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Citations de Emily St. John Mandel (363)


Vous savez ce que j'ai appris au sujet de l'argent ? Quand j'ai essayé de comprendre pourquoi ma vie à Singapour me semblait plus ou moins identique à celle que j'avais à Londres, c'est là que j'ai réalisé que l'argent est un pays en soi.
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Plus d'Internet. Plus de réseaux sociaux, plus moyen de faire défiler sur l'écran des litanies de rêves, d'espoirs fiévreux, des photos de déjeuners, des appels à l'aide, des expressions de satisfaction, des mises à jour sur le statut des relations amoureuses grâce à d es icônes en forme de cour - brisé ou intact -, des projets de rendez-vous, des supplications, des plaintes, des désirs, des photos de bébés déguisés en ours ou en poivrons pour Halloween.Plus moyen de commenter ou de lire les récits de la vie d'autrui et de sentir ainsi un peu moins seul chez soi. Plus d'avatars.
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"Plus d'écrans qui brillent dans la semi obscurité lorsque des spectateurs lèvent leurs portables au dessus de la foule pour photographier des groupes en concert. Plus de scènes éclairées par des halogènes couleur bonbon,plus d'électro, de punk de guitares électriques"
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" A certains moments, murmura Auguste, j'ai envie de me poser. Ça t'arrive d'y penser ?
- Ne plus voyager, tu veux dire ?
- Tu y penses, quelquefois ? Il doit bien exister une vie plus stable que celle-ci.
- Sûrement, mais dans quelle autre vie pourrais-je jouer du Shakespeare ?"
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Elle avait toujours considéré comme acquis le fait qu’il y avait dans le monde des personnes importantes, certaines qui jouaient un rôle central dans ses journées, d’autres qu’elle ne voyait jamais et auxquelles elle pensait rarement. Sans l’une ou l’autre de ces personnes, le monde se trouve subtilement mais indubitablement altéré, le cadran tourné d’un ou deux degrés.
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Le lapin connut une brève renommée sur le plan local : deux journaux régionaux publièrent des photos de lui, ses yeux ronds tournés vers le ciel. Ce fut Simon qui le récupéra, cet après-midi là, une fois que les photographes eurent terminé leur travail. Il le déposa dans la baignoire et resta un moment assis sur le bord à observer la petite flaque d’eau bleutée qui se formait tout autour, après quoi il le mit dans le sèche-linge. Assis sur une caisse de lait retournée, il regarda par le hublot le pain tournoyer dans tous les sens. Lorsque Simon le sortit de la machine, le lapin était tout chaud mais encore humide, alors il le remit dans le sèche-linge et le regarda encore tourbillonner jusqu’au moment où, la vue brouillée, il dut détourner les yeux. Sa mère pleurait à gros sanglots dans la cuisine, parlant de Lilia et du père de la fillette, expliquant qu’il avait toujours su qu’il ferait une chose de ce genre et que c’était pour cette raison, au départ, qu’elle avait obtenu l’ordonnance restrictive du tribunal. Il y avait des agents de police partout, et certains d’entre eux voulurent parler à Simon. Il répondit aux questions d’une voix polie, monocorde, proférant essentiellement des mensonges ; quand ils eurent fini avec lui, il emporta le lapin dans sa chambre et le posa sur une serviette pliée, dans le coin du lit. Le lapin n’était pas encore complètement sec, mais Simon n’avait pas envie de rester plus longtemps en bas.
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La majorité des langues, lui annonça-t-il solennellement, sont appelées à disparaître. Voyant qu’elle semblait toujours aussi intéressée, Eli dégaina ses statistiques favorites, comme il l’eût fait d’une Rolex : sur les six mille langues actuellement parlées sur terre, quatre-vingt-dix pour cent sont en danger et la moitié n’existeront plus d’ici la fin du siècle prochain. Quelques rares optimistes nourrissent l’espoir d’en sauver une poignée ; la plupart se contentent d’espérer qu’on pourra garder la trace d’une fraction de ce qui aura été perdu. Son travail, lui expliqua-t-il, était en partie une reconstitution, en partie une thèse, en partie un requiem. Elle écoutait en silence, apparemment captivée, en posant des questions intelligentes juste au moment où il se disait que son intérêt ne pouvait en aucun cas être sincère. Elle lui dit d’un ton badin qu’elle était habituée à des escamotages beaucoup plus localisés : individus, chambres de motel, voitures. Elle n’avait pas l’habitude des disparitions à plus grande échelle. Imaginez, lui dit-il, qu’on perde la moitié des mots utilisés sur terre. Mais ce qu’il essayait d’imaginer, en réalité, à cet instant, c’était l’effet que ça ferait de l’embrasser dans le cou. Elle hocha la tête sans le quitter des yeux.
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Ce qu’il y avait de mieux, dans le service de nuit, c’était le silence. Parfois, elle sortait fumer une cigarette au moment le plus paisible, entre trois et quatre heures du matin, seule à la lisière des ombres, derrière le diner, et elle écoutait. Bien sûr, le silence n’était jamais absolu – cigales, grenouilles dans le canal de l’autre côté de la rue, frôlements dans les buissons, un camion ou une voiture de temps à autre – mais dans la journée, c’était une véritable cacophonie en comparaison.
