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Citations de Fabrice Lardreau (32)


Edouard avait une bête noire : Jean de La Fontaine. « J’étais vraiment furieux, en classe, quand on nous rabâchait la morale de La Fontaine, toujours sur le dos du renard ; je trouvais ça faux, injuste et totalement obscurantiste ! Le pauvre animal en prend toujours plein la figure ! Alors qu’il n’y a aucun fondement scientifique derrière tout ça – et d’ailleurs la période actuelle prouve combien ça continue, combien ces préjugés, ces peurs, se perpétuent ». Prenant les choses très à cœur, mon ami avait sur lui un petit carnet où il consignait les offenses faites à Goupil.
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Cette mise à nu inquiète. Plusieurs ONG ont récemment dénoncé un risque de pollution: la terre extraite pour le Grand Métro contiendrait des métaux lourds. Un militant écologiste a même affirmé qu'avec la pluie, ces particules issues des pro fondeurs pourraient contaminer les nappes phréatiques via un « phénomène de ruissellement ». Nous avons dû intervenir. On ne peut pas tout laisser dire, quand même... À écouter ce mon sieur, la Compagnie aurait commis une faute technique, mais aussi morale, mettant en présence des strates de temps ennemies, organes incompatibles et inflammables.
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... réchauffement climatique. Partout sur le Vieux Continent, on luttait contre les îlots de chaleur urbaine en plantant à tour de bras Façades végétalisées, créations de pares, coulées vertes, jardins potagers, toitures arborées, rien n'échappait au mouvement. Très en retard sur ce plan, la mairie de Lutetia, sous la pression de ses administrés, étouffant pendant les canicules chaque année plus marquées, est passée à la vitesse supérieure. Débutée sur la place de l'Hôtel-de-Ville, devenue un jardin à l'anglaise, poursuivie à l'arrière de l'opéra Garnier, sur le parvis de la gare de Lyon et autour des voies sur berge, la vague verte a submergé la capitale. On aménageait les toits, on cassait les cours des écoles, des lycées et des institutions pour gazonner, planter arbres, buis sons, plantes grimpantes et massifs de fleurs. Repeinte au cours du temps, totalement réaménagée, la tour Montparnasse
émergeait comme un buisson géant taillé au cordeau. Cernée d'une forêt luxuriante, la pyramide du Louvre, quant à elle, évoquait un édifice inca livré au regard des Conquistadors... Enfin, projet phare suscitant la fierté lutétienne: l'immeuble-pont végétalisé érigé porte Maillot, juste au-dessus du périphérique, et doté de mille arbres. J'ai visité l'endroit peu après son inauguration, à l'occasion d'une mission de surveillance: on aurait dit un bateau géant échoué au-dessus des routes. De l'intérieur, ce complexe de verre évoquait l'arche de Noé sanctifiant l'argent - dix étages de bureaux, logements, commerces, un hôtel et des restaurants. Dans les immenses patios, le long des coursives, des pins et des bouleaux, des grappes de verdure apaisant les visiteurs...
Tout cela n'est plus que décombres. Le lieu s'est volatilisé lors de l' « Effondrement », ainsi que l'a nommé l'Histoire. L'avantage des grandes tragédies, c'est qu'elles figent la mémoire : vous saurez à jamais où et avec qui vous étiez quand vous avez appris la nouvelle. En ce 21 juin, je me trouvais pour ainsi dire en bonne compagnie dans une chambre d'hôtel haut de gamme. Cynthia, vingt-cinq printemps, brune au teint mat, formes rebondies, travaillait comme hôtesse d'accueil à l'Archipel, au siège de la Compagnie. Mon rendez-vous avec le P-DG, lorsque je me m'étais présenté, l'avait apparemment impressionnée. Vous connaissez M. Maupertuis? m'avait-elle demandé avec un regard admiratif. Sérieux? Capitalisant sur le prestige, j'avais obtenu un rendez-vous le soir même. Cynthia, qui voulait devenir actrice et rêvait d'aller en Californie, pratiquait une forme de sexualité que je qualifierais de décomplexée. Rien ne la gênait, aucune pratique ne lui semblait taboue, contre-indiquée ou perverse. Un vrai bonheur.
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Vous vous rendez compte que ce type, ce sale type qui a empoché l'année dernière deux millions d'euros de stock-options- deux millions notez bien!, exploite ces pauvres gens à longueur d'année pour des salaires de misère ! Maupertuis est un prédateur de la pire espèce, un nuisible et un hypocrite...
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Version rupestre de Terminator; mi-robot, mi-animal, il est sensible au mouvement, doté d'une ouïe extraordinaire et d'une vue nocturne hors norme - le fameux tapetum lucidum. (...) cette membrane supplémentaire qui réfléchit à nouveau la lumière à travers l'œil...
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Goupil avait réveillé quelque chose chez mes concitoyens : le goût du sang, le besoin d'action, l'envie de remettre les corps en jeu. C'était une occasion inespérée, d'une certaine façon : la ville les avait castrés, anesthésiés. Lassés du béton, des centres commerciaux et des zones climatisées, ils dépérissaient. L'ennui infectait les banlieusards et, désormais, une violence illimitée semblait l'ultime remède : elle seule restaurerait leur santé mentale, elle seule les sortirait du monde civilisé. Ils retrouveraient leur animalité, et, par là même, un soupçon d'humanité. Qui sait ?
