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EAN : 9782914916936
136 pages
Les Editions du Relié (19/03/2007)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Daniel Odier nous donne ici une traduction inédite des 53 stances du Spandakârikâ ou «Chant du Frémissement», texte tantrique écrit au début du IXe siècle par l'un des grands yogis du shivaïsme cachemirien. Il expose une philosophie et une pratique de méditation essentielle, le Mahâmudrâ, qui rejoint par ses préceptes le ch'an chinois, le zen japonais et le dzogchen tibétain. Ce courant philosophique allait révolutionner l'approche spirituelle asiatique et, aujourd'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Daniel Odier nous propose tout au long de ce « Chant du frémissement » de nous accompagner de son vécu et de son expérience pour nous clarifier le propos de ce dont il s'agit.
« Tcha-djà Tchenpo » (ou Mahâmudrâ), « Dzogchen », sont deux termes, que K. Rangjung Kunkhyab (1er Kalù Rinpoché) désigne comme l'aboutissement de toutes les pratiques de la tradition des tantras, exprimant la plus haute forme de méditation au-delà d'une dualité d'un état de “méditant ou non-méditant” ; « le Grand Mouvement Cosmique » de l'être.
Il y a dans cette “vision” l'ardence de l'intégration en soi de l'ensemble des dynamiques à l'oeuvre dans le manifesté et le non-manifesté. C'est décrit ici comme un processus d'une globalité sphérique hors des champs restrictifs d'un monde linéaire.
Dans cet opuscule la “spiritualité” est rendue à son éclat de vif-argent ! L'espace de l'être s'ouvre avec générosité et créativité à un flux puissant. Les pulsations de la conscience y sont décrites avec vigueur et réalisme, nous rapprochant des fondements de notre propre nature, la bienveillance au calme absolu ; ainsi sortir de la dépendance de la horde tyrannique des émotions étriquées issues de la gravitation identitaire prise pour valeur tangible et irréfutable.
Cette lecture proposée du « Chant du frémissement » est une vaste respiration “cosmique”, tout est abordé et utilisé comme combustible pour aller de l'avant !
Daniel Odier aborde l'aspect que la Conscience qui nous habite en état d'éveil, onirique ou de sommeil profond, est dans une constance, une continuité qui s'exprime dans un ressenti au corps.
Attirant l'attention sur le fait qu'une “pratique spirituelle” mal menée, dans de la tension, peut devenir une réelle agression contre soi-même en premier lieu (et éventuellement envers autrui !), il préconise un accueil bienveillant, y compris dans les circonstances de la mort, au profit d'une conscience en expansion dissipant toute crispation, nous orientant vers un relâchement (ou lâcher prise) et dans cette détente, possiblement entrevoir, poindre un sens d'une liberté inconcevable par ailleurs !
La notion cyclique d'émergence, de réabsorption dans un espace frémissant et lumineux de plénitude sans restriction est là, en présence ...
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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C'est un beau livre, le frémissement est mis en évidence comme une des voies du tantra. Une belle traduction du Spandakarika avec une explication pour chacune des 53 stances. Très intéressant.
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Un jour un vieux maître sur le point de mourir donne la transmission de la lignée à l’un de ses disciples. Celui-ci profitant du dernier moment avec son maître, ne peut s’empêcher de faire une ultime tentative :
« Maître, lorsque mes disciples viendront me voir avec l’espoir que je leur donne des directives sur une éthique en accord avec l’enseignement, n’y a-t-il vraiment rien à leur transmettre ?
-Ecoute bien, dit le maître dans un dernier élan de générosité. Ce que l’esprit aime, c’est former des concepts, comparer, émettre des jugements, aller au fond des choses, former une image fixe des enseignements et les transformer en certitudes. Bien que cela ne soit pas vraiment la vue que nous développons, donne leur la permission de le faire car ils ne pourront s’en empêcher. Qu’ils laissent l’esprit aller où bon lui semble, dans une totale liberté, dans un non-conformisme absolu, sans être limité par des injonctions et des tabous. Essaie simplement de leur faire saisir que tout mouvement est yoga à partir du moment où personne ne revendique la propriété de cette pensée. Laisse aller la pensée où bon lui semble sans aller jusqu’au point où tu crois que c’est ta pensée. Sois comme une plume légère dans un haut défilé montagneux ; porté par les courants chauds, elle monte, poussée par les courants froids, elle descend. Elle virevolte de gauche à droite mais ne conçoit pas ce que mouvement est issu de sa propre volonté.
