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Critiques de Evelyne Bloch-Dano (133)
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Madame Proust



« Ma vie a désormais perdu son seul but, sa seule douceur, son seul amour, sa seule consolation » écrivit Marcel. La descente aux enfers durât deux ans avec des rémissions, des rechutes, des crises. Maman en mourant a emporté le petit Marcel, confia-t-il aussi.



Le petit Marcel était bien mort mais il avait donné naissance à l’écrivain. Un Marcel Proust qui passerait le reste de ses jours à élaborer une œuvre dont sa mère aurait été fière. Le plus beau témoignage de sa reconnaissance en est peut-être, tout simplement, la première phrase : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. »



Oui, Maman aurait aimé cette phrase.



C’est sur cet épilogue que je referme ce livre les larmes aux yeux. Evelyne Bloch-Dano a écrit un très beau récit sur Jeanne Weil-Proust qui peut être lu par tout un chacun tant c’est fluide, vivant, intéressant, nul besoin de s’être penché sur La Recherche. Elle est présidente du jury du Cercle littéraire proustien de Cabourg-Balbec , c’est dire à quel point, elle est imprégné de son sujet qu’elle sait si bien nous illustrer.



Jeanne est issue d’une famille juive très aisée et parfaitement assimilée, d’origine alsacienne, pénétrée du Siècle des Lumières. Elle a vingt et un ans lorsqu’elle rencontre Adrien Proust de quinze ans son ainé. La famille Proust est originaire d’Illiers en Eure-et-Loir. Madame Virginie Proust tient l’épicerie du centre bourg. Famille modeste, de religion catholique et très pieuse, le grand-père d’Adrien fournissait même les cierges de la paroisse, peut-on imaginer une Weil épouser un descendant d’un marchand de cierges ? Adrien est bel homme. A 36 ans, il est chef de clinique et agrégé de médecine. Il est considéré comme l’un des espoirs français de la médecine et il est libre-penseur. Jeanne sait qu’elle restera fidèle à ses origines, jamais elle ne se convertira. La jeune fille juive et le fils d’épicier s’unissent au seuil d’une bourgeoisie laïque que la Troisième République va porter au pinacle. Le mariage a lieu le samedi 3 septembre 1870, le lendemain de la défaite de Sedan. La famille Weil est au grand complet mais aucun des Proust ne sera présent ?



Marcel nait le 10 juillet 1871, après la semaine sanglante, et Robert le 24 mai 1873. On imagine aisément la grossesse de Jeanne pour Marcel étant donné la période. Peu d’écart entre les deux frères dont l’éducation incombera à Jeanne. Comme dans toute fratrie, une certaine rivalité se faufilera dans les rapports entre les deux frères mais leur amour fraternel ne sera jamais altéré.



Les Weil sont très unis, solidaires et fusionnels, il y a énormément d’amour qui circule entre les membres de cette famille comme une abondante correspondance en fait foi. Adrien va s’y intégrer très facilement. L’auteure fait revivre les beaux jours d’Auteuil sous nos yeux. C’est l’oncle Louis qui achète la maison d’Auteuil. La maison bruisse des éclats de voix, du bonheur des retrouvailles, le souvenir des cousins qui courent partout, ça pleure, ça rit. Et c’est ainsi en pénétrant l’intimité de cette famille, rendue si concrète sous la plume d’Evelyne Bloch-Dano, que l’on discerne page après page, l’impact qu’a eu cette parentèle sur l’imaginaire de Marcel dans La Recherche. C’est une très belle promenade que cette biographie. Le style de l’auteure suggère aisément les scènes qui se déroulent sous nos yeux notamment les bains de mer de Jeanne, ses séjours en cure où ses garçons vont l’accompagner.



Marcel n’est pas un enfant comme les autres. Doté d’une hyper sensibilité, d’un tempérament anxieux, il ne peut courir, sauter, sans le risque de déclencher une crise d’asthme. Cette maladie lui rend la vie difficile sans parler de la méconnaissance de cette maladie qui ne fait qu’alimenter les angoisses existantes de ses parents. Jeanne a peur, elle ne cesse de prodiguer soins et recommandations à son enfant. Un cercle vertueux qui devient un cercle vicieux, les liens se resserrent, l’angoisse de la séparation se fait plus douloureuse.



Un proverbe touareg dit que la mère préfère le petit tant qu’il n’a pas grandi, l’enfant malade tant qu’il n’a pas guéri et celui qui voyage tant qu’il n’est pas revenu « j’avais toujours quatre ans pour elle » dira Marcel.



Evelyne Bloch-Dano nous éclaire sur cette relation fusionnelle entre Marcel et Jeanne, elle dépeint avec force l’intensité de leur attachement. Mais Jeanne est aussi une femme cultivée, active, que j’ai beaucoup aimé accompagner jusqu’à son décès. Cette biographie est aussi une très jolie carte postale d’une époque disparue malgré les conflits qui ont jalonné cette période. Marcel est présent, on peut le suivre en Normandie, à Cabourg, au Grand Hôtel, à Trouville-sur-Mer, au Père-Lachaise. Lire des passages de ses lettres suscite beaucoup d’émoi comme la présence de ces photographies qui sont annexées au livre. Toute cette jolie construction donne un sentiment d’intimité avec Jeanne et sa famille et contribue à une très belle lecture qui nous les rend tellement proche ; quant à moi, l’émotion ne m’a pas quittée.



