AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Don Winslow (947)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La griffe du chien

Vous vous souvenez de l'émission hautement tuturelle Vis ma vie ?

Mais si, chacun se mettait dans la peau de l'autre histoire d'être confronté à la dure réalité des métiers respectifs exercés.

Qui de se transformer alors, sous nos yeux ébaubis, en gracile danseuse étoile histoire d'échapper à son dur quotidien de déménageur. Qui de revêtir sa peau de bête 100 % mouflon histoire d'aller accompagner son cheptel de gigots sur pattes dans les verts pâturages plutôt que d'aller entuber, hem, conseiller d'honnêtes petits boursicoteurs. Etc, etc...

Rien vu d'aussi bouleversifiant à part Confessions Intimes, et encore...

Ici, le pari est autrement plus osé .

Vous vous êtes toujours rêvés en caïd international de la dope ( c'est Walter White qui va faire la gueule ), en flic déterminé et pugnace, en prostituée de luxe, ben quoi , y a pas de sot métier, alors pas l'ombre d'une hésitation à avoir, La Griffe du Chien va vous vendre du rêve en barre mais surtout vous mettre une méchante droite et le pire, c'est qu'il va récidiver encore et encore et que vous allez en redemander...



Première impression, la vache, le morceau !

Dernière impression, la vache, c'était du gâteau ! Du space cake pour être précis ;-)



La Griffe du Chien ne se lit pas, non m'sieurs dames. Il se dévore littéralement.

Les personnages fourmillent, certes, mais trouvent tous légitimement leur place. Aucun qui n'ait l'épaisseur d'un sandwich SNCF ni le charisme fou d'un énième postulant pour télé-réalité décérébrante. J'ignorais qu'en ce pays, on lobotomisait encore et toujours par paquets de douze...Pour dix effectuées, deux offertes, c'est vrai que c'est tentant...



Denses, complexes, charismatiques, tous bien décidés à devenir les meilleurs dans leur branche quitte à en éclabousser quelques-uns au passage. De sang, majoritairement, les éclaboussures...



Et que dire de la Winslow's touch.

Un style précis, ramassé, percutant, cinématographique en diable avec de vrais morceaux d'anthologie à l'intérieur. Cependant attention, âmes sensibles s'abstenir. Certains passages auraient poussé, de source sûre, trois Bisounours à commettre l'irréparable. Grosfarceur, Grostaquin et Grosdodo, à jamais dans nos coeurs...



Il est des pavés dont on vante les mérites pour caler les bonnes vieilles armoires normandes puis il y a ceux que l'on enferme précieusement à l'intérieur, bien à l'abri de la poussière du temps, en espérant pouvoir se redire le jour où la mémoire se sera fait la malle : et si je me refaisais un must-have !



Finalement, découvrir La Griffe du Chien, c'est juste confirmer qu'en matière de flair, largement orienté par bon nombre de Babeliautes élevés dès le berceau au genre, il est vrai, on est pas trop à la ramasse...

6/5

incontournable...



Commenter  J’apprécie          11634
Corruption

Ferme les yeux, et tu y es, dans Serpico de Sydney Lumet , dans Les Affranchis de Scorsese ou le Parrain mais à l'envers ! Immersion totale dans le New-York côté flic version 2017.

Le parrain, c'est Denny Malone, un flic véreux, sévèrement testostéroné, arrogant, violent, mais terriblement attachant car doté d'une conscience. le Roi de North Manhattan : Harlem est son royaume depuis 18 ans qu'il y bosse, désormais au sein d'une troupe d'élite de la NYPD, The Force. Origine irlandaise, fils de policier , enfance à Staten Island, frère pompier mort dans une des tours le 11v septembre. Mouais, clichés, du vu et revu qui te fais dire que tu vas être sur des rails pépères à 90 sur l'autoroute.



Mais, non, ce roman est bien plus que l'itinéraire d'un flic véreux, c'est un incroyable opéra shakespearien. Ça démarre piano piano, quasiment 200 pages pour te mettre la tête dans le décor, te faire sniffer l'asphalte de Big Apple et surtout te faire aimer ce Roi ripoux qui se décrit comme un paysagiste dont le boulot serait d' "empêcher la jungle de repousser" après le coup de karcher Giuliani dans les années 90.



Et puis, ça décolle, pied au plancher. Voilà Denny pris dans des dilemmes à n'en plus finir, s'enchâssant les uns dans les autres : pourquoi les méchants seraient-ils les seuls à gagner du fric, ceux qui tuent, dealent, torturent ? Comment ne pas devenir le salaud qu'on n'a jamais voulu être une fois qu'on a franchi la ligne, un premier pas, puis un autre ? Faut-il se sacrifier pour sa famille, pour ses amis ? Jusqu'où peut-on trahir les siens sans en payer le prix fort ? Jusqu'où peut-on se trahir sans en crever ?



«  C'est comme quand tu grattes une allumette, tu ne penses pas qu'elle va faire des dégâts, puis le vent se lèvre et la flamme se transforme en incendie qui détruit tout que tu aimes ».



