lustre témoin de leurs ébats. Sébastien ayant tout entendu va mettre des lustres à s'en remettre!

L'ensemble du recueil est agréable, avec quelques pointes d'humour. Les tableaux de vie sont fidèles, mais pas inoubliables.

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Au lecteur précoce

De courtes nouvelles écrites dans un français superbe, fluide et lumineux.

De la première, Mourir à petite pluie, et son éblouissante évocation de la côte normande, jusqu'à la dernière, Au lecteur précoce, et un auteur piégé dans un salon du livre. Claude Pujade-Renaud a enseigné la danse et l'expression corporelle, et j'oserais dire, c'est un compliment, que cela se sent à lire ses nouvelles.
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Au lecteur précoce

Quelle belle écriture !
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Au lecteur précoce

14 récits relatent une quête de bonheur chez des hommes blessés par une enfance souvent mal vécue, parfois même à la lisière de la folie.

Vous dire que j’ai aimé chacune de ces nouvelles serait faux. J’ai tout d’abord adoré le titre de l’ouvrage, qui était comme une invitation. Et puis, d’une écriture incisive, sans dérobade, l’auteur a su m’imposer son style, provoquer de vrais pincements au coeur.

Oui, quelques-uns de ces récits ont su faire basculer mon imaginaire.

D’autres m’ont beaucoup dérangée.
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Au lecteur précoce

Nouvelle rencontre avec Claude Pujade-Renaud, mais cette fois-ci autour d’un recueil de 14 nouvelles. Je ne me montre guère enthousiaste. C’est une affaire de style, comme un vêtement qui ne m’irait pas. Et je conçois qu’il aille tout à fait à quelqu’un d’autre. Je trouve son écriture à la fois sèche et précieuse, retenue de l’intérieur et exposée de l’extérieur avec des jolis mots choisis. Cette boiterie me gêne, cela ne s’explique pas.

Quant au sujet des nouvelles, nous retrouvons le thème de l’inceste :  Mourir à petite pluie et Mamanmatante. Un inceste presque par inadvertance, nulle perversité, juste une aimantation des corps plus forte que les interdits, dans un flou qui meurtrit les âmes sans vraiment les mettre en danger.

La mémoire et le passé traversent d’autres nouvelles : la mémoire d’enfance avec Une odeur à fréchin, Une Halte, Lustrum, Poterne des peupliers et le poids du passé avec l’enjeu de la transmission dans No Pasará et Sennen Sennen. La culpabilité et le passé douloureux se conjuguent dans La Grenade, mais aussi Poterne des peupliers. Seule la dernière nouvelle, Au lecteur précoce, clôt le recueil sur une note d’optimisme alors qu’auparavant une petite musique triste et désabusée nous a accompagnés de page en page. Plus que des histoires, Claude Pujade-Renaud nous raconte des blessures jamais refermées.
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Belle mère

Tiens, le titre a un autre sens puisqu’il ne s’écrit pas belle-mère mais belle mère. Cela traduit la relation d’Eudoxie et Lucien le fils de son second mari décédé peu après leur mariage.



Eudoxie apprivoisera Lucien paranoïaque, comme on fait avec un petit chat sauvage, Elle m’a fait penser au Petit Prince de Saint Exupéry. Elle ira même plus loin et fera un véritable travail de thérapie pour lui éviter un internement psychiatrique. Lucien, grâce à la patience de sa belle-mère arrivera à se comporter peu ou prou comme un adulte.



Ce livre, sur le respect de l’autre, est une bien belle histoire. Le temps passe et laisse des traces. La vieillesse arrive sans se montrer et puis il faut se rendre à l’évidence, elle est là. Eudoxie à 94 ans ne peut plus s’occuper de Lucien. Elle entre en maison de retraite pour y finir ses jours (théoriquement). La séparation est dure des deux côtés. Il la rejoindra (peut-être) lorsqu’une chambre pour couple se libérera.