L’exposition du musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme consacrée à « Proust du côté de sa mère » m’a incitée à faire connaissance avec Jeanne mais c’est une biographie que j’avais noté depuis un moment à la suite du commentaire de Patricia @palamède que je remercie.



« Toute notre vie n’avait été qu’un entraînement, elle à me passer d’elle pour le jour où elle me quitterait, et cela depuis mon enfance quand elle refusait de revenir dix fois me dire bonsoir avant d’aller en soirée, quand je voyais le train l’emporter, quand elle allait à la campagne, quand plus tard à Fontainebleau et cet été même, je lui téléphonais à chaque heure. Ces anxiétés qui finissaient par quelques mots dits au téléphone ou sa visite à Paris, ou un baiser, avec quelle force je les éprouve maintenant que je sais que rien ne pourra plus les calmer. Et moi de mon côté, je lui persuadais que je pouvais très bien vivre sans elle. »



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Madame Zola

Émile Zola, je connais comme tout un chacun mais, quand il s’agit d’évoquer son épouse, j’avoue que, avant la lecture de cette biographie, je ne connaissais rien.

Évelyne Bloch-Drano prend à bras le corps la vie avec ses mystères de celle qui a partagé la vie du célèbre écrivain et qui poursuivra le travail de mémoire de son époux.

Lorsqu’elle rencontre Zola, elle est Gabrielle, une cousette issue des quartiers populaires. Orpheline très jeune, elle n’a pas beaucoup fréquenté l’école.

Elle connait la pauvreté, apprend la débrouillardise. C’est par l’entremise de Cézanne pour lequel elle pose qu’elle rencontre Émile Zola. Ils vivent ensemble et se marieront en 1870. Femme respectable, Gabrielle reprend son prénom de naissance : Alexandrine.

Toute sa vie, elle devra se faire sa place, tout d’abord face à la mère d’Émile qui couve son fils unique puis par rapport à Jeanne Rozerot, qui aura deux enfants avec l’écrivain. Libre et non conformiste, elle saura se faire respecter. Toute sa vie, elle sera fidèle à son époux et à sa mémoire.



« Alexandrine est une compagne au sens plein du terme. Sa vigilance, sa méfiance, sa volonté, son esprit pratique, son sens des réalités, son humour, sa vitalité, son énergie tissent autour de l’écrivain son filet protecteur d’une extraordinaire solidité. »



Cette biographie est une plongée dans le XIXe siècle, la vie mondaine de la capitale et celle, plus modeste, du peuple et des artistes. On découvre la vie artistique et intellectuelle de cette époque, on suit l’affaire Dreyfus. Dans leur villa de Medan où les Zola reçoivent, la nouvelle bourgeoise va se frotter aux artistes, écrivains, musiciens de cette époque. Edmond de Goncourt, proche de la famille, laissera des témoignages sur cette vie à la fois bourgeoise et intellectuelle.



Évelyne Bloch-Drano a fait un travail considérable de recherche, elle s’appuie sur les correspondances d’Alexandrine et d’Émile, les témoignages d’amis ainsi que sur l’œuvre de Zola qui, souvent, reflète la vie de ses proches. Les époux Zola, qui aimaient la photographie, nous ont laissé de nombreux témoignages en image. Un cahier central regroupe quelques clichés qui illustrent différentes époques.

L’autrice a réussi à rendre captivante cette biographie et attachant le personnage d’Alexandrine.

A présent, je ne pourrais plus aborder l’œuvre d’Émile Zola sans penser à Alexandrine qui a su si bien contribuer à l’œuvre immense de son mari.





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Madame Proust

En 1870, le mariage de la jeune Jeanne Weil avec le chef de clinique agrégé et catholique de 36 ans, Adrien Proust, est dicté par la raison, parce qu'Adrien apporte un passeport pour la bonne société à Jeanne issue de la bourgeoisie juive, et que la fortune et l'éducation de celle-ci sont idéales pour un médecin ambitieux.



Dès la naissance de Marcel, à Paris en pleine débâcle de la Commune, Jeanne est absorbée par cet enfant fragile et nerveux. Et si par la suite elle ne néglige ni son mari ni son second fils Robert, il se noue avec Marcel des liens indéfectibles, une relation exclusive qui durera toute leur vie.



Femme du monde attachée à sa famille, et maîtresse de maison parfaite, Jeanne est aussi un esprit éclairé. Elle lit beaucoup, pratique plusieurs langues et le piano, plus tard s'implique dans la vie intellectuelle de Marcel, notamment en travaillant avec lui sur la traduction de la Bible d'Amiens de John Ruskin.



Jeanne ne se livrait pas et même si elle écrivait il n'en reste que peu de choses. L'auteure s'est donc souvent appuyée sur les œuvres de Marcel, la Recherche et Jean Santeuil, pour tracer un portrait nuancé et précis d'une femme qui jusqu'à son dernier souffle aimera avec passion et soutiendra son fils, fils qui n'aura de cesse de lui rendre hommage dans une oeuvre exceptionnelle.

