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Critiques de Dominique Bona (358)
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Argentina

Voici une histoire superbement contée par Dominique Bona, fine plume des lettres françaises, auteur du "Manuscrit de Port-Ébène" et de la biographie (entre autres) de "Berthe Morisot".



Le jeune Jean Flamant se voulait poète, la première guerre mondiale a anéanti ses espoirs. Alors pour fuir le carcan familial des métiers à tisser à Roubaix, il s'embarque, 20 ans en 1920, sur un paquebot pour tenter sa chance en Argentine.

Aussitôt débarqué, l'attendent des jours miséreux dans un hôtel de basse catégorie, il claque son maigre magot auprès de Mandoline dans une maison de passe. Vivote. Et décide de renoncer à ses états d'âme et d'aller voir un des riches passagers du paquebot, Léon Goldberg, qui à la force de ses bras a monté une solide compagnie d'abattage et export de viande.

Ah oui, de la poésie à la barbaque : les rêves de Jean Flamant en prennent un sacré coup. Mais le déclic de l'ambition est là, Jean apprend, assimile, grimpe les échelons, et finit par épouser la fille du riche entrepreneur, Sarah. Il entreprend même de diversifier les activités et acquiert une propriété arboricole et vinicole à Mendoza, son havre de paix.

La crise de 1929 touche durement la communauté industrieuse d'Argentine, mais Jean louvoie et va jusqu'à investir dans les métaux précieux d'Afrique du Sud. Le petit gars de Roubaix est devenu un loup en affaires.

Homme à femmes il était, homme à femmes il demeure après son mariage et ses deux enfants.

Sa rencontre avec Thadea, superbe métisse "de maya et de viking", va le chambouler comme jamais.

Pourtant Thadéa, botaniste toujours en vadrouille, le prévient : « Ta vie est un challenge, ma vie une promenade, nous ne marchons pas du même pas ». Qu'à cela ne tienne, c'est alors à un Jean Flamant fou amoureux et transformé que le lecteur a désormais affaire. Un homme qui, fou d'amour, décide de faire une croix sur toutes les richesses accumulées, sa vie de famille, ses enfants, tout... pour rejoindre sa redoutable dulcinée jusqu'en Terre de Feu.



Dominique Bona a le don dans ce livre de faire voyager le lecteur de par les contrées les plus diverses d'Argentine, Buenos Aires, la pampa, les Andes, la Patagonie, la Terre de Feu... Et pourtant, j'ai lu avec surprise qu'elle ne s'était jamais rendue en Argentine pour écrire ce roman si imprégné de la vie locale. Une prouesse documentaire donc.

Ce roman déroule aussi avec intérêt l'histoire de l'Argentine des années '20 : la haute société d'origine européenne qui détient les cordons de la bourse et de l'économie, comme l'industrie de la viande aux Anglais qui détiennent les grandes estancias. Puis la nationalisation des banques, l'émergence d'une conscience argentine. Le roman de Dominique Bona a été étudié dans le cadre d'une thèse universitaire "Argentina : Stories for a Nation" (chapitre 6 : The Race for National Identity".
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Argentina

Joli roman sur la vie d'un homme, Argentina nous conte les aventures de Jean, jeune homme pauvre du Nord de la France qui, comme tant d'autres Européens, s'embarque pour l'Amérique du Sud, direction Buenos Aires.



Aidé par d'impromptues rencontres sur le paquebot qui traverse l'Atlantique, Jean finira par renoncer à son européanité, se concentrant à réussir sa vie argentine, mais côtoyant paradoxalement presque uniquement des immigrés du Vieux Continent, de ses relations à sa belle-famille, de ses amantes aux prostituées qu'il fréquente. Récit d'une merveilleuse ascension sociale, Argentina est aussi le roman d'une terre dont les Européens ont dépouillé les Indigènes, relégués aux endroits les plus arides du pays, et auxquels on refuse la propriété des vastes étendues de pâturages, des terres fertiles propres à la viticulture et l'accès au Rio de la Plata.



Malgré quelques longueurs et sauts temporels qui étonnent par leur régularité, ce roman est un très agréable moment de lecture, en particulier pour les connaisseurs ou les amoureux de ce si grand pays qu'est l'Argentine, à l'histoire tumultueuse et si européenne.
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Argentina



N°24

Janvier 1989







ARGENTINA – Dominique BONA – Éditions Mercure de France.





