Roman historique, d'aventure, de guerre, d'amour, d'apprentissage, Grand-Port mêle les genres sans emphase ni mièvrerie, avec autant d'esprit que de charme. L'auteur confirme une bien belle plume, qui en scènes assez courtes sait aller droit à l'essentiel. L'essentiel des êtres et des faits, lequel souvent réside dans les détails, l'anodin apparent mais significatif.
Derrière l'histoire d'Hervé et des demoiselles Du Breuil, c'est tout un monde qui prend vie : l'île et ses planteurs, ses grands propriétaires opulents, ses petites gens, son gouverneur, ses militaires, ses putains et ses esclaves. Une population bigarrée, mélangée, métissée, où les inégalités sont cruelles mais n'empêchent pas la fraternité au-delà des origines.
La question de l'esclavage est traitée par l'auteur de manière agréablement subtile, dans toute l'ambiguïté qu'elle pouvait présenter pour les gens de l'époque, du pays. Une chose banale pour certains, une chose fondamentalement injuste pour d'autres, imprégnés des idéaux de la Révolution, mais pouvant eux-même difficilement se détacher d'un système régissant depuis si longtemps leur société.
On pourrait éventuellement reprocher à l'auteur d'édulcorer un peu, d'épargner un peu trop ses personnages, mais c'est là moins naïveté que volonté délibérée d'optimisme. Et puis, tant de livres se mettent en devoir de rappeler combien la vie est moche, un peu de légèreté ne peut que faire grand bien, surtout lorsqu'elle s'affirme avec autant d'élégance !
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