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Citations de Eleanor Catton (95)


Les gens parlent de moi maintenant comme d'une enfant à qui on a imposé criminellement un rôle d'adulte. Ils parlent de ma relation avec lui comme d'une relation d'adulte, illicite, intempestive, prématurée. Mais c'est le contraire qui est vrai. C'est M. Saladin qui a eu avec moi une relation d'adolescent.
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- Au lycée, j’ai essayé toutes sortes de choses, comme on essaie un vêtement, pour voir. Même quand je me fâchais, quand je me mettais dans tous mes états et que je me bagarrais, c’était comme si je voulais simplement tâter le terrain, voir jusqu’où je pouvais aller. Il y a toujours un petit coin de moi qui n’est pas fâché, qui reste calme, dans un rôle de spectateur amusé.
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Plus tard, Stanley en conclurait que les filles étaient naturellement plus fourbes, plus futées, plus douées pour cacher leur vrai moi sous un manteau fictif, là où la personnalité des garçons transparaissait bon gré mal gré. C’était, se dirait-il, l’aptitude des filles à fonctionner en mode multitâche, le petit côté sorcière qu’elles avaient toutes, qui leur permettait de démultiplier leur attention pour suivre deux ou trois fils à la fois. Les filles pouvaient, sans s’emmêler les pinceaux, faire toujours le départ entre elles-mêmes et l’impression qu’elles voulaient donner, entre la forme et le fond.
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- C’est une façon intéressante de voir les choses, dit la prof de saxophone.
- Moi je veux une excuse, insiste Julia. Si on découvre que j’ai été traumatisée, ce ne sera plus de ma faute. Ce ne sera pas dégouttant, ce sera tragique. Ce sera un effet – l’effet d’une cause qui n’est pas en mon pouvoir. Je serai une pauvre victime.
- Vous voulez toutes être traumatisées, éclate soudain la prof de saxophone. Toutes. S’il y a bien une chose, une seule, que toutes mes élèves ont en commun, c’est ça. C’est le thème que vous déclinez, toutes, des variations : le désir suprême d’être victime. Vous y voyez le seul moyen pratique de prendre l’avantage sur vos copines, et vous n’avez pas tort. Si j’abusais de toi, Julia, je te rendrai un service formidable. Je te donnerai carte blanche pour une orgie d’autodétestation et d’apitoiement sur toi-même où aucune des tes camarades ne pourrait espérer rivaliser.
- Oui, c’est bien ce que je me tue à vous dire, approuve Julia.
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Je veux dire, c'est quand même génial, que deux personnes différentes, avec des valeurs différentes, des vécus, des capacités, des besoins différents, puissent être sur la même longueur d'onde, et vivre d'une façon qui fait ressortir le meilleur des deux, vous voyez, et qui leur permet, à tous les deux de s'épanouir ! C'est de la symbiose, c'est de la réciprocité, c'est de l'amour... c'est exactement le genre de relation au monde vers laquelle on devrait tous tendre. Où on n'aide pas les autres parce qu'on y est obligé, mais parce qu'on en a envie. L'amour romantique, voilà ce qui pourrait être notre idéal. Notre idéal politique.
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(...) il sentit une vague de rage et de désespoir le submerger devant l'inexorable rouleau compresseur du capitalisme tardif. Celui qui dégradait non seulement l'environnement, non seulement les institutions citoyennes, non seulement les idéaux intellectuels et politiques, mais pire encore, ses propres espoirs, et jusqu'aux possibles qu'il envisageait encore - un afflux familier de chagrin et de rage impuissante face à l'égoïsme forcené de son époque, l'irresponsabilité, le gâchis, le narcissisme sans âme, face à sa propre inutilité et son impuissance politique, et face au sans-gêne absolu avec lequel l'héritage qui lui revenait de droit, son avenir, avait été vendu ou ravagé par la génération de ses parents, le condamnant à une perpétuelle adolescence que venait encore renforcer l'univers irréel et infantilisant d'Internet, à mesure que ce dernier empiétait sur la vraie vie, la colonisait - , "la vraie vie" songea Tony, avec des guillemets mentaux pleins d'amertume, parce que le capitalisme tardif ne reconnaissait aucune "réalité" autre que sa logique propre, ayant érigé l'intérêt personnel comme seule valeur universelle, la motivation du profit comme seul absolu, et dénigrant tout ce qui ne servait pas ses objectifs, écarté comme faiblesse méprisable, ou comme fantasme.
