AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Edmond Baudoin (314)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Viva la vida

C'est si fragile et si fort une vie.

-

Cet ouvrage constitue un récit complet indépendant de tout autre. Sa première édition date de 2011. Il a été réalisé à quatre mains pour le scénario et les dessins, par Jean-Marc Troubet (Troubs) et Edmond Baudoin. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, comptant 124 planches. Le tome s'ouvre avec un texte introductif de 2 pages, rédigé par Paco Ignacio Taibo II, commençant par quelques paragraphes sur l'histoire de la ville de Ciudad Juárez, puis continuant avec la démarche des auteurs : ils ont la vocation de marcher et de raconter, de recueillir et de donner la parole à ceux qui ne l'ont pas. Il explicite également ce qu'il trouve d'unique dans la bande dessinée en tant que moyen d'expression : un langage où se mêlent les réflexions, les dialogues images, l'objectivité et la subjectivité.



Troubs est dans son fauteuil en train de lire le journal. Il repense au dernier festival international de la bande dessinée à Angoulême où Baudoin lui a reparlé de ce voyage. Ciudad Juárez : tout au nord du Mexique, l'endroit le plus fréquenté de la frontière, le Rio Grande coupe la ville en deux, et côté américain c'est El Paso. Ça sonne comme dans les westerns, mais ce n'est pas un western, c'est pour de vrai. Troubs a lu que c'est la ville la plus dangereuse du monde, 20 meurtres par jour en moyenne, les gens ne sortent plus après le coucher du soleil, les gangs et l'armée se battent pour contrôler la ville. Il se souvient d'une discussion avec une femme travaillant pour le Haut-Commissariat pour les Réfugiés, au Burundi : rien n'arrête le vent de la mort et il souffle au-dessus des frontières. Baudoin est assis dans son fauteuil et il repense à une déambulation sur une plage de Tanger, le vent soufflant le sable qui se précipite vers la mer, les deux vagues en furie s'embrasant, le mariage de l'Atlantique avec l'Afrique. Il se souvient de dizaines de garçons s'entraînant avec un ballon sur la plage, et il s'interroge sur les kilomètres de fil de fer barbelé qu'il faudrait déployer au milieu de la Méditerranée pour interdire à l'Afrique d'accoster sur les rives de l'Europe.



Ciudad Juárez : la frontière des frontières ? Le corps d'une femme atrocement mutilée retrouvée au petit matin. Une grande quantité d'entreprises du monde riche s'y est installée : les maquiladoras. Là travaillent des femmes venues de toute l'Amérique Latine, de la main-d'œuvre très bon marché pour le marché mondialisé. Près de 500 femmes assassinées depuis 1993 à ce jour, alors que la page en question est réalisée en juillet 2010. C'est en partie à cause, ou grâce à un livre 2666 de Roberto Bolaño, un immense écrivain chilien décédé en 2003, que Baudoin a eu envie d'aller à Ciudad Juárez. L'idée : trouver des lieux où on peut dessiner. Faire le portrait de ceux qui voudront bien, leur demander : Quel est votre rêve ? Dire la vie dans cette ville où on meurt. Le voyage commence à Culiácan le premier octobre 2010.



Il est possible que le lecteur soit attiré par cet album du fait des auteurs qu'il a pu apprécier par ailleurs, ou pour le thème. Ils ont choisi de se rendre à Ciudad Juárez, pour rencontrer les habitants. Dans sa partie introductive, Edmond Baudoin (né en 1942) explique leur projet : demander à un habitant quel est son rêve, et lui offrir son portrait réalisé sur place. Les deux prologues permettent de comprendre le principe de leur collaboration, de la réalisation de cette bande dessinée à quatre mains. Ils vont la construire ensemble, chacun réalisant ses pages, ou ses parties de page, relatant leur expérience avec leur subjectivité propre. Chacun a réalisé son prologue propre, ce qui permet de repérer leurs caractéristiques graphiques personnelles, mais celles-ci fluctuent un peu en fonction des séquences, ne donnant pas l'assurance d'avoir l'a certitude de qui est quelle page. En cours de route, ils introduisent un signe distinctif pour savoir qui parle : un logo de tortue pour Troubs, un de chèvre pour Baudoin, mais dans le fil de l'ouvrage, ils n'y ont recours que deux ou trois fois. À l'épreuve de la lecture, la coordination entre les deux auteurs devient patente, car le lecteur n'éprouve jamais la sensation de passer d'un point de vue, à un autre fondamentalement différent, jamais en opposition, une sensibilité commune en phase. Il plonge dans un carnet de voyage à Ciudad Juárez, mais pas un voyage touristique, ni une étude sociologique sur la criminalité systémique, simplement aller à la rencontre des gens.