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Une jeunesse de Marcel Proust

Appelée à tort le questionnaire de Proust, cette série de questions plutôt banales (un jeu à la mode) figurait dans l'album-confidences d'Antoinette Faure, la fille cadette de l'ancien président de la République, Félix Faure. Un questionnaire que la jeune fille avait soumis, à son ami Marcel, alors probablement âgé de seize ans.



C'est André Maurois qui a donné à ce document un véritable écho et a rendu compte d'un second questionnaire auquel Proust aurait répondu à l'âge de 23 ans. Plus tard le même Maurois suggérera à l'éditeur, Lionel Peillard, de soumettre le questionnaire à des auteurs contemporains. Une idée qui a du succès puisqu'en 1969, Peillard publie « Cent écrivains répondent au questionnaire de Marcel Proust ». Mais c'est Bernard Pivot, qui au début des années 90, rend vraiment célèbre le questionnaire « de » Proust en le proposant, remanié, aux invités de son émission littéraire, Bouillon de culture.



Pour Évelyne Bloch-Dano évoquer ce questionnaire n'est qu'un prétexte pour tenter de retracer en creux la jeunesse du jeune Marcel Proust. Parler de la famille Faure et de ses relations d'amitié avec les Proust est un moyen de dessiner l'environnement de Marcel ; afin, bien sûr, de mieux le connaître faute d'avoir des informations tangibles, car dit-elle : « s'agissant de Marcel Proust, il semble régner sur certains épisodes de sa vie le même flou que sur l'âge du héros d'À la recherche du temps perdu. »



La biographe nous convie donc à Paris ou au Havre, lieux où les deux familles, Proust et Faure, se fréquentent et cultivent leur amitié. Ainsi on apprend beaucoup des habitudes et des moeurs de la bourgeoisie française de la fin du XIXe siècle. On découvre aussi un monde où la culture et sa transmission aux enfants est un élément essentiel. Une culture élitiste qui vise à faire des garçons — mais pas des jeunes filles — des intellectuels ou des décideurs. Un monde dans lequel le jeune Marcel est soucieux de marquer sa différence, ce que Evelyne Bloch-Dano montre bien, en collant à la réalité d'une époque.



Une belle découverte dont je remercie Babelio et les Éditions Stock.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Madame Zola



Elle est née sous Louis - Philippe, a grandi dans le Paris de Balzac, connu le Second Empire, vécu la guerre de 70, la commune, traversé l'affaire Dreyfus, fréquenté Manet, Flaubert, Maupassant, Daudet, Cézanne, Goncourt et j'en passe.



Malgré des débuts chaotiques dans l'existence, les drames souvent, un contexte socio-politique et familial loin d'être tendres, Madame ZOLA fera montre d'un tempérament hors du commun. Quel portrait magnifique de cette compagne d'homme célèbre qui fut tout sauf un épiphénomène dans la réussite intellectuelle comme morale de son illustre époux. Les années qu'elles vivra sans lui viendront confirmer cette posture et état d'âme incroyables.



Tout, tout, tout... Evelyne Bloch-Dano nous conte, explique tout sur cette "grande" dame. Avec en bonus, un secret, bien bien enfoui révélé pour la première fois (!). Et pas des moindres.



Mais attention, Madame Bloch-Dano est bien plus qu'une grande biographe, chaque élément clé de la vie de ses personnages se voit en effet enrichi d'explications sociales, historiques, environnementales... sans que jamais son propos ne soit alourdi ou détourné de son but : nous faire comprendre mais surtout apprécier, avec étonnements et respect, avec plaisir et compréhension, la vie d'une femme unique, et de son époque, tel est l'objectif de l'écrivaine.



Voici la deuxième biographie de Evelyne B-D que je dévore, après celle de Madame Proust dont je m'étais délectée aussi, ne boudant mon plaisir à aucun moment. du pur bonheur à chaque instant.

Cette fois encore, l'écriture, le travail très fouillé de recherches, l'élégance simple et subtile à la fois du texte m'ont éblouie.



Une fois le livre refermé, Madame Zola me hante, me suit, me guide... et me donne avant tout très envie de tout relire Zola et d'abord son « J'ACCUSE ! ».
Lien : http://justelire.fr/madame-z..
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Violette et Stella

Livre à deux temporalités, il nous parle de trois femmes sous deux générations. Nous allons suivre notamment Violette et Stella ,mais aussi Anne ,la mère de Stella. Amitiés, amants,coups de foudre .Anne est féministe et professeur de yoga.

L'écriture est fluide ,nous nous laissons emporter par ces trois femmes .

Bon moment de lecture.

Merci à Netgalley et aux éditions Stock.



#violetteetstella#netgalleyfrance.
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Mes maisons d'écrivains : D'Aragon à Zola

Voici un ouvrage original d’un genre dont je n’avais jamais goûté.

Cadeau offert par ma mère, j’émettais de grandes réserves à en entamer la lecture. Pas à cause de ma mère voyons, mais plutôt du sujet.

Mais qu’est que j’en ai à faire des maisons d’écrivains ?!

Et bien je me trompais.

Les habitations de près d’une centaine d’écrivains sont ici présentées, résumées avec une grande élégance stylistique, en trois ou quatre pages.

J’utilise volontairement de mot d’habitation pour qualifier la maison telle qu’elle est décrite par Evelyne Bloch-Dano : l’endroit que l’on habite comme on habite un vêtement qui devient un habit.

