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Critiques de Dong Xi (18)
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Destin trafiqué

Pas une once d’ennui n’est venue bouder mon plaisir de lecture devant cette épopée chinoise ô combien passionnante et touchante au possible.



Dans un petit village en Chine rongée par la misère, un père (Wang Huai) voue un espoir infini sur son unique fils (Changchi). L’espoir enfin que la lignée Wang sorte de la précarité. Lorsque Changchi échoue de peu à son test d’admission pour rentrer à l’université, son père n’y croit pas. Il fera preuve d’un amour et d’un courage exceptionnels pour que son fils intègre l’université. Il ne peut en être autrement de ce fils si intelligent, il doit aller à l’université, aller vivre en ville, gagner bien sa vie. C’est bien connu, les parents veulent le meilleur pour leur progéniture et souvent ils veulent les voir là où ils ont échoué.

Ce père, guerrier de l’amour, ne lâchera rien. Ses réflexions ténues et répétées, sa façon de s’oublier, de se sacrifier corps et âme pour ce fils rendent l’histoire terriblement attachante.



Je m’attendais à un livre difficile, cruel, noir mais il n’en est rien. L’auteur signe un roman où l’humour y est parsemé pour nous permettre de tenir bon face au destin de ce fils Changchi qui ira de malheurs en malheurs. La situation catastrophique de la Chine nous claque en pleine figure. Oppression, injustice, misère, corruption, il est ici beaucoup question d’argent que les villageois peinent à gagner, même à la sueur de leurs fronts, combien sont-ils à ne pas recevoir leur paie, victimes de richissimes hommes d’affaire sans scrupule.



Ce livre se lit sans temps mort, il est fluide et l’auteur ne s’attarde pas sur des descriptions sans fin. Il va droit au but, dessinant la vie tragique d’une famille en Chine née au mauvais endroit.



Merci à @magielivres de m’avoir donné envie de lire ce roman. C’est une réussite, à mon tour de vous le recommander si je vous recherchez une lecture percutante et efficace.
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Destin trafiqué

Lorsque, né pauvre dans la campagne chinoise, Wang Changchi réussit le gaokao, le concours réputé le plus difficile au monde durant lequel, après des années d’intense préparation, des millions d’étudiants sous pression se disputent l’accès aux universités du pays, le jeune homme réalise le vœu le plus cher de ses parents, eux qui, depuis sa naissance, ont tout sacrifié pour que leur fils échappe à leur misérable condition paysanne et accède au graal d’une carrière administrative en ville.





Pourtant, un autre lui ayant volé sa place en usant de corruption, sans relations et trop désargenté pour lui aussi jouer de pots-de-vin, Changchi se retrouve manœuvre sur des chantiers de construction, trimant pour un salaire de misère, aussitôt englouti dans le loyer de son abject dortoir collectif, quand ses employeurs ne disparaissent pas sans lui payer son dû. Victime d’un accident du travail qui le laisse infirme, pour subsister il se fait remplaçant d’un homme riche en prison, doit se résigner à ce que son épouse fasse « des massages de pieds » la nuit et, dans son obstination à réclamer une indemnisation, se voit floué avec la complicité de juges corrompus, puis menacé par la police pour un crime que l’on voudrait lui faire endosser.





C’est ainsi qu’à peine entrouverte au prix de tant d’efforts, la porte vers une vie meilleure se reclaque violemment au nez de Changchi, les rejetant lui et les siens dans une cascade de déboires qui, malgré leurs efforts obstinés, les conduit irrémédiablement à l’abîme, comme aspirés par la fatalité du destin de pauvres dans cette Chine socialiste où, en vérité, rien ne protège les humbles des pratiques les plus outrancièrement capitalistes, et où la corruption dévoie le fonctionnement des règles sociales.





Alors, puisque dans ce pays « la justice n’existe pas, [que] tout se joue le jour de notre naissance [et qu’]on n’a pas franchi la ligne de départ qu’on a déjà perdu », Changchi ira jusqu’au bout de la logique. Lorsque lui aussi se sacrifiera pour le bonheur de son fils, ce sera en trichant avec le destin. Puisque ce dernier s’avère préfabriqué, il fera de son tout jeune enfant, en le confiant à l'adoption, un oeuf de coucou au sein-même de la très riche et bourgeoise famille de son ancien employeur...





Etonné qu’un roman aussi ouvertement critique à l’égard de la Chine ait pu y paraître, l’on s’immerge avec curiosité dans cette histoire dont les résonances burlesques et sardoniques ne font qu'en rendre plus désespérée l’amère noirceur. Fétus de paille dans un jeu pipé aux mains des puissants, les citoyens lambda, sans parler des paysans méprisés, n’y ont droit qu’à la résignation d’un destin sans espoir, frelaté dans l’oeuf quoi qu'ils fassent...


