Damien Luce

-A quoi servez-vous maintenant que vous avez atteint le grand âge? Avez-vous le sentiment de ne servir à rien?
Et la vieille de répondre:
-Je sers à me rendre heureuse.

Faut-il attendre ce formidable "grand âge" pour penser ainsi

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Si je veux t'apprendre à nager, je ne dois pas t'immerger dans un bassin fermé où tu tourneras comme un poisson rouge. Je dois te dire plutôt: "Va sur ce rocher, là-bas, la vue sur la côte y est splendide." Tu plongeras, tu suffoqueras, tu brasseras l'eau à pleines paluches, et à force de hoquets, tu gagneras ton rocher. En chemin, tu auras appris à nager, car nager aura été pour toi un savoir-faire nécessaire au but que je t'aurai fixé.

Mais il y a le sens du corps, qui décrypte la matière , et il y a le sens de l'âme, qui décrypte l'intangible. A ceux qui ont l'âme belle et sensible, ma beauté crève les yeux

J'ai tout de suite compris que le narrateur ne pouvait pas être moi. Ce livre, c'est un peu le livre de ma soeur. J'ai mêlé nos deux consciences, et le narrateur de ces pages est cet être double, solution de ce mélange. Le temps d'un livre, j'ai voulu devenir Claire de plume.

Morceau de la semaine : le Menuet de la Suite bergamasque. Le piano est décidément n instrument impossible. Au début, c’était facile: on avait toujours les mêmes doigts sur les même touches, et il suffisait d’appuyer sur la bonne. C’était une sorte de jeu

Pour lui, tous les chefs-d’œuvre étaient déjà inscrits quelque part, sur le grand papier de l’univers. De temps à autre (trop rarement à son goût), il est donné à quelqu’un de les entendre, et de les recopier sur du papier humain.

Ce qui lie une famille, ce n’est pas le sang, c’est d’avoir usé les mêmes planches, rempli les mêmes poêles, et vu fleurir les mêmes jardins, année après année.

-Vous me semblez du genre à glisser sur toutes les peaux de bananes.
-Uniquement par exercice.Passage obligé.Il faut de la technique.
-Exact.Pour ma part,je n'ai jamais bien compris ce que c'était d'être clown.Je dois être trop sérieux.
-Et alors?Un clown peut être idiot ou malin,il peut être virtuose ou maladroit,mais il est toujours sérieux.
-...
-Le clown ne cherche pas à faire rire.On rit à ses dépens.

J'ai de plus en plus de mal à parler à cette femme qui m'a potée. Il y a entre nous une sorte de miroir. On se voit, on se ressemble, mais la glace qui nous sépare est infranchissable.

Xantho me manque. J'ai joué "La Plus que Lente", qui a donné un titre à mon humeur. Le chagrin se danse à trois temps.

J’ai de plus en plus de mal à parler à cette femme qui m’a portée. Il y a entre nous une sorte de miroir. On se voit, on se ressemble, mais la glace qui nous sépare est infranchissable.

Il faut savoir jongler avec l'adversité.

La politesse n'altère rien,elle camoufle.Mais ce qu'elle cache est toujours là,pur et dévoué.

Un comédien ne ressent pas,il agit.Ce qu'il ressent,ce qu'il dit est la conséquence de ses actes.Sentiment et parole sont les effets d'une action,comme la flamme qui jaillit de l'allumette qu'on craque.Il ne sert à rien de désirer la flamme:le comédien qui entre sur scène avec pour but de ressentir quoi que ce soit fait fausse route.Il faut craquer l'allumette:il faut agir.La flamme viendra,si l'on agit bien.

Le Bargy a donc vieilli (félin excepté).Il n'a jamais partagé la moitié de son âme,ce grand gâteau dont on réserve la meilleure part à l'être aimé.

Une autre s'avance,le genre allumeuse et sotte.On ne peut pas à la fois mettre le feu aux poudres et en être l'inventeur.

A force de jeter des ponts entre deux mondes, à force de s’échanger des fragments d’eux-mêmes, Jeanne et Paulin ne se distinguent plus clairement l’un de l’autre.