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Citations de Darragh McKeon (99)


Le professeur Levitski puisait sans le moindre effort dans ses classiques, il agrémentait son discours d'histoires sur la vie des écrivains, leurs frasques sexuelles, et autres anecdotes embarrassantes tirées du quotidien. Il savait tenir la salle en haleine de façon incroyable, s'appuyant sur le silence pour piquer son public, titiller les opinions personnelles. Dans sa bouche, la poésie devenait un repas gourmet, et chacun des mots qui en sortaient prenait une saveur particulière.
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Nous sommes tous épars et discontinus. « Je » est le fruit d'un instrument qui est échafaude des histoires. Mais on le comprends seulement quand cet instrument montre des faiblesses. Sauf que « je » et « nous » ne racontent pas d'histoire. Ce sont les histoires qui nous racontent.
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Énervé par le ton de Grigori, le secrétaire général a craché:
"C'est le Parti qui a fait de moi ce que je suis, qui a fait de ce pays ce qu'il est. Je me suis toujours fié à son jugement. Et ce n'est pas un incendie dans une centrale qui y changera quelque chose."
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Après l’avortement, si on avait fait un radio de son corps, on n’aurait distingué qu’un contour, une enveloppe extérieure, rien d’autre. Les médecins l’auraient vue telle qu’elle était, une simple gaine de peau sans organes, ni intestins, ni circulation sanguine, non, rien qu’une ligne de délimitation.
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De simples actions physiques. Les jambes et les bras. La tête et le torse. Aucune réflexion nécessaire, rien que des mouvements dans l’eau. Il place les bras le long du corps, bat doucement des pieds, ouvre les yeux sur l’espace qui l’enveloppe, bordé de céramique blanche.
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Elle s'interrompt et se penche avec un air conspirateur.
"j'ai pensé à une chose, juste avant l'anesthésie. Je savais bien que c'était une procédure banale, mais soudain j'ai eu peur que le pire se produise.
- N'ayez crainte, vous n'êtes pas la première.
- Non, ce n'est pas ça. Ce n'était pas la mort en soi qui m'effrayait. C'était l'enterrement. Je ne pouvais supporter l'idée des conversations : "Tuée par un os de poulet" : quel destin ! Tout le monde s'efforçant de ne pas éclater de rire. Je me suis dit, si je dois mourir jeune, j'aimerais que ce soit d'une maladie au nom compliqué."
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"Tous ces enfants encore dehors. Il leur faut une dose d'iode prophylactique, immédiatement. Pourquoi est-ce que personne ne s'en est occupé ?
– Parce que personne ne s'occupe de rien, Grigori. Nous allons devoir nettoyer tout ça à mains nues."
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Il songe rarement à l'image qu'il renvoie aux autres.
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Peut-être qu'il n'aime pas attendre, mais elle passera quand même s'arranger un peu, se recoiffer, se nettoyer la figure. Car il est une loi universelle : plus vous êtes jolie, plus les choses vont dans votre sens.
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Elle le regarda pour faire connaissance, et soudain le bleu de ses yeux était la seule couleur dans la pièce, des yeux qui résonnaient telle la note tenue d'un piano. Elle resta figée dans la contemplation, et il lui renvoya son regard. Elle jaugea sa manière de se tenir, ses pieds bien plantés par terre, les épaules en arrière, c'était un homme qui avait l'expérience de la vie, un homme capable de se mesurer aux choses. Elle ôta les épingles de sa bouche, puis elle dut présenter des excuses avant de se retirer, en proie à la confusion. Elle marcha pendant des heures cet après-midi-là en essayant de localiser en elle cette sensation, mais elle ne savait pas décrypter ses propres sentiments, ils étaient nouveaux pour elle, et ce fut plus tard seulement qu'elle comprit qu'il s'agissait de la sensation impalpable de l'amour, qu'elle s'était emparée d'elle à son insu, et que cette sensation ne faisait référence à rien en elle. Quand cette pensée lui devint claire, son mouvement premier fut de la repousser : ce genre de choses, c'était bon pour les adolescents, pas pour une femme de son âge. Elle savait combien le monde était dur, et que pour survivre il fallait se montrer pragmatique, être discrète et régulière, et choisir les choses en fonction de leur valeur.
