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Citations de Emmanuelle Urien (58)


Tous les samedis soirs, Marie-Margaux prenait, sans raison particulière, une bonne volée. C'était une coutume conjugale à laquelle son mari n'aurait dérogé pour rien au monde : Alain était en effet de ces hommes qui croient dur comme fer que les petites habitudes cimentent le couple, et il tenait à ce que le sien fût aussi solide que possible. Si elle avait osé s'en ouvrir à son époux, il est probable que Marie-Margaux aurait eu sur la question une opinion plus nuancée, mais après cinq années de vie commune, elle jugeait difficile de revenir sur de pareils acquis, d'autant qu'ils présentaient, même pour elle, l'incontestable avantage de pouvoir en faire tout en plat.
(Incipit de "Sévices compris")
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Mélanie Bix, cette femme mince et un peu voûtée, suspendue par un fil à je ne sais quel ciel, quitte ce matin la petite ville de Saône-et-Loire qu'elle habite depuis dix ans, et où elle ne reviendra plus. Son nom, après, figurera sans doute dans les journaux, Mélanie Bix, c'est un nom que l'on retient facilement, moi en tout cas je ne l'oublierai pas.
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Sarah a lu et l'homme est là. Janvier, je vais l'appeler Janvier, mais qu'est-ce-que ça change ? Elle rit, et pleure, et rit encore pour cesser de pleurer, déchire la peau de ses doigts à belles dents. Son cœur va s'arrêter de battre d'un instant à l'autre, la peur grandit, la folie guette. Sarah s'effondre sur la table, sa tête va éclater, elle l'a tient à deux mains, elle la lâche et elle tombe, roule sur le lino, Bon débarras, du coin de l'œil elle le voit, maintenant il s'appelle Janvier, il est là et c'est tout."
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Elle les attend sur le canapé défoncé, affaissé au milieu, à l'endroit précis où elle s'assoit, le centre mou de son monde. Elle n'a qu'eux dans sa vie, ces types navrants qui, à demi-mot, se reconnaissent comme tels ; eux seuls pour avoir quelque chose à attendre le soir.
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Quand on demande à Alice ce qu'elle fait dans la vie,elle répond toujours qu'elle attend.Si on insiste pour savoir qui,quoi ou comment,elle se prétend femme de marin,et débrouillez-vous avec ça.Femme de marin à Orléans?En réalité,son mari est routier,mais finalement,qu'un homme parte en mer ou sur les routes,qu'est-ce que ça change,comme elle dit avant de vous tourner le dos.
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"La première fois, j'ai trouvé marrant qu'elle soit du même avis que le curé, vu qu'elle dit toujours qu'elle ne peut pas l'encadrer, celui-là, et les autres pareils, avec leurs sermons à deux balles. Cà l'a fait sauter au plafond. Pas question qu'elle soit d'accord avec cette engeance-là ! Alors elle m'a expliqué : ses dimanches à elle, c'est pour reposer ses palpitations, son arthrose et faire marner le grand Capital, tandis que le dimanche du curé, il lui sert à berner les pauvres gens et à leur faire croire au septième ciel alors qu'ils resteront leur vie entière bloqués au rez-de-chaussée, tout çà pour finir au sous-sol quand ils auront claqué".

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Il m'a demandée en divorce dans la buanderie. La machine à laver venait de passer en mode essorage.
Un instant plus tôt, j'étais une femme épanouie, heureuse. J'étais dotée d'un beau mari, le plus aimant du monde. Le meilleur père qui soit. Autrement dit, un homme idéal, parfaitement assorti à sa parfaite épouse.
A croire que je vivais recluse sous la couverture rose d'un roman de gare.
La seconde d'après, assise sur la machine à laver vrombissante, il n'y avait plus qu'un volatile grotesque.
Les yeux exorbités, le cou tendu, le bec ouvert et les ailes mortes, attendant encore qu'on le farcisse des fadaises dont il s'était inconsciemment nourri jusqu'alors.
Le dindon de la farce, plumé à souhait, prêt à rôtir. Une pintade, plutôt.
Et en face se tenait un mâle qui venait d'abattre son double-jeu; un beau mâle, assez costaud pour satisfaire deux femelles à la fois, assez malin pour berner celle qui se croyait l'Elue, assez sûr de lui pour penser qu'il pouvait tout faire basculer, en sa faveur bien entendu, et balancer sa vieille poule pour la nouvelle.
Qui, soit dit en passant, a presque un an de plus que moi. Avait.