Dans chaque prologue, le lecteur prend contact avec la personnalité des deux auteurs, dans leur manière de dessiner : des dessins descriptifs avec des contours un peu flottants par endroit, un usage un peu charbonneux par endroit du noir. Le lecteur peut déceler que Baudoin se montre graphiquement plus aventureux par moment, ses dessins pouvant s'aventurer vers l'abstraction, comme lors de la rencontre entre le sable soulevé par le vent et la vague d'eau de mer. Il note également que les deux auteurs ne se sentent pas contraints à s'en tenir à des cases disposées en bande, avec des phylactères. Dès son introduction, Troubs passe en mode : des cases avec uniquement des cartouches de texte pour évoquer son souvenir du Burundi. Baudoin commence sous la forme de deux cases de la largeur de la page, avec une ou deux lignes de texte en dessous. En planche 13, la case montrant la collision de la vague de sable contre celle d'eau relève plus du domaine de l'abstraction que descriptif et l'image n'acquière son sens narratif qu'au regard de la case au-dessus d'elle et du commentaire en-dessous.



Tout du long de ce carnet de voyage, le lecteur ressent de la surprise en découvrant des images ou des séquences visuellement originales et mémorables : les ballons de foot comme suspendus en l'air, le trombinoscope de 40 jeunes femmes en planches 20 & 21, la reproduction de l'affiche d'une inauguration, des cases de la largeur de la page montrant le paysage naturel dans la région (planches 50 & 51), la représentation d'une communauté en train de danser utilisant deux pages (planches 52 & 53) en format paysage (il faut tourner la BD d'un quart de tour), un mode de dessin passant à une figuration très simplifiée pour la cérémonie des remerciements (planche 58) avec des individus portant un masque intégral d'aigle, des représentations d'individus comme collées sur une page sans aucune bordure (planches 70 & 71), la reproduction de peintures rupestres (planche 75), une photographie tout juste retouchée, 4 planches dessinées par deux bédéistes locaux, etc. S'il est familier des ouvrages de Baudoin, le lecteur retrouve ici toute sa liberté formelle dans sa façon d'envisager une narration en bande dessinée.



Par rapport à ses attentes, le lecteur se rend compte qu'il ne contemplera pas les portraits réalisés par les deux artistes, juste quelques facsimilés de petite taille, pour une partie des personnes accostées. Lors du prologue, les deux auteurs placent leur carnet sous le thème de la violence subie par les populations et en particulier les femmes, et sous celui des migrants. Au début du séjour au Mexique, ils commencent par rendre visite à Florence Cassez, ressortissante française, alors accusée d'enlèvement, séquestration, délinquance organisée et possession d'armes à feu et de munitions à l'usage exclusif des forces armées, et condamnée à 96 ans de prison, ramené à 60 ans en 2009. Les auteurs évoquent à la fois des éléments culturels, et des événements d'actualité, comme l'écrivain Roberto Bolaño (1953-2003), Vargas Llosa, prix Nobel de littérature 2010, Paco Ignacio Taibo II (écrivain, militant politique, journaliste et professeur d'université hispano-mexicain, auteur de roman policier), ou la peine de prison de Florence Cassez, l'intervention de Nicolas Sarkozy pour la faire libérer, les unes du quotidien relatant le nombre de tués durant la nuit. Ils exposent quelques éléments de géopolitique comme les maquiladoras, les tentatives d'immigration clandestine pour passer à El Paso e l'autre côté du Rio Grande, un rassemblement des peuples premiers, le 6 novembre journée nationale de souvenir et de lutte contre les assassinats et les enlèvements de femmes.



Le lecteur accompagne donc les auteurs à la rencontre des personnes dans la rue, dans un bar, dans une maquiladoras, à suivre une personne ou une autre qui leur sert de guide. Il comprend que leur compréhension de la langue espagnole est un limitée, et qu'ils la parlent mal. Il apprécie qu'ils se montrent attentionnés pour expliquer où ils se rendent, quels sont les personnes qu'ils rencontrent, en quelques phrases courtes. Il assiste bien sûr à la proposition faite par les artistes aux personnes à qui ils s'adressent, en découvrant leur réponse quant à leur rêve. En cours de route, les auteurs apprennent qu'un journal national avait déjà effectué la même démarche : demander à des élèves de collège d'exprimer leur rêve pour leur vie d'adulte, et retourner les voir une dizaine d'années plus tard pour savoir ce qu'il en était advenu. Cela produit un effet de relativisation sur les rêves qui leur sont formulés. Cette forme de voyage et de prises de contact avec la population locale offre une vision très directe au lecteur. En découvrant les différents rêves ainsi exprimés, il y voit des besoins primaires, pouvant lui faire penser au premier étage de la pyramide d'Abraham Maslow. Cela a pour effet de révéler toute la force d'une observation formulée en cours de route : C'est si fragile et si fort une vie. Le ton n'est pas misérabiliste : les auteurs mettent en lumière la force vitale de chacun, cette énergie qui permet d'affronter chaque jour dans un milieu hostile où une mort arbitraire peut venir y mettre un terme, où le système socio-économique est défavorable à l'individu, entre insécurité, précarité, dans un environnement qui n'est ni stable ni prévisible, pétri d'anxiété et en crise. En découvrant certains témoignages, le lecteur sent les larmes lui monter aux yeux, l'émotion le prendre à la gorge. À d'autres moments, il est confondu d'admiration devant le courage banal et quotidien de l'un ou de l'autre, par la possibilité de vivre malgré tout.