Je voudrais aujourd’hui faire partager mon coup de cœur pour un roman dont la parution remonte à 1984-1985. En effet, mon sentiment n’a jamais été que l’intérêt d’un livre réside uniquement dans sa nouveauté. Ce qui est écrit reste à découvrir, à lire, à relire, à apprécier…



Il y a des périodes dans la vie d’un homme où tout s’effondre autour de lui, tout se dérobe. Restent l’attrait de l’inconnu et l’espoir qu’on y fonde pour exorciser le passé… Pour Jean Flamant, cet effondrement résulte de la guerre. On a beaucoup dit que la Première Guerre Mondiale avait été un tournant… De ce grand chambardement qui l’a empêché de poursuivre ses études, Jean ressort pauvre et décide d’échapper au nord de la France en même temps qu’à sa vie.



L’espoir, la pauvreté et l’attirance pour l’exotisme le poussent vers cette terre de passion, de rêve et d’aventure. Cela fait de lui un émigrant qui, un matin de 1920 à Bordeaux, s’embarque pour l’Argentine. En réalité « Il fuyait un pays qui mettait tant d’obstacles sur sa route ». Dès l’embarquement, il croise une femme qui se dirige vers les 1° classes alors que lui voyage près des soutes mais «jura qu’un jour il donnerait le bras à une femme semblable ». Dès lors, le ton est donné, Jean est ambitieux et part pour réussir. Il saura tirer profit des événements.



Des lupanars aux grands espaces, des petits boulots à la réussite sociale, de la chambre d’un hôtel minable à la maison cossue de «la Récolta » et aux salons du Jockey-club, le lecteur attentif suit l’itinéraire de Jean, guide d’exception dans ce pays où les images poétiques créent le dépaysement. L’histoire de cet homme, parti de rien, devenu en quelques années et malgré la crise de 1929 un industriel influent et un homme d’affaires avisé, se déroule dans le cadre des paysages envoûtants des Andes, de la Pampa pour se terminer dans cette ville au nom enchanteur : Ushuaia.



Cet homme ambitieux doit cependant beaucoup aux femmes, sa réussite, son bonheur, ses plaisirs, sa fortune. Ces femmes, ces maîtresses, sensuelles, désirables, énigmatiques passent dans sa vie et lui va de l’une à l’autre, avec le détachement de celui à qui tout sourit et qui s’autorise, une fois épuisé l’intérêt qu’il leur a porté, à jeter leur ombre au souvenir. Il n’en ressortira cependant pas indemne !



Ce livre est aussi un roman à personnages : Mandoline, la petite prostituée française qui reviendra au pays fortune faite, Robert de Liniers, homme attentif au souvenir et au culte de ses ancêtres, amant fougueux, héros mutilé de la Grande Guerre et qui a cette phrase, parlant de son bras perdu au Chemin des Dames «toutes les blessures ont un nom de femme », Léon Goldberg, émigrant lui aussi, industriel en viande, mélomane, sa fille Sarah, un peu fantasque, un peu romantique, cultivée et insouciante. La vie en fera la femme de Jean, mais aussi une mère attentive et aimante, une épouse réaliste…, Jean Flamant, que cette guerre précipita en Argentine pour tout recommencer.

D’autres personnages sont plus fuyants, Clarance, aventurier mélomane, Don Raphaël Ponferrada, gentilhomme de la Pampa, à la fois Hidalgo et fermier…

Il y a des femmes aussi dont le parfum subtil se mêle à la fragrance de ce pays, à la beauté de ses paysages : Lady Campbel, sensuelle et mondaine, Térésa Carmen, tenancière de maison close, Martha, l’épouse de Don Raphaël, ils forment ensemble un couple étrange, à la fois frivole et uni. Thadéa Olostrov, botaniste, «métis de mayas et de vikings », pasionaria de la révolution prolétarienne au moment de la crise de 1929 mais aussi femme étrange et rare dont Jean tombe amoureux et qu’il va rejoindre en Terre de Feu après avoir renoncer à sa réussite. Elle a cette phrase qui résume tout ce qui les sépare : « Ta vie est un challenge, ma vie une promenade, nous ne marchons pas du même pas »



C’est un roman où l’amour se mêle à la souffrance, le désir à la quête, le chagrin à l’oubli, une saga contée dans un style agréable à lire, alerte et poétique. L’intérêt de l’intrigue tient le lecteur jusqu’à la fin dans un dépaysement total.