Cet endroit où l’on demeure et qui prend notre forme en creux.

J’aime beaucoup cette image qu’avait évoquée Michel Tournier, je crois. Car c’est bien notre maison qui nous enveloppe à force d’aménagements et qui devient notre coquille ajustée au mieux.

C’est ainsi que pénétrer chez quelqu’un nous inonde immanquablement de son habitant, faisant pénétrer par tous nos sens son mental, son esprit, ses défauts, ses qualités. Rien de plus, rien de moins non plus.

Alors quand il s’agit d’un écrivain que l’on admire, j’imagine – car je n’ai jamais vécu l’expérience – que l’on attend plus encore de cette expérience.

Un peu comme si nous allions mieux le comprendre, mieux l’apprécier encore après ce bref passage dans sa coquille.

Tous nos sens doivent s’ouvrir…

Peut être avec le fol espoir d’ensuite voir les choses un peu comme l’aurait fait notre cher auteur. pour prolonger le voyage en sa compagnie.

Dans cet ouvrage, donc, l’auteure nous décrit les lieux sans jamais omettre de nous rappeler l’esprit de son habitant.

Et c’est ainsi, pour nous, l’occasion d’en apprendre un peu plus sur nos mentors ou bien de nous éveiller, par un moyen détourné mais efficace, à un auteur que nous ne connaissons pas encore.

Il est certain que je vais garder cet ouvrage sous la main, soit comme guide de voyage, soit comme guide littéraire.
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La fabuleuse histoire des légumes

Un petit livre (à peine 150 pages) qui est passionnant. L'histoire des légumes que nous mangeons quotidiennement écrite de manière simple mais énormément documentée.

Entre les pages viennent se glisser des extraits de grands noms de la littérature ou il est question de légumes.

A travers les pages de cet ouvrage on se rends compte qu'au final, on en sait peut sur ceux qu'on mange. J'ai beaucoup aimé aussi le début ou l'auteur nous présente les habitudes culinaires aux fils des siècles.

Un livre très instructif, jamais rébarbatif que je recommande.
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Chez les Zola

Il y a peu de temps, j'ai visité la maison des Zola à Medan.

Lire cet ouvrage m'a replongé dans l'atmosphère de cette maison très particulière et j'ai vraiment aimé la façon dont l'auteure, Evelyne Bloch-Dano, a traité son sujet.



Dans cet ouvrage, elle nous raconte l'acquisition de la maison de Médan, leur installation, les agrandissements que le couple Zola a réalisé au fur et à mesure des succès littéraires de l'écrivain.

Elle y raconte aussi les aménagements, les décorations, les différentes pièces, le jardin, le chalet du Paradou et leur façon d'y vivre et de recevoir leurs amis.

Mais ne croyez pas qu'il s'agit juste d'une description de ce que fut la maison et l'emploi du temps des Zola.

Non, cet ouvrage, c'est bien plus que cela et c'est cela qui m'a vraiment intéressée. L'auteure ne cesse de faire des parallèles entre la maison, le caractère d'Emile Zola et son œuvre littéraire. Elle décrit, par exemple, le salon-billard où l'on trouvait un tas d'objets hétéroclites, fruits de la passion des Zola pour la brocante. Description qu'on peut retrouver dans la salon de M.Hennebeau, le directeur de la mine, dans Germinal ou encore celui de Nana.

Elle fait aussi souvent référence au Paradou de la Faute l'abbé Mouret. Paradou que l'on retrouve dans les immenses vitraux du salon-billard ( véritable merveille d'art nouveau) ou encore dans le nom donné au chalet que Zola avait fait construire sur une petite île au milieu de la Seine.



A travers ces diverses comparaisons, on en apprend encore plus sur l'écrivain et sur son œuvre.

Je regrette juste que Jeanne, la maîtresse de Zola, qu'il avait installé dans une maison proche de Médan, soit très peu présente dans cette biographie. Mais, il ne faut pas oublier que le sujet principal de ce livre est la maison de Médan et que la seule véritable maîtresse des lieux, c'était vraiment Alexandrine, l'épouse de Zola.



Un ouvrage fort intéressant qui me donne encore plus envie de me replonger dans l'oeuvre zolienne mais également dans la biographie de Madame Zola faite par cette même auteure.