Se rendre dans la ville la plus dangereuse du monde et demander aux habitants à quoi ils aspirent, en échange d'un dessin. Le lecteur se plonge dans ce carnet de voyage réalisé par deux créateurs et il découvre un témoignage beaucoup plus riche que ce à quoi il s'attendait : la liberté formelle de la mise en images, la simplicité du contact humain, les éléments de contexte présentés tout naturellement, une sensation déconcertante de toucher du doigt une des dimensions essentielles de l'existence, sans dramatisation larmoyante, sans se voiler la face. Une expérience de lecture d'une rare vérité, en toute honnêteté.
Commenter  J’apprécie          193
Mat

J’ai toujours du plaisir à retrouver le pinceau presque sec de Baudoin, son trait est chargé d’émotion, de délicatesse et de sincérité, à l’image de ses histoires. Mat est un garçon un peu solitaire et sauvage, il joue au foot avec les enfants d’émigrés, et se retire soigner la buse qu’il a recueillie, il vit seul avec son père, un ours mal léché, ancien de la guerre d’Algérie, raciste et acariâtre. Dans ce tableau sombre se dégage une force de sensibilité et de poésie, servie par le trait élégant et brut, et toujours très juste. Mat nous émeut, nous bouleverse. C’est une belle histoire, un peu mélancolique et non dénuée d’espoir, le genre de lecture qui fait du bien, à condition de savoir apprécier la magie de ce coup de pinceau.

Edmond Baudoin me l’a dédicacé en direct, trempant son pinceau sur un morceau d’ouate imbibée d’encre de chine, pour qu’il ne soit jamais trop chargé, renforçant encore et à jamais cette belle sincérité qui navigue dans son œuvre, maintenant, l’histoire est encore plus belle, c’était magique.
Commenter  J’apprécie          190
L'association en Egypte

Quatre voyages, quatre auteurs, quatre styles pour nous raconter leur Égypte, celle de Golo, Baudoin, David B. et J.-C. Menu. Entre le carnet de voyage, le récit de témoignage, c’est un éventail d’impressions qu’ils nous proposent.

Golo nous raconte Le Caire avec ses marchés, ses quartiers perdus, un Caire plein de vie, grouillant, foisonnant de détails, d’un exotisme chaleureux, sa vision est assez différente de celle des autres, comme celle d’un autochtone, normal, il s’y est installé pour y vivre.

Baudoin est à Alexandrie, on est ici plus proche du carnet de voyage, mais il n’hésite pas à s’éloigner de l’exotisme pour un compte rendu cru, sur l’entretien de la ville, sur ses habitants, avec un point d’orgue sur la condition féminine et la question de l’excision.

Le récit de David B. s’approche encore plus aux gens, comme il nous y a habitué, en s'intéressant aux mythologies, traditions, à la culture de chaque groupe, leurs interactions, avec lui aussi un intérêt marqué sur la condition féminine et sur ce thème de l’excision.

Enfin, le récit de J.C. Menu tranche avec les autres, puisqu’il raconte son séjour à l’époque de l’attentat de Louxor de 1997. Un récit dans un climat d’angoisses, de doutes, on découvre la vie des missions scientifiques, le rapport à l’islamisme, on est au cœur de l’action.

Quatre récit nous racontant l’Égypte sans pudeur, belle et inquiétante à la fois, avec quatre graphisme en noir et blanc, différents dans le style, mais tous les quatre nous offrent la lumière vive de l’extérieur et l’ombre fraiche et rassurante des intérieurs, la dureté des coutumes, de la vie, et la poésie d’une société multi millénaire, une grandeur d’un peuple face à des traditions plus douteuses. Quatre récits justes et forts, réunis dans un ouvrage de grande tenue, quatre graphismes simples dans leurs moyens et riches dans leur intensité.
Commenter  J’apprécie          180
Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

Lâché avant la fin. Certes, c’est intéressant d’apprendre une partie de la vie de certains grands hommes peu connus qui ont contribué à changer la face du monde. Mais la police d’écriture en majuscules est vraiment fatigante et les propos trop scientifiques pour moi alors que je me faisais une joie de retrouver les dessins de Edmond Baudoin. Suis restée en lisière. Dommage pour moi !
Commenter  J’apprécie          182
Piero

C’est un récit en noir et blanc, au graphisme brut, directement au crayon, les nuances sont traitées en hachurées. Cela raconte la complicité entre deux frères dans les années 50, doués pour le dessin, et c’est le dessin qui forge cette duplicité, tout en les éloignant des autres. C’est un témoignage autobiographique, très fort et très touchant, et aussi un éloge de la pratique du dessin. C’est seulement ma deuxième incursion dans l’univers de Baudouin et je suis encore très enthousiaste, je ne compte pas m’arrêter là.
Commenter  J’apprécie          180
Mat

Plaisir de retrouver le trait épais et les dessins en noir et blanc de Baudoin. Pour découvrir l'histoire de Mat, ce gamin que personne ne connait vraiment

" C'est un drôle de mec, toujours seul."

Mat "maltraité" par un père aigri et raciste qui raconte des histoires terribles, du temps de la guerre d'Algérie.

Mat serre les poings et s'évade en rêvant. il se crée une autre vie ainsi. Lui le si peu aimé saura donner de l'espoir et du rêve à Elodie qu'il rencontrera un soir.