© Hervé GAUTIER.
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Cette biographie de Berthe Morisot, acquise après visite de l'exposition consacrée à cette si délicate artiste par le musée Marmottan-Monnet, est à la fois passionnante et très bien écrite. On y découvre tout le milieu des grands impressionnistes ou assimilés de la fin du 19ème, leur mode de vie (assez confortable) et leurs relations où l'estime réciproque l'emporte sur la jalousie. Parfaitement documenté, le bouquin nous fait surtout découvrir l'opiniâtreté, l'insatisfaction et la passion pour son art de BM, dans un style élégant qui colle parfaitement au sujet.
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Ce livre m'a passionné. Il est très bien écrit avec une écriture dynamique non alambiquée et l'histoire de Berthe Morisot est passionnante. J'ai aimé plonger dans la vie de cette femme et de ses contemporains impressionnistes. L'histoire de cette femme forte, passionnée m'a complètement embarquée. Ce livre est un coup de coeur pour moi.
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Avec l'extraordinaire Madame Bona, on a l'impression de vivre dans l'intimité de Berthe
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Lorsque je rentre dans l'univers des peintres, je m'aperçois que j'ai toujours du mal à le quitter. Il se dégage toujours une atmosphère riche, foisonnante d'idées, de culture mais aussi un grand goût de liberté. Loin d'être un monde cependant serein, car il faut se battre pour faire sa place, pour être reconnu, ici c'est encore plus le cas car Berthe Morisot est une femme et au 19e siècle les peintres femmes sont très rares, c'est un monde masculin.

Avec Berthe Morisot, Manet, Monet, Degas, Renoir, .. on entre dans l'impressionnisme et c'est un véritable régal que de découvrir leurs tableaux respectifs et les influences des uns sur les autres. Leurs relations mais aussi le caractère de chaque peintre nous est dévoilé, ce qui satisfait ma curiosité mais aussi qui me permet de mieux les identifier et, je l'espère, de mieux retenir la genèse de leursoeuvres.

Plaisir est vraiment le mot qui caractérise ma lecture de "Berthe Morisot". Au-delà des mots lus, j'ai eu également plaisir à regarder sans cesse sur internet les nombreux tableaux décrits ou évoqués dans cette biographie.

Une fois de plus un grand merci à toi visages pour ce beau cadeau.
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

J'ai beaucoup aimé cette présentation de l'une des rares artistes féminines connues à une époque où les précurseurs sont presque exclusivement des hommes.
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

On peut légitimement se demander pourquoi écrire une nouvelle biographie quand sept existent déjà sur le personnage choisi. Il faut être à mon sens persuadé d’apporter quelque chose de nouveau à la connaissance du sujet en question. Si ce n’est un fait, au moins un aspect resté inexploré de la personnalité. Quelque chose que la sensibilité de l’auteur mettra à jour. Dominique Bona n’avait-elle pas trouvé dans les précédentes biographies de Berthe Morisot l’éclaircissement du mystère que le regard de celle-ci oppose à ses contemplateurs. Car c’est à n’en pas douter ce regard à la fois insondable et mélancolique qui a intrigué Dominique Bona. Regard profond, désarmant, qu’Edouard Manet a si bien reproduit chaque fois que Berthe Morisot lui a servi de modèle.



Les artistes ont tous leur part d’ombre. Du fond de laquelle ils vont puiser cette limpidité que fait jaillir leur inspiration. Le talent consistant à abreuver les autres à cette source confidentielle. Berthe Morisot, artiste secrète s’il en est, n’exprimait jamais mieux ses intentions que dans sa peinture. Surement pas dans le bavardage, défaut bien féminin dont elle a été préservée selon Dominique Bona. Son art dévoilait à son entourage ce qu’en femme introvertie son cœur n’exprimait qu’avec circonspection.



Elle avait en son temps le double handicap d’être une artiste avant-gardiste dans un courant pictural, l’impressionnisme, qu’il était tout autant, et d’être une femme. Au XIXème siècle la femme était vouée à la frivolité et n’existait que lorsqu’elles devenaient mère de ses enfants. Berthe Morisot n’a pas dévié du chemin qu’elle s’était tracé. Elle a voulu être femme pour elle-même, et ne séduire que par son art. Exprimer ainsi ce que sa nature profonde ne savait dire qu’au bout de ses pinceaux. Femme et artiste au XIXème siècle, deux raisons de disparaître qui lui ont donné deux raisons d’exister.