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Néanmoins, elle ne se sentait jamais à l’aise dans le monde. Nul ne pouvait soutenir qu’elle en fît réellement partie, et depuis cette nuit particulière où ses souvenirs commençaient (morceaux de glace contre sa fenêtre, lapin perdu, neige), les traditions du monde lui étaient étrangères. Elle picorait ce qu’elle pouvait dans les livres et dans les émissions de télévision, notant avec soin qu’il existait des familles à deux parents, des maisons, des écoles, des chiens domestiques, apprenant par cœur des expressions qui l’intriguaient et qui se rapportaient à la maisonnée, telles que : jardin de derrière, enfant à la clef, accessoires de cuisine dernier cri et sous-sol. Telle une patineuse artistique, elle évoluait à la surface de la vie en une chorégraphie rapide, mais jamais elle ne brisait la glace, jamais elle ne perçait la surface pour plonger dans ces eaux magnifiques et terrifiantes, jamais elle n’était submergée et jamais elle n’apprit à nager dans ces courants-ci, dans ces courants-là : toutes les ombres, la lumière et les horribles splendeurs qui composent les turbulences de la vie sur terre.
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- Vous savez, dit David, il fut un temps où je trouvais cette question d'une extrême banalité.Qu'est-ce que vous faites? Je trouvais que c'était le syndrome de Combien vous gagnez? Mais depuis quelque temps, je commence à penser que c'est la question la plus importante que l'on puisse poser à quelqu'un .Qu'est-ce que vous faites? Quelle est votre occupation actuelle. Quelle est votre ligne de conduite dans la vie, comment vous situez-vous par rapport au monde?
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Il ne se contentait pas de lui montrer le pays : il voulait lui montrer la vision qu'il en avait, lui faire partager son histoire d'amour personnelle avec l'ineffable beauté de tous les détails qu'il ne manquait jamais de remarquer, quelle que fût la vitesse à laquelle il roulait ou la longueur du trajet.
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Colonie Deux était apaisante par sa symétrie et son ordre. Parfois, cependant, l’ordre peut se révéler étouffant.
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Parfois, dans le jardin, il aimait à bavarder avec Gilbert, bien que celui-ci fût mort. Gilbert et Niall avaient été tués pendant la bataille de la Somme, à un jour d’intervalle, alors qu’Edwin avait survécu à Passchendaele. Non, survécu n’était pas le mot exact. Son corps animé était revenu de Passchendaele. Edwin pensait désormais à son corps en termes strictement mécaniques. Son cœur battait la chamade mais tenait bon. Il continuait à respirer. Il était physiquement en bonne santé, exception faite de son pied amputé, mais il était fondamentalement mal portant. Il lui était difficile d’être vivant dans le monde
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En Grèce, après deux ans de voyage, elle découvrit qu'elle pouvait vendre des tableaux de paysages aux touristes. Zoë détestait les paysages ; elle avait d'autres centres d'intérêt. Les jours où elle peignait des paysages, elle passait le plus clair de son temps à injurier la toile.
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Dernièrement, j'ai beaucoup réfléchi autant et au mouvement, au fait d'être un point fixe dans le va-et-vient incessant.
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Je suis convaincue que si nous nous tournons vers la fiction post-apocalyptique, ce n'est pas parce que nous sommes attirés par le désastre en soi, mais parce que nous sommes attirés par ce qui, dans notre esprit, risque fort de se produire. Nous aspirons en secret à un monde moins technologique.
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Il y eut la grippe qui explosa à la surface de la terre, telle une bombe à neutrons, et le stupéfiant cataclysme qui en résultat, les premières années indescriptibles où les gens partirent sur les routes pour finalement se rendre compte qu’il n’existait aucun endroit, accessible à pied, où la vie continuait telle qu’ils l’avaient connue auparavant ; ils s’installèrent alors où ils pouvaient - dans les relais routiers, d’anciens restaurants, des motels délabrés -, en restant groupés par mesure de sécurité.
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Pluie froide, trottoir luisant, chuintement de pneus sur la chaussée mouillée. Il pensait à l'abyme infranchissable qui existe entre avoir dix-huit ans et en avoir cinquante.
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Je parle de ces gens qui se sont retrouvés dans une vie au lieu d'une autre et qui en sont infiniment déçus. Vous voyez ce que je veux dire ? Ils ont fait ce qu'on attendait d'eux. Ils voudraient faire autre chose, mais c'est devenu impossible avec les gosses, les hypothèques et tout le reste, ils sont pris au piège.
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Et tous ces gens, avec leur collection de petites jalousies, de névroses, de syndromes post-traumatiques non diagnostiqués et de rancœurs brûlantes, vivaient ensemble voyageaient ensemble, répétaient ensemble, jouaient ensemble trois cent soixante-cinq jours par an, compagnie permanente, en tournée permanente.
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