A l’heure où seul compte le pouvoir (financier, moral, hiérarchique etc..) que l’on peut prendre sur les autres, le sexe et l’amour libèrent. Quand notre corps est en émoi, les barrières de la conscience et de la raison sont dépassées. L’amour rend fou. Et tant mieux. Il permet de dépasser sa timidité et la peur que nous a inculquée la société. Cet amour qui guide notre vie, ce désir incarné, ce sentiment toujours atteint et éclipsé, fruit de nos entrailles, moteur impitoyable de notre chair, de notre être et de la vie. Les corps se suivent et se ressemblent, s’enchâssent, s’assemblent, s’emboîtent et s’encastrent. Et se lassent. Un désir en chute perpétuelle qui se casse et se tue à chaque rencontre. Puis renaît et bande
Je suis seul comme une planète folle, une terre molle et froide, cérébrale, ectoplasmique, sodomite, aimable, affable, à table. Je suis seul comme une jeune mariée abandonnée. Voyageur de la terre, perdu au milieu de l'océan. Seul dans la foule incommensurable et désertique. Seul dans la ville qui choie et sombre, haletante et sourde à mon désarroi. Seul, oui seul, amoureux solitaire.
La violence des mots fait partie de notre monde. Elle s'incruste au bahut. Où se forgent nos langages assassins ? Cette barbarie verbale du quotidien qui conduit certains -et pas les plus fragiles, au contraire- au passage à l'acte. (p.18)
Ce projet de loi sur l'immigration du nain de jardin est fondé sur l'inhospitalité et le rejet de l'autre. Le monde actuel pousse les migrants à perdre leur culture au prix d'une désintégration. Nous, les émigrés, sommes inquiets, paranos. L'angoisse monte même chez les étrangers qui ne sont pas concernés par ce texte, parce qu'ils ont déjà des papiers, un travail, un logement. Toutes les positions se radicalisent. Comme on se sent menacé dans notre identité, on se recroqueville. Personne en peut s'intégrer dans une société inhospitalière. (p.42)
Voilà maintenant cinq ans qu'il est célibataire, cinq ans qu'il n'a rencontré personne et qu'il n'y tient pas. Je lui dis que je trouve cela dommage pour lui. Il me répond qu'il ne peut pas, qu'il ne veut pas, qu'il est bien seul. On se prend ensuite une mousse au chocolat et un café, le vent commence à se lever, des feuilles volent. Jérôme a trouvé un équilibre, il se remet à peindre sérieusement, il a retrouvé l'énergie créatrice. Je l'en félicite : c'est une des plus belles choses au monde que de créer. Peut-être la plus belle. Avec l'amour.
Tu finis même par accepter ta nouvelle réalité. Des contacts positifs s'établissent avec nous, alors que nous sommes si différents. Oui, tout nous sépare. Mais nous traversons ensemble un putain de drame extraordinaire. Tu n'as plus que le Gang des Barbares pour t'identifier comme être humain. (p.38/39)
Le mode de vie hétéro décadent a fait long feu et s'effondre : explosion des familles, divorces en pagaille, homoparentalité. Gageons que le mode de vie gay, par les nouveaux modèles qu'ils proposent apportera réconfort et espoir à ces pauvres hétéros en pleine crise de sens et de représentation.
L'homophobie, ce n'est pas que des mots. L'homophobie, c'est aussi du sang et de la merde.
La vie est une maladie sexuellement transmissible, mortelle.