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Destin trafiqué

Wang Chanchi naît pauvre dans un village pauvre, quelque part dans la campagne chinoise (aucun lieu n'est jamais nommé). Il est le fils de Wang Huai et de Shuangju. Son père veut à tout prix qu'il fasse des études universitaires, mais quoique brillant élève, Chanchi ne peut y accéder car des jeunes gens dont les parents ont les relations qu'il faut lui passent devant. Wang Huai est prêt à tous les sacrifices pour que son fils ne soit pas un paysan pauvre comme lui mais accède au statut de citadin et de fonctionnaire. Il mène, seul, des actions de protestation face aux autorités rectorales, jusqu'à grimper sur un mur et chuter pour faire valoir les droits de son fils. Malheureusement, en pure perte. Que faire, alors ? Aller quand même à la ville et devenir un de ces paysans migrants sous-payés, voire pas payés du tout, pour construire les immeubles qui poussent comme des champignons ? ● Ce roman est fascinant car il nous montre le sort des paysans pauvres en Chine et la manière dont le régime communiste les traite, c'est-à-dire pire que la société la plus capitaliste. ● Ce sont des gens qui ont à peu près autant d'importance que des animaux. ● L'importance de l'argent est soulignée à toutes les pages du roman. Sans argent, et surtout sans relation, on n'est rien. Car ce sont les relations qui permettent de bâtir une fortune. Il faut naître dans la bonne caste. Malheureusement, Wang Huai n'est pas dans la bonne caste, et sa descendance en pâtit sans beaucoup d'espoir de pouvoir changer les choses. ● On voit qu'en Chine aussi lorsqu'on arrive dans un hôpital on vous demande d'abord si vous pouvez payer les soins, et si vous ne pouvez pas, on vous laisse crever, y compris si vous êtes un nourrisson. ● le rêve chinois se bâtit sur des millions de vies piétinées, brisées, tous ces paysans qui fuient la campagne dans l'espoir d'avoir un sort meilleur à la ville, mais qui, là, se font exploiter de façon éhontée. Pour garder la main-d'oeuvre captive, les patrons ne paient les ouvriers du bâtiment que tous les trois ou six mois, voire ne les paient pas du tout. ● Les protestations d'ouvriers non payés ou estropiés dans de terribles accidents du travail sont monnaie courante. ● Il n'est pas rare qu'ils menacent de se jeter du haut de l'immeuble qu'ils sont en train de construire pour faire pression sur le patron et être simplement payés du salaire que leur travail a mérité. Il y a même un commerce de panonceaux de protestation et de cordage pour s'arrimer en haut des immeubles. ● « Des cas comme celui de Wang Changchi étaient loin d'être isolés. Innombrables étaient les ouvriers migrants du bâtiment qui avaient des doigts coupés, souffraient de fractures diverses, de maux d'estomac, d'asthme, de toux, d'hématurie, d'hyperclartés pulmonaires ou d'immunodéficience. Fallait-il offrir une médiation à chacun d'entre eux ? Puisqu'il était entendu que la croissance était une priorité pour le pays, il fallait bien que certains se sacrifient. » ● « Tu sais que des gens se blessent sur des chantiers mais ne touchent pas le moindre dédommagement. Ils ont beau crier leurs doléances pendant des années, un panneau accroché au cou, ils finissent dans une cellule de prison sans qu'on sache comment. Qu'est-ce que le préjudice moral ? C'est un truc brandi par les Occidentaux mais difficile à appliquer. Car ces nouveautés des Occidentaux sont bien souvent corrompues ou décadentes, et ne conviennent pas forcément à la situation chinoise. » ● On voit que la justice est au mieux totalement démunie face à ces patrons voyous, au pire complètement corrompue par eux. Les pauvres n'ont aucun droit. ● « — Mais c'est trop injuste ! — La justice n'existe pas. Tout se joue le jour de notre naissance. On n'a pas franchi la ligne de départ qu'on a déjà perdu. [...] — Alors il faut s'écraser devant l'injustice ? — Oui, laisse tomber. » ● Une des façons d'accéder aux postes bien rémunérés est d'avoir eu des ancêtres ayant participé à la révolution communiste : « s'il fallait chercher un responsable, ce serait ton grand-père. Il aurait dû participer à la Révolution avec les communistes. » ● La supériorité du roman sur le documentaire ou le reportage est flagrante avec ce Destin trafiqué, car le mode narratif nous permet d'entrer dans la chair et le coeur des gens, et pas seulement d'en avoir une vue extérieure. ● Nous sommes aussi emportés dans une dynamique narrative remarquable car Xi Dong est un grand conteur et nous entraîne sans temps mort dans l'histoire racontée. ● Peu médiatisé, un peu à l'écart dans cette rentrée littéraire dont les têtes d'affiche occupant tout l'espace médiatique sont à mon avis bien faibles et décevantes, voilà un livre que je recommande vivement.
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Destin trafiqué

Un livre coup de poing sans hésitation.