Ce magnifique roman parle des relations de confiance qui peuvent s’établir entre deux personnes que tout sépare. Ainsi, pour Lucien, Eudoxie, de belle-mère, devient belle mère



Claude Pujade-Renaud a su trouver les mots simples du quotidien, des phrases emplies de tendresse, d’émotions avec, en prime, une promenade dans une banlieue en pleine modernisation. Un vrai petit bonheur de lecture avec une fin insoupçonnée mais logique.



Ce roman a été couronné par le Goncourt des lycéens en 1994.


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Belle mère

Eudoxie épouse Armand en secondes noces et en s'installant chez lui, elle découvre qu'elle a un beau-fils qui semble entretenir des relations difficiles avec son père. Entre ce beau-fils méfiant et cette femme vont se nouer des liens qui dureront des dizaines d'années.



J'avoue que je suis un peu étonnée que les lycéens aient choisi ce roman pour le Goncourt des lycéens 1994 car il met en scène des personnages à mille lieux d'eux, pas très jeunes dès le début et qui vivent sans beaucoup de contacts avec le reste de la société. Je pense que j'aurais pu aimer cette histoire si elle avait été davantage développée mais là, tout allait trop vite pour que je m'attache. J'avais de beaucoup préféré Les femmes du braconnier
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Belle mère

Une révélation pour moi les romans de Claude Pujade-Renaud
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Belle mère

Claude Pujade-Renaud nous raconte ici, de sa très belle écriture, la relation entre Eudoxie et son beau-fils Lucien. Eudoxie épouse Armand, le père de Lucien, alors qu'elle a déjà une quarantaine d'année. La guerre la laisse veuve assez rapidement. Lucien et Eudoxie vont alors vivre ensemble et ce, jusqu'à leur mort. Mais Lucien est un garçon sauvage, bizarre, au comportement proche de l'autisme. Tout au Long de ses années, Eudoxie va l'apprivoiser et s'attacher à cet homme fragile, cet enfant perdu. Et l'amour qui nait entre ces deux êtres est profondément touchant. Le récit est subtil, délicat et fort. C'est un très beau roman. Ça m'a plu d'apprendre que des jeunes lecteurs lui avait décerné le prix Goncourt des lycéens en 1994.
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Belle mère

Eudoxie avait épousé Armand par petite annonce, mais la guerre a tué Armand et Eudoxie reste avec le fils de celui-ci, étrange, un peu fou... C'est le quotidien, les difficultés de cohabitation, la banlieue, beaucoup de tristesse et parfois de beaux moments. Bien écrit mais trop sombre pour me plaire.
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Belle mère

Eudoxie ("celle qui a une opinion juste") a épousé en secondes noces Armand Bouvier. Elle a 47 ans, lui 60, ils se sont rencontrés grâce à une annonce parue sur le journal, peu avant la Seconde Guerre. Elle est sans enfants, mais chez Armand, à Meudon, vit Lucien, la trentaine bien sonnée, un type étrange, taciturne et sauvage, toujours flanqué de son chat. Eudoxie, à sa manière calme et déterminée à la fois, tente d'apprivoiser et le chat et le beau-fils.



Au début de la guerre, Eudoxie et Armand fuient mais Lucien refuse de quitter la maison où sa mère, qui l'a (et qu'il a) passionnément aimé, est morte. Armand meurt en route et Eudoxie, de retour à Meudon, apprend que Lucien a été retrouvé errant depuis des jours près de l'étang et emmené de force à la Salpétrière. Le psychiatre accepte de le laisser repartir avec Eudoxie, avec ces mots : "vous me semblez détenir assez de bon sens pour tolérer chez l'autre sa part de folie."



Le roman raconte alors, avec beaucoup de bienveillance et de douceur, cette arrangement pas toujours simple entre ces deux êtres qui vieilliront ensemble. Un beau roman sur la vieillesse, sur l'anormalité, sur la différence et le respect.
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Belle mère

Une histoire de couple assez touchante et très singulière.