Le mot mystérieux est celui qui revient le plus souvent dans les pages de Dominique Bona à l’écriture très agréable. Berthe Morisot augmentait le mystère du féminin d’un autre, celui de l’observatrice taciturne du monde qui l’avait vu naître et avec lequel elle ne communiquait bien qu’avec son art. Les confidents en paroles et en écrits étaient rares à cette femme dont le détachement aux choses du monde pouvait paraître froideur : sa sœur Edma, le poète Mallarmé, sa fille Julie. La femme inspirée par une muse qu’elle partageait sans doute avec celui qui l’a le mieux figée sur la toile, Edouard Manet, n’aura de cesse de vouloir s’en démarquer, se singulariser, mettant en œuvre une « peinture tantôt aérienne, tantôt aquatique, qui ne tient à la terre que par un fil. » Le réalisme a vécu, Berthe Morisot veut peindre le mouvement, donne du flou au trait et ouvre la porte à l’abstrait.



C’est avec une grande acuité et une forme de communion que Dominique Bona scrute ce regard et tente de découvrir qui était la femme dissimulée derrière l’artiste ô combien prolifique. Elle avait fait métier de sa passion. Dans la chaleur énigmatique de ce regard merveilleusement restituée par Edouard Manet, elle cherche les reflets dorés qui dévoileront le secret de la femme en noir, sous-titre de son ouvrage, au regard tout aussi noir tourné vers son intérieur, dans une pudeur ténébreuse et fière. Superbe biographie d’une artiste dont Manet vantera la « beauté du diable », énigmatique sans doute parce que de sa personne émanait tous les antagonismes, chaleur du regard-froideur au contact, incommodant à qui aurait voulu lire à livre ouvert dans un visage fermé à la lecture des émotions.



Cette biographie de Dominique Bona n’en est pas une de plus. Elle en est une autre. Une approche différente d’un personnage par sa sensibilité et non pas par la chronologie des événements de sa vie. Une femme cherche à en comprendre une autre dans son époque, son environnement affectif, son obsession de peindre. Un travail de documentation fouillé autant que le regard est sondé pour décoder un personnage plus cérébral que sensuel. Beau document qui établit un rapport entre femmes, une autrice et son sujet, artiste à qui sans doute le bonheur a toujours échappé dans le douloureux accomplissement de la femme-artiste.

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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

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Mon ami, Henri Fantin-Latour, un des copistes du Louvre, me présenta Edouard Manet un jour de l'hiver 1868 alors que j'étais occupée à peindre dans la Galerie Médicis au Louvre les formes sensuelles des robustes flamandes figurant au premier plan du « Débarquement de Marie Médicis à Marseille » de Rubens. J'avais déjà 27 ans et la peinture était ma vie depuis une petite dizaine d'années. Je peignais des paysages sous les conseils du maître Camille Corot. Mon admission pour la première fois au Salon officiel de1864 avec deux paysages des bords de l'Oise fut un grand jour pour moi.



Troublée par le charme qui se dégageait du dandy Edouard Manet j'avais écouté révérencieusement ses quelques conseils distraits de maître à élève. Je n'arrivais pas à croire que j'avais devant moi le peintre qui révolutionnait régulièrement le Salon depuis ses scandaleux « Déjeuner sur l'herbe » et « Olympia ». « Il faudra que l'on se revoie mademoiselle » m'avait-il dit avant de repartir d'un pas rapide. Edouard Manet n'avait pas été sans remarquer le charme de la jeune femme, son regard sombre et son teint pâle qui s'accorderait si bien avec sa couleur préférée : le noir.



Rapidement, Edouard me demanda de poser pour lui. L'année suivante, en 1869, il m'installa au premier plan du « Balcon » engoncée dans une robe en mousseline blanche, le regard perdu dans une rêverie intérieure. J'allais devenir son modèle préféré. Il m'appelait « la beauté du diable » et me peignait constamment, trouvant toujours de nouveaux angles pour me croquer : allongée sur un canapé, en tenue de soirée noire, le visage caché par un éventail ou une voilette… Mon tableau préféré, et le plus beau qu'il ait fait de moi « Portrait de Berthe Morisot au bouquet de violettes », était un chef-d'oeuvre à mes yeux : dans un contre-jour, quelques mèches de cheveux fous sous un chapeau noir, une expression lointaine se découpant entre ombre et lumière. Un bouquet de violette accroché à mon corsage se perdait dans le noir de la robe. Les noirs de Manet… Des noirs puissants comme ceux de Vélasquez et Goya…

Je prenais du plaisir dans notre intimité amicale avec Edouard qui m'inspirait une grande affection. Je l'admirais. J'aimais mes longues séances de pose en tête à tête avec lui et les odeurs de peinture de son atelier se mêlant aux parfums d'autres femmes venant poser pour ce grand séducteur.



