Claude Sarraute rit de la mort ! - On n'est pas couché #shorts #onpc
Cette angoisse-là, celle d'un rendez-vous décommandé à la dernière minute, je sais pas si vous l'avez jamais éprouvée, elle vous renverse, elle vous submerge. C'est la peur, la trouille panique du vide qui soudain s'ouvre sous vos pieds. Le gouffre. Vous étiez-là, vous étiez tranquille, vous saviez que le soir vous seriez à deux, pas à un... Et brusquement, plus rien. 2-1 = 0. Le néant. Le grand trou béant. Elle en tremble, Poupette, elle a la gorge nouée, mal au creux de l'estomac... Qu'est-ce que je vais devenir ? Je vais mourir, voilà ce que je vais faire...
Question : Son œuvre a été publiée dans la bibliothèque de la Pléïade, en 1996, donc de son vivant, ce qui est rare, non ?
Réponse : Si elle avait su que Duras y serait aussi ! Pour elle, Marguerite Duras, ce n’était pas de la littérature. Juste des romans de gare, des histoires d’amour…
C’est comme pour l’Académie française, autant te dire que maman aurait adoré être la seule et unique femme admise sous la Coupole, mais une fois que Yourcenar a été la première, c’était fini ; il ne fallait plus en parler ! Quand bien même ils n’y ont jamais pensé…
De même, elle aurait aimé que Bernard Pivot l’invite toute seule à « Apostrophes » ou « Bouillon de culture » - il l’avait fait pour Duras- une émission rien qu’avec elle. J’avais demandé à Pivot pourquoi pas maman ? Il m’a répondu ; « Je ne comprends rien à ce qu’elle écrit ! »
C. Sarraute parle de sa mère
" Ce qu'elle écrivait, c'était quelque chose qu'on avait jamais vu, ça c'est sûr ! Le principe, c'était "les mouvements infimes qui se déroulent en nous, si rapidement que nous n'en prenons pas conscience"...Je t'explique . C'est :"Tu as un cheveu , ici, sur l'épaule, j'au une envie folle de l'enlever, mais je ne le fais pas; qu'est-ce qui se passe en moi, à ce moment -là ? ".
C'est le genre bulldozer, Tatoune. Elle est possessive comme c'est pas permis, autoritaire, exclusive, mais brave, au fond, un brave homme de femme. Bien d'aplomb, bien calée par ses préjugés, elle en a des tas, que dis-je, elle les a tous.
Et elles sont restées debout devant le distributeur de gobelets, fines, nerveuses, minces, lisses, toutes neuves encore, intactes, Flo et Béa, deux dragées, jolies à croquer. La beurette et la starlette. La brune et le blonde. La ronde et la longue. Les grands cheveux frisés et les longs cheveux raides. La tout en noire, Béa, et la tout assortie, Flo. A la pointe de la mode, l'une et l'autre. Sauf que c'est pas la même selon que l'on s'habille façon Forum ou façon Faubourg. Quoi Forum ? Quoi, Faubourg ? Des Halles et Saint-Honoré, voyons, bande de ploucs.
- Allô, Pat ? C est moi, Lisa. Tu ne devineras jamais ce que m'a sorti Axelle pas plus tard que ce matin : " Écoute, maman, faut que je te dise, mes seins, ça va pas, mais alors pas du tout. Ils sont beaucoup trop petits, comme si j'en avais carrément pas. Ça me pourrit la vie. Alors, je te préviens, pour mes quinze ans, toi et papa, vous m'en offrez d'autres, des vrais, des gros, des seins de femme, quoi.
Elle est passée sans transition de l'état de latence à l'état de révolte pour débouler en plein âge ingrat, Abi, si tant et que ça existe encore. Non, c'est vrai, ça a disparu pareil que les vapeurs ! - Ciel, elle s'est évanouie ! - et les envies à partir du troisième mois de grossesse : Oui, je dors, qu'est-ce qu'il y a encore ? Du caviar aux groseilles ? Mais où veux-tu que je ... Bon, bon, très bien, j'y vais.
Elle est confiante, elle est naïve, Poupette, désarmante. Une vieille , pas si vieille petite fille toujours à se raconter des histoires, des contes de fées... Ils se marièrent et eurent beaucoup... Ça tient à son éducation. Celle que lui ont donnée ses enfants à la mort de leur père. Ils ont acheté tout un tas de manuels : les premiers pas de votre parent. Le parent de trente à cinquante-cinq ans - ils l'ont eue tard. Les difficultés de votre parent. Le parent agité, le parent paresseux, menteur, désobéissant, capricieux.
Tes parents étaient avocats de quel genre d'affaires?
Avocats d'affaires,justement!Maman ne devait pas être faite pour le pénal;avant de travailler dans le même cabinet que mon père,elle avait plaidé pour un petit voyou et m'a raconté que pendant la plaidoirie,elle s'est aperçue que son sac à main avait disparu!Elle s'est alors tournée vers son client en criant :"mon sac!c'est lui,je suis sure que c'est lui!"
Bah, justement, je n'en ai plus. Ma vie est devenue un calvaire. J’enchaîne malaise vagal sur douleurs lombaires. Je
ne tiens plus debout, mes muscles ont fondu vu que la marche m'est fortement déconseillée et depuis que j'ai entrepris d'écrire ce fichu bouquin, le reste du temps je m'ennuie .
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