David Mitchell

S'il est un nid d'aigle à l'abandon ou un îlot lointain exempt d'Anglais, il ne figure sur aucune carte qu'il m'ait été permis de consulter.

Ils ne sauraient pas que le monde existe s'ils ne l'avaient pas vu à la télé.

Vous sous-estimez les capacités de l'humanité à donner vie au mal.

L'humour étant le ferment de la contestation, on comprend la crainte qu'il inspire au Juche.

- Et alors, peut-être réaliserez-vous que votre vie n'a guère plus compté qu'une goutte dans l'immensité de l'océan !
Cependant, qu'est-ce que l'océan, sinon une multitude de gouttes ?

Mais j’arrivais pas à oublier c’te fille fantôme, nan, elle hantait mes rêves d’réveillé ou d’endormi. J’sentais tell’ment d’choses qu’y avait pas assez d’place pour tout. Oh, c’est pas facile d’être jeune parc’que tout c’qui vous perplexe et vous anxiète, ça vous perplexe et vous anxiète pour la première fois. (La croisée d’Sloosha pis tout c’qu’a suivi)

Il y a plusieurs années, un sage Américain nommé Benjamin Franklin s'émerveilla en voyant une montgolfière dans le ciel de Londres. Son compagnon jugeait que la montgolfière n'était qu'une babiole, une frivolité, et il interrogea Franklin : «Oui, mais à quoi cela sert-il? » Franklin répondit : « À quoi sert un nouveau-né? »

Et seulement à votre dernier souffle, enfin comprendrez-vous que votre vie n'a guère davantage compté qu'une goutte dans l'infini de l'océan ! Cependant qu'est ce qu'un océan, sinon une multitude de gouttes ?

Je ne suis pas raciste, mais j'ai la conviction que la mayonnaise de l'intégration met des années à prendre.

Les longs voyages mènent à soi-même.

Mon esprit tripota cette énormité un instant avant de l'abandonner; comment réussirais-je à comprendre ce monde aux dimensions infinies?

Un livre à moitié lu est une histoire d'amour inachevée.

Il est autant de vérités que d'hommes. Parfois, j'entrevois une vérité plus juste, dissimulée derrière d'imparfaits simulacres d'elle-même, mais dès que je m'en approche, alerte, elle s'enfonce dans les marécages épineux de la dissidence.

Jeter un os à un noiraud est une chose; le prendre à vie sous son aile en est une autre! Les amitiés entre deux races, Ewing, ne surpassent jamais l'affection qui unit un fidèle chien de chasse à son maitre.

« Entre toutes les races du monde, la nôtre est douée d’un amour – ou plutôt d’une rapacité – nous poussant vers les trésors, l’or, les épices et la domination – ô douce domination ! – et pourvue d’une vivacité, d’une insatiabilité et d’une indélicatesse infinies ! C’est cette rapacité qui engendre le progrès ; à des fins infernales ou divines, je ne saurais dire. »

Les Anciens ont déclenché la Chute tous seuls.
Oh, ces mots étaient une corde d'fumée ! Mais les Anciens possédaient la Savance !
J'me mémore d'sa réponse : Ouais, la Savance des Anciens leur permettait d'contrôler les maladies, les kilomètres, les graines pis d'faire du miracle un ordinaire, mais y avait quelqu'chose qu'ils pouvaient pas contrôler, nan, une faim qui s'loge dans le coeur des humains, ouais, la faim d'en avoir plus.
Plus de quoi ? qu'j'ai d'mandé. Les Anciens possédaient la Savance !
Oh, plus d'affaires, plus d'nourriture, plus d'vitesse, des vies plus longues, plus faciles, plus de pouvoir, ouais. Alors l'Grand Monde, c'est grand, mais pas assez pour c'te faim qu'a poussé les Anciens à déchirer le ciel pis à faire bouillir les mers, pis à empoisonner la terre d'atomes enfoliés, pis à tripoter des graines pourries qu'ont donné vie aux pestes pis aux babiots malformés. Alors p'tit à p'tit, et vite-net ensuite, les Etats ont 'claté en tribus barbares pis ç'a été la fin des Jours d'Civilis'rie, à part çà et là dans quelques plis ou renf'ments, où qu'en brillent encore les dernières faibles lueurs.

Les gens des Vallées voudront pas entendre qu'la faim des hommes a donné vie à la Civilis'rie, pis qu'c'est la même faim qui l'a tuée. C'est c'que j'ai appris chez d'autres tribus où j'suis restée. Des fois, quand qu'tu dis à quelqu'un qu'ses croyances sont pas vraies, il croit qu'tu dis qu'sa vie et leurs vérités sont pas vraies.

Le ventre recherche la nourriture ; la langue, l’eau ; le coeur, l’amour ; et l’esprit, les récits.

C’est pas les bonnes intentions qui pavent la route de l’enfer. C’est les bonnes raisons qu’on se donne.

Les arbres, ça vous réconforte toujours, après les gens.