AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Emily St. John Mandel (363)


Tout en marchant vers le métro, il réfléchit même à la façon dont il présenterait la chose : « Je me suis rendu compte qu’il y avait de l’escroquerie dans l’air », s’imaginait-il déclarer à un futur employeur admiratif, « et ce jour-là je suis parti. Jamais je n’aurais imaginé plaquer un emploi comme celui-là, mais parfois il faut savoir fixer des limites. » Même si la limite, pour Oskar, avait été franchie onze ans auparavant, la première fois qu’on lui avait demandé d’antidater une transaction. « Il est possible de savoir quelque chose et en même temps de ne pas le savoir », affirma-t-il par la suite, lors d’un contre-interrogatoire. Le ministère public le déchiqueta sur ce point précis mais Oskar, en l’occurrence, parlait pour plusieurs d’entre nous qui avaient beaucoup réfléchi à cette dualité : savoir et ne pas savoir, être honorable et ne pas être honorable, savoir que vous n’êtes pas quelqu’un de bien mais essayer quand même d’être quelqu’un de bien dans les limites de la corruption. Nous étions tous prêts à mourir pour la vérité dans nos vies secrètes, ou sinon exactement à mourir, du moins à passer deux ou trois coups de téléphone confidentiels et tâcher de feindre la surprise quand les autorités arriveraient ; mais dans la vie réelle, nous touchions un salaire exorbitant pour rester bouche cousue, et vous n’avez pas besoin d’être un individu totalement horrible pour fermer les yeux sur certaines choses – ou même participer activement à certaines autres choses – quand il ne s’agit pas uniquement de vous, parce que, parmi nous, qui est absolument seul au monde ? Il y a toujours d’autres personnes dans le tableau. Nos salaires et nos primes payaient un toit sur nos têtes, des papillotes en forme de poisson rouge, les études des enfants, les frais des maisons de retraite, les remboursements sur l’appartement de la mère d’Oskar à Varsovie, etc.
Commenter  J’apprécie          30
- Pourquoi voulais-tu prendre la mer ? (…) Je ne veux pas être indiscret, si tu préfères ne pas en parler. (…)
- Non, ça va. En fait, ce n’était pas vraiment… Je n’ai pas quitté la terre ferme à cause de ce que cet homme a fait, spécifiquement. Je l’ai quittée parce que je n’arrêtais pas de tomber sur les gens qu’il ne fallait pas.
– C’est ça le problème avec la terre, dit Geoffrey. Il y a trop de gens dessus.
Commenter  J’apprécie          20
Dans le monde extérieur, il restait éveillé la nuit, inquiet à l’idée d’être envoyé en prison ; maintenant, il dort très bien entre deux séances de comptage. Il y a une exquise insouciance à se réveiller chaque matin en sachant que le pire est déjà arrivé.
Commenter  J’apprécie          30
Ce n’était pas ça qui la retenait dans cette nouvelle vie étrange, dans le royaume de l’argent ; ce n’étaient pas les vêtements, les objets, les sacs à main ni les chaussures. Ce n’étaient pas la luxueuse maison, les voyages ; ce n’était pas la compagnie de Jonathan, même si elle avait pour lui une sincère affection ; ce n’était même pas l’inertie. Ce qui la retenait dans le royaume, c’était le fait – précédemment inconcevable – de ne pas avoir à penser à l’argent, car c’est bien cela que l’argent vous procure : la liberté de cesser d’y penser. Si vous n’en avez jamais été privé, vous ne pouvez pas comprendre la profondeur de cette donnée, à quel point cela change radicalement votre vie.
Commenter  J’apprécie          20
Vous savez ce que j’ai appris au sujet de l’argent ? Quand j’ai essayé de comprendre pourquoi ma vie à Singapour me semblait plus ou moins identique à celle que j’avais à Londres, c’est là que j’ai réalisé que l’argent est un pays en soi.
Commenter  J’apprécie          20
Vous savez ce que j'ai appris au sujet de l'argent ? Quand j'ai essayé de comprendre pourquoi ma vie à Singapour me semblait plus ou moins identique à celle que j'avais à Londres, c'est là que j'ai réalisé que l'argent est un pays en soi.
Commenter  J’apprécie          62
Elle se glissait avec facilité dans les replis de sa vie .
Commenter  J’apprécie          70
Toujours ces souvenirs, juste sous la surface. (p 271)
Commenter  J’apprécie          00
Des voix feutrées le réveillèrent. Il lui arrivait de plus en plus souvent de s'assoupir sans avertissement, et cela lui procurait une troublante impression de répétition générale. On commence par s'endormir pendant de brèves périodes, puis pendant des périodes plus longues, puis pour toujours. (p 420)
Commenter  J’apprécie          00
Ces précédentes versions d'elle-même étaient si lointaines qu'elle avait presque l'impression de se remémorer d'autres personnes, de vagues relations, de jeunes femmes qu'elle avait connues des années auparavant et qui lui inspiraient une profonde compassion. (p 307)
Commenter  J’apprécie          00
Ce que je veux dire, c'est que plus vous avez de souvenirs, plus vous avez perdu.
(p292)
Commenter  J’apprécie          00
Le trouble de retrouver ses contemporains plus ou moins décrépis, les souvenirs d'un visage plus jeune venant se heurter à la réalité des bajoues, des poches sous les yeux, des rides inattendues, puis l'effroi de se rendre compte qu'on a probablement l'air aussi vieux qu'eux.
(p 171)
Commenter  J’apprécie          00
"C’est risqué, murmura Dieter.
– Être en vie, c’est risqué."
Commenter  J’apprécie          140
Non, expliquait-il en cet instant à une adolescente de seize ans qui était née dans l’aéroport, les avions ne s’élevaient pas tout droit dans le ciel ; ils prenaient de la vitesse sur de longues pistes avant de s’envoler en biais. « Pourquoi leur fallait-il des pistes ? » demanda la fille, qui se prénommait Emmanuelle. Clark avait une affection toute particulière pour elle, parce qu’il se souvenait de sa naissance comme du seul événement joyeux survenu au cours de l’épouvantable première année.
« Ils ne pouvaient pas décoller du sol s’ils ne prenaient pas de la vitesse. Ils avaient besoin d’élan.
– Ah ! Les moteurs n’étaient pas si puissants que ça, alors ?
– Si, mais ils n’étaient pas comme des fusées.
– Des fusées...
– Les engins qu’on utilisait pour aller dans l’espace.
– C’est incroyable, murmura-t-elle en secouant la tête.
– Oui. »
Commenter  J’apprécie          90
Il existe certaines qualités de lumière qui estompent les années. Parfois, à l’aube, quand Kirsten était de garde avec August, elle lui jetait un coup d’œil lorsque le soleil se levait et, l’espace d’un instant fugace, elle voyait à quoi il avait ressemblé enfant.
Commenter  J’apprécie          30
La forêt s’était furtivement rapprochée du parking de l’école, dépêchant en avant-garde des arbustes qui poussaient dans les crevasses béantes du macadam.
Commenter  J’apprécie          90
Elle avait rencontré un jour un vieil homme, près de Kincardine, qui jurait ses grands dieux que les victimes de meurtres suivaient leurs assassins jusque dans la tombe, et elle repensait à cela en marchant, à cette idée de traîner des âmes à ses basques comme des boîtes de conserve au bout d’une ficelle. Le sourire qu’avait eu l’archer, juste avant d’expirer.
Commenter  J’apprécie          110
Le côté lumineux de la planète s’enfonce dans les ténèbres
Et les villes s’endorment, chacune à son heure
Et pour moi, aujourd’hui comme alors, c’en est trop.
Le monde est trop présent.