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Madame Proust

J’ai finalement été très intéressée par ce livre qu'une abonnée de la bibliothèque m'avait chaudement recommandé et que j’avais commencé un peu à reculons, poussée par son enthousiasme. Je ne suis pas une lectrice assidue de Proust, mais j’ai trouvé certains aspects de la biographie que nous livre Evelyne Bloch-Dano très éclairants. L’autrice divise son ouvrage en trois parties correspondant chacune à une époque particulière de la vie de Madame Proust. La biographie commence comme un roman en prêtant des pensées au personnage de Jeanne Weil à propos du médecin déjà très connu qu’elle s’apprête à épouser : Adrien Proust, de 15 ans son aîné. Suivent des considérations sur les motifs de ce mariage « mixte » très révélatrices des mentalités de l’époque. Adrien est un médecin reconnu et respecté, voire célèbre, mais fils d’épicier. Pour sa part, la famille de Jeanne est riche, mais juive. Ce mariage de raison avantage l’un et l’autre des partis. Les deux arbres généalogiques des ascendants paternels (les Weil) et maternels (les Berncastel) de Jeanne se révèlent indispensables pour ne pas se perdre dans les liens familiaux. Un autre arbre explicite la lointaine parenté de Proust avec Karl Marx. On comprend vite que Jeanne Weil est une femme remarquable. Son niveau d’instruction dépasse de loin celui de la plupart des femmes de l’époque (et de beaucoup d’hommes !) : elle parle couramment plusieurs langues, joue du piano avec talent, possède une solide culture littéraire et s’ouvre volontiers aux nouveautés. Bien sûr, la biographie s’attachera particulièrement aux relations de Jeanne avec son fils aîné Marcel et le soutien sans faille qu’elle lui apporte, mais l’autrice développe aussi plusieurs autres personnages de la famille dont l’influence dans l’œuvre de Proust s’avère évidente. Je me bornerai à citer Adèle, la mère de Jeanne, la grand-mère de Marcel. Les fréquents séjours à Illiers et à Auteuil inspireront Combray, et on les retrouve dans La Recherche et dans Jean Santeuil. Pour Jeanne, la vie quotidienne à Illiers n’est pas une partie de plaisir. Elle s’y sent isolée et s’estime tenue de fréquenter l’église… Plus tard, l’éducation de Marcel, son asthme et ses pratiques particulières causeront beaucoup d’inquiétude au docteur Proust qui tentera d’y remédier par les moyens en vogue à l’époque, sans beaucoup de succès. Les nombreuses anecdotes qui renvoient à l’œuvre de Proust permettent un éclairage totalement nouveau pour moi, et la relation fusionnelle entre Jeanne et Marcel revient comme un motif qui prend tout son sens dans les détails de la biographie tout en éclairant l'œuvre.
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Madame Proust

Cet essai biographique possède un double intérêt: très bien documenté et solidement construit, il est remarquablement écrit.

Ses qualités littéraires le rendent digne du monument qu'est l'oeuvre de Proust, car l'auteur ne craint pas de commenter dans un style parfait les scènes les plus célèbres de la Recherche, à travers le regard de Jeanne, la mère de Marcel Proust.

Ce personnage, considérable dans la vie et la destinée littéraire de Proust, fut d'abord une jeune fille extrêmement instruite, qui ne fut pas simplement "engraissée comme une oie en vue du mariage".

Parlant couramment l'anglais et l'allemand, elle savait le latin et jouait , ainsi que sa propre mère, extrèmement bien du piano. Fille respectueuse et aimante d'un patriarche juif, elle accepta l'union , proposée par celui-ci, à un non-juif, sans fortune, mais sommité médicale de l'époque, et capable de lui ouvrir les portes de la haute société, la mettant ainsi à l'abri des infortunes, des vicissitudes d'une époque troublée, et enfin de l'ostracisme encore manifesté vis à vis des juifs.

Bien qu'appartenant à la grande bourgeoisie juive , Jeanne Weil ne pouvait en effet prétendre fréquenter la plus haute société sans être introduite par une célébrité du monde des gentils, qu'elle soit scientifique, artistique, ou politique. Le couple Weil-Proust était un "ticket gagnant": l'un possèdant le prestige moral et honorifique, l'autre la fortune lui permettant de mener un train de vie élévé et de recevoir les plus hauts personnages de l'époque.

Jeanne Proust eut deux garçons, dont l'aîné Marcel, né juste après le siège de 70 et la répression de la Commune, lui inspira dès la naissance les plus fortes inquiétudes, de par sa fragilité et son émotivité. Aussi lui consacra-t-elle sûrement beaucoup plus de son attention qu'au jeune Robert, qui dut se développer à l'inverse, en manifestant tôt une nature forte et sûre d'elle-même. Ainsi juste avant un retour de vacances, séparé d'un agneau qui lui tenait lieu de compagnon, le jeune Robert cite d'abord un auteur classique (à 5 ans!) puis éclate en une colère clastique, cassant ses jouets et déchirant ses vêtements, tout en défiant son père qui, tout de même, lui a administré deux gifles pour mettre fin à cette scène ! On a là un autre caractère et les deux garçons, s'ils s'entendirent toujours bien, n'étaient certes pas semblables. L'auteur insiste beaucoup sur la relation fusionnelle entre Marcel et Jeanne, et rappelle que Jeanne et sa propre mère furent aussi dans une très grande proximité affective toute leur vie.

Les conséquences de ces liens très forts sont finement analysés, parfois à travers un lapsus de Proust écrivant à sa mère, parfois à travers le récit qui est fait d'une même scène dans Jean Santeuil, Les plaisirs et les jours, ou la Recherche.

Par contraste, la figure d'Adrien Proust est en retrait, ou plutôt extérieure au drame qui se constitue quand il s'avère que Marcel est doublement malade: malade nerveusement, d'où son apparente incapacité, enfant, à se séparer de sa mère, et malade de ses "étouffements", soit de son athsme dont la première crise se déclenche après une longue promenade sous les marronniers en fleurs.

La célèbre scène du coucher où Adrien Proust renonce à guider son fils vers le chemin de l'autonomie, en suggérant à sa femme de dormir dans la chambre de Marcel, est commentée par lla biographe en rapprochant à juste titre cet épisode du thème de François le Champi.