Et là, c'est le brasier pour Denny ! L'écriture s'accélère dans une langue brute, cru, syncopé, on n'est plus dans du Shakespeare-là ! On est en mode opéra allegro furioso dans un tourbillon de corruption à tous les étages, un peu à la James Ellroy : flics, juges, avocats, hommes politiques, mafieux, chefs d'entreprise, un cyclone ! Quand tout un système est pourri, il faut jouer selon ses propres règles. C'est ce que fera Denny. le final est scotchant. Règlement de compte à l'ancienne. Quel personnage romanesque !



Tout est terriblement contemporain dans ce roman avec en plus de toutes les thématiques évoquées, la question raciale aux Etats-Unis et le Black lives matter. Incroyable bouquin qui n'a à mes yeux qu'un seul défaut, celui de ne proposer que des personnages féminins vraiment minuscules ( l'épouse de flic entre autruche et louve, la maitresse black junkie ) ...



Lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
Commenter  J’apprécie          11215
La griffe du chien

Quelle claque ! C-H-E-F D'O-E-U-V-R-E dans la lignée des grands Ellroy.



Je sors rincée de cette plongée de 1975 à 2004 au coeur du narco-trafic qui gangrène le Mexique et rayonne bien au-delà.

On tient là un roman sacrément ambitieux, d'une ampleur rarement abordée, entre faits réels, journalisme documentaire et fiction d'un romanesque échevelé. Tout y est, de la CIA qui lutte contre le trafic de drogue mais avant tout contre les mouvements marxistes qui s'implantent en Amérique latine ( notamment les FARC de Colombie ) en utilisant l'argent du trafic de drogue ( sic ) à l'influence de l'Opus Dei dans le soutien à des groupes d'extrême-droite.



Et pourtant, rien d'indigeste dans ces 827 pages tant le sujet est passionnant, porté par une écriture nerveuse ultra cinématographique. Certains passages, notamment les plus violents ou les plus dramatiquement tendus, sont éblouissants.



Surtout, c'est un magnifique roman incarné par des personnages charismatiques, hauts en couleurs et profondément contrastés, de véritables êtres de chair et de sang, loin de tout manichéisme :

- Art Keller, l'agent de la DEA ( Drug enforcement administration, le service de police fédéral américain luttant contre le trafic de drogue , un jour adoubé par le parrain mexicain, manipulé et depuis hanté par l'obsession de le faire tomber, prêt à tout pour mener sa croisade.

- Adan Barrera, seigneur de la drogue, dévoré par la culpabilité et la foi depuis que sa femme a mis au monde un enfant handicapé

- Juan Parada, l'archevêque rouge de Guadalaraja

- Nora Hayden, prostituée de luxe d'une intelligence rare qui se retrouve à la confluence de tous et de tout

Ils sont tous inoubliables.
Commenter  J’apprécie          9917
Cirque à Piccadilly

Cela faisait un moment que je souhaitais faire connaissance avec Don Winslow, sa trilogie sur les cartels avait beaucoup fait parler et me tentait fortement.

En étudiant sa bibliographie je me suis rendu compte que son tout premier roman avait remporté le prix Edgar-Allan-Poe, un bon début pour une carrière qui s'est révélée remarquable, et comme j'aime lire un auteur dans l'ordre de parution, je me suis dit que commencer par le premier allait de soi.

Pour le coup il s'agit d'une sacrée bonne pioche, son personnage de Neal Carey auquel il va consacrer une série de cinq épisodes est particulièrement réussi, ce premier tome a une tonalité particulière et va nous faire découvrir via de nombreux flash back la génèse du jeune détective sous la houlette de son mentor Graham, un autre personnage atypique et attachant.

Sa rencontre avec Graham a l'âge de douze ans va décider du destin de Neal, une belle histoire d'une certaine façon, le genre d'histoire que l'on aime.

Ou comment un gosse des rues, fils d'une mère droguée et prostituée va devenir un as dans sa catégorie, la psychologie de ce personnage est particulièrement soignée par l'auteur, ce qui va être l'un des points fort de ce roman, Neal est attachant et humain, mais son passé fait de lui quelqu'un de particulièrement lucide et implacable.

L'autre aspect infiniment plaisant de ce roman est la "formation" imposée par Graham, une sorte d'école de l'arnaque qui va nous valoir des scènes et des dialogues carrément passionnants et instructif en plus d'être amusants du point de vue maître/élève, notamment sur l'art de la filature (mais pas que !).

J'ai beaucoup apprécié le style très particulier de l'auteur en me disant que le traducteur avait du parfois souffrir un peu, j'ai beaucoup apprécié l'humour omniprésent aussi.

Nous allons donc suivre Neal dans sa première enquête, un scénario tordu et complexe qui va nous réserver pas mal de belles situations et de plaisir.

Pour ma part je suis bluffé par cette première rencontre avec l'auteur, j'ai hâte de lire la suite avant de m'attaquer enfin à ses romans les plus populaires.
Commenter  J’apprécie          9220
Corruption

Un grand merci aux Editions Harper Collins et à Babelio pour ce très beau cadeau. Car, il y bien longtemps que j'avais lu un polar aussi addictif. Don Winslow nous embarque dans les pas de Malone flic corrompu, King de l'asphalte qui se retrouve piégé par les fédéraux. Il doit prendre des décisions dont l'onde de choc risque d'être vertigineuse. Winslow mène cela avec un sens de la narration époustouflant, son écriture très cinématographique fait merveille à chaque page, dialoguiste hors pair, le récit nous prend à la gorge pour nous relâcher près de 600 pages plus tard avec le sentiment d'avoir passé un sacré bon moment de lecture. A ne pas rater.
Commenter  J’apprécie          820
Le miroir de Bouddha

Deuxième opus de la série "Neal Carey", cette histoire de détectives vaut assurément le détour, la personnalité atypique de notre jeune détective étant déjà un gage de dépaysement dans cet univers codifié.