– Et qu’en est-il pour les expériences sensorielles ?
– Ce que l’œil aime par-dessus tout, c’est contempler des formes harmonieuses et se laisser porter par la joie de ce regard. Laisse ton œil épouser les formes qui le touchent, explorer les mouvements de la matière et des êtres, mais ne va pas jusqu’à penser que c’est toi qui voit le monde. Il y a une immense arrogance à croire que notre regard va vers les objets. Ressens que le ciel te regarde et que tout est regard.
– Comment considérer le toucher ?
– Ce que la peau aime par-dessous tout, c’est être en contact avec d’autres peaux, avec des matières subtiles et vivantes, se glisser dans un cours d’eau, un lac, l’océan ou l’espace. Alors laisse ta peau aller vers ce qui l’attire et entretiens le frémissement fondamental. Sois comme un instrument touché par le corps du musicien. Laisse vibrer en profondeur toutes les harmoniques qui montent en toi, mais essaie de ne pas aller jusqu’au point où tu conçois que c’est ta peau qui entre en contact avec l’univers.
– Et pour l’ouïe ?
– ce que l’oreille aime par-dessus tout, c’est entendre des sons mélodieux, goûter à la musique des êtres et du monde. Libère ton ouïe de toute limite et permets-lui de goûter à l’harmonie, mais ne va pas jusqu’au point où tu penses que c’est ton ouïe qui écoute l’univers.
– Pour le goût ?
– Ce que le nez aime, c’est être en contact avec des fragrances délicieuses. Il aime goûter aux parfums délicats des plantes et des êtres, il aime respirer l’espace, la pluie qui tombe sur une forêt, l’odeur délicieuse d’un être qui s’abandonne. Alors, permets à ton nez de respirer le monde, mais ne va pas jusqu’à croire que c’est ton nez.
– Que se passe-t-il si le yogin et la yoginî réussissent ce prodige.
– Alors toute perception est perception spatiale et toute la beauté du monde nous ramène sans cesse à l’illimité, mais si l’ego collecte nos impressions sensorielles, il les utilise pour construire sa forteresse et s’isoler du monde. Jouir de la beauté est le plus profond des yoga si personne ne capture la perception. C’est mon dernier enseignement, il est l’accomplissement de toute l’approche de Mahâmudrâ, transmets-le à ceux qui en sont dignes et qui pourront survoler la sensation comme le soleil et la lune survolent les nuées. »
Alors le vieux maître sortit, il regarda la vallée une dernière fois, huma l’odeur de la forêt, caressa une pierre, s’assit sur le sol, il but une goutte de rosée qu’il préleva sur une feuille et s’éteignit en abandonnant son corps, ses émotions et sa pensée à l’espace.
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La voie est un jeu qui consiste à sentir que la seule chose passionnante dans la vie est ce vaste abandon à l'espace, tout en s'offrant le luxe d'attendre qu'espace et silence se manifestent tout doucement. Lorsque l'espace et le silence se manifestent spontanément, nous sommes à nouveau victime de la frénésie. Au début, ça marche même très bien. Nous progressons vite, puis soudain tout disparaît. Il ne se passe plus rien. Pourquoi? Parce que lorsque l'intensité est excessive nous cessons de jouer. Nous devenons un yogin avec plan de carrière mystique. Nous prévoyons notre éveil dans six mois. Nous nous demandons s'il ne serait pas temps de transmettre. Nous sommes déjà sur une voie de garage. En gardant le ressenti du jeu, nous trouvons la juste mesure. Nous cessons d'en faire trop ou pas assez. Notre manière de pratiquer devient subtile, authentique. De temps en temps, un état émerge et nous le laissons vivre, aller au-delà, se perdre.