Ce livre que Jeanne lira ce soir-là à son fils est l'histoire d'une relation incestueuse entre un garçon et sa mère adoptive.

Pour Proust, le plus grand malheur qu'il puisse imaginer était d'être séparé de sa mère.

Le portrait tout en finesse fait par Evelyne Bloch-Dano nous montre à l'évidence que dans la vie comme en littérature, ces deux êtres furent et demeurent inséparables.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s’est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos cœurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…



C’est avec une certaine émotion que j’ai lu ses textes, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c’est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d’autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d’émotions fortes et vibrantes. Personne n’a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.



J’ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j’ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l’humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu’il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu’eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n’ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c’est certain!



En plus, d’être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n’en serions pas surement là aujourd’hui, à prôner haut et fort la Liberté d’expression.



Je voulais donc remercier les éditions Le livre de poche pour cette belle initiative.


Lien : https://fairystelphique.word..
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

De Jacques Attali à Voltaire en passant par Denis Diderot, Bernard Pivot, Katherine Pancol, ce recueil regroupe les écrits de soixante auteurs sur les évènements de janvier 2015. Ceux-ci ont le plus souvent été composés à chaud, avec les tripes. Cet engagement se ressent de manière variable mais avec une intensité plutôt étonnante.



En elles-mêmes les compositions sont variées : fictions, lettres, citations, articles de presse mais elles véhiculent le même message, sans pour autant verser dans des répétitions ou un pathos malvenus. Il est toutefois recommandé d'éviter la lecture "d'une seule traite" qui laissera un sentiment de lassitude. Le recueil doit être compris dans la même perspective que le célèbre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Il s'agit ici d'un éloge de la République, des valeurs qui lui sont attachées, des idées des Lumières, de l'esprit français. Chacun à sa manière tente d'apporter sa pierre à l'édifice mais la philosophie est la même : être fier de nos valeurs et les défendre.



Certains textes sont de véritables pépites. A cet égard, la fiction humoristique de Romain Puértolas est une véritable bombe de table. Ce fruit d'une imagination fertile est immédiatement suivi par un hommage à un autre Charlie composé par Serge Raffy. Au titre des découvertes intéressantes, l'analyse faite par Maxime Chattam doit être signalée, car il nous apprend au passage une nouvelle qui attristera ses fans.



Écrire est une forme d'engagement... mais qu'en est-il des actes ? S'il est impératif de saluer cette initiative littéraire (profits reversés au journal, délais de parution très courts) il est difficile de donner un avis sur la suite. A lire les quelques pages de ce corpus, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir. Mais concrètement, nos chers penseurs ne nous livrent pas forcément leur manière d'agir. Écrire et participer aux rassemblements républicaines, certes... mais encore ? Cette impression de manque (aisément compréhensible) porte toutefois un grand préjudice à cette initiative, pourtant emplie d'une bonne dose d'émotion.
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Madame Proust

Une biographie de Jeanne Weil-Proust, la maman de Marcel. En arrière plan, au début de l'essai, l'émancipation des Juifs français à la Révolution au décret Crémieux ( Adolphe Crémieux appartient à la famille de Jeanne), leur intégration à la société remise en cause de temps à autres par l'antisémitisme, véritable idéologie fin XIXème siècle, par l'Affaire Dreyfus.

Peinture de la haute bourgeoisie du XIXème siècle, de la place des femmes, de l'éducation, du milieu politique et intellectuel, des mondanités, des quartiers de Paris, des bains de mer de la haute société.

Jeanne Weil, femme juive très cultivée et riche, épouse le Dr Proust, catholique qui fera une brillante carrière. Elle sera une parfaite maîtresse de maison sans aucun esprit de sacrifice. Elle aura deux enfants dont Marcel avec qui elle entretiendra un rapport fusionnel et une correspondance en grande partie perdue. Sa santé fragile, sa vie déréglée ( homosexualité, horaires décalés, frivolité, incapacité à avoir une vie professionnelle stable) l'inquiètent mais n'altère en rien son amour.

A la fin de sa vie, elle aide Marcel Proust à traduire Ruskin.

Une biographie-essai passionnants autant pour le portrait d'une femme exceptionnelle mais discrète que par la peinture d'une époque et d'une société que décrira Marcel Proust. Sa mère ne verra jamais le succès littéraire de son fils.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce recueil est parut suite aux attentats du journal "Charlie Hebdo" . Je ne reviendrai pas sur ce dramatique événement, nul ne peut ignorer ce qu'il c'est passé, vu le soulèvement populaire national et international.



Les bénéfices de ce roman vont directement au journal, alors oui on sait que depuis ils ont ramassé suffisamment d'argent pour tenir plusieurs années donc je n'insisterai pas sur ce point. Par contre la lecture de ce roman est un combat pour la liberté d’expression. Liberté qui nous est chère. Liberté qui m'est essentielle. Liberté qui me permet de me sentir moi-même et de dire ce qu'il me passe par là tête, même si ce sont des inepties.



Donc ce recueil regroupe les textes de 60 auteurs. Dont, parsemés, des extraits de Beaumarchais, Diderot, Hugo et voltaire qui se sont battus aussi, autre époque et combat égal.