Czeslaw Milosz
Commenter  J’apprécie          230
La nuit était limpide et froide, sans lune, mais la clarté des étoiles était presque aveuglante. Walter n’aurait jamais imaginé, dans sa précédente existence à Toronto, qu’il tomberait amoureux d’un endroit où les étoiles brillaient tellement qu’il pouvait voir son ombre par une nuit sans lune. Il ne désirait rien qu’il n’eût déjà.

(Alto, p.73)
Commenter  J’apprécie          50
« Nous traversons ce monde si légèrement », dit Marie, citant de travers l’une des chansons favorites de Leon. L’espace d’un instant, il crut qu’elle parlait d’une manière générale, pour toute l’humanité, toutes ces vies individuelles qui passaient à la surface du monde en laissant si peu de traces, mais il comprit ensuite qu’elle parlait spécifiquement pour eux deux, Leon et Marie, et il ne put imputer à la nuit tombante le frisson qui le parcourut. Vers l’âge de trente cinq ans, ils avaient décidé de ne pas avoir d’enfants ; à l’époque, ça leur avait paru une manière raisonnable d’éviter les chagrins et les complications inutiles, et cette décision avait conféré à leur vie une certaine aisance qu’il avait toujours appréciée, une bienheureuse absence de contrainte. Mais on pouvait aussi considérer une contrainte comme une ancre, et Leon s’était pris à penser, ces derniers temps, qu’il aurait bien aimé être davantage ancré à cette terre.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Emily St. John Mandel Voir plus

Quiz Voir plus

Vrai ou faux ? (trop facile)

Le coeur d'une crevette est logé dans sa tête.

Vrai
Faux

11 questions
1265 lecteurs ont répondu
Thèmes : Devinettes et énigmes , humour belge , méduse , mésolithiqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}