Eudoxie est une femme née à la fin du 19 eme siècle dans un milieu modeste. Après un premier veuvage, elle se remarie par petites annonces avec Armand, veuf lui aussi.

Elle s'installe dans son petit pavillon où vit également Lucien, le fils qu'il a eu de son premier mariage avec Blaisine. Lucien est un peu dingue et très sauvage. Il ignore la nouvelle épouse de son père pour rester fidèle à sa mère ( Et à ses tantes mortes)

Lorsque la guerre arrive, Armand et Eudoxie fuient les bombardements et au cours de l'exode, Armand meurt.

Eudoxie rentre au Val Fleury, Armand, délirant, est hospitalisé en psychiatrie.

Peu à peu, une relation étrange et forte se noue entre eux. Lucien est intelligent mais parfois bizarre.il est très exclusif, Eudoxie l'apprivoise en le respectant. Chaque fois qu'elle le quitte, il sombre à nouveau dans un délire. La vie s'écoule, les années passent, la vieillesse arrive et Eudoxie part en maison de retraite.

A l'occasion d'un WE de " permission" ils finiront ensemble dans l'étang avec le chat Nonotte.

L'auteur nous embarque dans cette vie de simples gens, l'époque est bien rendue avec l'arrivée du confort : Frigidaire, téléphone, télévision. On sent la solidarité, les engagements politiques, la peur du communisme.

Eudoxie a le goût des mots. Elle découvre la littérature. Elle est heureuse de ce qu'elle a, de ce que sa vie assez rude pourtant lui apporte.

Un très bon roman dont les personnages nous accompagnent encore une fois le livre refermé.



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Belle mère

Des années 30 aux années 80, la vie ordinaire et simple de gens simples et ordinaires (ceux qu'on appelait les français moyen avant de les dénommer "La France d'en bas" puis, surenchère dans le mépris, "les gens qui ne sont rien"). Des gens venus en région parisienne de Normandie, de Mayenne, du Béarn, construire la France d'aujourd'hui.

Claude Pujade-Renaud, de son écriture limpide, livre un roman plein de pudeur et délicatesse sur la tendresse, la confiance et même l'amour qui s'établissent entre deux êtres qui se retrouvent, sans l'avoir souhaité et par la force des choses, vivre côte à côte dans leur pavillon de banlieue pendant une cinquantaine d'années.

De petites choses en petits détails, de non-dits en petits orages domestiques s'établissent des liens quasi filiaux entre Eudoxie, veuve du père, et son beau-fils Lucien, adulte "dérangé" ne vivant que pour ses chats et ses inventions.

Un très beau livre.
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Belle mère

À la fois romance, épopée suburbaine et traité de la thérapie, Belle mère raconte le lent établissement de relation entre un paranoïaque et la deuxième femme de son père, mêlant la description du monde tel qu’il se présente à Eudoxie (la belle-mère) et les commentaires et réflexions personnelles de Lucien (le fils).



Le travail thérapeutique qu’entreprend Eudoxie, au début un simple refus de faire interner Lucien, sera de lui rendre la parole, puis l'acte fonctionnel, pour finalement accéder à une vie plus ou moins adulte.



La contrepartie, qui n’apparaît que petit à petit, c’est de se faire apprécier physiquement, d’où le titre sans trait d’union.



Se voulant liaison entre l'époque de la Commune et de celle de l'Occupation, Belle mère est aussi une évocation d'une douce vie meudonoise disparue.



