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Critiques de Ernest Pérochon (68)
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Oeuvres romanesques, tome 1

Babette et ses frères a une action peu après la Guerre de 1870 et se déroule dans le milieu de le Petite Eglise en Poitou (dissidents ayant refusé le Concordat de Napoléon Ier). Région où se passe également le récit de "Nêne" prix Goncourt en 1920. Babette est amoureuse d'un étranger athée et elle va devoir le payer très cher.



Les trois autres titres ont une action en rapport avec la Première Guerre mondiale. Ce sont : "Les gardiennes", "Le crime étrange de Lise Balzan" et "Marie-Rose Méchain". Toutefois la dimension, d'une certaine émancipation féminine, est rurale et paysanne dans le premier titre mais petite-bourgeoise dans le troisième. Pour "Le crime étrange de Lise Balzan" est évoquée une page qui n'est pas à la gloire des officiers supérieurs français de la la Grande Guerre.
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Nêne

Un vieux roman, édité juste avant la guerre de 1914 qui raconte l'histoire d'une orpheline, employée comme bonne d'enfants et bonne à tout faire par un jeune veuf dans les campagnes arriérées des Deux-Sèvres. Elle est pleine d'abnégation et de tendresse, Nêne, pour les deux enfants dont elle s'occupe.

C'est un roman triste et beau.
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L'instituteur au début du XXe siècle

Les premiers textes littéraires d'Ernest Pérochon parurent dans les bulletins de l'Amicale des instituteurs des Deux-Sèvres.



Ici l'auteur évoque tant le métier tant à la Belle Epoque, où il a enseigné, que pour les années 1920. Ces deux univers sont très différents : le premier est marqué par les conflits entre directeurs tout puissants et adjoints, des instructions officielles datant de Jules Ferry où la mémorisation l'emporte sur la compréhension tandis que le second voit se dessiner un enseignement qui désire être plus prêt des compétences réelles et des intérêts des enfants (IO de 1923) alors que les instituteurs sont autorisés à se syndiquer. Ernest Pérochon ne peut le dire mais quelques années après la parution du présent ouvrage, certains de ses romans scolaires dont "À l'ombre des ailes" remplacent "Le tour de la France par deux enfants" dans nombre de classes de cours moyen et supérieur.



Pérochon a commencé sa carrière d'enseignant comme "régent" en octobre 1903 et l'a terminée en l'été 1921, entre temps il aura fait deux ans de service militaire et quatre ans de guerre. Toutefois dans l'Entre-deux-guerres il est l'équivalent de délégué départemental de l'éducation nationale, membre du conseil d'administration du lycée de garçons de Niort et son épouse enseigne dans une école primaire supérieure (équivalent du collège d'aujourd'hui).



En complément de "L'instituteur", on lira le roman "Le chemin de plaine" (du même auteur) très largement autobiographique, ce dernier nous décrit le métier en question avant 1914. On peut remercier Marivole/CPE de cette réédition de "L'instituteur au début du XXe siècle" d'Ernest Pérochon et d'avoir proposé deux introductions à cet ouvrage rédigées par des personnes qui apportent une vision complémentaire.
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Le chemin de plaine

Félicitations à ClaireG.



Quatre remarques:



1)"Le chemin de plaine" se déroule à Courlay et est très largement autobiographique d'après des articles très documentés parus sur le sujet.



2) C'est donc le même environnement, le bocage, que celui de "Nêne" (prix Goncourt), à savoir le nord-ouest des Deux-Sèvres où on trouvait alors nombre de fidèles de la Petite Eglise. Eux mettaient leurs enfants à l'école laïque alors que l'enseignement catholique était dominant.



3) Ernest Pérochon romance ici sa première année d'enseignant qu'il effectue dans l'école où il a été scolarisé jusqu'au certificat d'études.



4) Par contre "Les Gardiennes" comme "Les fils Madagascar" se déroulent dans le Maris poitevin.
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Babette et ses frères

"Babette et ses frères" a une action peu après la Guerre de 1870 et se déroule dans le milieu de le Petite Eglise en Poitou (dissidents ayant refusé le Concordat de Napoléon Ier).



La dissidente Babette est amoureuse d'un étranger athée et elle va devoir le payer très cher.



