AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070377343
384 pages
Gallimard (23/05/1986)
3.47/5   17 notes
Résumé :
Argentina, terre de rêve et d'espérance, planète imaginaire pour tous les Européens qui, au début du siècle, vont chercher fortune en Amérique du Sud.
Jean Flamant a vingt ans. Pauvre mais ambitieux, il quitte le nord de la France, brisé par la guerre. En mai 1920, il s'embarque à bord d'un somptueux paquebot avec la foule des émigrants de troisième classe en direction de La Plata.
Argentina raconte la saga d'un homme façonné à travers de multiples ren... >Voir plus
Que lire après ArgentinaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voici une histoire superbement contée par Dominique Bona, fine plume des lettres françaises, auteur du "Manuscrit de Port-Ébène" et de la biographie (entre autres) de "Berthe Morisot".

Le jeune Jean Flamant se voulait poète, la première guerre mondiale a anéanti ses espoirs. Alors pour fuir le carcan familial des métiers à tisser à Roubaix, il s'embarque, 20 ans en 1920, sur un paquebot pour tenter sa chance en Argentine.
Aussitôt débarqué, l'attendent des jours miséreux dans un hôtel de basse catégorie, il claque son maigre magot auprès de Mandoline dans une maison de passe. Vivote. Et décide de renoncer à ses états d'âme et d'aller voir un des riches passagers du paquebot, Léon Goldberg, qui à la force de ses bras a monté une solide compagnie d'abattage et export de viande.
Ah oui, de la poésie à la barbaque : les rêves de Jean Flamant en prennent un sacré coup. Mais le déclic de l'ambition est là, Jean apprend, assimile, grimpe les échelons, et finit par épouser la fille du riche entrepreneur, Sarah. Il entreprend même de diversifier les activités et acquiert une propriété arboricole et vinicole à Mendoza, son havre de paix.
La crise de 1929 touche durement la communauté industrieuse d'Argentine, mais Jean louvoie et va jusqu'à investir dans les métaux précieux d'Afrique du Sud. le petit gars de Roubaix est devenu un loup en affaires.
Homme à femmes il était, homme à femmes il demeure après son mariage et ses deux enfants.
Sa rencontre avec Thadea, superbe métisse "de maya et de viking", va le chambouler comme jamais.
Pourtant Thadéa, botaniste toujours en vadrouille, le prévient : « Ta vie est un challenge, ma vie une promenade, nous ne marchons pas du même pas ». Qu'à cela ne tienne, c'est alors à un Jean Flamant fou amoureux et transformé que le lecteur a désormais affaire. Un homme qui, fou d'amour, décide de faire une croix sur toutes les richesses accumulées, sa vie de famille, ses enfants, tout... pour rejoindre sa redoutable dulcinée jusqu'en Terre de Feu.

Dominique Bona a le don dans ce livre de faire voyager le lecteur de par les contrées les plus diverses d'Argentine, Buenos Aires, la pampa, les Andes, la Patagonie, la Terre de Feu... Et pourtant, j'ai lu avec surprise qu'elle ne s'était jamais rendue en Argentine pour écrire ce roman si imprégné de la vie locale. Une prouesse documentaire donc.
Ce roman déroule aussi avec intérêt l'histoire de l'Argentine des années '20 : la haute société d'origine européenne qui détient les cordons de la bourse et de l'économie, comme l'industrie de la viande aux Anglais qui détiennent les grandes estancias. Puis la nationalisation des banques, l'émergence d'une conscience argentine. le roman de Dominique Bona a été étudié dans le cadre d'une thèse universitaire "Argentina : Stories for a Nation" (chapitre 6 : The Race for National Identity".
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
Commenter  J’apprécie          60

N°24
Janvier 1989



ARGENTINADominique BONA – Éditions Mercure de France.


