Citations de Cyril Pedrosa (172)
Pas de questions à se poser...
Faire des petits...
Dormir...
Bouffer des carottes...
Ça doit être bien d'être un lapin...
Les heures sont des siècles, elles ne mènent nulle part. Il faudrait pouvoir disparaître et ne plus jamais sentir ce vide. C'est trop long toute une vie comme cela.
Il faut que je fasse du sport... J'ai déjà essayé plein de trucs... Plutôt là où il n'y a pas de compétition... où il ne faut pas battre un adversaire... où on pratique l'humilité... ou alors les sports super ludiques. Je pensais avoir trouvé un truc pas mal... mais je n'ai pas tenu sur la longueur... J'ai bien pensé revendre mon kimono et mes rollers pour me payer un abonnement dans une salle de gym... Mais je crois que je vais plutôt renoncer à toute forme de développement durable de mon corps.
- ... Et il fait quoi, ton mec, alors ?
- "Socio-thérapeute". Il organise des séminaires d'entreprise... Pour aider les cadres à gérer les conflits... Ce genre de trucs.
- C'est va-che-ment intéressant ! Moi, j'ai toujours trouvé ça super important, tout ce travail sur soi... pour s'ouvrir à l'autre...
- Mouais... Là c'est surtout pour apprendre aux forts à mieux écraser les faibles.
(p. 32)
[à manipuler les autres, je dirais]
-Papa faisait plein de trucs avec nous !
-Avec toi, Jacques. Avec toi. avec son "grand garçon" ! "L'ainé". Celui dont il était si fier !... Celui qu'on montre à tout le monde ! Celui qui est né au pays.
Son corps lui apparaît alors tel qu'il est. Friable, rempli de falaises de sable. Elles s'écroulent en silence au moindre faux pas, laissant alors la place à ce vide familier dont il est fait, autour duquel il s'enroule, faute de mieux.
Il m'est de plus en plus facile de me cacher, c'est devenu un réconfort. Je sais depuis longtemps qu'il est inutile d'essayer de partager ce qu'on ne comprend pas soi-même.
- Elle reste enfermée... tout le temps ?
- Qui ça ?? Ah... la petite ? ...Je l'ai louée au capitaine pour la traversée...en échange d'une bonne cabine... Ne me regardez pas comme ça... Elle fait le ménage et la cantine, c'est tout... S'il la touche... Je le tue.
- Vous avez d'étranges valeurs morales...
- J'ai des valeurs commerciales.
- Pour nous, ça change rien. Quel que soit le maître, on sera toujours à son service.
Je parviens à peine à communiquer avec la plupart d’entre eux. Quelques phrases de mauvais anglais, des gestes de la main, parfois rehaussés d’un sourire ou d’un sourcil levé. Ce langage sommaire, concentré sur l’essentiel, aussi frustrant qu’il soit, permet de ne montrer que le meilleur de nous-mêmes. Les signes infimes, qui traduisent, dans une langue maternelle, la bêtise ou la jalousie, sont ici effacés. Je ne vois que leurs sourires. Je les écoute avec l’illusion d’être en terre familière, de la connaître depuis toujours. Je les regarde et je les aime en secret. Je retrouve dans leurs visages des figures de mon enfance. Des cousins qui rient très fort… Une tante dont j’ai oublié le nom… qui parlent cette langue, si douce, si tendre. Toutes des bribes de souvenirs épars recouverts par les mauvaises herbes du temps. C’était là. A l’intérieur de moi. Et je l’avais oublié
— Fais attention, le thé est brûlant.
— D'accord... Et toi, t'en prends pas ?
— Non, j'arrive pas à m'y mettre. Il faudrait... Le toubib m'a interdit le café.
— Et pour la cigarette, il ne t'a rien dit ??
— Si. Mais j'écoutais plus trop à ce moment-là.
- Et d'où elle sort, toute cette bouffe ?
- Ben, au début, le patron du bistrot m'a dit qu'il ne faisait que des sandwiches...
Alors, je lui ai répondu : "Faites-moi des sandwiches, mais sans le pain...
... et tant qu'à faire, vous laissez le pâté dans le bocal."
KLIP-KLOP
- Il est beau, Hein ?!
- Qui ça ?! Le type, là ?!
- Mais non, andouille !! Le cheval...
- Mouais... Tu sais, moi les bestioles, c'est encore dans mon assiette que je les préfère.
Dans ce paysage de printemps, il n'y a ni meilleur, ni pire. Les branches des fleurs poussent naturellement. Certaines sont longues, certaines sont courtes. Tenir debout. rester du côté des vivants.
Peut-on oui ou merde jeter les bouteilles d’huile avec les autres bouteilles en verre ?
J’ai habité plus de sept villes différentes. Aucune ne m’a jamais manqué. En fait c’est un peu comme si je me sentais chez moi partout. Où nulle part ? Oui. Si vous voulez. A chaque fois, c’est comme un nouveau départ. J’ai perdu beaucoup d’amis à cause de cela. Je pars et je ne donne plus de nouvelles. Je ne sais pas pourquoi. C’est au-dessus de mes forces.
A chaque fois, c’est comme un nouveau départ. J’ai perdu beaucoup d’amis à cause de cela. Je pars… Et je ne donne plus de nouvelles. Je ne sais pas pourquoi. C’est au-dessus de mes forces. Depuis toujours
Mon portugais était balbutiant ... mais je commençais à m'habituer à ces conservations floues ... où le mystère d'une phrase se révèle au détour d'un seul mot compris ... comme par enchantement .
- Haaah ! Papy il a mis la clim et il pollue la planèèèèète !
- Papyyyy il pollue ! Papyyy il pollue !
Depuis l'aube du premier jour
nous semons les plaines d'un nouveau monde
où, sous la courbe lente du soleil
l'ombre ne fait que passer.