Côté dépaysement justement, j'apprécie le parti pris de l'auteur de nous instruire en cours de récit, ici il va être question de Hong Kong (et de ses triades), mais aussi de la Chine Maoïste, et, à ce sujet, j'ai pris énormément de plaisir à m'instruire sur l'histoire de cette période, Don Winslow nous proposant les points de vues occidentaux ET chinois. On comprend mieux après cette lecture ce que fut le "grand bon en avant", la fameuse révolution culturelle et ses conséquences.

Pour ce qui est du scénario, il va bien sûr s'agir d'une mission pour Neal Carey, du genre facile a priori, c'est à dire ramener dans le droit chemin un ingénieur agronome de renom tombé amoureux d'une jeune et belle chinoise et le convaincre de réintégrer sa société.

En fait, cette enquête va se révéler tortueuse et compliquée, il n'était pas prévu que Neal tombe amoureux de Li, à partir de ce moment tout va partir en vrille et nous irons de surprises en rebondissements.

J'ai particulièrement apprécié la partie qui se déroule à Hong Kong, très documentée sur les plans touristique et historique, sans oublier les triades locales ainsi que la "visite" de certains quartiers ou enclaves malfamés. J'ai apprécié une fois de plus la démonstration commentée des techniques de filatures, des astuces et des ficelles du métier de détective, bref, c'est parfait pour ce qui me concerne.

Pour conclure, j'ai adoré cette lecture, l'intrigue est particulièrement fouillée et complexe avec de nombreux acteurs dont un espion aux motivations très floues, le bon côté c'est qu'on comprend tout à la fin, l'auteur réussissant le tour de force de raccrocher tous les wagons.

Voilà, il y a encore un peu de chemin avant d'attaquer la série des cartels, qui va piano va sano...
Commenter  J’apprécie          803
La griffe du chien

Avec "La griffe du chien", Don Winslow signe une éprouvante et passionnante plongée au coeur des narco trafiquants et de la lutte menée par une poignée de flics incorruptibles. Des années 80 aux débuts du XXIème siècle, il montre, dissèque, explique avec une effarante véracité cette guerre (car s'en est une) d'une cruauté insoutenable.

Tous les coups sont permis, les plus vils, les plus abjects, les plus sanglants. Il n'y a qu'une loi, celle du plus fort, qu'un code celui de l'honneur. A travers une galerie de personnages d'une complexité remarquable : d'Art Keller, flic idéaliste et vengeur, aux frères Barrera, Adan le torturé et Raul le sanguin, en passant par le cardinal Parada humaniste et tolérant, Nora Hayden femme fatale, Callan l'irlandais, l'homme des basses besognes ou bien Hal Scachi manipulateur et implacable, Winslow réussit de main de maitre cette descente infernale. Si l'enfer existe sur terre, il se trouve près de la frontière américano-mexicaine. Winslow sonde les arcanes du mal avec une efficacité terrifiante. A la manière d'un Puzo ou d'un Ellroy mais surtout à la même hauteur.
Commenter  J’apprécie          760
La Frontière

Vous avez lu la Griffe du chien ? Cartel ? Voici la suite, le dernier tome de la trilogie, un pavé de plus de 800 pages en grand format.

Un thriller lourd, lourd d'une guerre impitoyable, lourd de crimes et d'exécutions, de corruption et de mensonges, mais aussi d'amour, de bravoure et d'indéfectible loyauté.



Un roman qui sonne trop vrai, même si en intro on a la notice « … oeuvre de fiction… Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des entreprises, des événements ou des lieux. » Quand l'auteur mentionne les 43 étudiants innocents disparus à Tristeza au Mexique sur la route 95, on sait que ces événements se sont réellement produits, mais dans la ville d'Iguala. Et quand l'auteur cite des « tweets » d'un président corrompus qui aime limoger les procureurs trop efficaces, on fait facilement le parallèle avec un certain personnage politique…



En plus d'être un thriller captivant, le livre est un réquisitoire contre la façon de faire la guerre au trafic de drogue, une guerre couteuse et inefficace, qui n'empêche pas le mal de vivre et les overdoses des accros à l'héroïne ou au fentanyl. La guerre aux drogues laisse la production et la vente aux mains de cartels illégaux qui s'entretuent qui torturent et assassinent au passage des journalistes, des policiers et des milliers d'innocents au Mexique et en Amérique centrale.



Le roman dénonce aussi l'hypocrisie de la finance qui profite de l'argent des narcotrafiquants, qui profite de la vente d'armes et de matériel de répression ainsi que du système de détention privé, qui a tout intérêt à avoir le plus de clients possible, et à les garder le plus longtemps possible.



La conclusion d'une trilogie fascinante, qui ouvre les yeux sur une bien triste dimension du monde.