Je voudrais aujourd'hui faire partager mon coup de coeur pour un roman dont la parution remonte à 1984-1985. En effet, mon sentiment n'a jamais été que l'intérêt d'un livre réside uniquement dans sa nouveauté. Ce qui est écrit reste à découvrir, à lire, à relire, à apprécier…

Il y a des périodes dans la vie d'un homme où tout s'effondre autour de lui, tout se dérobe. Restent l'attrait de l'inconnu et l'espoir qu'on y fonde pour exorciser le passé… Pour Jean Flamant, cet effondrement résulte de la guerre. On a beaucoup dit que la Première Guerre Mondiale avait été un tournant… de ce grand chambardement qui l'a empêché de poursuivre ses études, Jean ressort pauvre et décide d'échapper au nord de la France en même temps qu'à sa vie.

L'espoir, la pauvreté et l'attirance pour l'exotisme le poussent vers cette terre de passion, de rêve et d'aventure. Cela fait de lui un émigrant qui, un matin de 1920 à Bordeaux, s'embarque pour l'Argentine. En réalité « Il fuyait un pays qui mettait tant d'obstacles sur sa route ». Dès l'embarquement, il croise une femme qui se dirige vers les 1° classes alors que lui voyage près des soutes mais «jura qu'un jour il donnerait le bras à une femme semblable ». Dès lors, le ton est donné, Jean est ambitieux et part pour réussir. Il saura tirer profit des événements.

Des lupanars aux grands espaces, des petits boulots à la réussite sociale, de la chambre d'un hôtel minable à la maison cossue de «la Récolta » et aux salons du Jockey-club, le lecteur attentif suit l'itinéraire de Jean, guide d'exception dans ce pays où les images poétiques créent le dépaysement. L'histoire de cet homme, parti de rien, devenu en quelques années et malgré la crise de 1929 un industriel influent et un homme d'affaires avisé, se déroule dans le cadre des paysages envoûtants des Andes, de la Pampa pour se terminer dans cette ville au nom enchanteur : Ushuaia.

Cet homme ambitieux doit cependant beaucoup aux femmes, sa réussite, son bonheur, ses plaisirs, sa fortune. Ces femmes, ces maîtresses, sensuelles, désirables, énigmatiques passent dans sa vie et lui va de l'une à l'autre, avec le détachement de celui à qui tout sourit et qui s'autorise, une fois épuisé l'intérêt qu'il leur a porté, à jeter leur ombre au souvenir. Il n'en ressortira cependant pas indemne !

Ce livre est aussi un roman à personnages : Mandoline, la petite prostituée française qui reviendra au pays fortune faite, Robert de Liniers, homme attentif au souvenir et au culte de ses ancêtres, amant fougueux, héros mutilé de la Grande Guerre et qui a cette phrase, parlant de son bras perdu au Chemin des Dames «toutes les blessures ont un nom de femme », Léon Goldberg, émigrant lui aussi, industriel en viande, mélomane, sa fille Sarah, un peu fantasque, un peu romantique, cultivée et insouciante. La vie en fera la femme de Jean, mais aussi une mère attentive et aimante, une épouse réaliste…, Jean Flamant, que cette guerre précipita en Argentine pour tout recommencer.
D'autres personnages sont plus fuyants, Clarance, aventurier mélomane, Don Raphaël Ponferrada, gentilhomme de la Pampa, à la fois Hidalgo et fermier…
Il y a des femmes aussi dont le parfum subtil se mêle à la fragrance de ce pays, à la beauté de ses paysages : Lady Campbel, sensuelle et mondaine, Térésa Carmen, tenancière de maison close, Martha, l'épouse de Don Raphaël, ils forment ensemble un couple étrange, à la fois frivole et uni. Thadéa Olostrov, botaniste, «métis de mayas et de vikings », pasionaria de la révolution prolétarienne au moment de la crise de 1929 mais aussi femme étrange et rare dont Jean tombe amoureux et qu'il va rejoindre en Terre de Feu après avoir renoncer à sa réussite. Elle a cette phrase qui résume tout ce qui les sépare : « Ta vie est un challenge, ma vie une promenade, nous ne marchons pas du même pas »

C'est un roman où l'amour se mêle à la souffrance, le désir à la quête, le chagrin à l'oubli, une saga contée dans un style agréable à lire, alerte et poétique. L'intérêt de l'intrigue tient le lecteur jusqu'à la fin dans un dépaysement total.