Une bande dessinée qui montre le courage d'un gamin face à ce père raciste. Sans bavardage inutile l'auteur nous raconte avec émotion cette histoire familiale.

Beau et touchant. Comme pour Piero, un autre de ses titres.
Commenter  J’apprécie          180
Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

J’ai reçu la BD « Les rêveurs lunaires » dans le cadre d’une masse critique BD numérique, association entre BABELIO et SEQUENCITY que je remercie sincèrement pour m’avoir permis de découvrir cette somme impressionnante de Cédric Villani et Edmond Beaudoin.

Cédric Villani que je connaissais pour ses interventions fréquentes dans le Monde et son look infernal.

En signant le scénario de cette BD, il ajoute à ses talents de mathématicien vulgarisateur celui d’historien de la science et de la recherche.

Son propos est admirablement servi par le dessin de Beaudoin, tantôt noir et lugubre, tantôt dépouillé, toujours surprenant de recherche et de découvertes.

L’ouvrage se présente comme un échange de deux amis, se référant chacun à leur village d’origine, sur l’histoire de l’humanité, la place de la culture et sa relation avec le pouvoir, et au sein de la culture, la place spécifique de la recherche scientifique et de sa relation avec le politique et l’économique.

Un projet ambitieux qui selon moi a atteint son objectif :

- Nous rapporter des faits souvent ignorés, sur des hommes et des femmes de l’ombre qui ont contribué à des découvertes majeures pour la civilisation.

- Nous faire toucher du doigt la réalité des relations entre la recherche et le pouvoir, qu’il soit religieux, politique ou militaire ; relations souvent orageuses….depuis Copernic et Galilée….

- Nous sensibiliser sur la position à géométrie variable de la société civile sur la recherche scientifique, ignorée, déformée, vilipendée, jetée en pâture aux contempteurs de tous bords.

- Nous convaincre de la nécessité de ne pas freiner la recherche en dépit des positions moralistes qui s’en défient et mettent en exergue le côté « sombre » de nombreuses découvertes.

- Nous montrer l’intérêt du principe de précaution qui est souvent, contrairement à ce que les médias ou les politiques en font, le contraire d’une position frileuse.

Ces différentes citations résument l’état d’esprit de l’ensemble de l’ouvrage :

« Quand le doute ronge le cœur, la tête n’arrive à rien. » Page 47

« Un scientifique, ça fonctionne un peu comme une artiste, ou un poète. L’imagination, c’est l’outil indispensable pour créer l’impossible. » Page 114

« La rigueur est mère de liberté. » Page 166

« Ce sont les rêves qui font progresser l’humanité et font vivre les individus. » Page 173

Le récit s’appuie sur la vie de 4 génies, (Léo Szilard, Alan Turing, Hugh Dowding), dont la contribution a été déterminante dans la victoire des alliés en 1945.

Ces personnes ont en commun d’être autonomes, de ne pas se conformer aux frontières des disciplines qui enferment la pensée, de savoir se battre contre le pouvoir et l’autorité pour faire « bouger les lignes » comme on dit aujourd’hui, d’avoir une capacité d’imagination et d’anticipation des phénomènes exceptionnel. Pour autant elles restent humbles et modestes.

L’ouvrage est réparti en une introduction, 4 parties à peu près équivalentes, des zones tampons où l’on retrouve Baudoin et Villani qui échangent leurs points de vue, une postface qui présente le contexte dans lequel cet ouvrage a été élaboré.

Le propos d’introduction nous pousse à réfléchir sur la fait que la civilisation dite de progrès s’accompagne aussi du progrès des armes et des armées, qui a conduit aux horreurs découvertes en 1945 où « l’histoire de l’humanité atteignit son paroxysme d’inhumanité. »

Par ailleurs, si l’histoire retient l’action des grands hommes elle maintient sous le boisseau l’histoire de ceux qui ont « réellement » contribué à faire l’histoire, les scientifiques notamment dont le résultat des recherches, peut découler d’événements totalement aléatoires.

Le premier exemple choisi est celui de la mise au point de la Bombe A larguée sur Hiroshima le 6 aout 1945.

Werner Heisenberg, le chercheur allemand se demande pourquoi il n’a pas pensé à la réaction en chaîne qui à partir d’une faible source d’énergie déclenche une explosion atomique gigantesque.

Dans cette partie, sont opposés les moyens mis en œuvre par les deux camps les Nazis dont le crédo anti-juif les conduisait à éliminer tout chercheur non-aryen, et les USA avec le projet Manhattan qui regroupe l’élite des chercheurs et mobilise 125 000 personnes et des moyens considérables.

Même s’il convient de relativiser la mansuétude des politiques américains, puisque quelques années plus tard Oppenheimer le père de la Bombe A se verra interdit de travailler aux USA, soupçonné d’être communiste.

Alan Turing, le mathématicien anglais, à l’origine de l’informatique, parvient avec son équipe, à casser le code Allemand Enigma, des mathématiciens Polonais ayant contribué à déchiffrer la première version.

Turing a compris que tout modèle d’action peut se décortiquer en une multitude de décisions simples interagissant entre elles.

Il a l’idée d’utiliser les connexions de circuits électriques pour imaginer une machine universelle qui permettra de définir des critères de « décidabilité ».