Commenter  J’apprécie          662
La griffe du chien

Le sujet n'est pas nouveau mais Don Winslow l'enrichit d'un travail de documentation extraordinaire et d'une narration d'un réalisme épais et tranchant. Dans ce roman choral, l'auteur a une manière particulière de griffer les personnages avec une ironie toute modérée.



Foisonnant et riche en intrigues parallèles, avec des protagonistes hors-norme, des solides personnages secondaires et des dialogues de haute voltige, ce polar plein de chausse-trapes obéit aux codes du genre, tout en installant une atmosphère asphyxiante.

Les cartels contrôlent toutes les franges de la société : la politique, l'économie et l'Eglise. La lutte incessante et obsessionnelle pour le pouvoir passe par une déferlante de violence sanguinaire.

Certains passages ont certainement inspiré les scénaristes de la série Narcos : le monde impitoyable et cruel des drogues qui touche toutes les sphères de la société et la guerre menée et perdue d'avance par les États-Unis contre les cartels de la drogue.



La griffe du chien est une inoubliable plongée minutieuse dans les archives du monde des narcotrafiquants où Don Winslow, toujours en quête d'une intensité psychologique et narratives plus grandes, livre une fresque romanesque d'une virtuosité littéraire écrasante, sertie de pans entiers d'histoire politique des USA, du Mexique et l'Amérique latine.



Magistral !





Commenter  J’apprécie          667
La griffe du chien

Magistral et terrifiant, deux mots pour qualifier cette grande saga de la drogue en Amérique. C'est à dessein que j'écris 'saga' et pas 'roman' car pour moi ce livre tient plus du documentaire romancé qu'autre chose, tant sont crédibles l'histoire, les situations, les personnages et les enjeux. Malheureusement.



Drogue, guerre des gangs, ultraviolence, intérêts diplomatiques et géopolitiques supérieurs, juntes militaires sud-américaines, police corrompue, petits voyous pris dans l'engrenage... c'est tout ça qu'Art Keller, agent américain de la Drug Enforcement Agency au Mexique, doit affronter pendant 25 ans, après avoir lancé une opération d'éradication des champs de pavot en 1977.



Ça fait beaucoup pour un seul homme, forcément, même pour un flic tenace, intelligent, courageux et intègre comme Art. D'autant que ses adversaires n'attachent pas beaucoup d'importance à la vie humaine, c'est un euphémisme, et utilisent allègrement torture, armes de guerre, trahison, corruption, jeux de pouvoir et bien sûr meurtre, sans discrimination d'âge, de sexe ou de catégorie socio-professionnelle...



En cela, et malgré quelques personnages lumineux, le livre est profondément dérangeant, à désespérer des hommes et à préférer les chiens et leur griffe (rien à voir avec le titre, juste le plaisir de faire un mauvais jeu de mot). Mais c'est tellement bien écrit, bien décrit, tellement juste et tellement intéressant qu'on touche au chef d'œuvre.



Merci donc à Jeranjou et aux autres babelionautes auteurs de critiques élogieuses qui m'ont permis de le découvrir.
Commenter  J’apprécie          662
Cartel

On pourrait démarrer par une longue discussion — à bord d'une voiture en planque, ou à la table d'un fast-food crasseux, à la manière d'un film de Tarantino — sur l'histoire tourmentée des suites, des numéro 2, compilant exemples et contres-exemples, évoquant le Parrain ou bien Mad Max, et pointant, qu'en littérature, les exemples sont plus rares, le tome II étant souvent écrit sans attendre le succès du tome I, voir une simple question d'édition. On n'en serait pas beaucoup plus avancés, mais on aurait probablement bu quelques bières… sans parler du le Big Mac…

...

Dans ma critique de la Griffe du Chien, j'avais apprécié le fait que l'auteur prenne le risque d'en écrire une suite, dix ans après. Au vu de ma note, vous voyez bien qu'une certaine déception a ponctué la lecture express de cet ultra-violent Cartel ; note qui peut paraître assez basse, juste la moyenne, afin de bien marquer la différence avec le premier… que d'autres ici, à tort, ne marquent pas suffisamment… On va encore parler du respect des goûts de chacun, et s'arrêter là… Ou bien analyser froidement ce qui différencie un quasi-chef d'oeuvre, d'une suite un peu poussive…

...

La force du premier tome vient d'un équilibre subtil entre Histoire et action, d'une rare efficacité à les ancrer dans les cultures mexicaines et américaines. C'est un peu laborieux d'analyser tout ça, l'harmonie, va savoir… surtout que cela démarrait plutôt bien, avec une bien utile carte du Mexique en ouverture…

Et puis l'on parle d'un sujet hautement violent, carrément révoltant, tristement insoluble…

Prudence, donc.

...

Oui, je me suis lancé dans un truc un peu pénible… pour se détendre, on parlera à la fin de certains de mes collègues (dans la restauration) vegan-intersectionnels, qui se bourrent le pif à tour de bras entre deux tirades à tendance moraliste…

...

Don Winslow utilise beaucoup les phrases courtes, avec retour à la ligne; du rythme, du choc, qui n'est malheureusement ici plus contrebalancé par des paragraphes plus longs, comme s'il n'avait plus de temps à perdre, à vouloir condenser autant de faits et d'actions en si peu de pages… Oui, ces 700 pages s'avalent comme un drive-in Taco Bell… nauséeux car reprenant un grand nombre d'événements réels, qui auraient sans doute mérité un traitement plus long, le gore mis à part…

(Paginé comme chez Saramago, ce livre ferait moins de 250 pages…)

...