Tous les autres ont réagit et fait parler leurs plumes, leurs armes, leurs cœurs. Pour certains ce sont des courriers ou un constat, des réactions car nul ne pouvait rester muet sinon tout était perdu (pourquoi d'ailleurs mettre cette phrase au passé !) . Pour d'autres c'est ce qu'ils savent faire de mieux, un conte une histoire (j'ai une préférence pour cette forme de manifestation).

Alors j'ai des auteurs de prédilection bien évidement. L'histoire Fabrice Humbert me touche particulièrement ( en même temps j'ai un attachement pour cet auteur.) Une grande tendresse pour le texte de Ian Manook car je vois ma grand-mère dans les traits de sa mère. Sans oublier Romain Puertolas qui me fait sourire malgré l'horreur et ça chapeau Monsieur !



Et malgré les 3 mois de passés je peux vous garantir que l'émotion reste la même en lisant ces lignes. Les larmes ne sont pas loin.





Je terminerai cette chronique par une citation de la réaction de Frédéric Beigdeger car elle me fait penser à la dernière boucherie au Kenya qui vient de perdre ses étudiants .

"A ce violent malaise que cette sensation procure, aux larmes du chagrin, à la culpabilité d'être plus troublé par ces morts si proches que par les milliers de victimes à deux heures de chez nous. Si, ne soyons pas hypocrites, c'est une règles journalistique bien connue, les massacres géographiquement éloignés nous perturbent moins que deux ou trois morts dans notre ville, notre pays. Pourtant, une certaine souffrance est là. A des degrés divers selon sa sensibilité, son empathie, son fatalisme."
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Madame Proust

Madame Proust, née Jeanne Weil, est sans aucun doute la personne qui aura le plus compté dans la vie de Marcel Proust. Le livre que lui consacre Evelyne Bloch-Dano (également biographe de George Sand et de Mme Zola) est remarquable par les éclairages qu'il apporte sur la famille de Proust mais aussi sur l'enfance de l'écrivain, sa formation morale, artistique, intellectuelle à laquelle sa maman a amplement participé, et sur le milieu dans lequel évoluait cette famille, haute bourgeoisie côtoyant aussi bien l'aristocratie que les cercles politiques républicains (Zola, Faure, Crémieux, ...) ou les élites artistiques (les Bizet, Daudet, George Sand, Mallarmé ...), tout cela fournissant les modèles des personnages de la Recherche.



Evelyne Bloch-Dano s'emploie longuement au début de l'ouvrage (mais très utilement à mon avis) à nous décrire les familles des deux parents de Marcel. Celle de Jeanne est une famille juive originaire d'Alsace et au delà de l'Allemagne (j'ai appris ainsi que Proust et Karl Marx sont cousins au 5ème degré) qui a bénéficié du décret promulgué par la Révolution française en 1791 accordant aux juifs de France la citoyenneté française et qui a peu à peu gagné pignon sur rue, notamment dans la fabrication de la porcelaine. A la génération de Jeanne, les Weil sont devenus des bourgeois très aisés mais ils ne sont pas encore acceptés dans les salons les plus huppés de la monarchie de Juillet ou du IIIe empire.



Adrien Proust, le père de Marcel et de son frère cadet Robert, est lui issu d'une famille catholique très modeste, installée dans la petite ville d'Illiers qui deviendra "Combray" dans la Recherche. Brillant élève, boursier, Adrien devient médecin et professeur à la chaire d'hygiène à la faculté de médecine de Paris. Il devient vite une des sommités de son art, publie des ouvrages très réputés, est reçu par d'éminents personnages dans de nombreux pays.



Le mariage de Jeanne et d'Adrien, en associant la notoriété du Dr Proust et la fortune ainsi que l'art des relations mondaines que possède sa femme, éprise de littérature, de musique et de beaux-arts, propulsera le couple parmi la haute société de l'époque. Mais, pour autant, tout ne fut pas simple pour le couple, et en premier lieu la naissance de Marcel, juste après la "semaine sanglante" de la Commune de Paris (Marcel a bien failli ne pas venir au monde), puis l'enfance souffreteuse de Marcel et son hypersensibilité.



Outre l'intérêt sociologique évident, par l'éclairage qu'apporte le livre à certains passages de la Recherche (le salon des Verdurin, le personnage de la "cocotte" Odette de Crécy, ...), c'est avant tout ce qui concerne le rapport entre Jeanne et Marcel (duo auquel il faut aussi adjoindre le jeune frère Robert) qui rend le livre vraiment passionnant. Evelyne Bloch-Dano nous conduit patiemment à travers l'écheveau de fils qui s'est noué entre la mère et son fils, mêlant amour, maladie, soins, éducation, autorité, chantage, émancipation, sexualité, déviance, fidélité, excès, tempérance... Et tout cela se joue, se dénoue, se rejoue, s'amplifie à travers la correspondance qu'ils s'échangent quotidiennement dès qu'ils sont éloignés géographiquement l'un de l'autre. Car, en pensée, ils ne seront jamais séparés, si ce n'est par le sommeil, et l'on sait à quel point le moment du coucher est une torture, aussi bien pour Marcel que pour le narrateur de "Du côté de chez Swann". C'est donc sans étonnement que l'on apprend que la correspondance entre Mme de Sévigné et sa fille, la comtesse de Grignan est l’œuvre littéraire de prédilection de Jeanne.