L’organisation du débarquement du 6 juin 1944 est la première application en réel de cet ancêtre de l’informatique décisionnelle.

Pourtant, après la fin de la guerre, il sera condamné pour homosexualité, et le pouvoir politique anglais ignorera les services qu’il a rendus à la nation et au monde libre.

De même, Leo Szilard, qui a déterminé avec Fermi le principe de la réaction en chaîne, essentiel dans la mise au point de la bombe A, le Hongrois émigré aux USA, après un passage par Berlin et Londres, n’a jamais été impressionné par la morgue de Rutherford, le chercheur britannique, qui déclare en 1933, en parlant de neutrons et de l’énergie libérée en cassant le noyau :

« C’est une énergie minuscule. Quiconque croit pouvoir l’exploiter est un rêveur lunaire » page 113

Szilard s’obstine contre vents et marées à démontrer que Rutherford est un imbécile. Il fait écrire une lettre à Roosevelt par Albert Einstein pour demander des moyens, qu’il obtiendra.

C’est Szilard aussi qui a l’idée d’utiliser le graphite pour stabiliser l’uranium et choisir le moment du déclenchement de la réaction en chaîne. Les Allemands, et beaucoup d’autres scientifiques ne juraient alors que par l’eau lourde.

Szilard est un agitateur d’idées autant qu’un scientifique, puisqu’il est à l’origine de la création d’une instance internationale de régulation des armes atomiques (actuelle), de l’idée du téléphone rouge, du concept de « principe de précaution ».

Ainsi, Joliot-Curie avait déposé en 1939 les brevets d’applications civiles et militaires de l’énergie nucléaire, dont le principe de la réaction en chaîne, sans mesurer les risques encourus si des esprits malveillants dans la communauté scientifique s’emparaient de ces données.

C’est la capacité de chercheurs comme Szilard à persister dans son idée malgré les croyances dde l’époque, qui permettent à la recherche de progresser.

Le pouvoir politique ne s’y trompe pas, qui rallie ces chercheurs à sa cause, après les avoir contestés ? Mais le ralliement se fait aux conditions du pouvoir…

Dernier héros de la 2ème guerre mondiale, Hugh Dowding, celui qui a gagné la bataille d’Angleterre, et dont le film de Guy Hamilton en 1969, raconte l’histoire.

Contre l’avis de l’Etat-major anglais, Hugh Dowding prône le développement des chasseurs au lieu de celui des bombardiers, la formation de jeunes pilotes, les salles de contrôles du suivi des duels aériens, l’utilisation des radars.

Il pose ainsi les principes du management, souvent oubliés d’ailleurs aujourd’hui dans les entreprises :

- Voir les choses sans fard

- Ne pas sous-estimer l’adversaire

- Anticiper sur la technologie

- Rien de bon ne se construit sur la peur

- Prendre vite des décisions difficiles

- Ne pas croire aux idées reçues

- Faire confiance et le montrer

Toutes choses dont l’institutionnel et le hiérarchique ont peur.

A propos des idées reçues :

1* Il faut souligner dans le cours du récit, à partir de la page 163, cet hommage rendu par Villani au rôle de la Pologne pendant la 2ème guerre mondiale :

Les Polonais ont fournis les meilleurs pilotes de la RAF

Ils ont cassé la première version du code ENIGMA des Nazis

A Wisna ils ont opposé une résistance de 3 jours aux Nazis qui les attaquaient à 50 contre 1

2* Sur la rigueur allemande :

Pour Speer, un proche d’Hitler, Incompétence, Arrogance, Egoïsme sont les trois mots qui caractérisent le régime Nazi. (Page 165)

La postface rappelle cette citation de Victor Hugo : « On résiste à l’invasion des armées, on ne résiste pas à l’invasion des idées. », dont on retrouve une déclinaison sur la façade d’une bibliothèque de Phnom Penh : « La force lie un temps, l’idée enchaîne pour toujours. »

L’idée de ce livre doit également à Marc Monticelli directeur de l’Espace Turing à Nice, et à Jena Philippe Uzan de l’institut Poincaré.

Une BD à mettre entre toutes les mains, notamment celles des pédagogues, parents ou professeurs, qui souvent sont englués dans les certitudes.


Lien : http://desecrits.blog.lemond..
Commenter  J’apprécie          180
Humains, la Roya est un fleuve

Humains ...

Voilà, le titre se suffit à lui-même.

Une sorte de roadbook, une série de portraits issus des rencontres des auteurs lors d'un séjour dans la vallée de la Roya.

Une humanité en miniature ... joies, peines, souffrances, accueil inconditionnel de l'autre, ...

Un très beau travail en noir et blanc, de simples crayonnés, et un discours certes engagé et militant - à lire, la préface signée JMG Le Clezio - mais que je n'ai pas perçu comme étant moralisateur.

Des morceaux d'humanité, tout simplement.

Un retour à l'essentiel.
Commenter  J’apprécie          171
Humains, la Roya est un fleuve

Ils sont jeunes, parfois encore des enfants de 15 ou 16 ans.

Ils ont vécu dans la misère, la dictature ou la guerre.

Ils ont bravé des dangers inimaginables.

Ils ont risqué leur vie.