L'escalade de l'horreur prend une tournure blasante, probablement à dessein.

...

En ouverture, il rend hommage aux journalistes disparus durant la période couverte, un monument aux morts, non-exhaustif, de cette guerre ignoble. Il reste d'une grande lucidité quant aux responsabilités de chacun.

Il accentue cette psychologie taillée à la serpe de ses personnages. Cette dernière souffrait déjà légèrement dans le premier volet; ici, cela se voit trop, dommage.

...

L'influence décisive du type de drogues consommés sur la culture d'une génération n'est plus vraiment évoquée — comme la généralisation de la cocaïne a pu faire basculer les années 80 dans le culte de l'individu — alors que l'on rentre ici dans l'âge d'or de la meth' aux USA (en Europe, la cocaïne devient omniprésente, son prix ayant diminué de moitié).

Les livres officiels n'en parlent sans doute pas assez, renvoyant à la marginalité ce que la bourgeoisie ne veut considérer comme essentiel.

Ce Cartel donne l'impression que c'est un problème spécifique, alors que la Griffe du Chien l'englobait dans L Histoire.

...

Tout cela n'empêchera pas d'achever la série par La Frontière (qui reçoit une note moyenne pour le moment plus haute que le premier) car comme toujours, la littérature appelle davantage que l'audio-visuel à des recherches et de l'introspection, de ce sujet si complexe, moteur-fantôme fumant de l'économie mondiale.

...

Donc pour reprendre la comparaison avec des films connus, cette suite ressemble à l'Alien 2 de James Cameron, la finesse du premier restée à bord du vaisseau, avec le huitième passager…

...

« On est combien ? T'appelles ? T'as un numéro ? Attends, regarde sur mon iphone, oui, celui avec l'autocollant green214Q+++… »

(désolé pour le cliché, mais j'ai travaillé avec pendant deux ans, un fléau qui ne pose pas autant de problème de conscience qu'il ne devrait…)

Commenter  J’apprécie          624
Corruption

Il a merdé le gars.

Je le sais, tu le sais, il le sache.

Il a franchi la ligne jaune.

C'est tout le problème lorsqu'on se pense au-dessus des lois.

Denny Malone est un bon flic.

Le roi de Manhattan North, pour tout vous dire.

Leader incontesté de la Force, lui et ses lieutenants ont assuré leur avenir.

Détourner des millions vous garantit souvent une certaine sérénité.

Mais ça vous assure également un tombereau d'emmerdes gracieusement déversé, sur vos pompes fraîchement cirées, par le FBI qui entrevoit d'un très mauvais œil ce coup de canif au contrat.

Malone va devoir le payer, cher.

Peut-être même de sa chienne de vie.



Puissant, ce Winslow !

Un petit bijou de réflexionite aigüe poussée à son paroxysme par un exemplaire représentant des causes perdues. Saint Antoine, si ta messagerie n'est pas saturée, un p'tit coup de pouce céleste ne serait pas de refus.



Certains ont le cul entre deux chaises.

Malone jouera à l'équilibriste sur trois tableaux.

Difficile d'appréhender un avenir radieux déroulant sur la mélodie du bonheur lorsque le menu de la cantoche s'accompagne immanquablement d'un sac à vomi percé histoire de vous rappeler combien la vie peut s'avérer facétieuse.

Une balance, une cible politico-mafieuse, un agneau sacrificiel.

Fais ton choix camarade.

Et puis non, pourquoi se priver lorsqu'il vous est donné l'opportunité d'endosser les trois tenues d'apparat.



Corruption se veut une sale plongée en eaux troubles mais pas que.

Formidable instantané de mecs imparfaits au sens du boulot paradoxalement chevillé au corps, voire au flingue, ce roman fascine de par la dualité de ses personnages et la galerie de portraits imagée qui en est faite.



Vis ma vie de mec coincé par la patrouille, Winslow décortique les mécanismes d'auto-défense qui vont un à un défaillir, laissant un gars au bord du gouffre.

Un gouffre abyssal où amour, amitié, loyauté et dignité se perdront à jamais.



Corruption est un grand roman.

De ceux qui vous marquent durablement.
Commenter  J’apprécie          626
Dernier Verre à Manhattan

Bon c'est sur, quand on a écrit « La griffe du chien », « Dernier verre à Manhattan » du bien nommé Don Winslow peut paraître un peu léger. Pourtant, il y a dans cette histoire d'espionnage, de poker menteur, une petite musique qui s'écoute (se lit) avec un certain plaisir. D'autant plus que le détective privé Walter Withers possède un sens du second degré et de la répartie qui font souvent mouche. Ajoutez à ça des personnages qui forcément vous rappelleront d'illustres personnalités, une ballade dans le New-York des années 50/60 bien agréable, le tout baigné dans une ambiance jazzy du plus bel effet. Alors un « Dernier verre à Manhattan », pourquoi pas !
Commenter  J’apprécie          620
La cité en flammes

« Oh Don… Pas ça, Don… Oh non, pas ça, pas aujourd’hui, pas maintenant après tout ce que tu as fait ! » (*)



Il a suffi d’un tweet en avril dernier dans lequel Don Winslow annonçait mettre fin à sa carrière d’écrivain pour ne plus se consacrer qu’à l’action politique anti-Trump, pour que je me mette de mon côté à compter les jours séparant la sortie de La Cité en flammes – traduit par Jean Esch -, premier tome de ce qui sera donc sa dernière trilogie.