© Hervé GAUTIER.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
Commenter  J’apprécie          20
Joli roman sur la vie d'un homme, Argentina nous conte les aventures de Jean, jeune homme pauvre du Nord de la France qui, comme tant d'autres Européens, s'embarque pour l'Amérique du Sud, direction Buenos Aires.

Aidé par d'impromptues rencontres sur le paquebot qui traverse l'Atlantique, Jean finira par renoncer à son européanité, se concentrant à réussir sa vie argentine, mais côtoyant paradoxalement presque uniquement des immigrés du Vieux Continent, de ses relations à sa belle-famille, de ses amantes aux prostituées qu'il fréquente. Récit d'une merveilleuse ascension sociale, Argentina est aussi le roman d'une terre dont les Européens ont dépouillé les Indigènes, relégués aux endroits les plus arides du pays, et auxquels on refuse la propriété des vastes étendues de pâturages, des terres fertiles propres à la viticulture et l'accès au Rio de la Plata.

Malgré quelques longueurs et sauts temporels qui étonnent par leur régularité, ce roman est un très agréable moment de lecture, en particulier pour les connaisseurs ou les amoureux de ce si grand pays qu'est l'Argentine, à l'histoire tumultueuse et si européenne.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ta vie est un challenge, ma vie une promenade, nous ne marchons pas du même pas;
Commenter  J’apprécie          130
En Argentine, le cheval représentait le monde des gauchos, des paysans libres et solitaires, les moins européens, les plus argentins du pays. Un monde rude et frustre, mais il évoquait aussi celui des élégants cavaliers, des amazones en longue robe, toute une société policée et savante. Le cheval était aux confins des deux Argentines, l'une paysanne, populaire et métissée, l'autre, à Buenos Aires, blanche et huppée. L'une était l'Argentine de Chavi, l'autre celle de Robert de Liniers, mais partout on y vénérait également le cheval.
Commenter  J’apprécie          10
Tierra del Fuego... Un vent humide et glacial, le brouillard, la boue : l'île n'avait jamais été habitée que par quelques peuplades d'Indiens, Onas, Fuégiens, Yaghans, Alacalufs, tous chasseurs de guanacos, exterminés aux trois-quarts par des raids d'estancieros qui leur reprochaient de trop aimer la viande de leurs moutons.
Commenter  J’apprécie          20
Le matin, tout un paysage de Terre de Feu se découpait dans leur chambre. Dans les eaux vertes du canal de Beagle, s'élevait le relief violet de l'île Navarina, avec ses cimes enneigées. Des mouettes jouaient avec les vagues, et on entendait, mêlé aux cris des pingouins, souffler le vent d'Ushuaia.
Commenter  J’apprécie          20
Il prit la direction du sud. D'anciens glaciers, en jouant, avaient formé dans toute cette région des Andes de larges lacs, aussi vastes parfois qu'une mer, et frangés des hautes chaînes montagneuses comme des fjords.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Dominique Bona (39) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dominique Bona
Les Partisans : Kessel et Druon une histoire de famille de Dominique Bona aux éditions Gallimard https://www.lagriffenoire.com/les-partisans-kessel-et-druon-une-histoire-de-famille.html • Stefan Zweig de Dominique Bona aux éditions Tempus https://www.lagriffenoire.com/stefan-zweig-l-ami-blesse.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionsgallimard #editionstempus
+ Lire la suite
autres livres classés : argentineVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (52) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}