Ce sont les migrants.

Migrants, exilés, immigrés, quel que soit le mot, aux portes de la France ils ne sont plus des héros, mais deviennent des indésirables.

La France n'en veut pas.

Et ne recule devant rien pour les arrêter, quitte à les priver des droits les plus élémentaires.

Mais des humains, d'autres héros, sont là pour les aider à faire valoir leurs droits : ils s'appellent Cédric Herrou, Claudine, Jacques, Irène...

C'est de ces humains dont parle Léopold Sédar Senghor : “J'ai rêvé d'un monde de soleil dans la fraternité de mes frères aux yeux bleus.”

C'est à ces humains, les exilés et ceux qui les aident, que cet album rend un formidable hommage, entre rencontres, tranches de vie et portraits magnifiques.

Face au discours haineux mais médiatisé d'une minuscule minorité, cet album nous montre ce que pourrait être un monde d'humanité, de solidarité et d'empathie, et ça fait chaud au cœur.
Commenter  J’apprécie          168
Humains, la Roya est un fleuve

Comme l’indique le titre, la Roya est un fleuve ; il nait en France et se jette dans la Méditerranée en Italie près de Vintimille (cf. carte page 78). Cette Bande dessinée dresse les portraits, par l’image et par le texte, de réfugiés qui passent ou tentent de la passer d’Italie en France, ainsi que de ceux que les auteurs appellent « les justes », parce qu’ils portent secours à ces immigrants (comme certains portèrent jadis secours à des juifs persécutés). Les actes de ces nouveaux « justes » sont d’autant plus admirables qu’ils sont désintéressés financièrement. Parmi eux figure Cédric Herrou dont la ferme est situé en France près de la frontière Italienne, devenu célèbre parce qu’il fut poursuivi en justice par les autorités françaises pour avoir secouru des personnes en danger. A la question « pourquoi faites-vous cela ? », la plupart apportent une réponse laconique, certains indiquant simplement qu’aider ces personnes leur semble une évidence.



Le texte est remarquable, et met en évidence l’hypocrisie des personnalités politiques au pouvoir, qui vantent le droit d’asile comme une valeur forte de la République mais œuvrent pour en réduire l’application (ordonnant d’illégales reconduites au-delà de la frontière). Certains d’entre eux, notre Président en tête, se permettent même de donner des leçons à l’Italie voisine !

Je n’ai en revanche pas beaucoup apprécié le graphisme en noir et blanc (contrairement à ce que peut laisser penser le rouge de la couverture).



Je recommande la lecture de cet ouvrage qui donne espoir dans l’humanité.

Commenter  J’apprécie          160
Piero

Piero c'est l'histoire de l'enfance de l'auteur avec son frère. Une autre époque mais surtout une superbe complicité entre ces deux là dont la passion c'est le dessin depuis leur plus jeune âge. C'est Piero qui fera les études pour être dessinateur et c'est Baudoin ( Edmond dit momon ) qui en fera son métier.

Intéressant de se replonger dans ces années là - il est né en 1942 - et de découvrir le cheminement de ces 2 gamins, pas doués pour grand chose mais animés d'une passion.

Une bande dessinée en noir et blanc ( comme souvent) touchante et sincère.

Un beau portrait que ce Piero. J'ai vraiment aimé.
Commenter  J’apprécie          160
L'Arleri

Un vieil artiste et son modèle : une jeune femme qu'il peint, nue.

Beaucoup d'échanges entre eux sur le corps féminin, l'amour, la sexualité, le couple - séduction, union, jalousie, (in)fidélité, mensonge... Le vieillard évoque ses souvenirs de jeunesse, les trois premières femmes qu'il a 'connues' et aimées, leurs relations complexes, son sentiment masculin d'incomplétude dans le plaisir charnel. Il expose ainsi ses théories sur les différences entre les hommes et les femmes en matière de sentiments amoureux et de façons de vivre la sexualité. Il exprime sa vénération pour le corps féminin, son besoin de le peindre pour tenter de s'en approcher davantage, mieux le comprendre.

On peut trouver son discours réducteur, manichéen et plein de clichés. Il exprime un hiatus entre identités féminine et masculine, ce qui va à l'encontre de l'idée "d'uniformité" homme-femme prônée par certains discours féministes... Moi j'ai savouré et totalement approuvé.



L'ensemble est superbe. Aussi bien le graphisme - entre aquarelles, dessins et photos - que le propos, les récits et idées du vieux peintre, les symboles, les surprises, la fin. TOUT !



Plus je lis de BD, plus je m'émerveille de la façon dont textes et dessins peuvent s'harmoniser, et surtout s'enrichir mutuellement. Fabuleuse synergie à laquelle parviennent certains auteurs, en solo ou en duo (cf. Raphaël Sarfati et Valérie Villieu - 'Little Joséphine').
Commenter  J’apprécie          160
L'Arleri

Lu, il y presque 15 ans

je retrouve intacte l'émotion ressentie alors.

Envie de vous faire partager ce plaisir

en extrayant quelques citations.

Mais, c'est ce texte in extinso

que je voudrais vous offrir

et aussi ces merveilleuses illustrations .

L'arleri, c'est un moineau en provençal .