Qui suit un peu le gars Don sur Twitter ne sera pas étonné de cette décision, tant son activisme sur ce réseau est devenu omniprésent depuis six ans. Et qui suit un peu mon compte depuis quelques années comprendra l’effet que cette retraite littéraire annoncée d’un de mes auteurs fétiches a provoqué chez moi.



C’est vous dire les attentes que j’avais mises dans La Cité en flammes. Malheureusement proportionnelles à ma déception une fois arrivé au bout de ces 400 pages.



Non mais Don, tu déconnes !



Moi avec cette saga annoncée d’une guerre mafieuse sans merci sur fond de métaphore homérienne, repositionnant la Troie moderne à Providence dans le Rhode Island (mais, wtf ???), j’étais prêt à me laisser emporter, à écrire tes louanges aux quatre coins de bookstagram (et même au-delà), à faire une story par jour pendant au moins une semaine et même, j’me lâche, un reel puisqu’il paraît qu’on engage mieux avec ça.



À la place de ça, tu nous ressers une énième version de la guerre entre Ritals et Irish avec tes Moretti et tes Murphy, les uns régnant sur le port en contrôlant son syndicat de dockers quand les autres protègent (comprenez, ponctionnent) les cafés, tripots et petits commerçants. Et au milieu, des pépées, du whisky, des guns, de la came et de la vengeance.



Mais je l’ai déjà lu tout ça chez toi, il y a quelques années, chez Lehanne, Ellroy, Puzo et tant d’autres… Et, désolé, mais en plutôt mieux ! Où est le souffle ? L’ambition ? La Puissance ?



Alors oui, je m’emporte et je suis profondément injuste parce que ça se laisse bien lire malgré tout cette Cité des Flammes, en bon pageturner qu’il est. Qui aime bien, chambre bien, hein ?



Mais quand on a écrit et enchaîné La Griffe du chien, Cartel et La Frontière, on ne peut pas quitter la scène comme ça. Alors je suis persuadé que tu vas avoir à cœur de toucher au divin pour les deux prochains tomes. Parce que rater sa sortie sur un carton rouge, ce serait vraiment trop moche…



(*) Référence et copyright au regretté Thierry Gilardi, un soir douloureux de juillet 2006…

Commenter  J’apprécie          6017
La Frontière

La guerre entre les gangs de narcotrafiquants fait rage en Amérique centrale.

Art Keller, agent de terrain de la DEA (l'agence des USA en charge de la lutte contre le trafic de drogues) contribue à entretenir cette guerre pour des raisons personnelles : il veut la mort d'Adán Barrera, le chef du gang sorti vainqueur des dernières batailles.

Alors que Keller est nommé à la direction de la DEA, la disparition, puis la confirmation de la mort, de Barrera aiguisent les appétits au sein de son clan.

De son côté, le nouveau directeur envisage une nouvelle approche de la lutte contre le trafic : plutôt que se focaliser uniquement sur les filières qui apportent les drogues aux USA, pourquoi ne pas essayer d'interrompre le flux d'argent qui finance le trafic ?



Waouh ! Quelle histoire ! Quand on lit la dernière centaine de pages du roman (plus de 1500 pages en version numérique) tout paraît simple. Mais que de péripéties avant d'en arriver là. Entre les luttes de clans du côté des trafiquants, les manœuvres pour devenir le revendeur dominant aux USA, les luttes d'influence politiques et les petites ou grosses compromissions entre ces cercles, on pourrait finir par se perdre... D'autant que l'auteur s'ingénie à raconter des histoires incidentes qui finissent plus ou moins par se croiser. N'y en a t'il pas un peu trop parfois quand même ?

Les personnages ont de l'épaisseur, souvent plein de contradictions, parfois droits et inflexibles (comme Marisol, l'épouse mexicaine de Keller, ou Rafael Caro, le vieux trafiquant qui se venge de ses années de prison en tirant les ficelles). Ils sont si nombreux qu'on finit par se demander comment l'auteur réussit à ne pas les confondre.

Même si les chapitres sont longs, voire très longs, le roman est très rythmé : beaucoup d'action et de changements de points de vue, des histoires secondaires, des retours dans le passé... On ne s'ennuie pas ! C'est bien écrit (et traduit) ; sans plus. Mais ce qui force l'admiration, c'est la capacité de l'auteur à mener à son terme une intrigue aussi alambiquée.

Pourquoi alors y a t'il un truc qui me chagrine ? Je dirais que c'est le ton et le discours moralisateurs que met Winslow dans la bouche de Keller. Que l'auteur ait envie de régler des comptes avec l'Amérique de Trump, je peux le comprendre. Mais pourquoi essayer de nous faire croire qu'il détient une, ou la, vérité sur la façon de traiter la question du trafic de drogues ? Un gros manque d'humilité, non ?




Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
Commenter  J’apprécie          580
Dernier Verre à Manhattan

Play it again, Don…



Ai-je déjà suffisamment dit ou écrit l'intérêt que je portais à l'immense Don Winslow ? Probablement… Mais pas encore assez, donc en revoilà une lampée. Car si sa fabuleuse trilogie (Griffe du chien/Cartel/La Frontière) lui a permis d'atteindre une renommée internationale justifiée, elle m'aura poussée de mon côté à reprendre un à un ses livres plus anciens. Et quel régal !



Un dernier verre à Manhattan – traduit par Philippe Loubat-Delranc – est un petit bijou de nostalgie. New-York à la fin de 1958, Manhattan se prépare à fêter Noël dans cette ambiance à la fois froide et festive qu'imagine sans peine quiconque s'y est rendu à cette période. Jeune retraité de la CIA, Walter Withers est désormais rangé des barbouzeries et officie comme simple enquêteur privé. Une mission de protection et le cadavre d'une pulpeuse actrice blonde découvert au petit matin plus tard, et voilà Withers replongé au coeur d'un panier de crabes où politiques, mafieux, CIA, et FBI se disputent des enregistrements sur l'oreiller compromettants.



Un jeune sénateur démocrate ambitieux, son frère en éternel chaperon, sa femme en épouse digne et rayonnante, une maîtresse hollywoodienne un brin dépressive… Ça ne vous rappelle rien ? Bah oui, bien sûr… C'est la seule couverture fictive volontairement grossière que Winslow s'autorise, car pour le reste, de Hoover à Nixon en passant – hommage appuyé aux Giants – par Gifford, il convoque toute une époque au service d'une intrigue certes légèrement plus faible qu'à l'habitude, mais tellement nostalgique.



Car l'essentiel est là : lire Un dernier verre à Manhattan, c'est se laisser porter dans une flânerie menant de Broadway à Battery Park, d'un cocktail mondain au Plazza à la back-room d'une boîte gay dans l'East End, d'un club de jazz paumé du Village jusqu'au récital de la belle Anne à l'Apollo…



C'est réussir à lire tout en fermant les yeux, et susurrer un bourbon en main : « Play it again, Don… ».
Commenter  J’apprécie          585
La griffe du chien

La bande-originale de « Sicario », du regretté Jóhann Jóhannsson, accompagne et résonne comme chair de poule la lecture de ce film. Un livre grand-écran.

Un morceau essentiel de l’histoire américaine contemporaine, dont les livres officiels se passeraient bien, ici raconté avec une rare efficacité. De l’action grand-spectacle démultipliée par une démarche historique, ainsi qu’une fine analyse de la société mexicaine.

Un vrai modèle du genre.

Plongée ultra-violente, lecture en apnée, tout y est souvent parfait.

Il n’y a guère que le personnage de Nora, capillo-poussé dans les orties, pour nous rappeler que ce n’est qu’un roman, pas un livre d’histoire… tout comme la psychologie de notre héros, taillée à la machette rouillée.

En plus, l’auteur a pris le risque d’en donner une suite…
Commenter  J’apprécie          575
Cartel

Des Cartel, en littérature, y en a pléthore.

Y a celui de Paulot-Loup que je ne connais pas personnellement.

Y a celui de Jacques Durand que personne ne connait, visiblement, en tout cas sur Babelio.

Puis y a celui du patron, du boss, Winslow.

Et là, j'ai envie de beugler : "faites tourner, Rogntudjuù!!".



Art Keller, ex-agent de la DEA, est désormais apiculteur.

Adán Barrera, ex-grand manitou de la drogue, est désormais néo-taulard.

Voili voilou. Fin de l'idylle. Plus qu'à plier les gaules.

Puissamment addictif, non ?



Cartel ou comment développer son propre réseau pour les nuls tout en évitant, accessoirement, de se faire dézinguer au détour d'une défonce party de malade par de vils gougnafiers qui font rien que vous jalouser.



Le pavé peut effrayer. Si, si.

Son généreux tour de pages est proportionnel au contentement éprouvé tout au long de ces près de 900 feuillets de pur extase.



La bête, tour à tour, caresse, intrigue, châtie mais toujours dans le respect de la personne humaine. Non j'déconne. Certains passages sont d'une violence inouïe. le petit monde paisible et chaleureux des narcotrafiquants semble laisser libre cours à ses pires instincts lorsqu'il s'agit de préserver son pré carré ou de tenter de le spolier.

L'accueillante petite station balnéaire de Ciudad Juarez, au charme suranné et aux assassinats traditionnels, ne laissera pas de séduire le touriste en mal de tranquillité retrouvée.



Difficile de parler d'un tel roman.

Foisonnant, palpitant, suffocant.

Une plongée en apnée dans un monde brutal à l'idéologie monomaniaque : devenir calife à la place du calife puis tenter de le rester.



Les gentils ne courent pas les rues contrairement aux pires salauds qui semblent tout droit sortis d'un élevage local.

Les rôles masculins fourmillent.

Les femmes ne sont pas en reste même si beaucoup plus en retrait.



Roman-fleuve sur la vengeance et la reconquête du pouvoir, Cartel est un rendez-vous en terre inconnue. Un continent où faux-semblants et souffrance se taillent la part du lion.



Il y aurait tant à dire et la vie est si courte.

Ouais, un brin grandiloquent.

Le mieux est encore que vous vous fassiez votre propre idée sur cet avant-goût de l'enfer qui ferait passer Le Parrain pour un sirupeux conte à l'eau de rose.



