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Citations de Emily St. John Mandel (363)


Dans le monde extérieur, il restait éveillé la nuit, inquiet à l'idée d'être envoyé en prison ; maintenant, il dort très bien entre deux séances de comptage. Il y a une exquise insouciance à se réveiller chaque matin en sachant que le pire est déjà arrivé.
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Le luxe est une faiblesse
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Elle n’aimait pas mentir, mais les attentes de Jonathan étaient claires. En tant qu’ancienne barmaid, elle était habituée à interpréter un rôle. Mentir était d’une troublante facilité. La nuit où Jonathan était entré dans le bar de l’hôtel Caiette, quelqu’un avait écrit un horrible graffiti sur la baie vitrée et elle était là à essuyer les verres, à compter les minutes en attendant la fin de son service, à se demander comment elle avait pu penser que ce serait une bonne idée de revenir ici, à tenter d’imaginer – sans succès – le restant de sa vie, parce que bien sûr elle pourrait partir travailler dans un autre bar, puis dans un autre, puis encore un autre, mais quitter Caiette ne changerait rien à l’équation de base. Les problèmes de la vie de Vincent étaient les mêmes d’une année sur l’autre : elle se savait raisonnablement intelligente, mais il y a une différence entre être intelligente et savoir quoi faire de sa vie, et aussi une différence entre savoir qu’un diplôme universitaire peut changer votre vie et avoir la volonté de se coltiner le terrifiant fardeau des prêts étudiants, d’autant qu’elle avait travaillé aux côtés d’un nombre suffisant de barmen diplômés pour savoir qu’un parchemin universitaire risquait fort de ne rien changer du tout, etc., etc., et elle tournait en rond dans ce territoire familier, dégoûtée de ses pensées et dégoûtée d’elle-même, lorsque Jonathan était entré dans le bar. À sa façon de lui parler, à sa richesse ostensible et à l’intérêt manifeste qu’il lui portait, elle avait vu l’opportunité d’une vie immensément plus facile, ou au moins d’une vie différente, une chance de vivre dans un pays étranger, une existence faite d’autre chose que le service au bar, dans un autre endroit qu’ici, et cette perspective était irrésistible.
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Des années plus tard, Walter fut interviewé trois ou quatre fois au sujet d’Alkaitis, mais les journalistes repartirent toujours déçus. En sa qualité de manager d’hôtel, leur disait-il, il était tenu à la discrétion, mais en vérité il n’avait pas grand-chose à raconter. Alkaitis était intéressant uniquement avec le recul. Il était venu à l’hôtel Caiette avec son épouse, aujourd’hui décédée. Lui et sa femme étaient tombés amoureux du lieu, aussi avait-il acheté le terrain quand celui-ci avait été mis en vente, et il le louait à la société de gestion de l’hôtel. Il vivait à New York et venait à Caiette trois ou quatre fois par an. Il dégageait l’assurance un peu lasse de ceux qui ont de l’argent, cette conviction désinvolte que rien de grave ne pouvait l’atteindre. Il était bien habillé, sans ostentation, bronzé comme le sont les gens qui passent l’hiver dans des contrées tropicales, raisonnablement en forme mais pas à un point spectaculaire – bref, ordinaire à tous égards. En d’autres termes, rien chez lui ne laissait prévoir qu’il mourrait en prison.
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Et si vous avaliez du verre brisé ? Une phrase griffonnée au marqueur à aide sur la baie vitrée de l’hôtel Caiette, côté est, avec des traînées de blanc dégoulinant de plusieurs lettres.
« Qui a bien pu écrire une chose pareille ? » Le seul client à avoir vu cette déprédation, un cadre supérieur insomniaque qui travaillait dans le transport maritime et était arrivé la veille, trônait dans l’un des fauteuils en cuir, buvant un whisky que le manager de nuit lui avait apporté. Il était un peu plus de deux heures du matin.
« Pas un adulte, vraisemblablement. » Le manager de nuit s’appelait Walter et c’était le premier graffiti qu’il voyait en trois années d’exercice. Le message avait été écrit du côté extérieur de la vitre. Walter avait scotché des feuilles de papier par-dessus et s’affairait maintenant à déplacer un philodendron en pot pour camoufler le papier, avec le concours de Larry, le portier de nuit. La barmaid de service, Vincent, essuyait des verres à vin tout en observant la scène de derrière le bar, à l’extrémité du hall. Walter avait songé à la solliciter pour l’aider à bouger la plante, parce qu’il avait besoin d’un coup de main et que l’agent d’entretien prenait sa pause-dîner, mais elle ne lui donnait pas l’impression d’être particulièrement robuste.