On est dans la région où se passe également le récit de "Nêne" prix Goncourt en 1920, à savoir le nord du Poitou, non loin du Maine-et-Loire.
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Les Creux-de-Maisons

Ernest Pérochon, écrivain emblématique des Deux-Sèvres, met en scène les petits gens de la ruralité mais aussi le folklore du Poitou.

Il dépeint le quotidien du XIXème siècle du milieu pauvre de la campagne.

Assez touchant pour ceux qui comprennent la France 'profonde'...
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Les Creux-de-Maisons

La misère ruisselle tout au long du récit. Séverin Patureau fait partie des plus pauvres, de ceux que l'on nomme les cherche-pains, en mendiant tantôt un quignon de pain, tantôt un peu de lait et bien trop souvent, ne trouvant rien à se mettre sous la dent pour se remplir l'estomac qui crie famine.



Sa rencontre avec la jolie meunière, répondant au doux nom de Delphine, lui donne un regain d'espoir. Une fois leur union scellée, Séverin se loue dans les fermes avoisinantes, tandis que Delphine se gage comme femme de ménage, espérant économiser suffisamment d'argent pour louer une borderie avec laquelle ils pourront vivre plus aisément. En attendant de voir leur projet aboutir, ils s'installent dans une vieille cabane insalubre comme beaucoup de pauvres de cette période que l'on nomme "Les creux-de- maison ".



Fort de leur amour, tous deux s'acharnent au travail comme des damnés, Delphine ne se posant que peu de temps entre chaque naissance. Hélas, après plusieurs accouchements, la fatigue et la malnutrition auront raison de sa santé et la malheureuse décède dans cet espace insalubre, devenu trop étroit pour toute la famille, laissant derrière elle un mari et des enfants qui vont connaître le même destin que leur père dans sa jeunesse et devenir à leur tour des cherche-pains.



Si cette lecture est d'une noirceur oppressante, l'auteur va droit à l'essentiel, en décrivant avec justesse la misère de cette période très sombre de l'entre guerre qui se termine malgré tout avec une touche d'espoir en demi-teinte.
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Les hommes frénétiques

Ce roman évoque un avenir possible de l'humanité, il parle des grands cataclysmes de la fin du monde à une époque où la science a atteint son apogée et il contient quelques-unes des pages les plus saisissantes, les plus démentes et les plus belles de toute la SF française.

En 1925, à la parution de ce livre, Ernest Pérochon fut placé par la critique unanime aux côtés des plus grands du genre : Jules Verne, HG Wells et Rosny aîné.

Cet auteur, qui a obtenu le prix Goncourt en 1920 pour "Nène" est un écrivain attaché à sa terre et son unique incursion dans le domaine de la SF est une réussite formidable, un roman passionnant et déconcertant.
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Au cri du chouan

Deux ouvrages "Barberine des Genêts" et "Les Endiablés "

réunis en un seul "Au cri du chouan ". L'action est durant les Guerres de Vendée sous la Révolution. On est au sud de la Loire et pas au nord (pays de la chouannerie).



Le récit prend prétexte de l'idylle entre le catholique Gilles et la protestante Barberine pour nous montrer combien les Vendéens, de sentiments plutôt républicains ou contre-révolutionnaires, souffrent du conflit.
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Les hommes frénétiques

C'est un livre très en avance sur son temps: un roman post-apocalyptique aux thèmes contemporains, mais écrit en 1925.



Hélas, certains aspects sont bien de cette période.

Le style est désuet.

Le racisme et présent.

La structure du roman est aussi trop peu adaptée à mes gouts contemporains.



Oui le livre est raciste : les races sont omniprésentes, les mots "nègre", "mulâtre" ne sont pas rares.



Les rares personnages principaux de couleurs sont dépeints comme des primitifs !



Le récit passe d'Harrisson à un plan plus planétaire.

J'aurais aimé en lire plus sur Harrisson : sa vie, ses sentiments, ses appréhensions.

L'histoire de l'humanité est décrite en de longs chapitres intéressants décrivant les conflits, catastrophes et rebondissements. Je n'ai pas du tout accroché.Ces parties n'apportent rien à la narration. Au final, je les ai zappées.

Seul un roman plus récent "Spin" a su mêler destin individuel et planétaire.



On trouve dans ce livre des thèmes majeurs que l'on retrouve dans la grande majorité des livres post-apocalyptiques actuels : âge d'or perdu, nature humaine entrainant l'humanité vers le chaos, responsabilité des sciences, survie de l'humanité au travers d'éléments différents...



