Citations de Eva Almassy (48)
Nous sommes des secrets ensevelis dans nos propres cellules, des espèces de bourgeonnements, des fleurs transparentes.
De ce qui nous fait mal, personne ne sait rien.
Il ne m'aime pas comme je l'aime. S'il m'aime un peu c'est pour le moment, et moi, je l'aime pour survivre à ce moment. Je l'aime avec une rage dont il n'a pas pris la mesure.
On ignore complètement ce que les autres pensent de nous et cette ignorance nous tient lieu d'innocence.
Une femme va vers son nouvel amant.
La voie rapide, les quais de la Seine.
Comme un déshabillage : les bretelles d'autoroute,
la petite ceinture, et le nombril de la ville.
p 33
Elle avait réussi une séparation, mais l'homme était revenu, un poids mort, toujours à la maison.
L'après diffère de l'avant comme sont bleus les oeufs de rouge-gorge.
Un conjoint est un contemporain au sens trop fort du terme, il vous prend votre temps, il le prend pour le sien, il vit dans votre temps, il s'y promène, il nage dans votre journée remplie de lumière et c'est vous qui n'avez plus pied, qui vous noyez, qui ne voulez plus vivre avec cet homme-là, cet homme que vous aimez.
Nous avons vécu de choses
Séparément
Puis ensemble.
Nous avons été seuls
Séparément
Puis ensemble.
« Est-ce la dernière fois ? » demandait Bé. Il y a dans chaque nouvelle amante une Schéhérazade affolée qui tient la comptabilité de son espérance de vie.
Nous sommes des secrets ensevelis dans nos propres cellules, des espèces de bourgeonnements, des fleurs transparentes. De ce qui nous fait mal, personne ne sait rien.
« Il ne m’aime pas comme je l’aime. S’il m’aime un peu, c’est pour le moment et, moi, je l’aime pour survivre à ce moment. Je l’aime avec une rage dont il n’a pas pris la mesure ». (p. 54)
EXTRAIT 2/2
Je sens bien que je n’ai pas de corps.
Je crois que je n’existe pas.
Il existe des tas d’êtres qui n’existent pas. Je ne suis pas le seul. Lequel suis-je parmi un million ? Parmi un milliard ?
Un vampire ? Une licorne ? Un loup-garou ?
Je sais seulement que je ne suis sûrement pas un vampire car sinon j’aurais de ces longues canines affreuses. Oh, je préfèrerais ! Mais je n’ai pas de canines. Ni même de molaires. Même pas de dents de lait. Rien. Je suis édenté, étêté, équeuté, écœuré. La totale.
Si j’étais une sirène, j’aurais une superbe queue de poisson avec des écailles étincelantes. Si j’étais une fée, j’aurais des ailes de libellule. Si j’étais un loup-garou, je serai couvert de poils. Ne rêvons pas. Fée ! Sirène ! Loup-garou ! Un malheureux zombi vaut mieux que moi. Un zombi, ça a au moins un corps. Un corps décomposé, d’accord, mais un corps quand même. Un corps sans esprit, d’accord, mais… Je crois que j’ai compris. Si un zombi est un corps sans esprit, alors, je dois être le contraire d’un zombi. Un esprit sans corps. Un fantôme. »
EXTRAIT 1/2
Madeleine Delande sentit une grande torpeur comme un brouillard descendre sur elle de la peinture un peu écaillée du plafond. Ce qu’elle ne faisait jamais, sauf en cas de maladie, elle s’étendit sur le lit où elle dormit tout l’après-midi et même toute la soirée. Quand la vieille pendule sonna minuit avec une minute d’avance, elle se leva et s’installa devant l’ordinateur. Elle mit pour la première fois les mitaines gothiques et glissa ses longues phalanges blanches, soulignées du X noir, sur le clavier. On aurait dit des petits serpenteaux qui couraient dans tous les sens sur le clavier dont les touches ressemblaient à cent douze osselets. Mais l’écrivain ne regardait pas ses mains. Elle plongea son regard avide dans la page blanche de l’écran. Caractère après caractère, un titre fit son apparition, suivi d’une histoire.
On ne peut pas être la plus importante pour quelqu’un sans revêtir une armure encombrante qui vous isole de tout le reste.
Il y aurait eu donc, toutes ces années, une place vacante à ses côtés sans même qu'elle s'en rende compte ? Ou bien, soudain, une place s'était libérée parce que cet homme avait posé sur elle son désir.
Les villes nous émeuvent d'abord parce qu'elles sont là, on ne peut rien y changer, elles sont comme notre passé.
Nous vivons pour rien, sans aucun public, pour personne. Heureux les paranoïaques qui s'imaginent qu'on les observe.
Une minute pour se toucher, se répandre en baisers et repartir. Le levier de la boîte de vitesses est un totem.
Ici, il n’est pas question d’être heureuse simplement, dans de bonnes conditions, mais d’être heureuse pour quelqu’un qui n’a plus d’autre ressource que tout l’univers pour son bonheur.
Autrefois, on envoyait des SOS et maintenant, dans un monde égocentré, des SMS, non plus Save Our Souls mais Save My Soul.