Mais commençons par le commencement : j'ai lu la critique de Christophe_bj. Sans hésiter j'ai acheté le bouquin, alors que c'est rare que je me jette sur un livre, j'attends un peu, je traîne, j'ai toujours un livre à lire... mais là je ne sais pas pourquoi mais j'ai su que ce livre me plairait.

Avant de parler du récit, un petit point sur ma lecture : elle a été lente, très lente pour une raison très simple, impossible de lire ce livre très noir d'une traite. J'ai été obligée d'intercaler d'autres livres. La dernière fois que ça m'était arrivé c'était pour "Cercueils de zinc" de S. Alexievitch. C'est tout dire.....

.

Donc un récit noir.... très noir...

La Chine d'aujourd'hui. Franchement la France du 19e décrite par Zola paraît autrement plus solidaire, équitable et sympa pour les ouvriers, les paysans et les sans grades.... Je ne l'aurais pas imaginé avant de lire ce livre. Marx doit se retourner dans sa tombe car pour moi on est dans le libéralisme le plus violent, virulent, broyant qu'il puisse exister. Même les Etats-Unis m'ont fait l'effet d'être un havre de marxisme à côté !!! C'est dire !

Mais revenons à l'histoire (vous ai-je dit qu'elle était noire cette histoire ?) : Changchi est fils de paysans, petit-fils de paysans donc campagnard (interdit de ville, "migrant" dans son propre pays).... mais il est aussi doué, intelligent, brillant. Il a obtenu la note maximale lui ouvrant normalement la porte des universités chinoises. Et là commence l'injustice : fils et filles de l'élite lui passent devant avec des notes moindres voire carrément insuffisantes.



Il est paysan et n'a pas droit aux études.

Il est pauvre et n'a pas droit à l'hôpital.



Le début est noir, la suite pire et plus on avance plus on découvre l'horreur de la situation chinoise actuelle (qui quelque part se prive de talents comme notre héros). Injuste, violente, égoïste.

Si pour moi la Chine était inéquitable, j'avais une vision sans doute un peu grossière.... J'ai découvert plus précisément ces vies broyées.... ces humains traités comme des objets jetables.... ce qui aboutit aux décisions les plus extrêmes, les plus violentes, les plus douloureuses (à pleurer !)....

Chaque page est dure mais nécessaire.

Plus j'avançais plus je me demandais comment allait finir ce livre....

.

Merci Christophe pour cette belle (mais dure) découverte que je viens déjà de passer à mes parents....
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Destin trafiqué

Une histoire à faire pleurer dans les chaumières, digne de Zola, mais dans la Chine du XXIème siècle. La Chine a beau être encore officiellement socialiste, la corruption, dans tous les domaines et à tous les étages, associée à des mentalités traditionnelles, fait que le destin d'un pauvre de la campagne est d'être, dans un univers devenu capitaliste, encore plus pauvre que ses parents. Tout se monnaye, des soins de santé de base à l'accès à l'éducation, la police et la justice ne sont que des mots, des façades. Ce roman m'a de prime abord peu accroché, essentiellement parce que je n'ai pas réussi à éprouver d'empathie pour les personnages faute de les comprendre vraiment. Heureusement le récit n'est pas dénué d'humour, de type cynique et grinçant (j'adore !) ce qui compense l'exotisme des comportements, des réactions et des sentiments : peu de solidarité, aucune compassion, nécessité de ne pas avoir honte, de ne pas perdre la face. Et tous les personnages trouvent ça normal ! Comment comprendre que les villageois soutiennent Changchi contre la police pour quelques jours plus tard, alors que rien n'a changé, le pousser à se rendre à la police ? A défaut de comprendre les grands-parents et parents, il faut bien avouer que la fin, qui justifie totalement le titre, m'a scotchée. Le dernier chapitre compense largement la pénibilité de lire un texte aussi désespérant selon mes critères d'occidentale.
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Destin trafiqué

Ouvrir "destin trafiqué" c'est faire connaissance avec le jeune Changchi et suivre son histoire dans une Chine où la misère sociale et la corruption sont omniprésentes.

