Elena Ferrante

- Il veut libérer les femmes des autres, mais pas la sienne.
- La libération, ça ne doit pas forcément passer par la perte de ma liberté!

Les livres, on les écrit pour être entendu, pas pour se taire.

On s'imagine que les liens familiaux, c'est un truc fort, mais c'est pas vrai.

Ah, j'avais mes torts, mais j'étais certainement plus mère qu'elle !

On respectait beaucoup les personnes qui avaient étudié : les études étaient considérées comme un truc d'enfants astucieux pour éviter de se fatiguer. Comment pourrais-je expliquer à cette femme, me dis-je, que depuis mes six ans, je suis esclave des lettres et des nombres, que mon humeur dépend de la bonne combinaison avec lesquels ils sortent, et que la joie de réussir est rare, fragile et ne dure qu'une heure, un après midi ou une nuit ?

Des préparatifs longs et coûteux me réduisant à être comme une table dressée pour l'appétit sexuel du mâle, comme un plat bien cuisiné pour que l'eau lui vienne à la bouche.

Il y a des moments où ce qui nous entoure et semble devoir servir de décor à notre vie pour l'éternité: un empire, un parti politique, une foi, un monument, mais aussi simplement des gens qui font partie de notre quotidien s'effondre, d'une façon tout à fait inattendue, alors même que mille autres soucis nous pressent. C'est ce qui se produisit. Jour après jour, mois après mois, un effort vint s'ajouter à un autre effort, une peur à une autre peur. Pendant une longue période, j'eus l'impression d'être un de ces personnages de roman ou de tableau qui se tiennent immobiles en haut d'une falaise ou à la proue d'un navire, face à une tempête qui non seulement ne peut les renverser mais ne les effleure même pas.

"Et tandis que je regagnais mon quartier, je m'aperçus que, précisément parce que toutes les filles le voulaient et parce qu'il les prenait toutes, moi qui l'avais voulu depuis toujours, je le voulais encore davantage. "

La vie, c'était tromper, inventer des mensonges, partir ensemble.

Je voulais faire bonne figure auprès des hommes, être à la hauteur. A la hauteur de quoi.

Ce qui est sûr, c'est que Lila renforça son rôle de miroir de mes inaptitudes.

Déguerpir définitivement, loin de la vie que nous avions connue depuis notre naissance. S'installer dans des territoires bien organisés où tout était vraiment possible.

Les femmes sans amour mouraient vives. 

Il me sembla plus jeune, plus soigné extérieurement, et même plus reposé, et mon estomac se contracta de manière si douloureuse que je fus bien près de m’évanouir. Dans son corps, sur son visage, il n’y avait nulle trace de notre absence

Je voulais sembler mue par quelque détermination et j’avais, au contraire, un piètre contrôle de mon corps, sous la surface de ce surcroît d’activité, je vivais telle une somnambule 

Au cours de ces longues heures-là, je fus une sentinelle de douleur, je veillai parmi une nuée de paroles mortes 

le danger de me noyer dans le mépris de moi-même, dans la nostalgie de sa personne

Le seul signe extérieur de mon désarroi intérieur fut ma disposition au désordre et la faiblesse de mes doigts : plus l’angoisse montait, moins ils se refermaient solidement autour des choses. 

des récits féminins de sentiments brisés, qu’arrive-t-il lorsque, comblées d’amour, nous ne sommes plus aimées, que nous nous retrouvons sans rien. 

Mario avait été vague comme un patient ne sachant dresser avec précision la liste de ses symptômes, je n’étais jamais parvenue à lui faire avouer ce qu’il ressentait, ce qu’il voulait, ce à quoi je devais m’attendre.