C'est Baudoin, qui volette

et qui cherche à comprendre,

les femmes, la vie, l'amour, l'art

la place des hommes dans tout ça..

C'est un fervent hommage aux femmes

C'est une interrogation sur le sens de la vie,

la maternité, l'amitié, la liberté, la fidélité,

les enfants qui continuent ce monde..

Ce n'est ni sentencieux ni pontifiant.

C'est beau pour les yeux, pour l'esprit

pour l'âme, c'est léger et fort.

Une poésie rare autour de l'essentiel.

Incontournable!



Commenter  J’apprécie          150
L'Espignole

Baudoin nous parle de la madeleine

chérie de son enfance : l'eau d'une rivière.

L'Espignole, il faut faire 2 kilomètres à pieds

pour la rejoindre et vérifier qu'elle est toujours là

malgré les sécheresses.

C'est son enfance, ses émois adolescents,

ses plaisirs d'homme y emmenant ses enfants,

puis ses petits enfants .

L'Espignole lui offre une accroche stable

dans un univers où tout se bouscule.

Il a retardé le recours à la salle de bains

et continuer à se baigner dans cette rivière.

Car nous dit il :cette eau lui lave l'intérieur

C'est beau comme du Baudoin!

Commenter  J’apprécie          150
Ballade pour un bébé robot

Ce livre de Cédric Villani illustré par Edmond Baudoin m'a été offert. Considérant qu'il avait été écrit par un grand mathématicien et découvrant le titre et la couverture, je m'attendais à une BD de science-fiction et même de hard-science fiction. Mais, à la lecture, j'ai vite réalisé que cet ouvrage psychédélique, pour moi inclassable (ou, en tout cas, bien difficile à classer…), était plus proche d'un conte philosophique ou carrément d'un délire onirique que d'un livre de science-fiction. En tout cas, même si vous considérez qu'il s'agit de science-fiction, elle est tout sauf "hard" !



Cette rêverie philosophico-mathématique a été fortement inspirée par l'auteure-compositrice-interprète Mama Béa Tekielski et, plus particulièrement, par sa chanson "Ballade pour un bébé robot". Cette artiste apparaît même comme un personnage de l'oeuvre.



L'histoire se déroule sur une planète habitée par des robots. Bien que ces êtres humanoïdes, "enfants de la volonté et du hasard tout à la fois" aient été, en quelque sorte, créés par l'homme à son image, par l'action de sa volonté initiale, ils n'en restent pas moins le résultat d'un long façonnage évolutif. Voilà le premier exemple d'une allusion à peine voilée à des concepts scientifiques et religieux, en l'occurrence ici à l'évolution darwinienne selon la science et à la création selon les religions. Il ne sera pas le dernier : l'ensemble du récit, très distendu, semble n'être finalement qu'un prétexte pour susciter des réflexions de toutes sortes.



La présentation de curiosités mathématiques et de nombreuses et diverses digressions, parfois capillotractée, nous entraîne dans un voyage fantastique passant par la science, la musique, la poésie et bien d'autres domaines.



Alors que les robots nous racontent l'histoire des êtres humains, l'ouvrage livre une interprétation des chansons de Mama Béa en termes d'analyse historique, politique, économique, voire philosophiques.



Ce monde de robots, froids, manquant d'empathie et soumis à une organisation implacable (le "système"), peut faire penser à une dystopie comme celle du roman d'Orwell "1984". Pourtant, ces robots, qui ont du mal à comprendre le caractère irrationnel des humains, sont doués de conscience, capables d'éprouver des sentiments et de se révolter.



L'utilisation de cette planète de robots permet à l'auteur de prendre une certaine distance pour décrire "de l'extérieur" les êtres humains, et plus particulièrement les Français, et nous livrer des réflexions sur les concepts de nation, d'internationalisme, d'idéalisme, etc. On peut penser ici au Micromegas de Voltaire et au "point de vue de Sirius".



Les dessins de Baudoin fournissent une illustration approximative, allusive, délirante, onirique des idées de l'ouvrage qui fusent dans toutes les directions. N'étant ni amateur ni connaisseur de ce style de dessin, je ne me hasarderai pas à le critiquer.



J'espère vous avoir fait comprendre maintenant pourquoi je ne parviens pas à "classer" cette oeuvre !



Si vous aimez être surpris et si vous n'avez pas peur d'être ballotté de tous côtés dans votre réflexion, et si, enfin, vous êtes un fan des dessins de Baudoin, ce livre vous enchantera.
Commenter  J’apprécie          150
Journal du voleur

Ce livre fait vraiment partie des exceptions et qui dit exception dit exceptionnel.

Avec « Journal du voleur » publié en 1949, Jean Genet interpelle les lecteurs sur la misère des hommes, la sienne, lui qui est en prison pour avoir volé.

Ce journal autobiographique est surprenant par l'intensité des propos et la qualité de son écriture.

Genet raconte son enfance d'orphelin voyou mais surtout ses amants et surtout son amour pour Stilitano l'espagnol, sur fond de prostitution, de trafic d'opium et de guerre d'Espagne.