Il s'agit bien d'un roman et non pas d'un essai sur la Chine, il y a donc sûrement des inventions mais cela donne une idée sur ce que peuvent vivre certains Chinois.

Le jeune Changchi, originaire de la compagne vient d'obtenir ses notes pour entrer à l'université, il peut donc prétendre à son admission. Toutefois malgré ses notes il sera refusé alors que d'autres ayant des notes inférieures seront acceptés.

Devant cette injustice flagrante ,son père Wang Huai ne va pas baisser les bras, il va se battre avec une détermination sans faille.

Une entrée à l'université, c'est une porte vers une ascension sociale rêvée, une vie meilleure.

Je ne vais pas ici raconter l'histoire mais ce jeune Changchi va jouer de malchance et les embûches vont se succéder. Échapper à sa condition sociale ne se fait pas d'un claquement de doigts, ni par la volonté et l'acharnement, il faut parfois user de stratégie "inhumaine".

Ce roman est plein de rage, de recherche bien vaine de justice, de beaucoup, beaucoup de malheurs, de drames.

Ma difficulté a été par moment de ne pas me perdre dans les noms qui ne me sont pas familiers et qui m'ont alors demandé un effort de mémoire pour m'y retrouver mais il ne faut pas lâcher le livre. Plus on avance, plus on est pris par l'histoire de ce jeune Changchi qui rencontrera Xiaowen, la mère de leur futur enfant...
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Destin trafiqué

Naître pauvre et à la campagne en Chine n'est vraiment pas la meilleure façon de s'assurer une belle vie.

Le héros de ce roman est un jeune homme qui, malgré ses origines modestes, vient de réussir le concours d'entrée de l'université, mais sa place va finalement être prise par un autre candidat, ayant des relations.

Il va donc devoir essayer de vivre ou plus exactement de survivre en ville, sans qualification, sans argent, et surtout sans aucun appui, ce qui va s'avérer "mission impossible" dans une Chine où le pouvoir de l'argent est immense, où il faut forcément connaître les bonnes personnes, et où la corruption existe à tous les niveaux et dans tous les domaines.

La vie de ce jeune homme sera donc extrêmement difficile, on le verra devenir ouvrier, avoir de gros soucis de santé, devoir se battre contre ses patrons et l'administration, le tout, en vain.

On découvre que les pauvres ne sont rien, ne valent rien et que leur vie est insignifiante aux yeux des plus riches. Il n'ont aucun droit, ne peuvent prétendre à rien, même à ce qui semble aller de soi, comme un peu de compassion. Que ce soit devant les tribunaux où ils n'ont jamais gain de cause où à l'hôpital où ils doivent prouver qu'ils ont de quoi payer les soins avant même qu'on accepte de les examiner, les plus démunis sont à la merci d'un système qui les broie.

J'ai aimé suivre la vie de ce jeune chinois, malgré un thème qui n'est pas réjouissant et une histoire qui s'enfonce de plus en plus dans le tragique à chaque page.

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Destin trafiqué

Le père du pauvre campagnard Wang Changchi s'est ruiné en vain pour que son fils accède à l'université, à la ville et ce dernier fera de même, quitte à mendier, à maçonner pour un salaire de misère, à accepter que sa femme vende son corps, quitte à vendre un rein ou même son enfant.



Cette histoire de pauvres ne tombe pas dans le misérabilisme et se rapprocherait même parfois de la comédie. Je l'ai trouvée pauvre en sentiments et en empathie.



Pauvres également m'ont parus l'inspiration, la trame.

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Destin trafiqué

Un livre poignant, on en ressort pas indemne du Destin trafiqué de Dong Xi.

Premier livre de cet auteur, je ne regrette absolument pas cette découverte.



Très pauvre, la famille Wang, vit dans la campagne chinoise. Shuangju, la mère, s'échine chaque jour, dans leur champ pour essayer de survivre.

Leur rêve est que leur fils puisse intégrer l'université et avoir un bon métier.

Malgré les points obtenus, Wang Chanchi, n'aura pas le droit de faire des études, sa place a été prise par une autre personne qui avait des appuis bien placé.

De ce jour, son père, Wang Huai sera prêt à tout pour qu'il puisse avoir une situation plus enviable que la sienne. Rester des jours devant le bâtiment, se faire remarquer en sautant d'un balcon...Toutes ces personnes, qui le regarde par la fenêtre de leur bureau restent impassibles.



