Seule près du berceau vide, Emilie est prise de vague à l’âme. Les femmes du monde n’allaitent pas. Je suis une femme du monde. De quel monde ? songe- t-elle.
Le besoin des femmes de se faire remarquer est peut-être un signe de leur fragilité, suggère Emilie. Les critiques qu’elles provoquent dérangent. Jusqu’à présent, elles n’avaient droit ni à la parole ni à l’écriture. N’est-ce pas un progrès que de voir une poignée d’entre elles ouvrir la voie ?
- . . . parmi nos nombreux amusements, nous avons pour habitudes de lire nos lettres en public et parfois de les décliner dans des genres différents. .Vous voyez ?
- Tout à fait, Madame. Un exercice de style qui suppose de se glisser dans des tonalités diverses, de passer de la sincérité à la malice, du sérieux à la légèreté . . . se grise Emilie.
Quand on est une femme, on a toujours peur d'être déçue, on ne renonce jamais à donner une nouvelle chance, parce qu'on a pas le courage de tout laisser en plan. Une femme c'est trop gentil. Elle se berce de fausses bonnes raisons, de rester, d'y croire encore.
Nous, les femmes nous portons toutes un rêve quinous permet de durer. D'endurer plutôt. Dans l'espoir qu'un jour se rejouera la grande scéne du deu où les énergies se rencontrent et nous donnent la force de continuer à supporter. Nous vivons de cet espoir là, nous sommes des quémandeuses, des demandeuses d'amour.
Quand je doute de moi, que je me sens perdue, je pense à Marthe. A celles qui tombent amoureuses, même à quatre-vingts ans. Je me dis que tout est possible quand on croit en soi, quand on voit grand, loin, quand on garde le goût de l'aventure et du risque.
Je suis un commissaire parisien de la PJ, créé par Georges Simenon, à l’allure bourrue, je prends mon temps pour résoudre mes enquêtes, je suis un fumeur de pipe invétéré.