Le vrai début de ma carrière commença l'année 1874 où Edouard me peignit pour la dernière fois avec un éventail et une alliance au doigt. J'étais devenue sa belle-soeur par mon mariage avec son frère Eugène Manet. Au printemps j'avais participé à la première exposition du groupe des futurs impressionnistes chez Nadar à Paris. J'étais la seule femme et tous ces hommes m'intimidaient. Ils me respectaient comme peintre car nous parlions le même langage. Ils étaient l'avenir de la peinture : Monet, Pissarro, Sisley, Degas, Renoir, Cézanne, Guillaumin.

Une charmante toile de Claude Monet avec un gros soleil rouge s'infiltrant au milieu des brumes et se reflétant dans l'eau fut appelée par Monet « Impression, soleil levant ». Un critique se moqua et titra « L'exposition des impressionnistes ». Nous étions catalogués : « impressionnistes ». Mon « Berceau » fut remarqué.

Malgré mon indépendance, je serai de toutes les expositions du groupe des impressionnistes jusqu'à la dernière en 1886. Ma palette s'éclaircissait, mes toiles présentaient une impression d'inachevé. Je réalisais l'oeuvre nouvelle et singulière que j'avais toujours souhaité obtenir.



Berthe Morisot était une passionnée et son art lui interdisait toute facilité. Dès le début des années 1880, elle recevra les éloges des critiques et amateurs influents qui reconnaitront son originalité : « son pinceau effleure la toile de traits vifs, spontanés ». « Elle est l'impressionnisme par excellence … disaient certains. Son ami Stéphane Mallarmé lui fit ce beau compliment : « C'est peut-être la plus délicate des peintres impressionnistes ».

Installés au milieu de ses amis peintres, elle apportait une touche de charme, de distinction qui faisait son originalité. Dans son « Salon » de 1877, la vision d'Emile Zola était la bonne : « Ils peignent le plein air, révolution dont les conséquences seront immenses. Ils ont des colorations blondes, une harmonie de tons extraordinaires, une originalité d'aspect très grand. D'ailleurs, ils ont chacun un tempérament très différent et très accentué. »

Jusqu'à son décès en 1895, à seulement 54 ans, la vie de Berthe s'écoulera lentement, heureuse, entre ses trois amours : la peinture, son mari Eugène Manet et la petite Julie, sa fille, qu'elle ne cessait de peindre.



J'ai lu l'excellent livre de l'académicienne Dominique Bona comme un roman. Celui-ci m'a inspiré cette présentation sur le ton de la fiction.

Le secret de la femme en noir Berthe Morisot, celui de cette femme peintre d'un immense talent, ne serait-il pas la modeste ambition de sa vie d'artiste : « Fixer quelque chose de ce qui passe ».

Il s'agit de la meilleure des biographies sur Berthe Morisot qui recevra en 2000 le Goncourt de la biographie.



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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Berthe Morisot est née le 14 janvier 1841 dans une famille bourgeoise établie dans le Cher. Son père est préfet de ce même département et occupe tour à tour des postes importants dans l'administration française. Il est, entre autres, un descendant du célèbre peintre Fragonard. Elle est la cadette de trois filles, Yves l'ainée née en 1838, Edma nait quant à elle en 1839. Les filles Morisot sont très tôt initiées à la musique et prennent des cours de piano chez un grand professeur : Stamaty fils. C'est là que Berthe éprouve sa première émotion d'artiste peintre en tombant sur un dessin de Ingres qui la fascine bien plus que les notes de musique.

Sa mère va lui permettre ainsi qu'à sa soeur Edma de prendre des cours de dessin en privé d'abord avec Chocarne puis avec Guichard qui reconnait de vrais talents d'artistes dans le travail des deux soeurs. L'entrée aux Beaux-Arts est alors encore interdite aux femmes et ce jusqu'en 1897. L'étape suivante permettant aux filles de sortir de leur huit clos est le musée du Louvre où il est permis aux jeunes artistes de s'adonner à la reproduction d'oeuvres exposées, au copiage. C'est là que Berthe et sa soeur vont rencontrer des peintres qui s'exercent tout comme elles à la copie de grandes oeuvres. Néanmoins, une parole de Gustave Courbet reste ancrée en Berthe, cette jeune fille assoiffée de liberté et de créativité : « Fais ce que tu vois, ce que tu sens, ce que tu voudras ». Les deux soeurs continuent de peindre ensemble, comment ne pas alors devenir rivales ou chercher à se comparer?

Au salon exposition de 1865, les toiles exposées sont rejetées pour la plupart. Manet est moqué, on rit de ses toiles telles que « Olympia » ou « le déjeuner sur l'herbe ».