Il poussera toujours son fils à aller vers la ville, mais la vie est dure. Très peu de métiers s'offrent à lui. Maçon, pour des patrons qui n'ont rien à faire de leurs employés. Ils sont traités pire que des animaux, aucune contestation, payés tous les trimestres ou semestres, quand ils le sont, tout est corrompu , les patrons, les policiers...



Le travail est très dur, quand ils sont malades, blessés, à l'hôpital si on ne paie pas d'avance, ils ne sont pas soignés, tout est retors.

Pour réussir, il faut être né dans une famille qui a des pouvoirs ou de bonnes relations.



Pas une page de ce livre ne se tourne, sans qu'il soit question d'argent. Tout le monde est prêt à faire n'importe quoi, pour essayer de sortir de la misère, ne serait-ce que pour pouvoir manger.

Dans cette chine communiste, être pauvre n'est pas une sinécure.



Tout se calcule, un mariage, avoir un enfant, les frais d'examens, l'accouchement, tout se prévoit si on peut.



J'ai été très touchée par cette famille, qu'on suit jour après jour, qu'on regarde se débattre dans un océan de problèmes incommensurables. Un sentiment de mal être, m'a accompagné à la fin de cette lecture, envers toutes ces personnes, qui restent insensibles devant tant de misère. Cette pauvreté vous prend aux tripes.

Ce n'est certainement pas le seul pays où tant de gens sont malheureux. C'est criant de vérité.



Ce livre m'a attiré suite aux magnifiques avis de Christophe_bj et LePamplemousse. Merci à eux.



Je pense que ce récit plaira à mon amie Jessica.



Je vous le conseille, très bien écrit, on ne s'ennuie pas une minute. Bonne lecture à tous.



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Destin trafiqué

Destin trafiqué est un roman social au ton critique et à l’humour noir décapant !



Changchi est un très bon étudiant, il réussit sans trop de difficultés son examen d'entrée à l'université mais voilà qu'à l'annonce des résultats, aucune place ne lui est attribuée. Il se retrouve sans rien, et on lui conseille de refaire sa dernière année de lycée. Le désespoir le frappe mais c'est surtout son père qui le vit très mal, lui qui avait placé tous ses espoirs en son fils, qui voit en lui un génie qui partira s'installer à la ville et coulera des jours heureux dans l'aisance. Commence alors toute une mésaventure de protestations, de piquet de grève, de lamentations pour lui obtenir une place...en vain. Vaincus, ils retournent tous les deux à la campagne, aigries de cette expérience. Le fils poussé par le père retourne alors en ville pour tenter de gagner sa vie, de s'accomplir et d'aider ses parents et son village. C'est le début pour lui de nombreuses aventures, de mauvaises rencontres, des premiers émois. Ce jeune homme aura à cœur de toujours se comporter en honnête homme, de faire la fierté de ses parents et tentera de saisir du bout des doigts ce fantasme de vivre en ville.



Ce roman est une vraie comédie humaine, où chaque personnage nous entraîne avec force et émotions dans leurs vies, dans leurs tourments, où à chaque fin de chapitre se dresse une nouvelle épreuve. L'auteur dénonce les difficultés auxquelles font face les gens de la campagne pour se faire une place en ville, pour accéder à l'université, il aborde aussi le sujet de la corruption, des accidents de travail, et des salaires non versés, ce sentiment d'injustice, ce système judiciaire bancal qui favorise les riches et abandonne les pauvres. Le ton ne tombe jamais dans le pathos, l'auteur parvient toujours à nous faire rire même dans les pires situations, la langue chatoyante, très orale rend le récit très vivant et accentue le côté "comédie" du roman.



Un gros coup de cœur !
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Destin trafiqué

Roman extrêmement triste et sombre que nous offre Dongxi. Il nous dépeind ici une société chinoise cruelle où les écarts sociaux sont flagrants et le fait d'être né pauvre impactera toute la vie d'une personne.



Nous suivons les soubresauts du destin de Wang Changchi qui va de mésaventure en mésaventure. Ce jeune homme n'a pas la chance (et surtout les guanxi -> contacts) de son côté. Sa vie sera marquée par la souffrance et les injustices.



Il est indéniable que ce roman est important, tant par rapport au personnage principal mis en scène (un homme issu du petit peuple, qui a des difficultés à joindre les deux bouts, et toujours perdants face aux riches) que par rapport à la dénonciation faite par l'auteur des travers de la société chinoise : corruption à tout va (police, hôpital, organes de l'État, université).

Néanmoins ma lecture a été difficile : trop de noirceur, trop de scènes incongrues. Je sais bien que la vie des pauvres en Chine est une lutte acharnée quotidienne, mais je trouve que Wang Changchi fait face à trop de déboires pour un seul homme. J'ai eu besoin de faire des pauses dans ma lecture de ce roman pour me tourner vers des histoires plus légères et oublier un temps la cruauté du monde qui est dépeinte par Dongxi.