Mille autres choses sont à lire dans cet ouvrage d'une grande finesse, très agréable à lire et qui peut intéresser aussi bien les familiers de l’œuvre proustienne que ceux qui espèrent en découvrir un jour tous les charmes.
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Jardins de papier

Les jardins : j’ai déjà lu quelques livres tout à fait réjouissants sur le sujet mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?

Le titre d’abord est attirant : jardins de papier, un comble quand on songe qu’aujourd’hui les livres eux-mêmes peuvent être virtuels !

Evelyne Bloch-Dano aime les jardins, aime ses jardins car la chanceuse en a deux. Elle était parfaitement bien placée pour nous donner une petite histoire des jardins, sans prétention avec juste ce qu’il faut de détails pour nous donner envie de prendre son livre et d’aller le lire sous une tonnelle.

Du jardin d’Eden à ceux de Babylone elle nous trace une histoire, des jardins tirés au cordeau à ceux plus british et plus foisonnant voilà une jolie balade mais elle ne fait que commencer.

La partie la plus intéressante c’est celle qu’elle consacre aux auteurs qui ont su nous parler de leur jardin, de leurs fleurs, de leurs légumes et de leur joie d’y mettre les mains.

Elle nous fait parcourir les jardins de Rousseau, bon bien sûr lui ce ne sont pas les siens ! Mais si vous l’avez un jour visité, quel plaisir de de vagabonder dans le jardin des Charmettes, de grimper tout en haut pour avoir une vue d’ensemble et s’imaginer Rousseau assit là

Avez-vous remarqué que dans tous les romans de George Sand il y a un jardin ? elle ne peut pas s’en empêcher la bonne dame car Nohant fait partie d’elle, c’est son refuge, son havre et l’endroit où botaniste et jardinière elle gratte la terre avant de gratter le papier de sa plume.

Colette là bien sûr vous l’attendiez, mais attention ce n’est pas le jardin de Colette, non c’est plutôt celui de Sido, saviez-vous qu’il est en pleine rénovation pour lui redonner son allure d’antan ?



Bon la liste est loin d’être terminée mais je m’arrêterai au Paradou de Zola, à Gide le botaniste (ça je dois dire que j’ignorais) et Marcel bien sûr dont la grand-mère fait chaque soir le tour du jardin.



Je vous laisse le plaisir de découvrir les amateurs plus surprenants.
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Le dernier amour de George Sand

Troisième biographie d’Evelyne Bloch-Dano, décidément c’est un plaisir de la retrouver elle et ses personnages. Après Mme Zola et Mme Proust voilà George Sand.

La Révolution de 1848 a échoué, elle qui a tant fait rêver George Sand en bonne républicaine, il lui faut quitter Paris et se réfugier à Nohant pour oublier sa déconvenue. Les temps sont difficiles, les relations avec sa fille sont mauvaises, ses finances ne sont pas au beau fixe, Chopin est mort il y a peu.

A Nohant elle retrouve son fils Maurice et deux de ses amis, un bel et fringant allemand mais c’est au petit et chétif Alexandre Manceau que va finalement aller son attention.

C’est un manuel, graveur de son état, un homme les pieds sur terre mais le coeur tout à George. On est loin de Musset et Chopin des bêtes de concours mais d’un égoïsme et d’une exigence qui font souffrir, Alexandre lui c’est l’amour fou sans contre-partie.

On a même failli ne pas savoir grand-chose de cet amour car la correspondance a disparu, brûlée par Maurice un rien jaloux de l’amour de sa mère,

Un bel amour désintéressé à l’heure où George sent sa santé l’abandonner un peu, l’heure où elle peut craindre de moins plaire.

Etrange homme que Manceaux, fier, au service de son aimée dans tous les moments de sa vie, le voilà metteur en scène de théâtre, jardinier pour lui plaire, lecteur, infirmier, confident de tous les instants.

Avec ses amants précédents George Sand a joué souvent à la mère-amante, ici rien de tel, le dévouement d’Alexandre Manceau est total, il s’efface derrière l’auteur, jamais il ne se pose en rival, c’est le valeureux chevalier servant tout à sa dame, George dit de lui « Il est ma force et ma vie. »

Il faut croire qu’il remplit parfaitement son rôle car les quinze ans que dura l’idylle furent une période particulièrement féconde pour l’écrivain, pièces de théâtre, romans s’enchainent.

C’est biographie est l’occasion de retrouver George Sand en sa demeure, Nohant est très présent dans ce livre. On la voit entourée de ses amis, on y entend ses combats en particulier pour les opposants à Louis Napoléon Bonaparte qu’elle défend bec et ongles. On y voit l’écrivain devenir grand-mère et ainsi par amour « conjuguer le printemps à l’automne… » et se voir pour la première fois offrir un havre d’amour à Gargilesse.

Elle qui avait quitté Chopin peu de temps avant sa mort, la voilà au chevet d’Alexandre atteint lui aussi de phtisie. Lui qui fut toujours au service de son aimée « qui a vécu en se dévouant souffre de se sentir inutile et vit sa fragilité comme une déchéance. »



Une belle biographie qui sert très bien l’écrivain et son amour dévoué et fidèle que George honorât après sa mort en intitulant un de ses romans: Le Dernier amour




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