C'est un livre qui mêle les voyages intérieurs et extérieurs. J'ai voulu le lire après avoir lu « M train » de Patti Smith et je ne peux pas m'empêcher de la citer :

« Cela faisait longtemps que j'avais envie de voir les vestiges de la colonie pénitentiaire où les pires criminels étaient envoyés par bateau, avant d'être transférés sur l'île du Diable.

Dans Journal du voleur, Genet décrivait Saint-Laurent comme une terre sacrée et parlait des détenus avec une compassion empreinte de dévotion. Dans son Journal, il évoquait une implacable hiérarchie de la criminalité, une sainteté virile dont le sommet se trouvait sur les terribles terres de la Guyane française. Il avait gravi les échelons pour se rapprocher d'eux : maison de redressement, chapardeur, par trois fois sanctionné ; mais tandis que sa condamnation était prononcée, le bagne qu'il tenait en si haute estime fermait, jugé inhumain, et les derniers prisonniers vivants furent rapatriés en France. Genet fut incarcéré à la prison de Fresnes, se lamentant avec amertume de ne pas pouvoir atteindre la grandeur à laquelle il aspirait. Anéanti, il écrivit : On me châtre, on m'opère de l'infamie.

Genet fut emprisonné trop tard pour intégrer la communauté qu'il avait immortalisée dans son oeuvre. Il resta à l'extérieur des murs de la prison, tel le boiteux de Hamelin à qui fut refusée l'entrée au paradis parce qu'il était arrivé trop tard devant ses portes.

À soixante-dix ans, Genet était, disait-on, en fort mauvaise santé et, très probablement, il n'irait jamais voir le bagne de Guyane. Je me suis vue lui apporter sa terre et ses cailloux. »

Et les cailloux du bagne, Patti Smith est allée les chercher et m'a permis le plaisir de cette lecture.





Commenter  J’apprécie          150
Paroles de taulards

Corbeyran se met à l'écoute de prisonniers qui ne resterons connus que par leur prénom. Ceux-ci racontent une histoire. La leur? Celle d'un compagnon? Inventée? Rêvée? Nous ne le saurons jamais mais on ne peut ignorer le fond de vérité. 25 récits illustrés par des dessinateurs connus ou moins populaires, dans un noir et blanc traité de façon bien différente selon les artistes. Côté dessin, c'est ce que je retiendrai. Avec cet ouvrage, on se rend compte de la multitudes de possibilités qu'offre le dessin réduit à ses deux nuances de bases : a-plats, traits plus ou moins fouillés, camaïeux, lavis et toutes ces autres techniques propres aux recherches de tel ou tel dessinateur.

Côté histoires, il y en a des tristes, des dures, des tragiques et des édifiantes. Bien peu sont teintées d'espoir et les quelques unes qui laissent poindre un brin d'humour reposent, elles aussi sur la douleur.

A lire.
Commenter  J’apprécie          140
Made in U.S.

Baudouin nous parle à présent

de Joseph, son grand père paternel.

Il s'embarque à 14 ans pour l'Amérique .

il a la variole, se retrouve alors attaché

au mât pour éviter de se gratter

et de contaminer l'equipage.

Le bateau fait naufrage..

Il rencontre Buffallo Bill,

creuse le canal de Panama,

travaille ensuite pour les chemins de fer,

en tuant des bisons pour nourrir les ouvriers..

S'engage dans la Marine américaine,

apprend l'anglais..

Revient fauché, le visage troué,

une odeur aigre et un sale caractère.



Beaucoup d'approximations ...

dans les dates et les événements

dans ses histoires que son père

raconte le soir...

Des trésors pour alimenter les rêves !
Commenter  J’apprécie          142
Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

La rencontre entre la plume de Cédric Villani et les dessins de Baudoin est à la fois rigoureuse et sensible. Outre le voyage dans les méandres de l'esprit de Turing, le chapitre dédié aux physiciens allemands cloîtrés à Farm Hall m'a appris l'existence de cet épisode si particulier de la seconde guerre mondiale. Ce dernier nous fait rentrer de plein pied dans les positionnements respectifs de ces chercheurs plus ou moins liés au régime nazi par rapport à l'utilisation des bombes atomiques.
Commenter  J’apprécie          140
Les Rêveurs lunaires : Quatre génies qui ont ch..

Ce roman graphique raconte à 2 voix, celles du dessinateur Edmond Baudoin et du mathématicien Cédric Villani, l'histoire de 4 scientifiques relativement méconnus qui ont pourtant changé le cours de la seconde guerre mondiale.

Leur histoire est passionnante et les questions éthiques posées toujours d'actualité.

Les dessins en noir et blanc de Baudoin ajoutent beaucoup de force au propos et font de ce roman graphique une réussite.

Par contre, je mettrais un petit bémol par rapport à la façon dont Cédric Villani présente ces biographies de scientifiques, j'ai été moins passionnée qu'en lisant les livres d'Etienne Klein par exemple.
Commenter  J’apprécie          140




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Edmond Baudoin (1322)Voir plus

Quiz Voir plus

CYRANO DE BERGERAC (Rostand)

Quel est l'autre prénom de Cyrano?

Séraphin
Saturnin
Savinien

12 questions
1668 lecteurs ont répondu
Thème : Cyrano de Bergerac de Edmond RostandCréer un quiz sur cet auteur

{* *}