*lu en VO*
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Destin trafiqué

Les lecteurs enamourés de la prose du grand auteur chinois Yu Hua (Brothers, Vivre !, etc) espèrent impatiemment un nouveau livre de lui mais, en attendant, ils peuvent toujours se plonger dans Destin trafiqué de Dong Xi, qui est loin d'être un palliatif, et dont le style et les thématiques rappellent ceux de son glorieux aîné (de 6 ans seulement). En particulier, la noirceur mélodramatique du roman, largement contrebalancée par une truculence et un humour très présents qui font mieux passer, si l'on ose dire, les mille et une tuiles et avanies qui s'abattent sur Changshi, le héros malheureux et malchanceux du livre. Il faut dire que ce dernier est mal parti dans la vie, avec des parents pauvres et vivant à la campagne, dont il est le fils unique, porteur d'immenses espoirs. Rien ne sera épargné à Changshi et à sa famille, dans leur utopique quête d'ascension sociale, et surtout pas des humiliations constantes de la part des plus riches qu'eux et d'une administration qui n'a que mépris pour leur condition misérable. Dong Xi écrit un procès à charge contre un système pourri jusqu'à la moelle et une société où l'argent et donc le pouvoir sont rois, un comble pour un régime prétendument communiste. A vrai dire, un terme qui ne figure pas dans le livre résume à peu près tout : corruption. Elle est présente à tous les étages : éducation, police, justice, entreprise, etc. Par bonheur, répétons-le, la crudité et parfois gaillardise de l'écriture de Dong Xi atténuent quelque peu le pessimisme pourtant prégnant de Destin trafiqué, jusqu'à sa conclusion d'une ironie extrême.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Destin trafiqué

Avez-vous déjà vu ces tableaux d'artistes contemporains chinois que l'on regroupe sous l'appellation de "réalisme cynique" ?

Ce mouvement pictural a regroupé des artistes de Pékin qui se sont mobilisés après la répression de Deng Xiaoping sur la place Tiananmen en 1989.

Les peintures de Fang Lijun représentent des hommes, parfois multipliés comme des clones, aux visages déformés par des grimaces. Ses personnages chauves au visage bouffi, la bouche grande ouverte par le rire, l'ennui ou la douleur, donnent l'impression d'être terrifiés par une menace invisible ou abattus par les épreuves qu'ils rencontrent.

Quant à Yue Minjun, il peint des hommes hilares, aux bouches gigantesques, dans des décors variés et des couleurs fluo. Mais ces rires démesurés ne sont pas convaincants et relèvent, davantage de la satire. Ainsi dans la série "Hat", où il se peint avec différents couvre-chefs, on comprend qu'il tourne en ridicule les normes sociales et les protocoles bureaucratiques.



La lecture du roman de Dong Xi me fait penser à ces tableaux. Je ne sais pas s'il existe un mouvement littéraire qualifié de réalisme cynique, mais le terme me semble convenir admirablement à ce "Destin trafiqué".

L'univers de Dong Xi est sombre, ses personnages traversent des épreuves terribles aux confins de l'absurde mais les événements tragiques sont désamorcés par un humour noir bien particulier qui dédramatise la souffrance du personnage en le plaçant dans une situation cocasse.

Confrontés à une Chine corrompue par l'argent, la famille de Changchi, une famille de paysans pauvres, va devoir affronter les humiliations et les injustices. Alors qu'il est un étudiant brillant qui a gagné le droit d'entrer à l'université, son ticket d'entrée sera donné à un jeune homme dont la famille est fortunée.

D'emblée, on entre dans la satire socio-politique et dans la dénonciation d'un système injuste qui fonctionne sur l'argent plus que sur le mérite, et qui ne donne pas la possibilité de s'elever socialement. Le thème de l'individu impuissant face à une société qui l'asphyxie est ainsi décliné tout au long du roman.

Le réquisitoire de l'auteur s'adresse à l'ensemble de la société chinoise : au système d'éducation qui ne remplit pas son rôle d'ascenseur social, au système de santé gangrené par l'argent, à la bureaucratie qui complexifie les relations humaines et aux individus eux-mêmes qui sont plus préoccupés par leur fortune personnelle que par la solidarité ou même par l'honnêteté et la dignité.



Lutte des classes et corruption générale : la Chine d'aujourd'hui n'est pas épargnée.