Belle mère est un roman de Claude Pujade-Renaud paru en 1993, lauréat du Prix Goncourt des lycéens 1994.
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Belle mère

L'annonce dans le chasseur français stipulait : Veuf, cinquante-six ans, sérieux, souhaite finir vie tranquille avec femme douce, bonne ménagère en vue mariage et affection. Maison de rapport avec jardin, banlieue Paris, un enfant. Eudoxie, âgée de quarante-sept ans, veuve de son état a répondu à cette demande et quelques mois plus tard, elle épouse Armand. Heureuse, elle l'est sûrement, enfin presque. Et pour cause : L'enfant mentionné dans la publication, s'avère être en réalité un jeune homme, Lucien, d'une trentaine d'années , perturbé, insondable, souffrant d'un comportement imprévisible qui l'évite, ne lui adresse pas la parole, se terre dans sa chambre, ignore totalement sa présence. Déstabilisée par le comportement de ce dernier, Eudoxie découvre des écrits de Lucien adressés à Blaisine, sa défunte mère, indiquant que jamais personne ne la remplacera, aucune autre femme ne prendra la place qu'elle occupait dans son coeur et dans sa demeure. Voilà qui promet bien du fil à retordre à sa belle-mère.



Malheureusement, au décès d'Armand, Eudoxie va devoir faire face à la présence de Lucien, supporter ses moments de folie et son mutisme d'où une divergence qui ne présage rien de bon entre ces deux protagonistes.

Pourtant, si pour Armand, son fils est " fou ", la réalité en est tout autre. S'il est certain que Lucien présente des failles qui se ressentent sur son comportement énigmatique, au fil des jours, Eudoxie découvre en cet homme fuyant, une incroyable ingéniosité, féru de mécanique, lésé de n'avoir pu déposer un brevet qu'un autre venait juste de présenter peu de temps avant lui. Petit à petit comme l'oiseau fait son nid, ces deux écorchés, solitaires vont s'apprivoiser, se soutenir, travailler et marcher ensemble sur le chemin de la vieillesse, si proches et si complices que l'on croirait voir presque un vieux couple.



Claude Pujade-Renaud nous dépeint la trajectoire de deux personnages hors du commun, unis par un concours de circonstances.



Une lecture émouvante sur l'attitude de deux êtres que tout opposait, la vie telle qu'elle se présente avec son lot de contingence qui réserve parfois des bien belles surprises.

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Belle mère

J'ai aimé ce petit livre qui se lit en quelques heures. L'auteur fait mourir Armand, le mari, assez vite, pendant la guerre, et nous entrons dans l'histoire, la vraie : celle d'une femme qui a le choix de laisser pourrir son beau fils en hôpital psychiatrique, et du coup s'en débarrasser, où le faire sortir et vivre avec lui, apprendre à la connaître, avec ses différences (et oui Sév, je cultive!), ses lubies, sa "folie". Aujourd'hui, les médecins diraient de Lucien qu'il était autiste...Peut être, peut être pas....Mais à cette époque, on acceptait plus facilement les autres. Alors ces deux là vont cohabiter pendant plus de trente ans, apprendre à se connaître, se respecter. Le troisième âge savoureux comme il devrait être, des gens simples, heureux. J'avoue que quand Eudoxie a eu 94 ans, j'ai arrêté de compter les années et son âge mais je crois que j'étais arrivée presque à la fin de l'histoire. Un bonheur simple jusqu'à la fin. A lire en fin d'après midi, à la tombée du jour...


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Belle mère

Histoire d'une vie simple, celle d'Eudoxie ("celle qui a une opinion juste" comme elle l'apprendra sur le tard). Veuve une première fois, elle se remarie avec Armand qui lui perdra la vie à peine 5 ans plus tard lors d'un bombardement sur la route de l'exode. Retour pour Eudoxie, seconde fois veuve, dans la maison de Meudon, où elle cohabitera pendant près de 50 ans avec Lucien, son beau-fils de 15 ans son cadet. Un homme taxé tour à tour de fou et d'ingénieux par son entourage, un homme tantôt renfermé sur lui-même, tantôt faisant preuve d'une grande vivacité d'esprit. Un original avec ses secrets, et ces femmes qui le hantent, Blaisine sa mère, Firmine et Marceline ses tantes maternelles. Eudoxie ne juge pas, fait avec, finit en quelque sorte à l'apprivoiser, et c'est une relation ponctuée de petites attentions qui se développe. Un beau portrait d'une femme digne qui traverse le 20ème siècle sans faire de bruit.
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