Citations de David Mitchell (296)
Les secrets nous affectent plus qu'on ne croit. On ment pour les dissimuler. On détourne la conversation pour les éviter. On a peur que quelqu'un découvre le nôtre, de secret, et qu'il aille le dire à la terre entière. On croit qu'on détient un secret, mais est-ce que ce ne serait pas plutôt le secret qui nous manipule ?
La bonne humeur, c'est aussi fragile qu'un œuf.
C'est assez excitant d'écouter aux portes, parce qu'on apprend ce que les gens pensent vraiment...
J’ai entendu un piano, auquel s’est joint un violon discret. J’espérais que madame Crommelynck n’avait pas d’autre invité. Quand on est trois, c’est comme si on était cent. L’escalier avait besoin d’être réparé. Une guitare bleue déglinguée était abandonnée sur un tabouret cassé. Dans son cadre de couleur criarde, une femme grelottante était étendue dans une barque flottant sur une mare couverte de saletés. Comme l’autre fois, le majordome m’a conduit au solarium (j’ai cherche « solarium » dans le dictionnaire, ça veut dire : « une pièce lumineuse et ouverte »). La succession de portes devant lesquelles nous sommes passés m’a fait penser à toutes les pièces de mon passé et de mon avenir. La chambre d’hôpital où j’étais né, les salles de classe, les tentes, les églises, les bureaux, les hôtels, les musées, les maisons de retraite, la pièce où je mourrai (elle est déjà construite ?). Les voitures, ce sont des pièces. Les forêts aussi. Les ciels, ce sont des plafonds. Les distances, des murs. Les utérus, ce sont des pièces faites en mères. Les tombes, des pièces faites en terre.
La musique montait, montait.
A Tokyo, c'est dans sa tête qu'on doit trouver de l'espace.(...) Les gens qui n'ont nulle part où s'évader sont ceux qui se jettent sous les trains. Mon espace, je me le crée grâce au jazz.
Comme j’aurai voulu lancer à ce pauvre idiot : « Pourquoi tergiverser et ne pas admettre que nous menons les autres races à leur perte pour mieux les déposséder de leurs terres et ressources naturelles ? Dans leur tanière les loups ne concoctent pas de crapuleuses théories raciales destinées à justifier les ravages qu’ils perpètrent dans les troupeaux de mouton ! « Courage intellectuel » ? Le véritable « courage intellectuel » serait d’abandonner ces fards et admettre qu’il n’y eut point de peuple qui ne fût prédateur ; le prédateur blanc, avec sa funeste alliance de maladies et d’armes à feu, en est une parfaite illustration : pourquoi le taire ? »
Jasper note que les disciples de Jésus étaient, dans le fond, des hippies : cheveux longs, tuniques, mines de défoncés, petits boulots, convictions spirituelles, coucheries douteuses et un gourou.
Le présent est un rideau. La plupart d’entre nous ne peuvent voir derrière.
Je ne savais pas m'amuser.
Alors que faisais-je pour me détendre ?
Je jouais au Go contre mon sony.
« Pour vous détendre ? rétorqua-t-il, incrédule. Qui gagne, vous ou le sony ? »
Le sony, répondis-je, sinon comment progresserais-je ?
« Donc les gagnants, spécula Hae-Joo, sont les véritables perdants parce qu'ils n'apprennent rien ? Alors que seraient les perdants ? Des gagnants ? »
Je lui dis que si les perdants apprenaient à tirer parti de ce que leur enseignent leur adversaire, alors les perdants finiraient par gagner.
L'oraison de Sonmi-451 (p.316)
La guerre que mènent les arbres contre le remembrement, la sylviculture, les autoroutes à six voies et les terrains de golf est pour ainsi dire perdue
le secret du bonheur était de savoir ignorer son reflet dans les glaces des ascenseurs une fois la quarantaine passée.
Dans le monde de l’édition, il est plus simple de changer de sexe que de genre littéraire.
nous sommes officiellement dans la décennie-de-la-mort-du-bouquin.
Mon oncle Norm dit que la religion, c’est du “paracétamol spirituel”, et, d’une certaine façon, j’espère qu’il a raison
Les astronomes de l’université de Connerie-en-Barre ont découvert une nouvelle preuve que les adolescents sont bel et bien le centre de l’univers
Bigre, vieillir est une chose insupportable ! Tous nos moi d’autrefois meurent d’envie de ressusciter, mais sauront-ils jamais s’extirper de leurs cocons calcifiés ?
Mère disait que l’évasion nous attend au premier livre venu.
Eh bien non, désolé de te contredire, Maman. Tes chères sagas familiales imprimées en gros caractères, avec leur lot de pauvres, de riches et de coeurs brisés, n’offraient-elles pas un piètre camouflage face aux misères que te renvoyait le lanceballes automatique de la vie ? Cependant, oui, Maman, une fois de plus, tu as raison : si les livres n’offrent pas de réelle évasion, ils évitent toutefois au cerveau de se gratter jusqu’au sang.
J'ai séjourné deux ans dans le docteur , c'est là que j'ai pu apprendre à connaître l'espèce humaine et ce qu'elle a d'inhumain. Appris à lire les souvenirs, à les effacer et à les remplacer. Appris à contrôler mes hôtes. L'Homme était mon jouet.
Sommes- nous des mutants? Le sommes- nous devenus? Ou avons- nous été conçus ainsi? Conçus par qui? Pourquoi ce concepteur qui s'est donné tant de mal a-t-il quitté la scène, nous laissant seuls nous interroger sur la raison de notre existence? Par distraction? Par sadisme? Pour plaisanter? Pour nous juger? Dans quel but?
Bref, la nourriture provenait de la forêt et des jardins ; l'eau, de la cascade. Des expéditions jusqu'à la décharge, on rapportait le plastique et le métal nécessaires à la fabrication des outils. Le sony de leur "école " était alimenté par une turbine à eau. Les solaires de la nuit se rechargeaient pendant la journée. Ils se distrayaient tout seuls ; les consommateurs ne sauraient vivre sans 3D ni promovisions, pourtant les humains d'autrefois s'en passaient ; ils s'en passent encore aujourd'hui.