En 1868, Berthe expose et les impressionnistes sont davantage pris au sérieux. En hiver de cette année, Berthe fait la connaissance d'Édouard Manet. Celui-ci vit alors chez sa mère avec son épouse hollandaise : Suzanne et son beau-fils Léon 16 ans. Ce dernier fera plus tard fortune dans le domaine bancaire.

Edma, la soeur de Berthe se marie en 1870 et laisse sa soeur seule à peindre dans leur atelier. Elle devient de plus en plus proche de Manet. La peinture « le balcon » place Berthe au centre de l'oeuvre. Elle sera néanmoins rivalisée par d'autres femmes, notamment Eva Gonzales en 1869, peintre elle aussi et bien d'autres encore.Elle continue de peindre et d'exposer, ses toiles se vendent.

En 1874, elle épouse Eugène Manet, le frère d'Édouard et ils auront ensemble une fille Julie en 1878. Sa peinture évolue, elle excelle et se plait à peindre l'aquarelle. Elle participe à plusieurs expositions. le couple Manet côtoie les artistes de leur temps tels que Renoir, Monet, Degas, Mallarmé. Berthe peint son entourage, sa soeur, son époux et sa fille. Les coups de pinceau sont maitrisés, le rendu donne l'impression d'inachevé, d'esquisse ce qui rend les tableaux de Berthe Morisot uniques.

Une exposition temporaire qui vallait le détour a été organisée au musée d'Orsay l'an dernier. Il n'a pas été aisé de rassembler les oeuvres de Berthe Morisot car elles sont, pour une grande partie, possédées par des particuliers.

Berthe décède en 1895 et laisse derrière elle toute une vie de peinture, d'art du ressenti, de l'expression de la mélancolie sur le visage des femmes de son époque.

Une grande artiste qui a marqué son temps, une femme parmi les hommes qui a su tracer son chemin par sa féminité et sa sensibilité.

Dominique Bona décrit parfaitement ce parcours, un livre riche en anecdotes, en détails précis, un travail érudit.
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Dominique Bona, de l'Académie Française, biographe confirmée, évoque la figure de Berthe Morisot, une femme dont le talent a été partiellement éclipsé par la célébrité des artistes masculins au sein du mouvement impressionniste. Issue d'une famille bourgeoise, elle a énormément travaillé pour satisfaire au très haut niveau d'exigence qu'elle se fixait elle-même. Soucieuse de n'imiter aucun de ses confrères, elle a pourtant été l'amie des Manet, Renoir, Degas, etc. Sombre et même farouche, elle s'est mariée tardivement avec le frère d'Edouard Manet, dont elle a eu une fille.



Ce livre met en valeur la personnalité et le travail de B. Morisot, qui sortent de l'ordinaire. En outre, il replace cette artiste dans le grand mouvement qui révolutionnait la peinture. Il faut admettre qu'elle devrait être comptée parmi les meilleurs peintres de son époque. Ceci dit, cette biographie est très détaillée et la longueur du livre m'a paru un peu excessive. Mais pour moi la "retombée" la plus intéressante aura peut-être été la redécouverte des nombreux tableaux impressionnistes, non seulement ceux de Morisot, mais aussi ceux de ses amis abondamment évoqués par D. Bona.

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J'ai découvert ce roman par hasard parce que j'aime la peinture impressioniste simplement. Mais quelle surprise non seulement j'ai adoré ce roman et j'ai pu découvrir Dominique Bonna

mais surtout j'ai pu découvrir l'oeuvre de Berthe Morisot. J'ai eu l'immense chance de voir une exposition de Berthe Morisot au Musée d'Orsay à Paris. Je n'oublierais jamais la foule tout au bonheur de contempler ces magnifiques tableaux. La douceur des sujets, les couleurs restées intactes. Personne ne voulait partir. Les gardiens du musée ont été obligés de nous pousser dehors pour faire circuler la foule tellement émerveillés de ce que l'on voyait.

Le seul bémol : le décès de Berthe Morisot. J'ai versé des larmes de savoir que sa fille allait se retrouver seule à 14 ans orpheline sans parents proches. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai vraiment eu de la compassion et du chagrin. Orpheline au début du siècle sans les recours que nous avons de nos jours. Mais Julie Manet a réussi à s'en sortir et a vécu jusqu'à un âge avancé. Tant mieux pour cette famille que j'adore et pour cette grande peintre. Fan de Berthe Morisot. 💕
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C'est après la visite d'une exposition sur Berthe Morisot que j'ai acheté ce livre. C'est un plaisir de découvrir celle qui sera l'une des rares femmes peintres "de métier" si j'ose dire.