Donc



Je vous recommande de lire d'autres romans post-apocalyptiques comme "Holocauste" de Christophe Siebert ou "La route" de Cormac McCarthy qui traitent bien mieux le sujet.

Mais je ne recommande pas ce livre même s'il a dû servir directement ou indirectement d'inspiration au genre post-apocalyptique.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Les Creux-de-Maisons

1913, édition Plon, 1929, 252 pages.

Roman paysan.







4è DE COUVERTURE :

(pas trouvé, mais j'ai un résumé) :



Les Creux-de-Maisons, ce sont ces cabanes insalubres dans lesquelles s'entassent les pauvres, les "cherche-pain". En ce début de XXe siècle, dans le bocage vendéen, Séverin Pâtureau est l'un d'eux. Malgré le dénuement dans lequel il est né et a grandi, il travaille dur comme journalier pour gagner sa vie. Amoureux de la fille d'un ancien meunier, puis père de famille, il tente avec tout son courage de nourrir décemment les siens.



MES IMPRESSIONS :

Fantastique au niveau découverte, ce petit livre d'une de mes brocantes !

C'est notre pendant de Petit Jean le Barbu chez vous, les cousins.

Ce sont nos racines.

Cependant, la gaité de Félix n'est pas là. Le livre décrit la misère des petites gens de l'ouest de la France il y a 100 ans.



Plein de mots du vieux français :

les cherche-pain, un creux-de-maison, un bissac de pain, le char-à-bancs, droit comme un jet, saladier de caillebotte, rigourdaines, l'avant-deux, la ribote, cantilène, faire ton prône, t'as le fricot, peau de carpette, accotillé, les emblavures, il était va-devant, deux bessons, accoté, chiens blancs, les ranches, les guérets, tu as parlé sur ta grosse dent, une charrière, ils arrolaient.



Sous la pluie fine, Séverin marchait lentement, un peu courbé comme aux jours de son enfance, quand il rapportait au creux-de-maison le bissac de pain mendié.
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Au cri du chouan

Un roman de terroir sans doute ! Mais une belle fresque sur les guerres de Vendée et surtout sur la vie quotidienne dans ces campagnes ravagées par la guerre. Avec tout un travail de restitution du langage vendéen.

A re-découvrir ? Plutôt à découvrir !!!
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Les hommes frénétiques

Géopolitique du futur. Chiant.



Futur lointain, alors que le monde entier jouit d'une paix durable et d'une douceur de vivre grâce à la science, certains événements vont semer la discorde...



On découvre ce monde avec beaucoup de plaisir : l'énergie est disponible gratuitement a tout à chacun; des avions servent de moyen principal de communication... L'utopie enfin réel, l'an 2000 enfin réalisé. Puis une fois les présentations faites, et le loup dans la bergerie, la science sans conscience, l'auteur se lance dans de longues descriptions des évènements mondiaux qui vont précipiter la fin de ce monde idyllique. Cependant il calque un peu trop son histoire sur la notre : chauvinisme, patriotisme, religion. Mélangez le tout et vous obtenez une guerre et l'incapacité des gouvernements mondiaux à l'empêcher via un ersatz de Société des nations. Puis dans un autre chapitre : intérêts commerciaux, volonté de pouvoir et vous obtenez une guerre sur un autre continent et bla bla bla et bla bla bla. Les chapitres se répètent dans de longues descriptions froides, sans personnages pour faire tenir le tout.



Arrivé a ce stade, stop. Même si l'auteur a peu foi en l'humanité, cela ne rattrape pas le peu d'enjeu de la chose. Des personnages inexistants, une histoire inexistante. Un intérêt, le mien inexistant.

En outre, le regard blanc sur les autres races devient vite gênant, malgré l'humanisme supposé de l'ensemble. Oui, je sais, il faut se replacer dans le contexte. Mais sincèrement, il existe des auteurs qui ont écrit avant cette date et avaient un regard plus critique sur le racisme, le colonialisme.

Mon plaisir de lecture étant nul, vite un autre roman.



La bonne blague du jour :

Une édition numérique a 13€ chez Snag éditions, sachant que le roman est tombé dans le domaine public et que vous pouvez le télécharger gratuitement ici ou ailleurs !!!