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August déclarait que, sur une infinité d'univers parallèles, il en existait forcément un où il n'y avait pas eu de pandémie et où il aurait pu devenir physicien comme prévu, ou alors un autre où il y avait eu une pandémie mais avec un virus ayant une structure génétique subtilement différente, une minuscule variante qui le rendait moins destructeur - en tout cas, un univers où la civilisation n'avait pas pris fin de manière aussi radicale.
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"Non, ils ne peuvent me toucher pour avoir battu monnaie", lança Dieter par-dessus son épaule. Il apprenait le rôle de Lear, bien qu'il ne fût pas assez vieux. Il marchait un peu devant les autres acteurs, murmurant des mots doux à son cheval préféré. Celui-ci, Bernstein, avait perdu la moitié de sa queue, le premier violoncelle ayant remplacé les cordes de son archet la semaine précédente.
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"C'est purement théorique, avait déclaré le juge, mais je suis tenu, pour des raisons techniques, d'imposer une période de liberté surveillée à l'issue de votre peine." Idée pour une histoire de fantômes : il était une fois un homme qui resta trois ans en liberté surveillée après avoir purgé sa peine de cent soixante-dix ans de prison. Idée pour une histoire de fantômes : il était une fois une femme qui erra, invisible, dans les rues de New York, jusqu'à disparaître dans la foule écrasée de chaleur.
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Vous savez ce que j'ai appris au sujet de l'argent ? Quand j'ai essayé de comprendre pourquoi ma vie à Singapour me semblait plus ou moins identique à celle que j'avais à Londres, c'est là que j'ai réalisé que l'argent est un pays en soi.
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Miranda est une personne qui a très peu de certitudes, mais l'une d’entre elles est que seuls les gens indignes se dérobent quand la situation devient difficile.
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Un parfum de pin, d'herbe et de fleurs sauvages flottait dans l'air, les étoiles brillaient au point que les caravanes projetaient sur la route des ombres cahotantes.
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On a la meilleure actrice shakespearienne du territoire, et sa citation préférée vient de Star Trek.
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Quand il regarda à travers la vitre, il fut apaisé par le paradis intérieur, les fleurs tropicales brouillées par le verre embué, les frondes de palmiers qui lui rappelèrent des vacances à Cuba, des années auparavant.
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De chaque coté de la route, la foret était une masse ténébreuse, vivante, remplie de bruissements indéchiffrables et de silhouettes d'un noir d'encre qui se découpaient sur le clair de lune éclatant.
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Les regrets s'accumulaient autour de lui comme des phalènes attirés par la lumière.
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L'enfer, c'est l'absence de ceux qu'on voudrait tant avoir auprès de soi.
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(il)... parlait pour plusieurs d’entre nous qui avaient beaucoup réfléchi à cette dualité : savoir et ne pas savoir, être honorable et ne pas être honorable, savoir que vous n’êtes pas quelqu’un de bien mais essayer quand même d’être quelqu’un de bien dans les limites de la corruption. Nous étions tous prêts à mourir pour la vérité dans nos vies secrètes, ou sinon exactement à mourir, du moins à passer deux ou trois coups de téléphone confidentiels et tâcher de feindre la surprise quand les autorités arriveraient ; mais dans la vie réelle, nous touchions un salaire exorbitant pour rester bouche cousue, et vous n’avez pas besoin d’être un individu totalement horrible pour fermer les yeux sur certaines choses – ou même participer activement à certaines autres choses – quand il ne s’agit pas uniquement de vous, parce que, parmi nous, qui est absolument seul au monde ?
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« Et si vous avaliez du verre brisé ? »
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Ils s’assirent dans un salon aux moutons de poussière gros comme des souris, Paul et Vincent sur un canapé vieux de trente ans et Melissa sur une chaise de jardin en plastique sale, et ils essayèrent de trouver quelque chose à se dire, mais la conversation n’arrêtait pas de caler, si bien qu’ils se contentèrent de boire leur café instantané sans que leurs regards se croisent vraiment.
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La fois suivante où il vit Vincent, ce fut le dernier jour de 1999, quand, à l’aéroport, il prit un bus à destination du centre-ville, écoutant les Concertos brandebourgeois sur son Discman, et trouva le domicile de Vincent dans le quartier le plus glauque qu’il ait jamais vu, un immeuble délabré en face d’un petit parc où les drogués titubaient comme des figurants dans un film de zombies. Pendant qu’il attendait que Vincent lui ouvre, il essaya de ne pas les regarder, de ne pas penser à l’option globalement préférable d’être sous héroïne – pas la sordide affaire consistant à vouloir s’en procurer toujours davantage, jusqu’à se rendre malade, mais la chose en soi, cet état dans lequel tout allait parfaitement bien dans le monde. Melissa ouvrit la porte. « Oh, dit-elle, salut ! Tu n’as pas du tout changé. Entre. »
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