Autour de Berthe Morisot beaucoup d'artistes, des peintres bien-sûr mais pas que. Edouard Manet y tient une place très importante. Assez taciturne, on découvre une femme obstinée qui saura faire sa place dans le cercle des impressionnistes.

Il y a des digressions sur d'autres artistes et une narration qui n'est pas toujours chronologique qui nuisent un peu au plaisir de la lecture. Mais le contenu est très intéressant, les nombreuses références aux œuvres (celles des Berthe mais également celles des autres peintres) donnent envie de retourner les voir dans les musées et lire d'autres biographies d'artistes.
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Une découverte de cette auteure qui m'a immergée dans un univers de peintres et d'écrivains talentueux que je connaissais si mal.Je vais me replonger dans mon dictionnaire des Impressionnistes .
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Berthe Morisot est née en 1841 à Bourges. Elle grandit dans un milieu intellectuel bourgeois. Sa mère tient régulièrement salon rue de Passy et tente de donner une éducation artistique à ses trois filles. Très vite, Edma et Berthe se passionnent pour la peinture.



Mais l'Ecole des Beaux-Arts reste un bastion inaccessible à toute personne de sexe féminin. Alors, les deux jeunes filles prennent des cours auprès de plusieurs maîtres. Guichard, l'un d'eux, souligne les dangers d'un tel engouement auprès de Mme Morisot.



"Avec deux natures comme celles de vos filles, ce ne sont pas des petits talents d'agrément que mon enseignement leur procurera; elles deviendront des peintres. Vous rendez-vous bien compte de ce que cela veut dire? Dans le milieu de grande bourgeoisie qu'est le vôtre, ce sera une révolution, je dirais presque une catastrophe. Etes-vous bien sûre de ne jamais maudire un jour l'art, qui une fois entré dans cette maison si respectablement paisible, deviendra le seul maître de la destinée de vos enfants?"



Malgré cet avertissement, les deux soeurs poursuivent leur éducation. Elles passent notamment de longues après-midi au Louvre à copier les grands: Velazquez, Rubens, Goya...



Elles exposent dans différents salons: celui de 1864, de 1867...La critique semble même préférer au début Edma à Berthe. Mais Edma choisit le mariage et abandonne Berthe à son destin d'artiste.



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A l'hiver 1868, Manet entre dans sa vie.



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Elle va accepter d'être son modèle pour le célèbre Balcon. S'ensuivent dix autres portraits. Nulle autre femme n'aura autant posé pour le peintre marié. Les séances s'arrêtent au moment du mariage de Berthe avec le frère de Manet après l'énigmatique tableau du bouquet de violettes.



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On a beaucoup glosé sur leur histoire mais les preuves viennent à manquer. Toute leur correspondance a disparu. Ne serait-ce pas justement la preuve de leur relation car Berthe proclamait souvent qu'il valait "mieux brûler les lettres d'amour"?



Ce qui est sûr, c'est que leur art s'est mutuellement nourri. Alors que lors de leur première rencontre, Manet pensait qu'elle pourrait faire une bonne épouse d'académicien, il la considère au fil des années comme son égale.



Berthe Morisot se fait une place parmi les artistes de son temps. Elle expose avec les impressionnistes; noue de solides amitiés avec Monet, Mallarmé...



C'est ce destin extraordinaire que retrace Dominique Bona. Même si elle a cruellement manqué d'une "chambre à soi", elle a réussi à s'imposer dans un milieu misogyne et à être reconnue.



"Ses toiles sont les seules toiles peintes par une femme qu'on pourrait détruire sans laisser un blanc, un hiatus dans l'histoire de l'art. "(George Moore)



Cette femme m'a vraiment impressionée. Je l'ai trouvée tour à tour libre, forte, émouvante dans son amour pour Manet et sa fille, fragile, tourmentée, engagée, déterminée...



Toutefois, j'ai regretté que parfois, l'auteure ne s'attarde pas plus sur certains éléments. J'ai eu ainsi l'impression de perdre de vue certains protagonistes (la soeur aînée..) et de découvrir avec surprise ce qui leur était arrivé. De plus, j'aurais aimé trouver plus de reproductions des tableaux évoqués.



Bref, vous l'aurez compris: je vous recommande cette biographie pour découvrir qui se dissimulait derrière la jeune femme en noir au bouquet de violettes.
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Biographie où l'on croise avec délectation Monet, Manet, Renoir, Puvis de Chavanne, Zola, Mallarmé, ou l'on appréhende leurs connections, (géographiques : Batignolles par exemple) mais aussi tout simplement leur vies, leurs originalités...