Alors les grimaces des personnages, regardés parfois comme des êtres pitoyables, sont peut-être excessives afin de détourner la censure ?

Car cette famille de paysans est parfois grotesque dans sa manière d'aborder les épreuves et l' auteur ne les ménage pas, même si on n'a aucun doute sur son empathie et sur son soutien.

Comme les personnages de Fang Lijun, la démesure et le rire sont des moyens de dissimuler l'impuissance des hommes face à une société injuste et inégalitaire. Grâce à un décalage humoristique, l'auteur réussit à mettre à distance les souffrances de la famille pour mieux en mesurer l'iniquité et justifier leur révolte.
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Destin trafiqué



Si vous doutez encore de l’omniprésence de la corruption en Chine, ce roman vous apportera des éléments qui devraient vous convaincre.

À chaque étape de la vie, il faut payer un fonctionnaire : se faire soigner, trouver du travail, recevoir son salaire, entrer au jardin d’enfants, obtenir réparation, etc. Si bien que l’ambition ultime est de devenir fonctionnaire.

C’est pourquoi, notre antihéros Wang Changchi et sa famille rurale estiment que la ville leur apportera le Graal.

Mais Wang Changchi subit la misère induite par le système économique chinois. Sacrifié sur l’autel d’un communisme libéral, il incarne l’entité de production dont la vie n’a de valeur que si elle en rapporte bien plus à la collectivité. Et encore.

J’ai été surprise que ce roman ait été écrit par un auteur chinois résidant en Chine. Il semble qu’il n’ait pas rencontré la sanction de la censure.

Est-ce le ton ? Je l’ai trouvé assez naïf. Le personnage émet parfois quelques critiques du système mais, le plus souvent, il se débat dans la culpabilité et le fatalisme.

Il est cependant très lucide sur les voies à emprunter pour connaître la réussite sociale. C’est l’amour pour son enfant qui l’amène au sacrifice ultime.

Les situations sont déchirantes, les choix de vie inimaginables pour les lecteurs occidentaux. Les personnages sont d’autant plus attachants qu’il ressort de l’angle adopté par l’auteur une authenticité qui ne laisse aucun doute sur le réalisme du propos. Suscitant la commisération, les mésaventures (quel euphémisme !) de Wang Changchi sont parfois insoutenables d’injustice.

C’est l’ironie et l’humour noir de l’auteur qui permettent de mener cette lecture à son terme.

Ce roman m’a fait penser à La Ferme des animaux de George Orwell, non pas pour le procédé narratif mais pour la mise en avant de l’hypocrisie de ces dictatures qui cherchent davantage à entretenir une élite qu’à donner à son peuple.





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Destin trafiqué

De prime abord, j’aurai dit :

-mon dieu, tout ce qui arrive à Wang Changchi, trop c’est trop, l’auteur est excessif

-je n’arrive pas à m’identifier à ce personnage que je trouve naïf, empoté, influençable, voir même bête



Mais ça c’était avant d’avoir lu le livre dans son intégralité, de l’avoir digéré et d’y avoir réfléchi à froid.



Wang Changchi, bien au delà d’être un jeune campagnard qui souhaite rentrer à l’université pour travailler à la préfecture et ce afin de conjurer le sort de sa dynastie tel que le lui "ordonne" son père , représente presque l’ensemble de la jeunesse rurale chinoise.



Il a fallu que je comprenne qu’il me fallait oublier notre mode de pensée occidentale pour comprendre toute la richesse de ce roman. De mon point de vue, à travers le ton sarcastique de sa plume, l’auteur à voulu dépeindre les espoirs, les illusions, désillusions de toute cette société rurale chinoise, étiquetée, muselée, sans cesse renvoyée à sa condition et pour qui la progression sociale est tout bonnement "interdite" par les nombreux barrages érigés sur leur chemin.



Avec un seul personnage, Dong Xi nous rend témoin de toutes les embûches et injustices dont peuvent êtres victimes les jeunes ruraux chinois qui souhaiteraient se sortir de leur condition. Échapper à son destin dans un pays où tout est codifié, étiqueté et où tout vous ramène à d’où vous venez et où vous êtes né...



"Trafiquer" son destin est il permis ? Si oui à quel prix ? Et surtout qui en fixe le prix et les conditions ?

Et enfin une vie (ou une génération) peut elle suffire à y parvenir !



Voilà les réflexions de l’auteur, puis ses constats, qu’il m’a semblé percevoir à la lecture de ce roman au travers de l’histoire de Wang Changchi et de sa famille.