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"J'entends souvent dire, rappelait-il sur un ton agacé, que la nature est "bien faite" : elle n'est pas "bien" ou "mal" faite. Je m'adapte, je réussis, je ne m'adapte pas, je meurs. Point." Belle philosophie, n'est-ce pas ? J'aimais son mélange d'érudition et de pratique de terrain, la première n'était qu'une prolongation de la seconde, une confirmation des indices rapportés in situ.
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Ce soir de printemps, une loi naturelle naturelle un instant bafouée avait été rétablie ; on avait redonné à chacun le rôle échu dès la naissance : l'aristocrate se distinguait du gueux, le maître de son servant ( ce qui donnait dans sa version contemporaine le P-DG et son larbin).
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Son ironie déconcertait élèves et enseignants. Mon camarade oscillait entre insolence et élégance, politesse et provocation, sans qu'on puisse le cerner. Cette attitude m'a plu. J'aimais aussi la distance qu'il ménageait avec les autres, son fatalisme, son flegme. Rien ne l'atteindrait jamais, semblait-il.
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Je ne suis pas doué pour vivre une histoire d'amour, encore moins pour la raconter.
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Parler? La belle affaire...La diplomatie n'a jamais été mon fort, et franchement, l'idée d'engager la discussion avec deux types armés, formés par mes soins, ne me tente guère.
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A quoi ressemblait le premier d'entre eux ? Comment est-il parvenu ici ? J'ai souvent imaginé son aventure, me racontant le monde d'avant. Difficile de nos jours, d'imaginer une ville sans renards, une cité sans la horde. Ce temps, heureux pour les uns, maudit pour les autres, a pourtant existé.
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Tout d’abord, le nouveau contexte : la sauvagerie urbaine. Devenu ennemi public numéro un, le Roux électrisait les Lutétiens, notamment les banlieues. Objet de haine et de convoitise (sa fourrure se vendait à bon prix), il était insulté, pourchassé, traqué sans relâche. Goupil avait réveillé quelque chose chez mes concitoyens : le goût du sang, le besoin d’action, l'envie de remettre les corps en jeu. C’était une occasion inespérée, d’une certaine façon : la ville les avait castrés, anesthésiés. Lassés du béton, des centres commerciaux et des zones climatisées, ils dépérissaient. L’ennui infectait les banlieusards et, désormais, une violence illimitée semblait l'ultime remède : elle seule les sortirait du monde civilisé. ils retrouveraient leur animalité, et, par là même, un soupçon d'humanité. Qui sait ?
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Il avait tout lu sur le sujet, dévorant récits, romans et monographies, traquant le moindre article : il était incollable et m'a vite initié.
Si j'ai bien compris, le terme (sauvagine) englobe les animaux surgissant au crépuscule, oiseaux sauvages, carnassiers à fourrure comme la martre, l'hermine et, bien sûr, le renard ...
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Malgré sa formation d'autodidacte (un de nos points communs), il demeurait un scientifique, homme neutre et précautionneux, c'est-à-dire chiant. Rigueur avant tout. Respect des procédures.
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L'ensauvagement a débuté sur la grande boucle où les premiers signaux sont rapidement devenus palpable. Dès la semaine suivant les attentats, des herbes adventices ont surgi à travers les fissures, les interstices et, utilisant parfois les passages les plus ténus, insoupçonnables, ont pris possession du territoire.
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Bon nombre d'histoires, amplifiées par les réseaux sociaux, circulaient sur les renards urbains....On évoquait d'abord une mutation comportementale : ses liens s'étant resserrés avec l'homme, qui avait commis l'erreur de le nourrir, de le caresser, l'intronisant animal de compagnie, Goupil n'avait plus peur de notre espèce, déchue de son statut vertical. désormais sans crainte, il nous voyait comme des égaux et, qui sait, dans un avenir proche, peut-être comme des rivaux...
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Lundi 1er décembre à 10 h 18, une dépêche AFP fut diffusée :

LAMMARTIN VA FAIRE SÉCESSION

À l’issue d’un conseil municipal extraordinaire, Lammartin, commune de 288 habitants située dans le département Nord-Est, a annoncé qu’elle reniait toute appartenance à la France et allait faire sécession.
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Portrait de Pascal Bruckner :

"J'adore les tempêtes de neige. J'éprouve dans ces circonstances une sensation euphorique - à condition évidemment que la vie ne soit pas mise en danger." Et de raconter ces nuits d'hiver, en Autriche, pendant lesquelles le vent soufflait des heures, le bonheur de se sentir isolé du monde, dans une ruche, puis la joie profonde, au petit matin, de se reveiller devant un paysage gris-blanc où tous les reliefs étaient estompés.
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Une autre face de l'inhabitable... Comme la mer et le désert, explique Michel Serres, la haute montagne est une manière de découvrir le monde tel qu'il est, sans présence humaine, l'inhabité.
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