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Lemoine adorait passer pour une énigme. S'auto-disséquer était d'autant plus jouissif qu'il se savait insondable pour l'extérieur, tel un mystère dont lui seul détenait la clé.
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Son ambition pour Birnam Wood n'était rien de moins que la transformation radicale, généralisée et durable de la société, un objectif totalement atteignable, elle en était convaincue, pourvu qu'on parvienne à ouvrir les yeux des gens sur ces terres fertiles qui ne demandaient qu'à être cultivées, et qui les entouraient en permanence. Et aussi sur tout ce qu'il serait possible d'accomplir sur cette planète si tout le monde mettait simplement en commun son savoir et ses ressources. Et aussi sur le caractère arbitraire et absolument néfaste de la propriété foncière, dissociée de l'usage ou de l'habitation !
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Le vrai sentiment est toujours un cercle...ou bien un cercle ou bien un paradoxe... Pour la simple raison que sa cause ou son expression sont les deux moitiés d'une même chose ! L'amour ne se réduit pas à une collection de motifs, et aucune collection de motifs ne se combinera pour donner naissance à l'amour. Celui qui n'est pas d'accord avec moi n'à jamais aimé. .. Pas pour de vrai.
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– Voilà donc : le mois prochain sera un mois sans lune.
– Tiens ! Tiens !
– Un mois, entendons-nous, dans le courant duquel l’astre n’atteindra jamais sa plénitude. Février est un mois court. Il y aura une pleine lune juste avant le premier, et une autre tout de suite après le 28… donc pas de pleine lune en février.
– Est-ce une circonstance qui se reproduit chaque année ? demanda Gascoigne, amusé.
Lydia, le visage détourné, répondit en passant discrètement le doigt sur une moulure :
– Pas du tout. Le phénomène est très rare.
– La rareté étant un signe de valeur, n’est-ce pas ? Ou plutôt de danger ?…
Elle rectifia l’alignement de la pendulette :
– Cela n’arrive qu’une fois tous les vingt ans.
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Les suspicions que rien ne vient confirmer dérivent avec le temps vers l'arbitraire et le fallacieux... sujettes aux vicissitudes de l'humeur, elles acquièrent tous les caractères de la superstition ordinaire...
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La terre tourne sans bruit pour qui, dans la solitude, broie du noir.
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Quelle étrange bête indomptée que l'adulation! Capable, sans crier gare, de relever la tête et de rompre la bride fabriquée de sa propre main!
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Il n'avait aucune expérience de la pression terrible qu'un mensonge entraîne à sa suite, lorsque le menteur commence à entrevoir la chaîne qui le lie désormais à son mensonge et le forcera à continuer à mentir, à aggraver la fraude initiale en multipliant les mensonges de détail, cloîtré dans la contemplation solitaire de son erreur.
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Sa courtoisie avait donc une certaine roideur, de même que celui qui n'a que rarement affaire aux enfants et ne sait à quelle aune mesurer le langage à tenir aura tendance à rester à distance et à s'enfermer dans l'austérité, malgré la meilleure volonté du monde de se montrer gentil.
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L'innocence n'existe plus. Il n'y a plus que l'ignorance.
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Le saxophone parle la langue des bas-fonds,l'argot blasé et mélancolique du demi-jour sale et sexy et suant et dur. C'est la langue des orphelins et des bâtards et des putains.
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- Vous comptez donc rester dans ce pays-ci, Walter ? Une fois que vous aurez trouvé un filon et ramassé un beau pactole ?
- Ma chance en décidera pour moi.
- Mais vous, qu’en dites-vous ? Ce serait une chance de rester ou plutôt de repartir ?
- La chance, c’est de pouvoir choisir.
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Il ne me fait pas franchement bonne impression. C’est un fils de riche, d’abord, et un forçat ensuite, mais dans l’autre sens cela ne vaudrait pas mieux : je crois qu’il incarne le pire des deux mondes. C’est un voyou, mais un voyou intrigant. Ou pour le dire autrement, il mène sa vie à grandes guides, mais c’est une vie de caniveau.
(p. 246)
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- Je n’ai jamais entendu parler du méthodisme libre. Je présume que c’est une de vos nouveautés.
- Un rite nouveau, oui, une communauté nouvelle, répondit l’autre, toujours avec le sourire. La doctrine, elle, est ancienne.
Balfour le trouvait bien content de sa petite personne.
- Je suppose que vous êtes là en mission, reprit-il. Venu convertir les païens.
- Je vois que vous êtes un grand amateur de suppositions. Vous ne m’avez pas encore posé de questions sans prendre vous-même la liberté d’y répondre.
(p. 112)
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