PS : toute personne zappant La Griffe du Chien pour se jeter louablement sur Cartel sera sauvagement torturée puis brûlée vive dans un tonneau. Le tortionnaire, dans sa grande miséricorde, laissera finalement le choix entre la grillade à feu doux et le démembrement sans anesthésie. On n'est pas des bêtes, tout d'même.
Commenter  J’apprécie          574
La cité en flammes

Rhodes island, milieu des années 80. Les familles Murphy et Ryan pataugent dans l'insouciance au bord de l'eau , avec les meilleurs ennemis, les Morreti et le boss Pasco , dont le charisme permet à tout ce petit monde de cohabiter sans s’entre-tuer, se partageant au mieux le racket, les cambriolages et les pots de vins . C'est la mafia 1.0, où le respect avait une petite signification.

Danny Ryan est l'un d'eux , mis la chute de son père au profit des Murphy le fragilise même s'il est marié à Terri Murphy. Obligé de s'affranchir , il semble moins enclin au banditisme que ses congénères . Mais quand une inconnue à la plastique avantageuse sort de l'eau, Danny sait que rien ne ser plus comme avant. C'est le moins qu'on puisse dire...



Don Winslow est un génie du thriller orienté mafia. Comme pour les cartels mexicains , il arrive à nous tenir en haleine, sans nous perdre , et à bien expliquer toutes les trahisons , les dessous de la mafia, les règles ...Il le fait dans un style brillant, cinglant comme une balle perdue de 38mm.

Mais parallèlement, il sait mettre en place des histoires familiales touchantes ou transcender l'amitié avec des paragraphes où suinte l'amitié , le calme et la quiétude .

C'est vraiment brillant.

Alors, ici , l'exercice semble moins compliqué que dans la grande fresque "mexicaine", mais l'on ressort avec une bonne vision de ce que a pu être une guerre mafieuse dans une ville dont finalement peu ont entendu parler ici même.



Un livre choc, en attendant imaptiemment la suite.
Commenter  J’apprécie          562
La griffe du chien

Quand on commence un pavé de plus de 800 pages en format poche, on a une petite appréhension. L’histoire va-t-elle être prenante ? Vais-je avoir envie de suivre la vie des personnages sur plusieurs années (décennies!) ? le style de l’auteur saura-t-il me transporter et me donner envie de tourner les pages, encore et encore ? Parfois, la réponse est non à une des inquiétudes, et parfois, on tombe sur une livre qui coche toutes les cases. On appelle ça un chef d’œuvre. La griffe du chien est un chef d’œuvre !

Quelle épopée ! Du milieu des années 1970 au début des années 2000, trente ans d’histoire du cartel mexicain de la drogue ! On se croirait dans du nouveau journalisme, avec des informations à profusion sur la montée du cartel, sa mise en place, la politique américaine, qui se sert des trafiquants pour lutter contre le communisme, puis, après la fin de la guerre froide, qui ne veut surtout pas que cela se sache ! Don Winslow a accumulé une somme impressionnante de faits et s’est documenté de façon quasi exhaustive sur le sujet. Cela aurait pu être austère, mais non ! Il en a fait un roman, un polar qui côtoie les cimes des grands romans américains, Mario Puzzo, James Ellroy, Dennis Lehane, Thomas Kelly. Pour cela, en plus de son sujet, passionnant de bout en bout, deux raisons essentielles.

Les personnages d’abord ! Don Winslow nous met littéralement entre les mains les acteurs incroyables de cette histoire. Les trafiquants de la famille Barrera, Tio, Adàn Raoul, qui créent, développent, gèrent leur cartel comme une entreprise, mais avec la violence comme moyen d’expression. Certaines scènes sont parfois insupportable. Attention aux âmes sensibles ! Au début, on a presque envie qu’Adàn réussisse à faire prospérer son organisation. Le flic de la DEA américain, Art Keller, manipulé dans un premier temps, et qui développe un sentiment de culpabilité qui va en faire un bull dog ne lâchant pas son objectif de faire tomber les Barrera. Nora, la prostituée de luxe, qui veut devenir la meilleure dans son domaine et qui se découvre ensuite un cœur, Callan, la petite frappe irlandaise de New-York, sortie du Parrain pour devenir un engrenage de la CIA, Scachi, l’agent américain, manipulateur et sans scrupules, Parada, l’évêque « rouge » de Guadalajara. Tous ces personnages, on les voit depuis leur débuts et on suit leur évolutions, leurs états d’âmes. Ils sont tour à tour les acteurs, les témoins, les victimes, les bourreaux et font avancer cette fresque grandiose.

Le style de Winslow permet aussi de nous scotcher au livre. Un style direct, des phrases courtes, des dialogues très rythmés. Des cliffhanger et des switchs (pardon, du suspense et des retournements de situations) très nombreux et jamais superficiels. C’est percutant, c’est vif, c’est (très) violent.

Des personnages inoubliables, une histoire passionnante, un style incisif. Une réussite magistrale !
Commenter  J’apprécie          560




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Don Winslow Voir plus

Quiz Voir plus

Neil Young

Tout d'abord, Neil Young est-il...

Américain ?
Canadien ?

11 questions
17 lecteurs ont répondu
Thèmes : Rock (musique) , rêves , musiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}