Par l'intensité du désir sans objet la contemplation émerge dans le coeur du tântrika uni au frémissement profond.
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Les montagnes sont les montagnes, les rivières sont les rivières, la terre, les monts, les fleuves, l'Océan, les étoiles, ne sont autres que votre propre coeur.
Cette perception que la conscience est l'univers nous permet d'être à la fois infini et présent à tous les petits détails de la vie. C'est-à-dire totalement immergé dans la réalité. Nous n'avons pas besoin de nous installer dans une grotte ou dans un monastère car nous contenons tout ce que nous recherchons à l'extérieur. C'est vraiment ça le sens de la pratique : entrer dans cette dynamique créative où nous nous relâchons complètement par rapport à la culpabilité d'être, de faire, de ne pas faire assez, de réussir ou de manquer, de ne pas être ceci ou cela, d'avoir certaines capacités et pas d'autres. Nous nous apercevons peu à peu que toutes ces capacités et toutes ces limites sont illusoires par rapport à notre essence absolue, à notre nature originelle. Dès que nous considérons l'ensemble de notre fonctionnement avec amour, il y a éclosion.
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Les bouddhistes parlent beaucoup, mais les tântrika et les taoïstes aussi, du non-agir. C'est quelque chose qui est mal compris car on pense qu'il n'y a pas d'action du tout. Mais non-agir ne signifie pas tendre vers une sorte de passivité en essayant de ne pas agir. Au contraire, il s'agit de se lancer dans l'action en oubliant totalement pourquoi on le fait et ce qu'on veut obtenir par cette action. C'est-à-dire se dégager des fruits de l'action. C'est un peu comme l'objet du désir dont on se dégage en entrant dans une énergie sans but. À ce moment-là, disent les maîtres — et on peut le vérifier par soi-même — on touche à la grâce du mouvement. En effet, un mouvement déterminé par un but est disharmonieux, alors qu'une action totalement gratuite touche un espace différent, une grâce impossible à trouver quand on est contracté par la présence de l'objet à obtenir. Ce que l'on dit ici est d'entrer dans l'action, libérer l'objectif et trouver la grâce, la beauté du geste banal. Alors, soudain, la contemplation est là parce qu'il y a cette grâce. Et dès qu'il y a contemplation, il y a frémissement. Tout cela va ensemble. Si l'on essaye de ressentir le frémissement sans considérer ses rapports avec l'action, on aura parfois de vagues sensations de frémissement, mais on ne trouvera pas ce frémissement fondamental qui peut se conserver à travers la quotidienneté.
Atteindre un état de paix occasionnel dans la méditation, c'est déjà bien, mais ce qui est merveilleux est de le vivre au sein de l'activité journalière. Il est important que le frémissement ne soit pas un état quasi miraculeux, que nous touchons pendant un moment de grâce, mais qu'il devienne presque ordinaire, perçu à l'occasion de tout contact avec les choses et les êtres. Alors, on peut dire qu'on est en méditation, car la réalité tout entière est transformée. Notre présence au monde devient tellement ouverte, intense et délicate que le frémissement est continu.
p. 66-67
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L'homme traverse sans fin les déserts en cherchant ses yeux hors de sa tête. Il voit les montagnes et les lacs, les fleuves et les forêts, le chatoiement de la lumière, la voûte céleste et l'azur, les étoiles et la voie lactée, mais ne trouvant pas ses yeux, il se lasse. La fatigue l'envahit. Il finit par perdre son regard. Soudain, il ne voit plus rien et, dans cette obscurité même, réalise que les montagnes et les fleuves, l'azur et l'espace sont en son propre coeur. Lorsqu'il ouvre à nouveau les yeux, il voit que tout ce qui semblait au dehors de lui chatoie et vibre dans son propre coeur. La joie l'envahit. Enfin il voit.
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