Je ne regrette pas d’avoir lu ce roman et le recommanderai à qui s’interroge sur le fatalisme dans certaines cultures du monde.
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Destin trafiqué

Quelle épopée, quelle tragédie que ce destin d'enfant prodige qui se muera en enfant prodigue bien malgré lui. Nous sommes en Chine, la vie de paysan est dure et un père est prêt à tout pour la réussite de son fils. Mais il se heurte à la corruption, l'envie, le fonctionnement inique de la société qui broie les idéalistes. C'est une tragédie mais remplie d'humour et de cynisme, on reste ébahis devant ces personnages entiers, qui se jettent dans le bourbier sans savoir nager. Le final, dans sa réalité, dans ce qu'il dit de cette société ( et peut-être aussi de la nôtre) est excellent. Voilà un livre noir qui donne le sourire, car les personnages ne le perdent presque jamais, ballons d'espoirs dans un ciel d'orage.
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Destin trafiqué

Les romans chinois qui arrivent jusqu'à nous sont écrits par des conteurs, que ce soit Mo Yan, Jia Pingwa, ou Yu Hua ils racontent des histoires, tristes ou gaies elles sont pleines de vie, d'humour, souvent grinçantes et toujours riches d'enseignements sur la vie en Chine.

Destin Trafiqué ne fait pas exception, Dong Xi a imaginé un héros de notre temps qui passe par tous les malheurs qu'un pauvre peut subir dans l'impitoyable société chinoise, mais avec un humour vif et cynique qui nous évite une lecture éprouvante.



Wang Changchi est un fils de pauvres paysans qui, bien que bon élève et par la faute d'une sorte de parcoursup à la chinoise, n'arrive pas à intégrer l'université qui lui aurait permis d'échapper à sa condition. Wang Changchi volontiers défaitiste accepterait son sort mais Wang Huai son père va décider que cette injustice ne saurait être tolérée et va aller à la ville harceler les autorités pour que son fils soit intégré. Ainsi va commencer une lutte entre un pot de terre contre le pot de fer de la société chinoise qui n'aime guère les récalcitrants.



A partir de là tout va déraper, les malheurs vont s'abattre sur la toute la famille qui va se heurter au mal numéro un du pays : la corruption. En Chine tout se paye sous la table, sans argent pas moyen d'être soigné, impossible d'échapper à la police et à la justice qui condamnent ceux qui sont sans le sou. La famille Wang aura beau se saigner aux quatre veines elle n'aura jamais assez pour corrompre au bon endroit et au bon moment.

Changchi va travailler comme un boeuf, souffrir dans sa chair, avec l'aide indéfectible de ses parents prêts aux dernières extrémités pour l'aider, arrivera-t-il à sortir la tête hors de l'eau et à assurer l'avenir de sa femme et de son fils ?



A cela s'ajoute la lutte des campagnes contre les villes. Dans les campagnes résistent les traditions confucéennes qui privilégient les solidarités familiales et le respect des anciens ainsi que des restes de chamanisme que l'on n'hésite pas à réactiver. A l'inverse les villes impersonnelles n'ont plus de passé et ne connaissent que les rapports de forces financiers.



Transposé de nos jours Destin Trafiqué rappelle les romans du XIXème où le sort s'acharne sur les braves gens, où les méchants n'ont aucun scrupule et sont soutenus par une société qui ne fait pas de sentiments. Les rebondissements ne manquent pas mais ne sont jamais à l'avantage de la famille Wang qui semble devoir boire le calice jusqu'à la lie.



Heureusement, pour éviter la déprime, le lecteur peut se raccrocher à l'humour noir de Dong Xi qui désamorce des situations qui autrement feraient du roman un insupportable mélodrame.

Au fond ce qui est le plus étonnant c'est la franchise avec laquelle Dong Xi raconte la corruption, tout s'achète en Chine, c'est le règne du bakchich au quotidien dans la vie de tous les jours. Il est surprenant qu'un écrivain puisse aussi librement aborder ce fléau. A moins que cette dénonciation littéraire ne fasse partie de la reprise en main par le pouvoir.

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Destin trafiqué

Je me suis laissée tenter par les critiques dithyrambiques de ce livre, mais ai vite été refroidie par l'ambiance sans foi ni loi, le cynisme prégnant, la noirceur "jusqu’au-boutiste" de ce roman.

J'ai eu l'impression de lire du Émile Zola à l'asiatique, quand au fil des pages, on pense que ça ne pourra pas être pire (et pourquoi pas aller même un peu mieux), et bien non, l'auteur nous amène toujours plus loin dans les bas-fonds de l'âme humaine.

Ce roman est une critique acerbe de la société chinoise, et une chose est sure, il ne m'a pas donné envie de visiter le pays !
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