La première partie de son plan a fonctionné à merveille : le coq quitte la basse-cour, abandonnant la poule n°1.
Pour la seconde partie, le coq s'est fait pigeonner : on a tordu le cou de la poule n°2 avant qu'il ait pu l'emmener pondre ailleurs. Mélanie s'est fait occire.
Pauvre coq. Le voilà seul, maintenant.
Privé de poules, autant dire châtré. Avec les poussins à mi-temps. p.40
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*Jeune femme médiocre sous tous rapports, prise dans la masse, invisible, étouffée, ne manquant à personne et ne se suffisant pas à elle-même, cherche sentiment d’être pour liaison vitale. Ecrire cerveau qui transmettra.
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... je n'écrirai pas non plus. A quoi bon ? Tout le monde dit que tout a déjà été dit. Mais alors tout le monde ferait mieux de se taire, à commencer par moi.
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*Marié, père de famille, une belle situation, le bonheur à fleur de peau, le vœu de tous les hommes. Mais sous l’ilôt serein qu’il présente à son entourage, avec plage, palmiers, ciel bleu et buffet à volonté, à fleur d’eau, il y a le mensonge.
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*Mais être, en définitive, ça n’a guère d’intérêt. Encore faut-il que les autres s’en avisent. Qu’ils entérinent votre existence, dans les règles ternes de l’art du quotidien.
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Soudain tu éclatais de vie comme on éclate de rire ...
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...quand on supporte c'est qu'on résiste, qu'on est fort, ou les autres moins qu'il y paraît ; alors on peut laisser dire, laisser faire. Ça n'empêche pas d'être quelqu'un à l'intérieur.
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Je vais la prendre, saisir sa taille entre mes mains, je glisserai mes doigts sous le tissu, j'en ferai de la soie ; je chercherai sa peau, elle ne peut être loin, et je balaierai les obstacles un à un jusqu'à la conquérir, sa peau et puis la mienne qui viendra s'y coller, pore à pore.
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Ses ultimes paroles on été pour le prêtre venu l'assister dans ses derniers instants à l'hôpital, quelques mois après que cette renommée inattendue l'avait submergée
"Dites, un petit rôle au paradis, ce serait pas de refus. Mais je vous préviens: cette fois, je ne couche pas. "
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Rien. Je n'attends rien.
C'est un soulagement. Un repos mérité, du corps et de l'esprit, après tant d'années à donner - donner, et tenacement espérer recevoir quelque chose en retour. Reconnaissance, affection, amour.
Comme sur les prospectus mal orthographiés des marabouts de pacotille.
Sans doute ai-je eu mon lot de tout cela, au fil du temps.
Un fil tendu à craquer, toujours prêt à s'effilocher davantage, mais qui a tenu bon jusque là, bien qu'usé jusqu'à la corde.
Le lent secret des hommes est de vider celles qui les nourrissent, ils leur soutirent leur substance, leur arrachent leur âme, ne leur laissent en échange que des bribes, des miettes - les bas morceaux des sentiments. Tant de luttes, de répétitions dans le vide, le vague, pour un simple merci, un morne s'il-vous-plaît.
Tellement de concessions, d'orgueil ravalé ou de juste colère rentrée, pour un baiser, sur la bouche au début, puis qui file sournoisement vers la joue, pour finir par simplement vous effleurer le front, en habitude distraite.
La même habitude qui vous fait vous laver les mains en sortant des toilettes.
Cette mécanique de l'indifférence est leur arme mortelle pour réduire la femme à néant. p.45
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J'avais un truc, c'est sûr,en dehors de mes fesses,soupire-t-elle.Dommage que personne n'y ait fait attention.
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La Reine des pleureuses finit par ravaler ses plaintes et sa compassion,s'excuse,se trompe sur les raisons de ma colère.Lève le pied sur les discours.Arrête peu à peu de vouloir me consoler à tout prix.Cesse de me rendre visite.Nous n'étions pas si proches qu'elle se sente obligée de me sauver la vie.Elle lâche l'affaire,et tant pis pour moi.....
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Personne ne comprend que c'est parce que nous étions deux sur la balançoire. A présent qu'il a sauté, je ne compte plus pour rien, je croule sous le poids de mon vide intérieur.
Il est temps que la cavalerie arrive.
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Je suis la source dont s’est abreuvé Narcisse. Je suis la porte par où est entrée Alice (qu’on n’aurait jamais dû laisser sortir). Je suis le magicien qui a trahi Blanche-Neige. Je suis ton reflet fidèle.
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