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Il a toujours aimé l'ordre. C'est cet aspect de son caractère qui, à bien y réfléchir, l'a conduit à la chirurgie. En salle d'opération, il puise un grand réconfort dans les rituels physiques. Les outils qu'on lui tend d'une manière spécifique, à une hauteur précise. Placés dans sa main avec juste la force nécessaire. Tout objet nettoyé, désinfecté. D'une propreté éclatante. Dans cette salle est non seulement exclue toute erreur, mais aussi toute approximation : tout doit résulter de choix délibérés.
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Tous les protocoles de sécurité qu’il a jamais tenté instaurer à l’hôpital ont toujours été considérés comme une critique implicite du travail de ses prédécesseurs. Il lui a fallu déployer une volonté et une habileté immense pour faire accepter une liste d'étapes à respecter afin de mettre à niveau les règles d'hygiène de base. Même trois ans plus tôt, avant le début de la glasnost, de telles actions auraient jeté le discrédit sur sa loyauté envers le Parti.
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Ces hommes avaient toujours eu confiance dans la terre : jamais elle n'avait manqué de subvenir à leurs besoins.
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Artiom a treize ans ; il a enfin atteint l’âge où il peut se lever en même temps que son père, avoir un fusil et écouter les hommes discuter quand ils sont seuls. (…)
Cette heure du jour lui est nouvelle, cette heure d’avant l’aube, quand il n’y a rien à faire à part penser.(…)
… il se penche au-dessus du puits et se verse le reste (de l’eau au creux de ses mains) dans sa nuque, si bien que l’eau trace des ruisselets sur sa tête, qui se rejoignent et retournent à leurs origines en cascade sinueuse.
Il se relève, essuie l’eau de ses yeux, l’étale sur ses joues. La fraîcheur pénètre sa peau.
Il ouvre les paupières et le ciel emplit ses rétines, un ciel d’un rouge profond. On croirait que la croûte terrestre s’est retournée, que la lave incandescente est en suspens au-dessus de la terre. Le garçon scrute les profondeurs du ciel, il regarde plus loin que jamais auparavant et découvre les contours de l’univers.
(…) « Attends de voir le ciel, ce matin, dit Artiom à son père. C’est bizarre.
— C’est le même ciel que nous avons toujours connu. Il est seulement d’humeur différente.» p 62-65
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La famille, partout. L'histoire emballée dans l'étoffe élémentaire de notre identité.
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Après les deux premières semaines, les officiels ont décidé de ne pas remplacer les liquidateurs, pour ne pas en sacrifier d'autres. Au cours des réunions d'organisation du travail de la journée, chaque matin, ils calculaient de combien de vies ils avaient besoin pour telle tâche spécifique. Deux vies pour ceci, quatre pour cela. C'était comme un cabinet de guerre, quand les hommes se prennent pour Dieu. Le pire, c'est que cela n'a servi à rien. Les premiers liquidateurs ont dû malgré tout être remplacés, car à la fin, ils étaient trop malades pour continuer. (p.382-383)
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Les gens parlent comme ils s'habillent, du fond d'une solitude étouffée sous plusieurs couches.
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p.359 et 360 "Le lendemain de l'explosion, quatre types du KGB sont arrivés à la bibliothèque et ont confisqué tous les livres plus ou moins consacrés au sujet. Tout ce qui traitait de la guerre nucléaire, de l'atome, même les manuels de base, les bouquins destinés à éveiller la curiosité des enfants au sujet des sciences physiques. Ils sont allés jusque-là, et donc, bien sûr, les gens ont gobé la propagande."
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Maria p 275 « Elle passe un pacte avec elle-même tandis qu’elle descend la large avenue, la circulation fusant à côté d’elle lorsqu’elle disparaît par l’étroit escalator à travers la chaussée, sous le monument d’acier dédié à Gagarine : elle ne se contentera plus de n’être qu’une ombre parmi les ombres dans cette cité bâtie sur des murmures. »
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Alina sourit. " Oui. Les hommes. Tu te souviens à quoi ça ressemble?
- Je ne suis pas difficile, tu sais, plus maintenant; je prendrais n'importe quel vieux croûton: gros, le dos poilu, avec des dents qui manquent. Incapable de se rappeler à quoi ça sert, une fourchette et un couteau. Et même qui crache par terre dans la rue.
- Ah. Un homme qui crache par terre. Y a pas plus sexy. (...)
Elles gloussent un instant puis s'échangent la bouteille.
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