Merci Snag éditions pour cette bonne tranche de rigolade.
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Nêne

Bien écrit mais dans un style assez daté. L’histoire pourrait être intéressante mais le côté moralisateur, édifiant du récit, les dénouements prévisibles.. tout cela devait être très bien en 1920 mais aujourd’hui, c’est un peu gnan-gnan. Bref, je suis parti pendant la fête du cochon...
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La Parcelle 32

Une jeune femme, deux prétendants, raison et sentiment, amour et argent… une intrigue sans doute un peu surannée pour un roman publié en 1929. Mais elle ne se résume pas qu’à ça, c’est aussi l’histoire d’un vieux paysan au sortir de la première guerre mondiale qui a perdu sa femme et son fils et qui tente de reconstituer la ferme familiale pour son petit-fils.

Tout se passe donc à la campagne. Les paysans sont très bien campés dans leurs intérêts, leurs relations, leurs façons de penser, etc. Ils ont un langage un peu trop châtié, à part quelques expressions typiques de l’Ouest, ils s’expriment tous dans un bon français, sans patois ; c’est un peu dommage je trouve, j’aurais bien aimé retrouver un ou deux paysans à l’ancienne, peu ou pas instruits. Mais à part ce léger regret je trouve tout le roman très bon. L’attachement à la terre, la fierté, les jalousies et les tensions dans un village, le travail aux champs (à l’époque c’était avec les bœufs), tout ce qui fait la vie des paysans est bien rendu.

Il contient aussi plein d’éléments qui sont spécifiques à la guerre : les morts, les sursitaires, la mentalité à l’arrière, l’enrichissement soudain des paysans. Et puis aussi le sort des femmes, seules, veuves, célibataires, obligées de travailler dans les champs. Ce n’est pas le roman le plus inventif du siècle, mais quand on aime ce milieu paysan c’est très bien.
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Les gardiennes

je voulais absolument lire le livre avant d'éventuellement regarder le film qui en est tiré. j'ai déjà lu plusieurs livres de cet auteur que je tiens en grande estime ( http://www.tournivelle.fr/la-vie-de-ernest-perochon/ ) .

j'ai beaucoup aimé ce roman, qui raconte le marais pendant la Première Guerre mondiale. il n'y a pas de cliché dans cette vie dure et rendue encore plus difficile par l'absence des hommes et les deuils. le personnage de la Grande Hortense est tout en nuance : elle est dure, parce que sinon la terre ne nourrira pas la famille, les hommes partis à la guerre ne retrouveront pas leur bien. elle est dure, en sachant ce qu'au fond, tous pensent d'elle, mais tant pis, la terre d'abord. le personnage de Solange n'est pas trop fouillé, peut-être parce qu'à l'époque où Ernest Pérochon écrivait, les changements qui interviendront dans la société n'étaient pas encore vraiment admis? celui de Francine est assez "convenu", une orpheline qui tourne bien tout en "commettant une faute", faute qui sera sa planche de salut au final... les portraits d'hommes sont aussi intéressants, même s'ils sont plus en arrière-plan.

après la lecture de ce livre, j'ai très envie de refaire un tour dans le Marais poitevin. ^-^
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Les hommes frénétiques

J'étais curieuse de lire ce roman qui anticipait sur un futur dans lequel les progrès de la science sont détournés par une fureur guerrière inévitable.

J'ai trouvé très intéressante la chronologie imaginée par l'auteur qui pensait l'avènement possible d'une ère universelle de paix dans laquelle tout serait mis en commun pour le bien-être du plus grand nombre.

C'est dans cette période que s'ouvre le récit mais par la suite il évolue en une succession de conflits de pouvoir et d’intérêts privés qui dressent les population s les unes contre les autres avant d'aboutir à une catastrophe scientifique qui propage la stérilisation générale des humains... sauf...

J'ai eu du mal à accrocher à l'écriture et j'ai trouvé le texte au fond assez flou et symbolique dans sa description des événements mais c'est ce qui permet d'y voir ce qu'on veut en fonction du contexte de lecture.

La façon d'imaginer le futur m'a fait penser au début de "Ravage" de Barjavel.

Il est en tout cas assez incroyable de savoir que ce récit a été rédigé en 1927 quand on le lit avec à l'esprit les catastrophes scientifiques et guerrières possibles actuellement...
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Les Creux-de-Maisons

Tableau qui témoigne du sort peu enviable des valets de ferme et de leurs familles, au tout début XXe, dans la campagne profonde deux-sévrienne.