Mais bien sûr, ce livre est avant tout le portrait de Berthe Morisot.

Portrait impressionniste, par touches:

- sa quête d'un bonheur qui toujours s'échappe,

- sa volonté hors du commun; son caractère ténébreux, colérique, mais aussi son raffinement, sa maîtrise

- ses doutes , son exigence (à la hauteur de ses doutes)

- son mariage tardif et presque contraint, après bien des hésitations, qui ne la rapprochera guère du bonheur,

- et bien sûr sa peinture, ses tons apaisants, peinture de jeunes filles , peinture à la recherche de l'absolu et de la perfection à qui elle dédit tout son temps (à l'exception de celui consacré à sa fille, qui aura vite son propres chevalet!

- des belles histoires d'amitiés durables, teintées selon les cas d'une touche de flirt, et avec souvent/ presque toujours une composante d'admiration.
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Superbe portrait de la seule femme impressionniste qui eut bien du mal à se faire connaître!

A lire pour découvrir que le féminisme peut s'exprimer discrètement maissûremetnt
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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

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Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Découvrir la rétrospective des œuvres de Berthe Morisot au musée Marmottan m’a furieusement donné envie d’en apprendre plus sur cette femme dont l’art illumine l’école des Impressionnistes par sa douceur, son élégance, la spontanéité de son trait, sa lumière. Une vie qui aurait pu aussi être un roman, aussi courte que dense, toujours tendue vers la perfection, sans aucune complaisance devant son art, pourtant si éclatant aujourd’hui.

Cependant, en cette époque « collet-monté » du Second Empire, devenir peintre professionnel n’est pas évident pour une jeune fille. Berthe doit à sa mère d’avoir été encouragée dans cette voie. Avec ses deux sœurs, Yves et Edma. Elle recevra une solide formation sans pouvoir entrer à l’Ecole des Beaux-Arts, réservée aux garçons. Mais elle copiera les grands Maîtres au Louvre. Inséparable de sa sœur aînée Edma, elle aussi peintre talentueuse, Berthe Morisot est une mince jeune fille au regard sombre, à la chevelure rebelle, mystérieuse, farouche, un peu brusque. Elle va pourtant s’intégrer pleinement à ce groupe des peintres « Refusés » par le Salon académique et fréquenter Beaudelaire, Cezanne, Degas, Renoir, Fantin-Latour, Whistler, Thiers, Nadar, Puvis de Chavannes, Mallarmé, Monet, Mary Cassat, et surtout Edouard Manet. Surtout lui, qui refuse l’étiquette « impressionniste », qui veut qu’on le reconnaisse au point de payer de ses deniers une exposition où ses œuvres font scandale comme Le déjeuner sur l’herbe et Olympia. Berthe le tient en grande admiration, et pose pour lui, le regarde peindre. Il fera d’elle quatorze portraits, dont l’extraordinaire Berthe Morisot au bouquet de violettes et le Balcon. Mais, pendant les séances de pause, la mère de Berthe sert toujours de chaperon…

Berthe Morisot appartient à la grande bourgeoisie. C’est une jeune fille comme il faut, et elle est animée d’une ardeur au travail extraordinaire. Manger ne l’intéresse pas, se marier non plus. Elle souffre d’anorexie, il lui arrive de tomber d’inanition devant son chevalet, elle n’est jamais satisfaite de son travail. Sa mère désespère lui trouver un époux convenable. Elle a éconduit Pierre Puvis de Chavannes, mais elle acceptera finalement d’épouser, à 33 ans, Eugène, le frère cadet d’Edouard Manet. Mystérieusement, ce mariage de raison se transformera en amour profond et leur unique enfant, Julie, deviendra le modèle absolu pour sa mère.

Au-delà de cette tranche de vie si représentative des changements majeurs de cette période agitée, qui voit la fin d’un Empire, le siège de Paris, l’insurrection de la Commune, l’éclosion en France d’un style pictural jamais égalé depuis, Dominique Bona décrit les émois et les attentes d’une femme complexe, talentueuse mais fermée, qui meurt prématurément d’une grippe compliquée d’une pneumonie, à 54 ans , dans la plénitude de son art, et ayant enfin acquis, si ce n’est la gloire, du moins une certaine sérénité. Une vie de femme exceptionnelle, si féminine parmi ce monde d’hommes, parfois si brutes…

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