Le coup d'oeil de l'auteur relève de la sociologie et offre un témoignage émouvant du vécu de ces gens-là.

Se dessine aussi la figure de la personne mauvaise de nature. Ici Frédéric Loriot, le fermier, jaloux et teigneux avec son valet, qui provoquera le malheur de toute la famille. Cette figure de la personne vraiment nuisible est récurrente chez Ernest Pérochon, que ce soit le valet Boiseriot dans le roman "Nène", ou bien celle qui se dessine avec le jeune Bernard Mazureau, dans "La Parcelle 32".

Les héros ont beau lutter de toutes leurs forces, le tenace pouvoir de nuisance de certains autres l'emporte.

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Les hommes frénétiques

Ernest Pérochon (1885-1942) est surtout connu pour ses romans de terroir, en particulier Nène pour lequel il a reçu le prix Concourt en 1920.

Et voilà que, cinq ans plus tard, sort Les Hommes Frénétiques, un roman d'anticipation à base de nucléaire, de mutations, de destruction du monde et autres combats politiques, reflétant les peurs de son époque et prophétisant l'arrivée de la seconde guerre mondiale ainsi que les dégâts des armes atomiques.



Si le roman est parfois un peu inégal et politiquement incorrect (beaucoup de termes et clichés racistes, entres autres), il n'en reste pas moins une véritable curiosité. Pérochon va même assez loin, en particulier dans la description des mutations et n'hésite pas non plus à donner à ses personnages principaux des fins ignobles et injustes.



Une bonne découverte pour ma part, plutôt pour son aspect assez singulier et en avance sur son temps que pour ses qualités littéraires, je dois bien l'avouer, et dont l'ouvrage, chez "Bibliothèque Marabout" est d'ailleurs suivi d'extraits de critiques et réactions de l'époque.
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Nêne

Ayant des racines familiales dans les Deux-Sèvres, j'ai toujours été familière du nom d'Ernest Pérochon avec son côté rigolo et son destin tragique. Il fait partie des écrivains désuets que les boîtes à livres de nos contrées font ressurgir opportunément. C'est grâce à l'une d'entre elles que je me suis lancée dans la lecture de ce prix Goncourt 1920 qui apporta la consécration à son auteur, jusqu'alors instituteur dans son département natal.



Le roman est néanmoins plus ancien, publié en 1914, et nous peint la campagne d'avant la Grande Guerre et ses bouleversements. Sujet que l'auteur traitera dans le roman Les gardiennes, adapté au cinéma en 2017 par Xavier Beauvois et réédité à cette occasion.

Avec Nêne, Pérochon s'attache à décrire les communautés rurales de son bocage, les déterminismes qui pèsent sur les destins des personnages.



Aux relations marquées par lees travaux des champs et des accidents de la vie s'ajoute un contexte religieux très particulier à cette zone rurale enclavée: la persistance, jusqu'à nos jours, de la Petite Église, dissidents du catholicisme ayant refusé le régime concordataire.

Les préjugés et les conflits entre dissidents, catholiques et protestants attisent les rancœurs entre les personnages qui vivent dans le vase clos du bocage.



Le drame de Nêne aurait ou être l'objet d'une nouvelle normande de Maupassant. La plume de Pérochon s'attache aux personnages, rendant compte de leurs préoccupations, leurs ambivalences, leurs petits calculs, leurs passions et leurs émotions. L'écriture n'exclut pas un certain lyrisme, qui semble vouloir compenser l'âpreté du récit.



Le portrait de Madeleine, qui reporte sa frustration existentielle dans le lien maternant exacerbé avec les enfants de Corbier, m'a rappelé l'héroïne de Mont-Oriol abandonnée par son amant et étrangère à son mari.

Les pages qui portent sur les moments partagés avec les petits, sur la jouissance de ce lien avec ces êtres prêts à s'attacher et aimer de grand cœur, sont magnifiques et révèlent la finesse psychologique et humaine de Pérochon, qui excelle à partager ces morceaux de vie féminine sans mièvrerie ni dédain.



Malheureusement l'issue de ce drame familial et social sera tragique pour la jeune femme, victime de son statut, de sa pauvreté, de la malveillance et de la calomnie, et enfin de son ardent désir d'aimer. Nêne est un roman triste et beau à ajouter à la liste de ceux qui parlent de la vérité des vies des femmes.
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